Les Français ont exprimé leur volonté de changement. Cette volonté a sanctionné, davantage que son bilan, le style d’une présidence effervescente, querelleuse, immature, oublieuse des belles idées qui l’avaient fait naître.

Sachons accueillir les résultats avec respect. On ne peut se prétendre démocrates et conspuer ceux qui votent. Accueillir c’est accepter de bonne foi le verdict des urnes et s’organiser pour participer, dans la mesure de ses moyens et de ses compétences, sans rancune ni rancœur, à la construction du futur. Et ce futur commence demain, dans la préparation des législatives qui seront le 2nd rendez-vous démocratique offert aux Français.

Le temps n’est donc pas aux regrets ni aux recherches amères des responsabilités. C’est la construction d’un avenir serein, apaisé et solidaire pour la France qu’il nous faut préparer

Cette alternance nous commande de mettre à jour notre logiciel de fonctionnement politique. L’affrontement manichéen gauche / droite, le plus confortable pour les acteurs politiques, est aussi le plus trompeur et le plus pénalisant pour les peuples.

Je propose de nous appuyer sur ce changement pour réaffirmer les convictions qui fondent mon engagement, depuis presque 30 ans.

Non, la vérité, la sagesse, la responsabilité ne sont pas le monopole d’un seul camp.

Non, la France n’est pas traversée par deux seuls courants de pensées.

Non, la démocratie n’est pas une simple juxtaposition voire un match permanent entre ces deux courants, mais elle incarne d’abord le dialogue et parfois le compromis entre tous les courants républicains lorsque la situation n’offre plus qu’un seul chemin possible, celui du redressement.

Nous devons donc saisir ce moment démocratique pour réaffirmer nos convictions et raviver notre courage pour les défendre.

Ma conviction profonde est qu’il existe chez les Français une aspiration vers une politique indépendante de tout esprit de parti. Il est rare qu’elle lui soit offerte, mais il est utile de rappeler que cette aspiration existe, notamment chez ceux qui ne sont pas en charge d’intérêts partisans. Oui, l’immense majorité de ceux qui nous marquent leur confiance et parfois leur affection en politique, appartiennent à des courants parfois très différents. Oui, les liens qui unissent les électeurs à leurs élus sont souvent nourris de sentiments d’attachement réciproque. Oui, en dépit des passions politiques acharnées à tout dénaturer, les ambitions personnelles peuvent être domptées pour ne viser qu’un seul but : servir son pays, sans jamais accepter d’être l’homme d’un parti.

Oui, l’avenir ne se construit pas sur la critique systématique de ce que pensent les autres.

Oui, on peut accorder à chacun la présomption qu’il a toujours agi sous l’inspiration de sa conscience et des responsabilités qui lui incombaient.

Oui, lorsque l’essentiel est en jeu, un Pays ne peut vivre que si chacun renonce à ses mesquines rancunes rétrospectives.

Les Français ont choisi un nouveau Président. Même si je ressens la douleur de me trouver en discordance avec de vieux et fidèles amis, je pense que les idées modérées gagneront en précision et en reconnaissance en s’éloignant du style politique qui vient d’être rejeté.

Les idées modérées ne sont pas fades. Elles portent en elles des ferments déterminants, le respect de la personne humaine,la volonté de rassemblement dans l’honneur, la justice, et la paix. Elles jouent et sont appelées à jouer un rôle pacificateur dans cet univers dégradé et divisé. Elles sont compatibles avec toutes les personnes de bonne foi de tous les partis pour constituer une nouvelle majorité d’idées.

Je ne suis pas naïf. Ceux qui gagnent les élections succombent à l’envie naturelle de consommer jusqu’à la lie les attributs de leur victoire. Il ne s’agit pas d’attendre d’eux bienveillance ou courtoisie. Les partis politiques ne connaissent pas ces manières. Il ne faut ni s’en étonner, ni s’en émouvoir, c’est la condition réservée à ceux qui choisissent de servir leur pays en dehors d’eux, qui refusent d’être en leurs mains l’instrument docile de leurs passions.

Mais les périodes électorales sont une chose, le gouvernement de la France pendant 5 ans en est une autre. C’est moins à la classe politique de gauche comme de droite qu’il faut s’adresser, mais plutôt à la France au-dessous d’elles. C’est-à-dire au Pays, aux électeurs qui veulent chaque jour davantage vivre en démocratie dans la paix politique. La démocratie pour tous, pour leurs contradicteurs comme pour eux-mêmes. C’est bien ainsi que j’entends la démocratie et que je conseille à tous mes amis de la pratiquer. C’est en ces termes que je souhaite être entendu des Français. Il ne s’agit pas non plus que naissent des malentendus pour les prochains scrutins, au point de perturber les électeurs au point de tout confondre, et de risquer de faire échec aux idées qui nous sont les plus chères. C’est aux personnes de bonne foi que nous devons nous adresser. A tous ceux qui ont voté pour leur candidat mais qui veulent aujourd’hui l’apaisement.

C’est dans cet esprit qu’il faut préparer des législatives autrement. Sans guerre des partis. Sans querelles de personnes. Sans règlement de comptes. Avec le seul souci de constituer une Assemblée Nationale, pas aux ordres du nouveau Président, mais suffisamment modérée pour calmer les ardeurs autant de ses alliés les plus excessifs comme de ses ennemis plus enragés. Il nous faut une Assemblée dont la couleur majoritaire soit pour la droite une alliance démocrate, sociale, libérale et européenne et pour la gauche une sociale démocratie. Et que les deux travaillent ensemble au redressement du Pays pendant au moins la moitié de la législature. Après, il sera bien temps qu’elles retournent à nouveau à leurs réflexes partisans.

Voilà le programme que je vous propose de bâtir tous ensemble dès demain matin, dans l’Orne, à Paris, et en France.

Ordonnons ensemble le changement pour que vive la démocratie.