Attention cependant à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

J’ai trop d’estime personnelle pour Jean-Pierre Jouyet pour ne pas avoir compris le message qu’il a souhaité envoyer aux marchés. Notamment celui de ne jamais être tentés d’infléchir la volonté des Peuples, sauf à susciter leurs révoltes, à terme. C’est parfaitement juste.

En même temps, il  est trop averti des sujets financiers comme des sujets politiques pour ne pas discerner l’interprétation très différente qui pourra être faite de  son message. N’avait-il pas d’autres canaux pour parler aux marchés ?

Ceux qui l’auront entendu prioritairement sont probablement ceux qui pensent que toutes leurs misères viennent du monde financier.

Mais que sont-ils ces marchés, sinon, pour une partie du moins, des circuits de collecte du fruit du travail de millions de travailleurs qui comptent sur cette épargne pour améliorer leur retraite ou faire face aux difficultés de la vie. Va t-on leur dire que les dirigeants politiques irresponsables qui ont ruiné leurs États, consommé toutes leurs économies et qu’ils doivent accepter d’y renoncer ? Faisons-bien attention. La crise de la dette est aussi la crise d’une démocratie indifférente à la gestion publique.  D’une démocratie naïve qui croit tous les marchands de promesses toutes plus irréalistes les unes que les autres. D’une démocratie qui pour effacer le mauvais souvenir des uns, se jette dans les bras des autres. Lesquels font exactement la même chose depuis 35 ans : creuser des déficits et dresser des montagnes de dettes.

Le moment est venu de faire émerger une démocratie responsable. Une démocratie exigeante qui demande des comptes aux sortants sur l’usage qu’ils ont fait de la confiance qu’ils avaient reçue. Et des comptes aux candidats supposés différents, porteurs d’idées nouvelles et de solutions à tout. Afin que demain, personne désormais n’échappe à la raison. Celle qui consiste à ce que les États soient gérés comme des familles responsables, pas seulement ivres de faire profiter leur génération des bienfaits du progrès mais aussi et surtout déterminées à préparer l’avenir des générations suivantes en leur laissant des comptes équilibrés, des dettes soutenables, et une planète propre.

Oui, les marchés doivent être rappelés à leurs devoirs mais les politiques aussi. A défaut, le premiers auront peut-être la peau des seconds, mais c’est la démocratie qui va périr !