Les déclarations du Ministre des Finances sur le déficit public qui dépassera 4 points de PIB en 2014 relance le débat sur la trajectoire d’assainissement de nos finances publiques.
Au risque de me distinguer, comme souvent, dans le concert des réactions à ce type d’information, je persiste à penser que le solde n’est pas l’indicateur majeur à observer. Nos yeux ne devraient plutôt pas quitter l’évolution des dépenses publiques. Si les recettes sont toujours difficiles à prévoir car elles sont parfois contre-intuitives, les dépenses, elles, révèlent la véritable capacité ou l’incapacité d’un gouvernement à tenir la barre, le gouvernail d’un Pays. C’est la dépense qui reflète la capacité des gouvernements à anticiper, à piloter, à tenir la trajectoire fixée, sans dérapage. C’est donc sur ce critère que le présent gouvernement doit être jugé en priorité. Sachant que le suivi infra-annuel nécessite cependant d’être commenté pour pouvoir être apprécié sans commettre d’erreur. Si la dépense dérape, notre gouvernement trouvera peu d’écoute et de compréhension à Bruxelles auprès de nos partenaires européens. S’il sait la tenir et que ce sont les recettes qui ne sont pas au rendez-vous, il obtiendra des délais.
C’est pourquoi l’insistance à parler exclusivement en termes de déficits publics masque la vraie nature des choses. Les recettes publiques ne sont pas totalement dépendantes de la bonne ou mauvaise gouvernance nationale. Les dépenses sont, elles, des choix politiques et, à ce titre, ils doivent pouvoir être jugés, appréciés où critiqués.
Cette question est au cœur de la malédiction française en matière de gestion publique. C’est pourquoi dans le livre que j’ai publié l’an dernier sur les déficits et la démocratie en danger, j’ai insisté sur « notre addiction à la dépense » et sur les graves conséquences qui en résultent. Vous en trouverez quelques pages jointes qui, je l’espère, vous éclaireront un peu sur cet aspect essentiel. Vous pourrez lire la suite et les explications dans l’ouvrage : Déficits publics, la démocratie en danger.
L’exemple que je donne sur les bonnes politiques qui ne sont pas celles qui coutent le plus cher, relativement à la sécurité routière, se confirme par une information de ce jour. Elle nous souligne que nous sommes parvenus au chiffre le plus bas depuis 60 ans.
J’apprécierais un bon débat sur ces questions de recettes, dépenses et solde, car les analyses sommaires nous empêchent de comprendre les maux dont nous souffrons.
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