La presse abonde actuellement de commentaires sur les divers sondages publiés au sujet de l’arithmétique de la réélection de François Bayrou dans sa circonscription des Pyrénées Atlantiques.
Ce scrutin local constitue un champ assez unique de réflexion sur la politique et sur notre démocratie.
Pour la gauche, Bayrou serait de droite. Pour la droite, Bayrou serait de gauche. Dans tous les cas, il doit donc être éliminé. Pour faire simple, nous avons obligation de choisir un camp parmi les deux seuls désormais autorisés, d’adopter le « prêt à penser », de signer les yeux fermés et sans condition, l’un des deux formulaires d’adhésion à un camp ou à l’autre, à défaut, nous sommes indignes d’être élus aujourd’hui (et pourquoi pas d’être électeurs demain ?).
Je ne résignerai jamais à ce manichéisme qui dégrade notre démocratie. Je le considère comme une atteinte à mon libre arbitre, à l’autonomie de ma volonté. Les problèmes dangereux qui menacent l’avenir de la France ne trouveront jamais de solution par la simple victoire d’un camp contre l’autre.
Je crois non seulement à l’utilité mais à la nécessité d’une famille politique centrale, ouverte, libre, généreuse, apaisée et apaisante, qui rassemble des Français de bonne volonté, sceptiques sur les promesses irréalistes des uns, lassés par les slogans guerriers des autres. Des Français qui rêvent d’une France réconciliée, respectueuse de sa diversité, rassemblée et solidaire pour relever les immenses défis qui lui sont lancés.
François Bayrou l’incarne. Je peux comprendre que son choix soit contesté. Je ne l’ai pas toujours suivi. Mais s’il venait, cette fois, et pour les motifs qui sont allégués ici ou là, à être victime d’un règlement de comptes, je redouterais alors une nouvelle montée des extrêmes. Les citoyens déçus par les pratiques centralisatrices d’appareil des grands partis, ne trouvant plus de solution au Centre, s’en iront inexorablement rejoindre les bataillons extrémistes pour bousculer cette République cartellisée.
La question n’est donc pas l’avenir politique personnel de François Bayrou lui-même. Les hauts et bas dans la vie élective d’Alain Juppé, son voisin, en témoignent. Mais c’est l’avenir de la liberté de choisir ses valeurs, ses idéaux, ses pratiques politiques qui est en jeu. S’il n’y a plus d’espoir de salut en France que par la conversion obligatoire des citoyens à la religion socialiste ou ump-iste, si de nouvelles formes de persécution sont à l’œuvre, ce n’est plus l’exil qui se produira mais la révolte. La révolte dans les urnes. Le Front National s’est promis, là où il pourra se maintenir, de choisir le député qui aura sa faveur. Les millions d’électeurs centristes sauront tout autant, au 2ème tour, avec ou sans candidat, se souvenir de ceux qui veulent leur élimination.
Il reste deux semaines pour que les partis politiques retrouvent leur sérénité et oublient leurs intérêts propres pour se concentrer sur les moyens les plus sûrs pour donner au Pays la stabilité, l’unité, la cohésion qui lui sont nécessaires pour lui éviter le destin de la Grèce.
La France compte encore dans le concert du Monde. Il ne lui reste que quelques semaines pour ne pas être déclassée, économiquement, financièrement et moralement.
Je suis peut être un des seuls à penser qu’il sera réélu.
L’écart se joue au 1er tour en DeCa de la marge d’erreur autorisée.
Nous verrons bien.
gôd night,
J’approuve totalement. J’espère que les électeurs de cette circonscription auront cette sagesse immanente là ! Dans l’ensemble, la présentation dans Le Monde laisserait plutôt penser que oui (sinon un Centre dans tous ses états si je puis dire, le Modem n’étant guère reconnu a priori, et ses tentatives d’ouverture, je le crains, guère comprise), y compris le désarroi (pour ne pas dire autre chose) dont fait probablement signe un taux d’environ 40% d’abstentions attendu (!), et ce sur fond de gravité de la situation comme l’indique l’état des lieux fait concernant, notamment (si j’ai bien compris), la France, par la Commission européenne, et en attendant les conclusions de l’audit des finances publiques par la Cour des Comptes (pour fin juin). Quelle prise pouvons-nous avoir, que pouvons-nous et que devons-nous faire … ? Il y va de notre sort, mais il y va avec d’un fonctionnement démocratique à vivre (comme le disait ainsi, dans un entretien récent, l’historien Pierre ROSANVALLON, paru dans le Nouvel Observateur du 17 mai, n° 2480)
M. le Ministre,
Il faut arrêter de faire de l’anti-sondage sarkozyste. Position tellement prisée par les UMPistes et Marinistes. Vous êtes au-delà du déni de réalité M. le Ministre et je pense effectivement que Bayrou a choqué par sa position personnelle en votant personnellement pour la première fois de l’histoire du centre (de l’après UDF) pour un social-démocrate et qu’il risque aujourd’hui d’y perdre ses plumes dans sa circonscription « basco-béarnaise ».
La leçon que nous pouvons tirer de cette épisode : C’est que finalement, les électeurs du Centre ne se sont jamais véritablement émancipés de l’emprise idéologique de « droite » et que les électeurs du centre représentent, que l’on veuille ou pas, une sorte de force de réserve de la droite, si je puis me permettre un vocabulaire typiquement militaire.
Et quand le président du Modem annonce sa position personnelle au cours de l’entre deux-tours de l’élection présidentielle de 2012 parce qu’il est plus fondamentalement anti-sarkozyste qu’il est pro social-démocrate, il est immédiatement voué à tous les enfers de la droite sarkozyste et des électeurs du centre qui sont majoritairement pro-sarkozyste quoi qu’on en dise et à ma plus grande déception.
Et je trouve injuste ce procès d’intention d’un bonhomme qui n’a jamais caché son éloignement d’avec les principes sarkozystes, qui je le rappelle, s’appuyaient principalement sur la confrontation des catégories socio-professionnelles, des nationalités d’origines, des religions et des situations sociaux-économiques, pour asseoir son hégémonie à la tête de l’Etat français. Finalement, la seule caste sous l’empire sarkozyste qui n’a jamais été ni insultée et encore moins incendiée, c’est celle qui représente les plus grandes fortunes de France… C’est rétrospectivement sa principale erreur car à l’évidence, les quelques voix qui manquaient à sarko pour être réélu, sont celles de la pénurie de riches français qui n’ont pas encore eu l’opportunité de voter pour le protecteur des riches.
Néanmoins et je l’écris ce soir du fond du cœur, Bayrou représente une institution de la démocratie et de la République française. Il a démontré à toutes les étapes de son parcours politique une position et des convictions extrêmement cohérentes, courageuses et sincères avec son état d’esprit et si Bayrou disparaît du paysage politique français, c’est toute une frange de mes convictions qui se verrait disparaître pour favoriser l’émergence d’une gauche inflexible, d’une droite dure et d’un parti néo-nazi comme seules alternatives à l’avenir politique de la France.
Enfin M. le Ministre, votre dernière phrase est pathétique et révèle d’un déficit de culture politique évident. Entre 1997-2002, l’économie française a été resplendissante parce que le contexte économique était propice et que le gouvernement Jospin a su profiter de la vague. Dès 2002, le gouvernement Raffarin a cassé la vague de croissance et dans les milieux économiques et budgétaires, il est de notoriété publique que la droite est mauvaise gestionnaire. Elle nique systématiquement les opportunités de croissance et chacun des mandats de la droite a entraîné des baisses de croissance et favorisé la pauvreté et le chômage en France.
Ressaisissez-vous, que diable ! Et j’espère que Bayrou rebondira parce que j’admire ce bonhomme.
Machu
Je ne dirai qu’une chose, votre vision des choses est très intéressante. Merci de la partager !