Imaginons un Ministre qui veuille boucler son budget. Il lui manque 100 pour équilibrer dépenses et recettes. « Mais oui, mais c’est bien sur … Il suffit d’augmenter les impôts pour obtenir 100 de plus » ! Pourtant quelques mois plus tard, il lui faut reconnaître que l’idée géniale n’a pas été à la hauteur de ses espérances. Les impôts ont bien été augmentés de 100 et pourtant de nouveaux déficits sont apparus. A force d’oublier que la France est un pays à forte fiscalité, on oublie que toucher aux revenus des Français, ca revient à toucher aux revenus des administrations publiques.
Démontons le mécanisme.
100 d’impôts en plus, c’est 100 en moins pour les ménages, qui donc dépensent moins. 100 de dépenses en moins, c’est déjà à peu prés 15 de TVA en moins pour l’Etat. Les 85 euros restant ne font pas tourner l’économie donc ce sont des salaires en moins et les salaires, c’est quasiment la moitié de prélèvements. Moins de salaires distribués, c’est donc moins de cotisations sociales et c’est aussi moins d’impôts sur le revenu …
Au final, en augmentant les impôts de 100, l’Etat réduit très sensiblement les recettes des administrations publiques. Le déficit n’en est que légèrement allégé. Le poids des prélèvements en France est tel que tout euro de richesse créée finit très vite entre les mains de l’Etat et s’il vient à manquer, ce sont les recettes publiques qui en patissent. C’est principalement pour cette raison que les plans de relance sont inefficaces.
Concernant les revenus du capital, l’illusion de leur moindre imposition vient d’une double confusion : confusion entre impôt et cotisations, ces dernières ouvrant des droits à prestations auxquelles ne donnent pas droits les revenus du capital ; confusion entre revenus bruts et revenus nets, l’écart venant des amortissements qui ne sont pas pris en compte dans le PIB. Il reste qu’un accroissement de la fiscalité du capital pesera immanquablement sur l’investissement.
On rejoint ainsi les conclusions de 3 économistes, MM. Alesina, Perotti et Ardagna : la réduction des déficits est efficace si il y a maitrise des charges de fonctionnement et de certains transferts. C’est un échec, en revanche, s’ils portent sur la réduction des dépenses d’investissement … et sur l’augmentation des impôts.
La dette publique est la conséquence d’une fuite en avant. Ceux qui prêtent à la France (que l’on désigne souvent sous le terme méprisant de « marchés ») – et qui depuis 35 ans lui ont permis de maintenir son niveau de vie – pourraient bien devenir frileux, dès lors que la solvabilité du pays sera gravement obérée. C’est donc bien la performance des administrations qui importe, non l’augmentation des impôts.
A.B. Galiani
Article tout à fait convaincant …pour ce qu’il ne faut pas faire …Mais alors que faut-il faire pour « boucler le budget » …et réduire le « déficit des finances publiques » ?
Bonjour,
je ne suis aucunement qualifié en économie mais j ose un commentaire
En effet vous posez comme postulat que 100 euros d’impots en plus entraine 100 euros de dépenses en moins, or ceux qui paient des impôts sont à priori les personnes les moins modestes ceux là mêmes qui épargnent le plus.
Donc 100 euros d impots en plus ne vaut pas 100 euros de dépenses en moins car une partie ira à l’épargne ? non ?
Si je peux me permettre………
Bien vu, Humaniste … En effet, eu égard à la longueur de mon texte j’ai simplifié. Je n’ai pris en compte ni l’impact sur le commerce exterieur, ni sur l’epargne. Cependant,dDire que ce sont les personnes les plus modestes qui épargnent le plus est inexact. La réalité est plus complexe. Pour faire simple, pour épargner, il faut en avoir les moyens. Donc l’épargne croît avec les revenus mais pas forcement de façon parallèle (passé un certain seuil, il y a arbitrage entre revenu et épargne). L’épargne est également une « fonction contrainte » : quand il y a un pret à rembourser (ce qui est une épargne), on ne peut modifier les échéances au motif que le revenu aprés impôt s’est réduit. L’évolution à venir des impôts locaux pourrait nous le rappeler.
Il reste que la démonstration demeure vraie même en incluant un taux d’épargne. Et que, pour répondre à M. Daumont, dans un pays de lourde fiscalité comme la France, la réduction des déficits passe par la performance de chaque euro de dépense publique …
Démontons le mécanisme dites vous.
D’accord. De manière symétrique:
« 100 de dépenses publiques en moins, c’est 100 en moins pour les ménages, qui donc dépensent moins. 100 de dépenses en moins, c’est déjà à peu prés 15 de TVA en moins pour l’Etat. Les 85 euros restant ne font pas tourner l’économie donc ce sont des salaires en moins et les salaires, c’est quasiment la moitié de prélèvements. Moins de salaires distribués, c’est donc moins de cotisations sociales et c’est aussi moins d’impôts sur le revenu …
Au final, en diminuant les dépenses de 100, l’Etat réduit très sensiblement les recettes des administrations publiques. Le déficit n’en est que légèrement allégé. »
Avec un différence ! L’Etat emprunte, donc la dépense publique d’aujourd’hui est la dette d’aujourd’hui donc le remboursement de demain et la baisse de l’activité des générations à venir.
De surcroît, je n’ai pas évoqué dans mon billet une baisse radicale des dépenses publiques, mais l’amélioration de la performance des administrations. Alors, baisse de la dépense, oui, quand elle frappe des structures inutiles et des embauches de fonctionnaires superfetatoires – c’est d’ailleurs assimilable à des transferts- ; réforme des retraites, oui !
Pour memoire, rappelons que la Suède et la France ont la meme part de PIB en dépenses sociales. Mais l’une a choisi l’efficacité, l’autre le financement du non-travail : la 1ere a deux fois moins de pauvreté que la seconde. Bref ! Quand l’Etat (les daministrations publiques) modifie ses structures profondes – organisation et regime spéciaux -, l’expérience montre que ca marche contre les déficits (cf. les travaux des économistes cités).
Je suis tout à fait d’accord avec l’article. Il faut baisser les dépenses de fonctionnement et limiter les transferts pour diminuer la dette publique.Néanmoins, concernant les dépenses d’investissement, il ne faut pas oublier que la construction d’un ouvrage d’art, d’un immeuble ou d’une route par exemple, engendre une augmentation des dépenses de fonctionnement (ne serait-ce que pour l’entretient). Donc, si je suis d’accord pour dire que la baisse du déficit se joue essentiellement sur les dépenses de fonctionnement, il ne faut pas pour autant augmenter, plus que nécessaire, les dépenses d’investissement au risque de voir les dépenses de fonctionnement exploser!
Quand à l’inutilité de l’augmentation des impôts, je suis entièrement d’accord d’autant plus qu’en général elle permet de donner bonne conscience à un gouvernement qui en profite ensuite pour augmenter les dépenses. En outre, vu la pression fiscale actuelle, je doute qu’une augmentation des impôts soit supportable pour les contribuables. En plus des conséquences décrites dans l’article, on risque d’augmenter l’évasion fiscale et plus généralement la fraude.
A mon sens, le meilleur remède au déficit est la stabilisation (voire la diminution si possible) des dépenses de fonctionnement couplée à une économie dynamique.
La solution peut etre « Reaganomic », On libéralise vraiment l’économie Française.
On laisse pour un temps filer la dette et les déficits qui la gonfle, eux même seront comblés par le retour à la confiance…Quitte à en payer le prix sur les marchés…Temporairement.
D’abord personne n’est capable de donner vraiment confiance aux marchés et aux Français.
Si les Français ne veulent pas dépenser ou embaucher, ce n’est pas à l’état de payer en faisant des relances économiques..Surtout que dès qu’elles s’arretent, c’est le coup d’arret!
Pourquoi ne pas laisser l’économie Française et ses acteurs tranquilles en leur donnant carte blanche?
Qu’est ce qui freine l’employeur d’embaucher par exemple?
la peur de ne pas pouvoir mettre à la porte un employé à cause de la rigidité du code du travail…Et la rigidité justement devrait etre corrigée.
Pour moi il n’y a pas plus d’employé indélicat que d’employeur indelicat.
Si le tx de chomage tournait autour des 5 ou 6¨% tx normal qui s’appelle le Tx frictionnel, un employé n’aura aucun mal à trouver ou à retrouver un travail.
Et un employeur n’aurait aussi aucun mal à trouver ou à retrouver un employé, puis faire de sort qu’il reste, ou s’en aille ..si pour je ne sais quelle raison il ne convient pas.
Le retour à une croissance de 2% permet au pays de vivre sans emprunter si je ne me trompe pas.
2% seulement!
En tout cas, il faut au moins s’interroger sur les soluutions mises en oeuvre à ce jour : la hausse des impôts est une illusion pour endiguer les déficits (cf mon article sur le sujet) ; la hausse des salaires proposée par certains risquent d’accélerer la sustitution du capital au travail… Il reste la solution la moins agréable sans doute à cours terme : améliorer la productivité du secteur public, en commençant par s’attaquer aux empilements de structures…