La panique qui s’empare du monde occidental perclus de dettes, sous l’œil sévère des agences de notation, et les réprimandes comminatoires des grands prêteurs comme la Chine, ouvre une séquence annoncée de la fin d’une époque d’irresponsabilité collective unique dans l’histoire du monde.

Les cigales emprunteuses ont chanté tant d’étés qu’elles avaient fini par croire que les fourmis se laisseraient bercer jusqu’à la fin des temps de leurs mélodies enjôleuses et légères. Mais les fourmis se rebiffent, indignées par tant d’arrogance.

Le réveil est aussi brutal qu’il était inévitable. Le narcissisme des emprunteurs, les Cours qui les entourent, leur faisaient croire qu’ils décideraient pour les créanciers de la marche du monde. Le temps est venu de regarder la réalité en face. De lire la facture de décennies de dépenses débridées et d’annonces mirobolantes de baisse des prélèvements. De dire comment et par qui cette facture sera payée. Et reconnaitre que tant d’années d’inconscience ne peuvent s’effacer par la magie d’un discours ou d’un sommet de chefs d’Etats. Mais par la mobilisation générale et le respect pour tous qui a tant manqué ces dernières années. La vérité doit être dite, le seul chemin possible est celui du redressement et il sera douloureux.

La démocratie a été vaincue par la démagogie. La politique s’est transformée en théâtre cynique de promesses impossibles. Les élections sont devenues des moments de défouloirs de toutes les déceptions. La responsabilité individuelle et collective a été comme suspendue. La citoyenneté rangée au placard des vieux poncifs. Les institutions ont tenu lieu de conseils d’administration d’une société sans affectio societatis indifférente aux défis qui lui étaient lancés.

Les parents de ceux qui gouvernent ont versé leur sang pour permettre à leurs enfants de naitre et vivre en liberté. Ce legs les convoque aujourd’hui a être dignes de leurs ainés et d’assumer enfin leur responsabilité devant l’histoire.

Il n’y a plus de temps à perdre.