Il n’appartient pas aux départements de dicter leur volonté à l’Etat qui doit rester maître des missions qu’il estime devoir continuer à exercer. Cependant, dès lors qu’il renonce à cet exercice qu’il s’estimait jusqu’alors seul à pouvoir accomplir, il devient surprenant voire suspect qu’il ne permette pas à des collectivités locales de les exercer à sa place, surtout quand elles lui en ont fait la demande. Et qu’il leur a été répondu que l’Etat n’envisageait pas de se désengager.
Contrairement à ce qui a pu être écrit ici ou là, je ne m’indigne pas que l’Etat veuille privatiser la mission d’étalonnage qui était jusqu’alors du domaine du service public. Mon exaspération est qu’il fasse tout pour empêcher que les collectivités locales s’organisent pour que la dévolution de cette fonction soit organisée de la manière la plus efficace économiquement dans l’Orne.
Le département de l’Orne est celui où nait le plus grand nombre de chevaux en France, il n’est donc pas anormal que celui-ci se préoccupe au plus haut point du capital génétique qui constitue le patrimoine de base de la filière équine.
Si l’Etat ne se sent plus concerné, qu’il abandonne sa mission, mais alors qu’il réponde clairement aux collectivités locales pour définir les conditions dans lesquelles il envisage de la leur confier. A moins qu’il se refuse à ce qu’elles le fasse, auquel cas, il serait urgent de le leur signifier et de leur donner le motif de son refus.
La participation d’un groupement d’éleveurs privés est une bonne chose mais le Département et la Région sont tout autant capables que l’Etat de contracter eux-mêmes avec ces partenaires pour construire un projet d’avenir sur le Pin. Pourquoi l’Etat qui se désengage souhaite-t-il continuer à jouer, lui-même, les stratèges dans les métiers dont il ne veut plus ou qu’il ne peut plus exercer, attendu son impécuniosité.
Depuis de nombreux mois, voire d’années, l’empêcheur d’avancer vers des solutions efficaces et d’avenir est l’Etat, lequel, par ses atermoiements, ses querelles internes, n’a jamais été en mesure de définir une ligne, un cap précis et ambitieux pour l’avenir du Pin. Le département de l’Orne et la Région de Basse-Normandie ont décidé de prendre leur destin en main, qu’on les laisse faire, au lieu de les freiner, les enfermer dans des procédures kafkaïennes qui n’ont d’autre but que de permettre à des hauts fonctionnaires de justifier des occupations sans aucun bénéfice pour la société.
Nous n’avons aucune leçon à recevoir de l’Etat sur l’art et la manière de gérer le patrimoine public qu’il soit génétique, professionnel, touristique, immobilier, architectural. Nos collectivités ont entretenu leur patrimoine, elle l’ont mis en valeur, elles ne se sont pas laissées étouffer par des étages de gouvernance aussi inefficaces que ruineux. Le décideur rencontre tous les jours les acteurs. La distance qui sépare celui qui décide de celui qui exécute est très courte. Les décisions sont prises dans des délais immédiats. Et le principe de fonctionnement est que « celui qui commande paie !». C’est-à-dire tout le contraire du fonctionnement de l’Etat qui commande et ne paie rien.
Le ministre de l’agriculture, dans un courrier aujourd’hui, m’informe qu’il n’est pas question que le Haras du Pin soit d’une quelconque manière démantelé et vendu. Les activités d’étalonnage feraient l’objet de discussions approfondies entre les partenaires professionnels et les opérateurs de l’Etat. Une structure coopérative serait réputée la meilleure solution pour assurer le développement des activités dont il faut sans doute comprendre qu’elle seront abandonnées par l’Etat. Lequel souhaite cependant rester présent dans le cadre d’un syndicat mixte qui ne sera pas un modèle de simplicité.
Cette chronique du Haras du Pin illustre bien les étapes du déclin des belles et glorieuses histoires des Etats devenus impécunieux qui souhaitent cependant continuer à faire illusion. Ils cherchent éperdument à masquer leur décadence par la création d’opérateurs multiples supposés représenter la puissance publique alors qu’ils ne sont plus que des structures de défaisance prêtes à toutes les dépossessions pourvu qu’elles ne soient pas aux profit de ces vassaux que sont ces collectivités locales dont l’apparente prospérité semble une insulte à la désastreuse gestion étatique.
Le Haras du Pin est issu d’une longue et prestigieuse histoire dont il restera digne. Aucun dépositaire, fût-il l’Etat, ne pourra le détruire dans son unité, sa vocation, et l’exemple qu’il doit continuer à faire rayonner en France et dans le Monde. Le département de l’Orne et la Région de Basse-Normandie sont prêtes à relever le défi. Il suffit de leur transmettre l’outil. Le propriétaire ne peut plus légitimement en être que celui ou ceux qui lui permette de vivre et de se développer.
Monsieur le Ministre,
Je vous soutiens sans réserve dans cette démarche.
D’une façon générale, ce que l’Etat n’est plus en capacité de gérer correctement, il y va de l’intérêt des citoyens de confier ces missions aux collectivités locales… A partir du moment que les collectivités locales ne pactisent pas avec le diable privé au détriment de l’intérêt général…
La RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques) n’a eu de cesse de tailler dans les effectifs publics sans jamais prendre en considération la remise à plat des services publics au regard de l’évolution de notre société, avec comme fil conducteur issu du bon sens, consistant à se poser la question de savoir ce qui devait rester dans le giron de l’Etat car rendant directement service à nos concitoyens et ce qui devait échoir au privé car ne rendant plus un service public pertinent à nos concitoyens.
Mais au delà de ça, la RGPP2, dans son évolution à l’attention principalement de l’Etat décentralisateur (régions, départements, collectivités locales et territoriales), votre revendication devrait y prendre toute sa place puisque vous y dénoncez une difficulté relative à une mauvaise gestion de l’Etat « centralisateur » que des collectivités locales, expérimentés sur la question, pourraient incontestablement mieux gérés.
J’apprends via wiki que de nombreux Etats ont mis en place leur propre RGPP afin d’optimiser les ressources et la gestion de l’Etat et le Canada reste en ce sens, un modèle.
Moi, ce que je retiens de la RGPP à la française, c’est que la fonction publique a sacrément morflé en terme d’effectif alors même que cela n’a rien rapporté et encore moins changé.
Les contribuables paient toujours autant d’impôts, les services publics de l’Etat n’ont globalement rien apporté de plus, les fonctionnaires ont majoritairement constaté une baisse de leur pouvoir d’achat à cause principalement du gel du point d’indice, le trava
« des procédures kafkaïennes qui n’ont d’autre but que de permettre à des hauts fonctionnaires de justifier des occupations sans aucun bénéfice pour la société. »
Comme c’est bien dit…
Il y aurait sûrement un étude intéressante à faire sur la proportion d’emplois – publics comme privés – qui sont le fruit exclusif de la complexité administrative, sur tous ses faiseurs et contrôleurs de règles qui ne font que se donner du travail les uns aux autres… Le chiffre pourrait être spectaculaire.