Le sujet du quasi-défaut de la Grèce donne lieu à un tel déluge de contre-vérités et de démagogie qu’il est difficile pour les non-initiés de comprendre les enjeux colossaux que recèle cette situation.
Tout d’abord, il est inique de présenter l’Allemagne comme auteur d’un coup d’Etat. Pourquoi ne pas l’accuser de nazisme pendant que certains y sont ? La rhétorique altermondialiste s’est même infiltrée dans la grande presse française. Présenter la France et son Président comme les bons samaritains qui auraient permis aux pauvres Grecs d’échapper à une humiliation indigne de leur histoire est également une figure de storytelling bien connue dans la communication politique. Tout cela n’est pas sérieux.
Il m’étonne que personne n’ait relevé qu’un emprunteur souverain défaillant, pour obtenir des prêts, a d’abord dû être reconnu comme digne de confiance par ses créanciers, et sa capacité juridique à souscrire ces emprunts a dû être appréciée au regard de sa légitimité démocratique. En vertu de quelle contorsion idéologique, cet emprunteur devrait-il être reconnu souverain quand il emprunte et irresponsable quand il ne rembourse pas ? Comment ignorer qu’un tel raisonnement pourrait tarir l’accès au crédit pour les pays en difficultés et augmenter les taux d’intérêts pour les moins sûrs ? Les apprentis sorciers qui manipulent l’opinion publique européenne et mondiale sont-ils conscients qu’ils nuisent ainsi aux intérêts des pays les moins fortunés ?
Toutes les études économiques convergent vers l’idée qu’un excès de protection de l’emprunteur au dépend du créancier entraine ce dernier à accumuler les protections les plus couteuses pour son emprunteur. Ce qui est vrai pour les entreprises est vrai pour les Etats.
Ainsi donc, traiter le cas de la Grèce comme le vice des créanciers et la vertu de l’emprunteur constitue un risque majeur pour le financement, dès demain, des autres Etats lourdement endettés comme la France ! Une approche plus équilibrée de la situation est urgente, sauf à bouleverser le climat du crédit public eu Europe et dans le monde. La vérité est qu’il manque dans notre Traité un régime d’insolvabilité pour les Etats ne pouvant plus faire face à leurs engagements. Les mesures préventives visant à empêcher le surendettement sont nombreuses, mais elles ont montré leurs limites. Des mesures curatives sont nécessaires, et il serait urgent de s’y atteler pour traiter des cas comme celui de la Grèce. L’exemple du régime suisse pour ses communes serait intéressant à observer.
En attendant, il est tout aussi urgent de rappeler que toutes mesures prises pour atténuer la responsabilité d’un Etat souverain sur sa dette est néfaste pour son image, douloureuse pour son Peuple, contraire à ses intérêts à cause de l’encadrement de ses activités et de ses emplois. Ces mesures retardent sa libre réorganisation en vue de redéployer efficacement ses ressources et son capital humain. Elles créent des anticipations négatives des prêteurs potentiels pour d’autres Pays fortement endettés, à raison de la difficulté à résoudre d’éventuelles défaillances. Elles réduisent d’autant l’offre de crédit et donc la capacité de financement pour tous les autres Pays en renchérissant les taux d’intérêts.
Il serait temps en matière de finances publique de passer de l’émotionnel au réel. Car c’est le réel que les Peuples vivent. Et c’est l’émotionnel que les politiques manient.
Merci d’expliquer simplement des choses compliquées. Et surtout de nous faire part de l’intervention de l’émotionnel dans ce qui se passe et que les médias « utilisent » pour mieux vendre leur « soupe ».