Interrogé tout à l’heure sur France Inter, j’ai constaté que l’amélioration de la « surveillance préventive » qui a été confiée à la Commission Européenne, lors du sommet du week-end dernier pour sortir de la crise financière, était perçue comme une atteinte à la souveraineté des Etats.
La perte de souveraineté des Etats a commencé le jour où ils ont perdu la maitrise des dépenses de leur Pays, voilà la vérité ! Or, puisque nous nous sommes choisis une monnaie : l’Euro qui nous a protégés de toutes nos turpitudes budgétaires depuis tant d’années, le doute sur sa solidité et sur celle nos dettes « souveraines » ne pouvait pas manquer d’arriver. Nous y sommes !
La Grèce a été sauvée de justesse. D’autres pays sont menacés. D’autres encore le sont peut-être sans le savoir ! Quoiqu’il en soit, pour sauver l’euro, sauver la zone euro, sauver le système financier européen et mondial, un vaste plan de secours de 750 milliards d’euros vient d’être mis sur pied par l’Union monétaire.
Il serait prudent de nous réveiller et de comprendre qu’il s’agit d’une dette nouvelle que nous mobilisons et que nous souscrivons conjointement et solidairement. Ce ne sont pas des excédents que nous aurions constitués au fil de plusieurs années de discipline budgétaire.
A raison de ces engagements et pour éviter que les dérapages budgétaires ne croissent et embellissent, il me semble évident qu’il faille renforcer le « système de surveillance multilatérale » de manière plus préventive encore.
Je voudrais cependant signaler à la Commission européenne qu’elle ferait bien déjà d’observer ce qui se passe dans de nombreux pays. Le programme de stabilité n’est pas soumis au Parlement, c’est l’œuvre de l’Exécutif. Dans notre démocratie, le souverain n’est pas le Gouvernement, c’est la Parlement ! Or, il n’est pas consulté formellement sur les engagements de la France. Avant donc de faire « de la surveillance préventive », il serait opportun de recommander aux Etats l’adoption par les Parlements de leurs engagements nationaux. Ensuite, il serait également urgent de surveiller le non respect des engagements. Depuis 1999, la France n’a jamais respecté un seul programme adressé à Bruxelles. Certes ces programmes sont souvent bâtis avec une sincérité relative, ou avec un optimisme excessif mais, dès lors, pourquoi ne pas agir lors de la présentation des lois de règlements qui constatent que les prévisions budgétaires n’ont pas été respectées.
Pour faire simple, je me demande si la demande d’intervention, au moment de la présentation du budget, n’est pas maladroite car elle donne le sentiment de vouloir introduire un processus de mutualisation budgétaire européenne ce qui n’est pas le but. Mais l’application de sanctions immédiates, au lendemain de l’exécution budgétaire annuelle aurait un effet préventif vertueux. Au surplus, la Commission est-elle consciente par exemple que dans un Pays comme la France, l’Etat ne « pèse » plus que 35% dans les comptes publics ? De sorte que ses engagements ne portent que sur moins de la moitié des finances publiques du Pays.
Voilà bien longtemps que je dénonce l’imposture budgétaire. Sans aucun écho.
J’aimerai pouvoir débattre au fond et en conscience avec tous ceux qui s’y intéressent pour faire désormais du programme de stabilité l’acte solennel d’engagement de la France à l’endroit de ses partenaires européens mais aussi à l’endroit du Peuple Français, des générations présentes comme des générations futures.
Nous sommes comme au lendemain d’un grand conflit mondial. Nos comptes sont plus dégradés qu’à l’issue de la dernière guerre. Cela justifie que tous les hommes de bonne volonté s’accordent pour reconstruire une politique soutenable pour l’avenir de la France.
On commence quand ?
« Nous sommes comme au lendemain d’un grand conflit mondial »
Vous avez entièrement raison et le pire n’est pas encore derrière nous.
Le chiffre annoncé de la croissance de la France pour le premier trimestre 2010 aura pour conséquence un alourdissement de la dette plus important que prévu .
Quel est donc, à ce jour, le réel montant de la dette de la France ? (Etat, Collectivités Territoriales, Sécurité Sociale, Retraites, établissements publics (RFDF, SNCF, etc…)
Ne serait-ce pas le rôle de la Cour des Comptes ou d’une Commission spéciale de faire un état des lieux ?
Tout l’art du gouvernement sera donc de réduire de façon drastique les coûts de fonctionnement tout en trouvant les moyens de favoriser l’investissement afin de redonner confiance.
Quand je lis les mesures prises par M Zapatero, je me demande ce qu’en pensent Mme Aubry ou M Fabius ?
Si le PM français pratique la rigueur, en Espagne, c’est le pain sec et l’eau claire pour les fonctionnaires et les familles.
Pourront-ils continuer à faire croire qu’il faut dépenser plus pour le bien être des Français ?
Les mesures annoncées par le PM seront elles suffisantes même si elles vont dans la bonne direction ?
L’UMP et le NC devraient organiser un grand débat décentralisé pour nous sensibiliser et faire des propositions au gouvernement.
Les Français qui écoutent les informations savent très bien que la France n’est pas un îlot de prospérité en Europe.
Il faut donc leur dire la vérité et jouer la transparence. Les non-dits ou la relativisation de notre situation accroissent encore plus le doute et la défiance vis à vis des politiques.
A situation de guerre, mesures de guerre pour mobiliser les Français à condition que les officiers supérieurs donnent l’exemple.
Aucune guerre n’a été gagnée par un état-major faisant de la stratégie dans des salons ou sous des lambris dorés.
Comme vous le dites, le vaste plan de 700 milliards n’est qu’une dette supplémentaire, et ainsi il ne sauvera rien, ni la Grèce qui fera faillite un peu plus tard, ni la zone euro dont il accroît la fragilité des pays vulnérables qui ont dû encore s’endetter pour cette opération, ni l’euro lui même qui n’apparaît plus crédible depuis que l’orthodoxie de la BCE a été mise à mal quand on l’a sommée de racheter des obligations grecques pourries, i.e. de monétiser la dette en situation de défaut. Tout ceci est d’une gravité extrême. Il eut bien mieux valu que la Grèce fasse défaut sur sa dette, qu’elle soit restructurée, que les spéculateurs qui avaient parié que l’Europe renflouerait la Grèce perdent, que les investisseurs qui avaient mal alloué leur capital en achetant de la dette Grecque perdent, et que l’euro qui temporairement, comme les marchés, aurait pris un mauvais coup, gagne in fine en crédibilité. Car dans ce cas, le message aurait été très clair, à gestion de sagouin, destin funeste. L’Euro aurait gardé sa crédibilité car la Grèce aurait dû sortir de la zone euro, revenir au Drachme, sa dette souveraine aurait été convertie en drachmes (ce qui aurait entraîné une perte de 50 à 70% du nominal en raison du défaut cumulée à une perte de 50% en dévaluation future du drachme versus l’euro sur ce qui restait…). Mais au passage, la Grèce aurait récupéré de la compétitivité (allégée de la dette en défaut et restructurée et grâce à la dévaluation) et l’euro de la crédibilité. Évidemment, le passage aurait été douloureux, surtout pour les banques françaises qui auraient dû provisionner 80% à 90% de pertes sur 55 milliards d’engagements et auraient dû faire appel au marché sous forme d’augmentations de capital pour éviter la faillite (au moins pour CA qui a 30 milliards d’engagements). On a préféré reporter la facture sur le dos du contribuable et entraîner dans un risque systémique les États au lieu de laisser les banquiers assumer leurs choix d’investissements. C’est le contraire de ce qu’il fallait qui est fait, les gouvernements obligent les banques à maintenir leurs engagements sur la Grèce ! Un pur non sens digne d’une apologie de l’interventionnisme étatique le plus inepte qui va pour des décennies entraîner l’Europe dans une récession déflationniste, ou de la stagflation, dont seul le Japon avait pour l’instant le secret (mêmes problèmes avec krach immobilier de 1990, mêmes solutions par la dette, mêmes résultats catastrophiques).
Nos comptes sont déjà plus dégradés qu’après une guerre mondiale. Nos dirigeants en poursuivant sur la voie de l’interventionnisme, du dirigisme, du keneysianisme, de l’emprunt pour soigner la dette vont ruiner pour des décennies la vieille Europe qui ne s’en remettra pas.
La seule politique soutenable passe par une baisse drastique des dépenses de l’État (80 milliards au moins), accompagnée d’une forte baisse des charges (impôts, taxes et cotisations) sur les entreprises et d’une simplification majeure du code du travail afin de relancer l’emploi. Il faut ensuite faire revenir les capitaux qui doivent s’investir pour créer les produits, services et emplois de demain. L’ISF est une aberration (1000 milliards d’euro ont quitté la France), quand comprendra t-on enfin que l’on peut taxer du revenu (IRPP), de la plus-value, du profit (IS), mais pas du capital au risque de le faire fuir et de créer les richesses ailleurs ? et pas de capital, pas d’entreprises, pas d’investissements, pas de produits, pas d’offres, pas d’emplois, pas de richesses !
Mes respects, Monsieur le Sénateur.
» Connais-toi toi-même, connais ton ennemi, ta victoire ne sera jamais mise en danger. Connais le terrain, connais ton temps, ta victoire sera alors totale. »
je commence mes mots par ceux de Sun zi
je veux dire par là que l’on connait l’ennemi, les spéculateurs et bien sur, une bonne frange de nos politiques bling bling
le nettoyage doit être fait de ces deux cotés, c’est inévitable!
faut il que le peuple s’en charge?
« La guerre est une affaire grave pour le pays, c’est le terrain de la vie et de la mort, c’est la voie qui mène à la survie ou à l’anéantissement ; il est impossible de ne pas l’étudier. »
on en revient encore au mot vérité au lieu de rigueur mais encore faut il avoir le courage de l’avouer
Vous avez souvent raison Mr le Sénateur, pourquoi êtes un des rares à l’ouvrir? et en plus d’être à l’UMP!
pas grave, je vous annonce la suite inéluctable après chaque crise de notre histoire:
la Marine débarque bientôt et là, c’est pas la Royal
PS: quand vous causerez nous enfin d’emploi, avez vous peur aussi de ce gros mot?
Mes respects sincères, M le Sénateur
Il me parait indispensable d’inscrire dans le marbre de la constitution les règles qui imposent le maintien du déficit sous les 3% du PIB.
en tout cas, quand on revoit l’interview postée ici de charles gave, on voit combien il s’est trompé,
et que sa volonté de peindre en noir le système ecofi n’a pas suffi à le déstabiliser…
les dettes ont été refinancées, c’est ceui peut leur arriver de mieux, à un taux raisonable, laissant le temps de les rembourser…
@francis: excusez moi, mais je ne vois pas en quoi Charles Gave s’est trompé. L’euro ne vaut plus qu’ 1,25 $ aujourd’hui et va continuer de baisser. La Grèce a fait faillite, même si techniquement le défaut a été temporairement et miraculeusement évité en accroissant les dettes des autres états, donc en fragilisant leur situation et en augmentant le risque systémique. Le défaut Grec viendra, probablement dans 18 mois quand la Grèce aura fini de dépenser ce qui lui a été donné et que le marché ne voudra pas davantage de sa dette pourrie même à 10%, mais alors la situation de tous les autres pays se sera encore dégradée, et du coup elle ne fera pas défaut seule. La crise n’en sera alors que plus grave. Angela Merkel ne s’y trompe pas, elle en appelle aujourd’hui à sauver l’euro, curieux non ?, je croyais qu’il était déjà sauvé ? Quand l’euro sera revenu à 0,80 USD / 1 euro la vie sera très chère et notre pouvoir d’achat en aura pris un sacré coup. Même les cochonneries chinoises seront devenues inabordables…
à libéral. je viens de réécouter l’intervention de charles gave.
c’était le 13 février. il donnait 15 jours au système pour s’écrouler. nous ommes 3 mois après. aucune de ses prédictions catastrophistes ne s’est réalisée. vous pouvez dire que seule l’échéance a été repoussée. cela n’engage que vous. beaucoup d’économistes pensent que le systéme écofi européen est en voie de rétablissement. l’Euro à 1,25 $? et alors ? il valait 0,80 s un peu après sa création et cela n’empêche personne de vivre.
près de 50% de notre commerce extérieur est fait avec la zone euro.
mais charles gave n’aime pas l’euro et a toujours souhaité sa perte. il préférait le temps ou il pouvait jouer les différentes monnaies les unes contre les autres.
je ne comprends pas l’audience de cet homme qui ne me semble pas avoir brillé par la pertinence de ses analyses jusque là.
et, quand il nous parle de son père, de son grand-père qui ont combattu l’Allemagne, il me rappelle ceux qui, dans les années 50, s’opposaient à la CECA, etc… au nom des guerres passées…
alors, vraiment, il nous g…
@francis: Si vous avez re-écouté son intervention, je vous crois sur parole, il s’est trompé sur les échéances s’il nous prévoyait un écroulement sous 15 jours, bien qu’il y ait eu des secousses… Mais pour le reste je trouve son analyse pertinente, même si ses références à ses aïeux sont datées, pour le moins.
Sinon l’euro a été introduit avec une parité de 1,17 USD ($), et l’équivalence prix-produits qui permet d’avoir une idée précise de la valeur relative des devises (indépendamment de ce qu’elles valent vraiment sur le FOREX) avait glissé doucement de 1,20 vers 1,30 – sachant qu’à partir de 1,4 et jusqu’à 1,6 j’ai acheté des dollars et j’étais souvent bien seul – car je trouvais l’euro sur-évalué. Ils constituent désormais environ 20% de la totalité de mes avoirs, et je regrette de ne pas en avoir acheté plus, bien sûr, car j’avais raison et c’est difficile d’avoir raison seul.
Quel est le problème si l’on descend en dessous de 1 $, 0,8 voire moins ?
Bien sûr notre commerce extérieur va bénéficier de la situation, mais si nous faisons 50 milliards de déficit sur la balance du commerce extérieur quand les Allemands font 225 milliards d’excédents alors que nous avons la même devise, c’est que ce n’est pas la devise le problème. Le problème est la perte de compétitivité de l’industrie française et de notre l’économie en général. La baisse de l’euro ne fera que retarder la restauration indispensable de notre compétitivité, comme l’euro fort arrimé à la rigueur allemande avec les taux qui vont avec, a permis de retarder les réformes structurelles indispensables dans notre pays en nous permettant de continuer à nous endetter à des taux très bas (comme l’espagne, etc.), sinon nous aurions déjà dévalué et aurions été empêchés de nous endetter davantage car les taux seraient devenus prohibitifs.
Le problème c’est que nous serons plus pauvres. Beaucoup de choses s’achètent en dollars US, comme le pétrole, les matières premières et une grande partie du commerce international se fait en USD. Notre pouvoir d’achat international en quelque sorte va baisser et le prix des produits importés va flamber, rendant les fins de mois plus difficiles pour beaucoup de ménages français qui ne verront pour beaucoup pas les avantages d’un sursaut des exportations, car chez nous, ce sont surtout les grand groupes qui exportent comme EADS et pas les PME comme en Allemagne ou en Italie, car le tissu de PME a été dévasté par 30 ans d’ISF (mais c’est un autre sujet).
Donc, à part pour quelques grands groupes (et pour l’Etat qui prend de l’IS sur leurs résultats), l’euro faible c’est moins de pouvoir d’achat pour tous les autres. Il en ira ainsi même des produits manufacturés en France pour le marché intérieur mais dont les matière premières ou les composants de base sont importés.
C’est une perspective que je ne trouve pas alléchante !
Mais nous n’y pouvons rien, la force d’une monnaie égale la rigueur de la gestion budgétaire de la nation émettrice et en la matière, ce n’est pas Monsieur le Sénateur qui me démentira, nous sommes fort mal placés.