Roland est parti. Si vite. Nous n’avons pas pris le temps de lui dire que nous l’aimions. Par pudeur. Peut-être aussi parce qu’il comprenait tout d’un œil vif et souriant. Son regard sur la vie était lucide. Pas naïf. Généreux. Il connaissait tout des mesquineries qui grenouillent dans ce petit monde des vanités. Il était bienveillant. Attentif aux oubliés. A tous ceux qui étaient tombés du plus haut de l’échelle sociale, politique, économique. A ceux dont le téléphone ne sonnait plus. Lui appelait beaucoup. J’ai beaucoup fait pour qu’il se convertisse aux SMS 😉
Nous avions nos habitudes au Dôme. Toujours à la même table que nous réservaient soigneusement les équipes de Madame Bras. Nous scannions avec gourmandise la vie des gens importants. Surtout de ceux qui se croyaient tels. Non par méchanceté. Mais par culture de la distance. Celle qui permet d’aimer la vie en dissipant ses illusions. Nous observions la politique et tous ceux qui la commentent, la courtisent, la combattent, l’envient, sans autre jugement qu’une grande compassion pour ceux qui souffraient du rôle qu’ils voulaient s’y donner. Parfois incongrument. Renaud Revel a très bien décrit le talent incomparable du journaliste. J’évoquerai l’homme. Rare. Nous parlions de tout. De nos familles. Des origines roumaines de son père. De sa maman qui demeurait à La Baule. De sa femme Eve qu’il aimait. De Manon sa fille qu’il adorait. Nous avons aussi si souvent parlé de la maladie. De ce combat intime dont on ne peut parler qu’à ceux qui connaissent les mêmes doutes, les mêmes dangers. Jean-Bernard Levy lui a donné le job qu’il lui fallait pour continuer sans s’épuiser. Roland va nous manquer. C’est ce qu’on dit trop souvent de ceux qui partent. Mais que faisons-nous pour les faire vivre dans nos pensées, nos mémoires, nos joies, nos peines ? Je propose que ses amis se réunissent une fois, au moins, tous ensemble, même s’ils ne se connaissent pas. Roland, sa mémoire, seront leur sésame pour retrouver le temps d’une soirée un moment avec lui. Au Dôme.
Comme vous j’ai été touché par le départ de Roland Mihail ainsi que par votre article à sa mémoire. Je m’associe au chagrin de sa famille et de ses proches. J’ai toujours apprécié son écoute et sa compréhension du monde et des personnes.
J’ai rencontré Roland chez Thales où il nous apportait son intelligence des situations complexes. Je travaille dans ce groupe depuis plus de 30 ans où je m’occupe des relations avec l’UE, l’OTAN et l’ONU. Roland nous a aidé à oeuvrer pour une Europe plus forte qui prendrait mieux en en main son destin et sa sécurité, d’une façon plus autonome. Pour notre bien à tous.
C’est un bel héritage et Roland nous manquera.
Si une rencontre se tenait à sa mémoire, je serais heureux d’y participer.
Bien cordialement,
Marc Cathelineau