Si l’on ne veut pas s’infliger une nouvelle désillusion, il serait prudent de ne pas présenter la règle d’or comme une sorte de petit robot qui garantirait la régulation de nos déficits comme le pacemaker stimule le coeur.
D’abord, rappelons-nous que le Gouvernement a imposé une première révision constitutionnelle en 2008 qui, sur ce point, était très imparfaite et n’a produit aucun effet. En voulant, à l’époque, passer en force et n’écoutant que lui-même, il se sent aujourd’hui obligé d’y revenir. Espérons qu’il voudra cette fois écouter les bonnes volontés qui ont réfléchi au sujet depuis 20 ans !
Ensuite, s’il s’agit de poser une règle dans les constitutions de chacun des pays de la zone euro, autant choisir la même rédaction, sauf à connaître des modalités d’application divergentes ce qui engendrerait de nouveaux problèmes.
Cette règle, dont le contenu reste à définir, devrait être adoptée pour le temps qui sépare chacun des Pays du retour au règles du Traité de Maastricht, sauf à modifier celui-ci. Il est possible que les données démographiques et économiques viennent à changer et sans doute vaut-il mieux que le Traité soit la Constitution commune des Etats de la zone euro.
Le texte français dans sa rédaction actuelle n’atteint toujours pas les objectifs poursuivis, sur de nombreux points dont les suivants : le périmètre des comptes visés par la règle d’or (qui n’en est d’ailleurs pas vraiment une) ne recouvre pas nos engagements européens, ce qui est fâcheux ; les comptes considérés ne seront pas ceux exécutés, mais ceux prévisionnels ; le non respect des engagements serait sanctionné par le Conseil Constitutionnel dans des conditions aléatoires, puisque les constatations comptables sont restées floues.
Une nouvelle rédaction s’impose et probablement plus dans une loi organique que dans la Constitution. Ainsi est-il absolument indispensable que le périmètre des obligations constitutionnelles soient celles de Maastricht, que le constat du non respect desdites obligations s’effectue sur une base comptable auditée et auditable, et que la sanction d’inconstitutionnalité soit assortie d’une sanction politique.
L’addiction aux déficits excessifs n’est ni une fatalité, ni une affaire constitutionnelle. C’est une défaillance de nature politique, morale et éthique. La seule sanction d’inconstitutionnalité est par trop juridique et si elle trouve son sens sur un acte budgétaire prévisionnel, elle en a beaucoup moins sur la reddition des comptes après exécution.
La sanction politique évidente devrait être la démission d’office du gouvernement. Non pas pour le torturer. Simplement pour réexaminer le mandat reçu par le Parlement pour mener une politique budgétaire qu’il n’aurait pas respecté. Le Président pourrait reconduire le même gouvernement mais celui-ci serait obligé de solliciter la confiance de l’Assemblée Nationale et recevoir ainsi l’onction de la représentation du Peuple pour poursuivre sa tâche, malgré sa défaillance.
Ces préceptes sont simples. J’imagine déjà qu’ils seront demain qualifiés de simplistes. Mais la métaphore du permis de conduire à points aide à comprendre ce dont il s’agit. Selon notre Constitution, le gouvernement conduit la politique de la France. Le Parlement lui en délivre le permis lors du vote de confiance. Tel le conducteur d’une automobile, s’il vient à dépasser la limite de vitesse, il perd des points, voire le permis et peut se voir condamner à le repasser. Pourquoi ce qui est vrai pour des millions d’automobilistes ne le serait pas pour un gouvernement ? Dans tous les cas, il s’agit de pilotage pour éviter la sortie de route, les blessés, les morts, bref la catastrophe. Le code de la route n’est pas en soi une bible, un texte sacré qu’il faudrait respecter par superstition. Il vise simplement à sauver des vies. Il est en de même pour le programme de stabilité. Il n’est pas sacré, il ne commande aucune superstition, il est instauré comme radar pour éviter la ruine des Peuples. Si l’on portait autant d’attention à la sécurité financière qu’à la sécurité routière, il y aurait beaucoup d’autostoppeurs sur la route de la politique.
On a toujours tort d’avoir raison trop tôt ! Hélas
La sanction proposée n’aura pas beaucoup d’effets. Peu probable en effet que la majorité change suite à cette démission forcée du gouvernement. De plus, il y a de fortes chances que l’impulsion politique soit donnée depuis l’Élysée, et le Président n’est pas responsable devant le Parlement, il ne démissionnera donc pas. Bref, on pourra comme d’habitude s’asseoir sur les règles budgétaires.
En plus vous signalez les manquements de la règle proposée. Vous auriez pu rappeler qu’il existe déjà des règles d’or: le pacte de stabilité (que la France a participé à décrédibiliser lors de la législature précédente), les règles d’évolution des dépenses (dont l’effet a été l’explosion des niches fiscales). Vous avez vous-même participé à cette majorité et à certains gouvernements de l’époque, malgré vos préférences souvent répétées sur la question!
Cela me semble montrer que les engagements globaux ne marchent pas vraiment. Ça ressemble trop au poivrot qui entre dans un bar disant qu’il arrête l’alcool le lendemain pour ensuite commander un verre. Pour être vraiment crédibles, les responsables politiques majeurs doivent dire s’il veulent vraiment réduire le déficit et surtout comment ils s’y prendront sans en appeler à une hypothétique croissance: quelles dépenses diminuer, quels impôts augmenter. J’ai bien peur qu’on n’aura des réponses précises qu’à partir de juillet 2012, une fois les élections passées!
Tout à fait d’accord avec Proteos !
La règle d’or commence avec l’adhésion des responsables politiques. Or aujourd’hui, ceux ci sont plus à la recherche de « responsables des responsabilités » : c’est la faute à la spéculation, aux agences de notation, aux niches fiscales, au « néolibéralisme » (comme ci l’Europe était libérale …) …
Ds les candidats possivles en 2012, combien évoquent la performance des dépenses publiques ? l’allongement de la durée de vie active ? la suppression des régimes spéciaux …
règle d’or ou pas tous coupables !!!
L’Enfer c’est bien connu c’est les autres.
Il n’y a plus de notion du consensus social.C’est bien le Drame.
Quand De gaulle disait qu’il fallait faire un effort c’était à l’endroit de l’ensemble des
classes sociales.
Depuis 40 ans les partis ont fait du clientèlisme. les français devenus des enfants capricieux.
L’équilibre budgétaire c’est augmenter les recettes et diminuer les dépenses.(désserer les ciseaux budgétaires).
mais nos marges de manoeuvres sont tênues, i lfaudra du doigté.
On est sur le verglas.
si on pile sur le frein on est sûr d’aller au fossé, c’est pareil si on acéllère.
par contre si l’on déccélère et freine par petites touches cela peut passer.
J’avais cru comprendre que les « critères de Maastrich » définissaient des maxima pour les déficits budgétaires. Pourquoi donc vouloir reprendre ces critères dans la constitution ? De plus il suffit de regarder l’évolution du déficit public depuis quelques années pour voir que le gouvernement actuel, et le précédent, n’a rien fait pour les diminuer. Il n’est donc, à mes yeux, guère qualifié pour graver ces règles évidentes de « gestion en bon père de famille » dans le marbre de la constitution
Sanction politique : pourquoi ne pas changer les règles de la censure à l’occasion des lois financières , en d’autres termes il faudrait pour échapper à la motion de censure sur un PLF réunir les 3/5 des députés. Qu’en pensez-vous ?
Finalement votre proposition ne suppose-t-elle pas d’instaurer une part de proportionnelle à l’assemblée afin d’obliger le gouvernement à rassembler plus largement lorsqu’il présente son budget .
La règle dort ?
Je considère depuis son « invention », que la date à laquelle cette règle est sortie du chapeau de notre président prouve son esprit retors et pas très honnête; en effet au pouvoir depuis 2007, et précedemment ministre de différents ministères,inclus Berci,il ne pouvait pas être sans connaitre le problème de la dette du pays, et par voie de conséquence prendre les dispositions qui s’imposaient. Encore aujourdh’hui notre cher responsable des finances annonce qu’il ne reviendra pas sur les prévisions de croissance, soit 1% ( N’oublions pas Mme LAGARDE, laquelle avait prévu 2,5% ).Dès le 4 septembre 2006, j’avais écrit au patron de l’UMP : Mr SARKOZI, en me permettant de lui faire remarquer que ces prévisions de croissance était non seulement inutiles, mais dangereuses, et que si cette croissance arrivait était au rendez vous, elle pourrait servir à rembourser la dette ….etc