Le cas Papandréou est intéressant à examiner au regard des sages principes de bonne gouvernance. Arrêtons-nous un instant. Il est certes le chef de gouvernement d’un pays en grandes difficultés, mais il est aussi une personne. Or, il n’est jamais évident qu’une personne, aussi solide soit-elle, ait toujours la conscience vive, entière et profonde de l’ampleur de sa responsabilité face aux défis que l’histoire lui lance.
Contrairement aux idées reçues, les dirigeants des pays sont souvent dans un état de grande solitude, de fatigue morale et psychique. Les seuls qui les approchent ont les mêmes problèmes qu’eux, voire des intérêts rivaux. Sans parler de la traditionnelle Cour qui s’agite autour d’eux, dans le seul but d’apparaître indispensable.
Qui veille à la santé morale du chef ? Personne. Sa vie privée n’existe plus, et aucun temps libre ne vient le délivrer de sa bastille de soucis. Pour peu qu’il soit coupé de tout environnement familial ou « normal », il devient la proie facile du narcissisme ou à l’inverse du dépit, l’équilibre n’étant hélas jamais l’hypothèse la plus probable. Il ne voit plus alors de solutions aux problèmes les plus tragiques qu’il rencontre et qu’il ne partage souvent que très imparfaitement. De fait, il reste enfermé dans sa seule logique et tente des sorties désespérées dont aucun effet collatéral n’a été anticipé.
Je ne connais naturellement pas Monsieur Papandréou, mais je m’explique son erreur ainsi. Le poids du fardeau devenait trop lourd à porter et il a soudain cru qu’en allant à la source de la démocratie, c’est-à-dire au Peuple, il trouverait l’aide nécessaire. C’était ignorer les contraintes d’urgence de l’agenda et les règles des accords internationaux. Le voilà maintenant à la dérive, mal jugé par ses pairs et probablement en grande difficulté personnelle pour un moment. Son pays n’avait pas besoin d’une épreuve de plus, l’Europe non plus.
La période de tempête que nous allons traverser va commander des personnes solides. Intelligentes, instruites, et surtout moralement et humainement résistantes à toute épreuve. La sophistication des problèmes fait que les experts sont très faciles à trouver. C’est la compréhension humaine, simple, logique, proche des gens qui fera ou défera les politiques. Qui fera ou défera aussi l’avenir des Peuples.
S’ils sont mauvais, – les dirigeants, – le pire est à craindre.
S’ils sont bons, tout espoir reste permis.
Vous aurez sans doute apprécié (malgré les simplifications nécessaires pour toucher un large public) le film « L’Exercice de l’État ». Et notamment le trait d’humour du scénario, sur la catastrophe qui attend la France si la dette dépasse « 1000 milliards d’euros » !
Excellente analyse « vécue » par un homme politique, Alain Lambert, qui connaît (trop?) bien le coeur des politiques, et leurs moyens d’action. L’homme politique est aussi « une personne », certes, mais il ou elle ont été élus par des milliers ou millions d’autres personnes. On sent bien que le mouvement actuel est « d’aller à la source de la démocratie »…. Les récents avetissements devraient leur permettre d’avoir la sagesse de consulter directement le peuple plus souvent et plus habilement et ainsi de se ressourcer dans « l’humain », de prendre la nécessaire distance par rapport à « l’agenda » et aux mesures décidées dans la précipitation. « C’est la compréhension humaine, simple, logique, proche des gens qui fera ou défera les politiques. Qui fera ou défera aussi l’avenir des Peuples. »
En attendant on nous annoncera en France lundi des mesures prises avec une certaine brutalité pour trouver les 8 milliards manquants. On les imposera en restant loin « des gens » et des incidences que peuvent avoir une augmentation de TVA sur la bâtiment, par exemple, pour les classes moyennes, alors qu’on avait juré le contraire le mois dernier. Les lois ne sont plus discutées nulle part, ni leurs effets pervers analysés, elles tombent comme des bombes sur des citoyens indignés par ce qui commence à devenir un déni de démocratie. Inhumain, non?