Voici une ITW donnée cet après-midi à Public-Sénat, à sa demande. Mon souhait a été de clarifier un peu les choses sur les querelles du jour. S’agissant du bouclier fiscal, je ne recommande pas le rafistolage mais plutôt sa suppression simultanée avec l’ISF, en compensant par une tranche supplémentaire de l’impôt sur le revenu. S’agissant de la justice fiscale, je suggère de conserver le principe de la contribution à proportion de nos facultés respectives tout en soulignant l’importance grandissante de la compétitivité de la France en pleine crise économique. S’agissant de l’esquive sémantique sur la rigueur, je pense ce débat surréaliste dans un Pays qui est champion du monde de la dépense. Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés pourraient être mortelles si le corps politique s’abandonne plus longtemps à la démagogie. Pour l’instant la démocratie fonctionne grâce à l’imposture pour ne pas dire l’indignité du sacrifice des générations futures. Les générations présentes se disputent alors qu’elles vivent aux dépends des générations suivantes ! Quelle époque !
Bof … L’impact du bouclier fiscal et de l’ISF sur le budget des administrations publiques est insignifiant. Quelles solutions complémentaires proposez vous au gel des dépenses de l’état qui ne représentent que 30% des dépenses publiques ? Quid des dépenses sociales ? Un gel des pensions de retraite serait tout à fait approprié pour rétablir une certaine équité entre le niveau de vie des retraités et celui des actifs.
La réponse, ce jour, de votre ami Eric WOERTH est claire, nette et de toute évidence définitive :
« On ne touchera pas au bouclier fiscal »!…
En d’autres termes :
« Circulez, y a rien à voir »!…
@ Jean-Louis Soularue. Supprimons le bouclier fiscal, prenons 500 millions d’euros de plus alors qu’il manque 160 milliards de déficit budgétaire (140+20 de SS) – il ne restera que 159,5 milliards à trouver -, et faisons fuir 16500 ménages de plus qui étaient de gros contributeurs fiscaux ! J’avoue que je rigole d’avance, car quand la gauche en 2012 va supprimer le bouclier sans supprimer l’ISF, ces 16500 ménages qui sentent le coup arriver et qui se sont déjà préparés s’en iront sur le champ. A ce moment là, vous perdrez leurs capitaux qui iront s’investir ailleurs, leur IRPP, leur CSG/CRDS, leur IS, leurs taxes de consommation (TVA/TIPP), les 29% d’impôts sur les plus values, leurs taxes foncières et d’habitation, et même les droits de successions car ils iront mourir là où il n’y en a pas. Évidemment, tout ce que ces riches contribuables payaient jusque là devra retomber sur vous, Jean-Louis. Tout çà car ces riches auxquels l’on ne prend QUE 50% de leurs revenus sont insupportable aux 50% de français qui eux ne paient rien ! Vivement que nous soyons tous également pauvres. Excusez moi, mais je rigole d’avance 🙂
@Libéral :
Rigolez, rigolez cher ami libéral tant que vous voulez.
Mais qu’est ce qui vous permet de considérer d’emblée que je ferais partie de ces 50% de « pauvres » que vous traitez avec tant de commisération et un brin de mépris ?
Question :
On ne pourrait payer (depuis des dizaines d’années) des impôts (beaucoup d’impôts) et penser que, d’une part c’est une chance, puisque cela signifie que l’on a des revenus suffisamment conséquents, d’autre part considérer que c’est un devoir de citoyen et l’on ne pourrait enfin avoir le sens de la solidarité nationale ?
Dernière question idiote : Depuis que le bouclier fiscal est appliqué, un grand nombre « d’exilés fiscaux » sont rentrés au bercail ?
Je rigole.
@Jean-Louis : je ne considère pas que vous ferez partie des pauvres, je considère que nous serons tous appauvris par le départ des 16500 riches que l’on a décidé de faire fuir en voulant supprimer le bouclier, et que la note sera pour ceux qui restent. La réponse à votre question est contenue dans question, comment voulez-vous que des exilés fiscaux reviennent dans le climat délétère d’instabilité fiscale qui règne et où la chasse au riche va bientôt être décrétée sport national ? Ces gens ne sont pas idiots, ils n’ont pas envie, à peine revenus, d’être de nouveau victimes des abus et des persécutions. Je rigole surtout jaune, car je vois bien que dès que cette mesure va être supprimée, les 3,5 milliards d’impôts payés par ces 16.500 (estimé sur la base de 500 millions rendus et en ajoutant leurs taxes de consommation) vont retomber sur vous et moi. Mais les français ne l’auront pas volé ! Ils ne le supportent pas ce bouclier, c’est allergique. Je ne le défends pas d’ailleurs, je pense que c’est une mauvaise mesure et j’explique pourquoi sur le site de contribuables associés.
Si l’on veut que les riches reviennent il faut un grand soir fiscal et Monsieur le Sénateur sait sûrement ce qu’il faut faire, comme beaucoup, mais personne n’a le courage politique de le dire, de l’expliquer aux français et de le faire.
Au lieu de vouloir imposer de la solidarité forcée et de la trouver juste à la place des autres, il serait plus lucide de négocier avec ces gros contributeurs une solidarité consentie dans le cadre de forfaits fiscaux et de les laisser ensuite tranquilles du moment qu’ils paient ce qui est convenu. Tiens, c’est curieux, ce que je viens de décrire ressemble aux forfaits fiscaux suisses, c’est bizarre ? Ils doivent être juste pragmatiques ces gens.
Une autre solution est la démocratie censitaire. Chaque voix vaut à proportion de la totalité des impôts payés (direct, indirects, contributions), comme dans une copropriété où les voix sont proportionnées aux tantièmes et donc aux charges assumées par chacun dans la collectivité. J’y suis très favorable.
@Libéral :
Une dernière petite réponse, pour ce qui me concerne :
– Les exilés fiscaux « victimes d’abus et de persécutions » !…
Dites-moi quels mots nous devrons donc utiliser désormais pour évoquer les génocides juifs ou arméniens ?
– La solution de la « démocratie censitaire » !… Ben voyons !…
Mais j’ai beaucoup mieux à vous proposer, dans ce style :
Le retour à la « loi de la jungle »…
C’est le plus riche, le plus fort, le plus grand qui a raison ! Qui a toujours raison.
Et les petits, les faibles, les traîne savates, les sans l’sou, les miséreux…n’ont qu’une chose à faire : se taire !
Et bosser, pour les caïds, pour les musclés !
Mais encore faudrait-il qu’il y ait du boulot?!…
J’veux voir qu’une tête »!
Silence dans les rangs, les pauvres !
Qui c’est qui commande ici ?
« T’as pas de fric ?…Silence!
Marches ou crèves !
Humour noir…
Je ris jaune.
Mais plus que jamais le seul parti au quel je veux bien adhérer, c’est le « Parti d’en rire » (Pierre DAC).
Bon Pont (si vous avez les moyens de le faire).
Pour s’exiler il faut être malheureux, sinon on reste dans le merveilleux pays dans lequel on a la chance de naitre. Un exilé fiscal n’est pas seulement quelqu’un qui trouve qu’il paie trop d’impôt, c’est surtout quelqu’un qui ne veut plus être la cible victimaire d’une autorité coercitive qui le désigne en raison de ses revenus ou de sa fortune. Ensuite on fait des listes, et on crée des fichiers comme on l’a vu récemment, c’est un début.
Rien à voir avec les génocides (vous me demandez quel mot employer alors que vous le choisissez parfaitement) bien que tous aient commencé par ce genre de discriminations, les juifs ont d’abord été recensés dans des fichiers, puis interdits de commercer, puis on leur a confisqué leurs biens, puis on les a déportés et enfin assassinés.
Pour la démocratie censitaire, je dirais que je n’ai pas l’impression que les copropriétés ou les assemblées d’actionnaires qui fonctionnent sur ce principe soient des lieux de coercition totalitaire.
Il n’est pas raisonnable de prendre des décisions et d’en reporter les coûts sur les autres. Cette dictature du prolétariat, comme elle se nommait elle même, a vécu.
C’est ce qui provoque, entre autre, la faillite des États providence, et comme Frédéric Bastiat le disait: « l’état, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ».
Je vous souhaite un bon WE, je vais travailler, c’est ce qui me divertit encore le mieux.
J’avais dit « une dernière réponse »…
Je reviens tout de même à la « charge » sur 2 points
1 / Quand je vous écrivais : « Dites-moi quels mots nous devrons donc utiliser désormais pour évoquer les génocides juifs ou arméniens ? »
Je pensais au mot « persécutions ».
En considérant qu’il serait peut-être plus correct de relativiser un peu et surtout de ne pas galvauder des mots qui prennent tout leur sens, particulièrement douloureux, quand on évoque un génocide.
2 / Pour ce qui est de cette « démocratie censitaire » que vous chérissez tant, je ne vois vraiment aucun rapport, entre d’une part des copropriétaires ou des actionnaires de sociétés commerciales et d’autre part les citoyens d’un état républicain comme la France.
Que je sache, aucun citoyen français n’a le droit de se considérer comme « copropriétaire » ou « co-actionnaire » de la France.
Nous sommes tous de simples locataires de passage, tant dans notre pays que sur la planète.
Chaque citoyen français, qu’il soit une femme ou un homme, riche ou pauvre, jeune ou vieux est un être humain qui a strictement les mêmes droits et les mêmes devoirs que tout autre être humain de notre pays.
Dans notre devise nationale cela se nomme EGALITE.
A nouveau bon WE à vous.
Prenez quand même un peu le temps de décompresser.
Monsieur le Sénateur,
Dans votre interview vous reprenez l’idée qu’une baisse des dépenses publiques pourraient entraîner une récession. Cette perception repose sur une analyse macroéconomique keynésienne qui fait fi des anticipations des acteurs économiques, i.e. la praxéologie de Ludwig von Mises. En effet, quand l’État s’endette lourdement pour dépenser plus qu’il ne le devrait, l’angoisse que ce comportement irresponsable engendre chez les agents économiques, qui anticipent des hausses d’impôts, les amènent à freiner leurs dépenses, différer les investissements et augmenter l’épargne. Du coup l’effet attendu de soi disant relance par la dépense publique n’est pas au rendez-vous et la croissance reste atone surtout si les prélèvement obligatoires dépassent 50%. Inversement, si l’État accepte de comprimer ses dépenses, l’effet est loin d’être aussi récessif que ce qu’une vision strictement macro-économique pourrait le laisser penser, en effet ce comportement responsable engendre une augmentation de la confiance des agents économiques qui répondent par un surcroît d’investissement et même de dépenses. D’une manière plus générale, quel que soit le moyen que l’État utilise pour financer ses dépenses, i.e. impôts ou dette, il agit par effet d’éviction sur l’investissement ou la dépense privée. En fait, le résultat obtenu est le contraire de celui recherché. Un accroissement excessif des dépenses publiques sensées soutenir l’économie par la consommation aboutit à un ralentissement puis à une stagnation de la croissance avant la faillite des États sur-endettés, une bonne gestion des deniers publics ne saurait avoir un effet récessif, même si elle demande d’être poursuivie un certain temps avant que la confiance ne s’installe (et donc peut être très temporairement récessive au tout début de sa mise en place en particulier si elle fait suite à 30 ans de gabegie).
Mon sentiment est que les politiques macro-économiques dirigistes et interventionnistes sont et ont toujours été en échec car elles négligent les fondements du fonctionnement de l’économie, i.e. les anticipations des millions d’agents économiques qui interprètent les signaux qu’ils reçoivent et prennent des décisions en conséquences, qui souvent conduisent aux effets contraires des politiques macro-économiques recherchées.
Mes respects.