Hier, nous traitions de l’expatriation qui a augmenté de 40% chez les hauts revenus, suite à l’article paru dans Challenges. Cet après-midi, c’est Le Figaro qui publie un autre article pour souligner combien l’hémorragie frappe notre jeunesse puisque 28% d’entre elle envisage son avenir professionnel à l’étranger.

Après et avant d’autres collègues parlementaires, j’avais essayé, alors que le mal était moins profond, de connaitre le profil des expatriés puisqu’ils doivent tous, avant de partir, remplir un « exit » fiscal. Il n’a jamais été possible d’atteindre la transparence, ce qui montre combien nos pouvoirs publics d’hier comme d’aujourd’hui refusent de regarder la réalité en face.

Le discours politique classique, hypocrite jusqu’à l’extrême, consiste à stigmatiser ceux qui partent. Comme s’il s’agissait de mauvais français. Egoïstes. Inciviques. Presque traitres à la patrie. Mais, serait-il irrespectueux de demander si le problème n’est pas surtout que nous avons de « mauvais gouvernants » ? Comment ne parviennent-ils pas à s’interroger sur leur performance, puisque leur ressource humaine jeune, formée et dynamique quitte le Pays pendant que, massivement, entrent clandestinement une autre qui ne trouve pas d’accueil ailleurs ?

Voilà longtemps qu’avec d’autres, je plaide contre la bureaucratie, l’absence de liberté d’entreprendre, le gaspillage massif d’argent public, l’excès d’impôts et de charges, le harcèlement administratif. Au prix d’être mal vu par les partis qui vénèrent leurs saints. Rien n’y fait. Je n’adhère pourtant à aucune idée extrémiste qui, de droite comme de gauche, s’abandonne à des solutions totalement irréalistes et pire encore que celles offertes par les partis dits de gouvernement.

Au plus sincère de moi-même, je pense que le cancer de notre Pays, c’est la démagogie des politiques et la crédulité complice de ceux qui les écoutent.

A la vérité, ils n’ont rien compris, ou n’ont pas voulu comprendre, la nouvelle donne mondiale en cours de distribution. Si nos dirigeants ne comprennent rien, les jeunes Français, eux, ont bien compris. Ils partent. Pire, ils se sauvent. Pourtant ils aiment leur Pays. Ils le représentent dignement à l’extérieur. Il y sont appréciés, recherchés. Mais il ne croient plus possible de faire changer de cap, un bateau qui coure sur son erre jusqu’au naufrage. Alors, ils préfèrent tenter leur chance ailleurs. Qu’on ne leur fasse surtout pas de mauvais procès. Parce qu’ils aiment leur Pays, ils attendent impatiemment d’en redevenir fiers. Et alors ils reviendront avec un esprit de pionniers pour le relever.

Avant l’abîme, il serait que collectivement urgent nous nous posions la question :

« France que fais-tu de tes enfants ? »