En ce samedi 24 août 2013, nous avons commémoré dans l’Orne à Mont-Ormel, les actes de courage et de sacrifice de nos martyrs, de nos héros qu’ils soient venus de Pologne, du Canada, de l’Amérique, de Grande-Bretagne, qu’ils soient de France, qu’ils soient d’ici, qu’ils soient militaires, civils ou religieux. Ils ont connu dans cette somptueuse vallée, l’enfer, l’enfer de la fin de la Bataille de Normandie, l’une des plus violentes et des plus meurtrières de cette période de l’histoire.
Le sang qui a été versé ici était le prix humain exorbitant de la délivrance de la barbarie qui avait submergé une Europe engourdie et désinvolte. C’était il y a 69 ans. L’an prochain, nous aurons à célébrer le 70e anniversaire, le dernier dixième où nous aurons encore la chance d’accueillir des vétérans. Nous devons leur promettre de maintenir les consciences éveillées. L’exigence de transmission nous convoque tous. Le 70e anniversaire sera le rendez-vous de la mémoire et de l’espoir. De l’espoir mais aussi de l’action pour la construction d’un monde de paix.
C’est à la jeunesse du monde qu’il nous faut désormais confier le soin de bâtir les nouveaux équilibres, gages d’un avenir de paix et de liberté. Convainquons-la que les combats livrés sur ces terres ornaises qui ont fait 10 000 morts en août 44, sont nés du renoncement inconscient à l’idéal démocratique, de dignité, d’égalité et de respect de la personne humaine. Instruisons-la sur les défis du monde nouveau qui sont immenses. De nouveaux régimes totalitaires tentent de s’édifier sur la douleur, sur l’anéantissement de ce que l’enfance, la jeunesse croient indestructible : la beauté, la candeur, l’amitié, l’amour de la vie et le respect des autres.
Invitons la jeunesse du monde, l’an prochain, à se lever pour dire non ! Non aux systèmes sans âme, sans justice, sans pitié qui n’attendent, pour s’imposer, que notre renoncement et notre évanescence.
Le 70e anniversaire dans l’Orne confèrera toute sa place à la mémoire mais il ajoutera à la dimension de l’hommage et du souvenir, celle de l’éducation, et de la transmission. Il invitera la jeunesse à tirer tous les enseignements des souffrances atroces endurées ici, et à s’interdire de laisser prospérer des pouvoirs sans conscience, sans vision, sans idéal.
La chaîne de la mémoire entre les générations se scellera ici. Nous transmettrons le témoin de nos valeurs ici à cette jeunesse avide d’idéal et de vérité. Nous répondrons à sa soif d’apprendre. Nous l’inviterons à l’effort plus qu’à la facilité. Nous ne promettrons ni larmes ni sang, mais nous lui lancerons un appel au dépassement, à la construction de quelque chose de plus grand qu’elle. Nous l’inviterons à la découverte de son histoire pour qu’elle en soit emplie de fierté, qu’elle veuille en être digne. Qu’elle sache que le relâchement ne pardonne pas et que la paix n’est jamais acquise sans engagement, sans travail, sans sagesse, sans vigilance. Ici, à Mont-Ormel, c’est une conception de la vie en société qui s’est jouée : c’est une manière de vivre, de croire, et d’espérer qui l’a emporté. Et qui se transmet.
Que sur les douleurs et les souffrances endurées, grandisse et prospère un monde qui fait confiance à sa jeunesse, pour poursuivre la marche du temps. Du temps de la démocratie et de la paix.
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