De façon régulière, je suis amené devant différents publics à présenter l’évolution de la dette publique et ses conséquences sur la vie économique. Voici, en 2 billets, quelques unes des remarques (en italique) qui me sont les plus fréquemment objectées. Et bien sur, les réponses qui sont données. Voici le dernier billet.
Et demain ? La dette publique atteignait fin septembre 2009 1450 milliards d’euro, soit 75 % du PIB.
L’exemple de la Grèce qui pourrait ne pas demeurer le seul en Europe, démontre l’inanité des thèses qui affirment le peu d’importance qu’il faut attacher à la dette publique. A cet égard, je tiens d’ailleurs à souligner que ce qui est d’abord préoccupant, c’est son augmentation continue depuis 35 ans, la dépendance croissante qu’elle entraine vis à vis de l’extérieur et les dysfonctionnements majeurs dont elle permet la pérennité.
Ceci dit, il est encore possible de réagir. La France présente de solides points forts. Elle dispose de quelques fleurons industriels et financiers, d’une infrastructure de transports efficace, de cadres de haut niveau et d’une protection sociale importante.
Mais, c’est toute l’ambivalence du « modèle social » français qui repose sur une société à 3 vitesses avec : – des secteurs qui cumulent les protections de l’Etat, au risque de l’immobilisme ; – des secteurs qui font doivent faire preuve d’une forte productivité, car soumis à une forte pression fiscale ; – les « marginalisés », qui ne peuvent présenter la « productivité minimale » exigée pour accéder au secteur précédent et qui récoltent au final les miettes de la protection sociale.
Il convient d’être prudent sur la lecture de certains ratios, qui doivent être affinés. J’ai déjà expliqué dans un billet du mois d’aout que le PIB non marchand était surévalué. De même, lorsqu’on évoque la forte productivité des travailleurs français, on ne compare que la productivité horaire de ceux qui travaillent. Si on prend en compte la moindre durée du travail en France et l’inactivité d’une partie de la population active (sic), cette productivité devient moins brillante. Le premier des maux français, c’est le malthusianisme. Il est illusoire de croire qu’on peut maintenir durablement un niveau de vie élevé en travaillant peu et en pénalisant l’investissement. Comme l’écrivent 3 économistes (CAHUC, ZYMBERBERG, ARTUS ; 2007), « aucune étude empirique ne permet de préciser qu’une réduction autoritaire de la durée du travail pourrait accroître l’emploi. Ce dernier dépend avant tout du coût du travail et de la productivité ». Aussi, loin de créer massivement des emplois, la mise en place des « 35 h » a contribué à la marginalisation des travailleurs les moins qualifiés. En outre, cette mesure qui pénalisait la productivité a été appliquée dans un contexte de dépenses publiques croissantes, tant du fait des effectifs de fonctionnaires que des coûts de retraite. Les salariés français se sont retrouvés ainsi pris dans des ciseaux. Le coût du travail horaire en France est l’un des plus élevé du monde mais les prélèvements obligatoires sont colossaux (60 à 80 % selon les revenus).
Peut on au moins se féliciter de l’écrasement de l’échelle des revenus, de 1 à 6 en France ? Pas si sur … D’une part une « inégalité » n’est pas forcément une injustice (on peut lire à cet égard le philosophe américain John RAWL). Mais surtout, la manière dont cet écrasement est obtenu couvre, lui, d’importantes injustices. Ainsi, quand le bénéficiaire d’un régime spécial de retraite part à 55 ans – ou avant -, lorsque le secteur public embauche des fonctionnaires surnuméraires, on réduit certes l’échelle des revenus, mais on crée de la pauvreté !
Depuis presque 4 ans que j’écris sur ce blog, j’ai souvent eu l’occasion de m’exprimer sur ce sujet. Aussi, je laisse Hubert VEDRINES, ancien ministre de Lionel JOSPIN, le dire à son tour (2007) : « Paradoxe, les dépenses sociales de la France qui représentent pourtant 30% de son PIB, comme dans les pays scandinaves, sont peu efficaces dans la lutte contre la pauvreté, ce qui peut s’expliquer par le « poids et l’inefficacité financière de la sphère publique » comme le dit M.CAMDESSUS. Le système de protection est lui-même devenu inadapté ». Ajoutons que la redistribution permet de s’attaquer avec mollesse aux causes de la pauvreté.
En effet, une explication nous est donnée par la Cour des Comptes, dans un très récent rapport : depuis 1980, les effectifs totaux de la fonction publique ont cru 2 fois plus vite que la population active (36 % contre 18 %). Le rapport annuel de l’Observatoire de la Fonction Publique permet même d’établir que ce rythme d’augmentation est encore supérieur sur la période 2000-2007 (10,7 % contre 4,9 %) ! Certes, une partie de ces mouvements s’explique : l’amélioration de la qualité des soins à un impact sur le personnel hospitalier ; il y a eu d’importants transferts de personnel entre l’Etat et les Collectivités Locales. Il existe au sein du secteur public des « pôles d’excellence » comme par exemple la gendarmerie nationale ou les SAMU. Mais au final, c’est bien la question de la productivité réelle des effectifs publics qui est posée. Personne aujourd’hui ne semble plus maîtriser les embauches, dominées par la logique du « toujours plus » et non par celle du résultat. La croissance du secteur public apparaît comme totalement dérégulée.
Joint à l’absence d’une réforme profonde des systèmes de retraite – qui doit commencer par l’alignement des régimes spéciaux sur le régime général -, la France connaît ici la cause de ses principales tensions paupérisantes que la dette permet de contrecarrer tant bien que mal, en donnant l’illusion d’un revenu que l’on a pas. Accessoirement, n’oublions pas que les retraites constituent une dette implicite représentant 4 à 6 années de PIB. C’est clairement la question de la soutenabilité par les générations à venir qui est posée, d’autant qu’il n’est pas démontré que les prélèvements seront sans impact sur la création de richesses.
Laissons conclure la Cour des Comptes : « au cours des 25 dernières années, les effectifs publics ont continué de croître sans discontinuer … à un rythme très supérieur à l’augmentation de la population et de la population active … La juxtaposition des niveaux administratifs multiplie le nombre de services et celui des agents … Les fréquentes situations de compétences conjointes …ne permettent pas de tirer parti des complémentarités entre services. Au total, la nouvelle répartition des compétences entre collectivités publiques est loin d’avoir abouti à une meilleure maîtrise des effectifs ; elle a au contraire généré d’importants surcoûts en dépenses de personnel, y compris les charges différées de retraite ». Tout est dit !
La France ressemble à ces vieilles châtelaines qui pour maintenir l’illusion de leur grandeur vivent à crédit. L’Etat s’endette et pousse les particuliers à s’endetter. Il a déjà oublié, s’il les a jamais comprises, les causes de la récente crise. Or, nous avons là les ingrédients d’une nouvelle crise financière. Les départs en retraite de fonctionnaires territoriaux vont s’accélérer dans les prochaines années. Faute d’une réforme à temps, la fiscalité locale va répercuter les hausses de cotisations, ce qui aura des conséquences sur une partie de la population, multipliant notamment les cas de surendettement. Une hausse des impôts qui ne pourra être que générale aura des effets déflationnistes terribles, et pourrait chasser les jeunes cadres à l’étranger.
Alors ? Il est encore temps de réagir. Par exemple, considérons les responsables locaux comme des gestionnaires publics et appliquons leur les obligations de la LOLF, notamment en termes d’embauches. Afin d’éviter l’empilement des structures, la mobilité géographique et/ou fonctionnelle doit clairement apparaître comme la contrepartie obligée de la sécurité de l’emploi. Et il est temps de faire évoluer les systèmes de retraites vers un dispositif unique fondé sur des comptes notionnels.
« Il est encore temps de réagir » : il est surtout temps de quitter le Titanic qui prend eau de toutes parts. C’est ce à quoi je vais m’employer personnellement cette année.
@Laure,
Une petite note d’humour belge sur ce sujet:
http://sites.google.com/site/breizh…
« Peut on au moins se féliciter de l’écrasement de l’échelle des revenus, de 1 à 6 en France ? »
J’ai de sérieux doutes quant à cet écrasement vu ce que l’on lit sur la rémunération des grands patrons et des traders, vu aussi la cooptation qui existe au sein des conseils d’administration du CAC 40 entre autres.
Comment a évolué en France l’échelle des revenus et des patrimoines depuis 30 ans, qu’en disent les statistiques ?
A vue de nez cette échelle s’est beaucoup allongée.
A Hervé
Pour comparer l’échelle des revenus, j’ai rapproché le 1er et le 9 eme décile. Méfions nous de prendre des cas particuliers pour des généralités.
Je songe depuis mongtemps à faire un billet : la redistribution est elle systèmatiquement souhaitable (surtout, comme en france où elle est déviée de ses objectifs ,) ou améliorer la productivité des plus pauvres (ce qui implique de s’interroger sur l’efficacité de notre système scolaire) ?
Merci pour ces précisions.
Afin d’avoir une idée sur l’évolution du patrimoines des Français sur les 25 denières années :
Quel était en euros d’aujourd’hui la valeur du patrimone moyen des 200 000 ménages les mieux dotés lors de la première déclaration à l’ISF dans les années 80, et quel est-il aujourd’hui ?
à breizh
vous aviez déjà sorti ce morceau d’humour belge ici il y a trois mois…
si cela vous semble drôle…
ces caricatures rappellent celles qui s’opposaient, dans les années 20, à la progressivité de l’impôt sur le revenu !
en tout cas, en France, rassurez-vous, bouclier fiscal ou non,
les hauts revenus, qui sont en général non salariaux sont beaucoup moins imposés que les revenus salariaux moyens,
et beaucoup moins que 50%!
les études sur les inégalités faites par Piketty (et l’INSEE) montrent que celles ci s’accroissent dans les centiles même si elles se réduisent dans les déciles: en un mot: même si les classes moyennes progressent moins vite que la solidarité vers les plus démunis, les plus riches, eux, tirent très bien leur épingle du jeu…
A Hervé et Francis,
Hervé : je n’ai pas l’information que vous me demandez. sans doute, existe-t-elle et en la cherchant on la trouverait. Le temps me fait quelque peu défaut.
Francis : « comparaison , n’est pas raison » … Sauf à refuser de voir la réalité en face, la pression fiscale est considérable, même si tout le monde fait comme si l’impôt était faible …
Je voudrais revenir sur un point méthodologique. Les comparaisons d’imposition selon les natures de revenu auxquelles vous faites allusion méritent singulièrement d’être affinées pour avoir un sens.
La part du PIB affectée aux revenus du travail est un « revenu net », le mot « revenu » étant à prendre dans le sens de Hicks : « ce qui peut être consommé sans s’appauvrir ». Rapporter l’ensemble des prélèvements au PIB a ici un sens.
Ce n’est pas le cas avec le PIB (c’est-à-dire la valeur ajoutée brute) affecté aux revenus du capital. Rapporter ici les prélèvements obligatoire à la VAB du capital n’a pas le même sens et donc ne peut être comparée avec le ratio « prélèvements/PIB du travail ». En effet : 1) la VAB du capital n’est pas un revenu, il faut lui déduire l’amortissement soit pas loin de la moitié, ce qui signifie que si l’ensemble des revenus du capital était imposé à 100%, cela n’excéderait guère 50% de la VAB du capital ; 2) Picketti lui-même fait remarquer que les prélèvements obligatoires sont de nature différente : si on soumet les revenus du capital a des prélèvements sociaux, alors il faut donner les droits afférents ; ainsi, si on taxe les revenus du capital au titre des retraites, il faut que cela ouvre des droits à retraite ; Picketti proposait donc de ne taxer qu’au titre de la Sécurité Sociale et des allocations familiales, auxquelles tout le monde a droit. J’avais fait le calcul il y a quelques années et honnêtement, ca ne portait pas loin …
Il reste également qu’il faut se méfier des « yaka ». Le rapport Cotis, du printemps dernier, dont les conclusions allaient à l’encontre des dogmes habituels -, rappelait que les revenus du capital étaient la rémunération d’investissement, rémunération de mémoire de l’ordre de 5%. Que l’on réduise cette rémunération, et il y a tout à parier que c’est l’investissement qui en sera fortement affecté.
Assez étonnamment, je constate que personne ne se pose la question : « pourquoi de la pauvreté » ? Pourquoi la Suède, qui consacre le même budget que la France à sa protection sociale, a beaucoup moins de pauvre ?
Rappelons que bien que le périmètre du secteur public n’ait pas changé, la fonction publique en 30 ans a cru 2 fois plus vite que la population active (chiffre d’ailleurs sous estimé, selon les dires mêmes de la Cour des Comptes – et ça s’est accéléré ces dernières années) … Il faudra bien un jour évoquer la productivité réelle de la FP et des monopoles …
Et la France a choisi le « non travail » : il est plus facile de prendre des richesses que de les créer. Le taux d’activité des 55-64 ans en France est de 38 %, il est de 70 % en Suède. Une étude de l’OCDE, que j’avais citée en 2006, rappelait que la première conséquence des « 35 heures » avait été de faire basculer les travailleurs les plus fragiles dans la pauvreté. La pauvreté, c’est d’abord une insuffisance de productivité … Ca pose aussi la question de l’efficacité du système éducatif. C’est d’ailleurs pour cette raison que des analystes disent que le modèle social français, fondé sur le corporatisme, est contreproductif !
« cher » francis,
J’admets que tout le monde n’a pas le même sens de l’humour.
Plus sérieusement (et bis-repetitas again), les générations montantes n’accepteront pas d’acquitter une dette qui n’aura servi qu’à garantir un niveau de vie à la génération actuelle totalement disproportionné par rapport à la richesse produite. Pour l’Etat il faudra donc trouver un moyen de ponctionner les plus courageux, motivés, ambitieux, au point où ils pourront continuer à se défoncer au travail sans se décourager. Car si on les décourage, alors on casse la poule aux œufs d’or: la cigale de la fable passe l’hiver dehors et meurt…
Pour référence aux lecteurs de ce blog:
http://www.performance-publique.gou…
http://www.fondationconcorde.com/do…
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/…
Je ne résiste pas à proposer un autre lien toujours sur le ton de l’humour (français cette fois): http://www.causeur.fr/idee-fisc,288…
« très cher » breton
je en sais pas qui sont ces « générations montantes »
capables de renier les engagements de leurs parents
et d’envisager de les voir dans la misére…
que chacun paye ses dettes nous en sommes d’accord
personnellement, à mon décès, je veux bien que l’Etat prélève quelques dizaines de milliers d’euros sur mon héritage pour apurer mes dettes, et soulager ma conscience vis à vis de mes enfants.
Si nous le faisons tous, la dette disparaîtra avec la génération qui l’a créée, qui en a, de facto, profité …
la majorité des emprunts levés par l’agence france trésor depuis 12 mois se fait en taux variable assis sur euribor sans cap et non en taux fixe base OAT.
aujourd’hui le coût de ces dernièes levées sont facialement faibles mais quand les taux remonteront, il sera trop tard pour figer en taux fixe interessants. Eh la le contribuable va banquer…
« Pourquoi la Suède, qui consacre le même budget que la France à sa protection sociale, a beaucoup moins de pauvres ? »
Question intéressante, surprenante et difficile.
Est-ce que la pauvreté se mesure de la même manière dans les deux pays, je pense au fameux « seuil de pauvreté » ?
Vous, vous en déduisez que notre fonction publique n’est pas efficace, pourquoi pas.
Mais n’y a-t-il pas d’autres facteurs déterminants que le niveau de protection sociale qui influent sur le niveau de pauvreté ? Voilà des idées en vrac : le taux d’alcoolisme, la richesse intrinsèque du pays en matières premières, la culture, l’homogénéité de la population…
Ceci dit je partage sur le fond complètement l’alerte que vous lancez sur le problème de la dette.
Un article des « Echos » de vendredi dernier pour illustrer nos propos:
http://www.lesechos.fr/info/france/…
Bien cordialement
J’ai cherché rapidement sur le net une réponse à ma question sur l’évolution du patrimoine des français : (site : patrimoine-expert)
«Le patrimoine moyen d’un redevable de l’ISF a crû de 114% sur cette période » (1985-2005)
Ainsi, alors que la politique sociale conduisait à des transferts sociaux très importants en France, les « riches » devenaient plus riches, et c’est tant mieux, mais parallèlement les pauvres restaient pauvres. D’où le succès médiatique (en son temps) du concept de « fracture sociale ».
Il faut réduire l’endettement, je partage, mais les efforts pour y parvenir doivent être répartis avec délicatesse.
François Ecalle sur http://www.debateco.fr/30,1165/2010…
Propose des pistes d’économies.
A Hervé
Cher Hervé,
Je pense qu’en effet, comme vous l’avancez, la pauvreté trouve ses causes dans une multiplicité de facteurs. Déjà le critère définissant la pauvreté lui-même est contestable : un pauvre aux USA peut ne plus l’être en France et réciproquement, un « non pauvre » en France sera pauvre aux USA ; un pays avec un faible revenu moyen mais peu d’écart type affichera moins de pauvres qu’un pays plus riche avec une plus forte dispersion …
Sans être un « psy » ou un sociologue, j’aurais plutôt tendance à voir dans l’alcoolisme un effet plus qu’une cause, mais là, je m’en remets aux spécialistes. En revanche, la dotation en matières premières me semble un élément important. Il y a un pays où l’on travaille moins qu’en France, c’est la Norvège, laquelle dispose de ce qu’on a appelé la « manne pétrolière » de la Mer du Nord.
Concernant la fonction publique, il s’agit seulement de mettre en cause le prima de la logique de moyen : en 30 ans, la territoriale a cru 4 fois plus vite que la population, l’hospitalière 3 fois et si la FP d’Etat a cru légèrement moins vite, c’est en raison de transferts qui font sortir des agents des compteurs (dixit la Cour des Comptes). Tout ça à l’heure d’internet : où sont les gains de productivité ???? Alors qu’une entreprise revoit très régulièrement son organisation, nous vivons toujours sur un découpage administratif datant de la Révolution !!! La question de la productivité est telle, pour le public, que le rapport Cotis a préféré sortir le PIB non marchand du périmètre d’études : trop de biais !
L’absence de réforme des retraites joue aussi. Je n’ai jamais caché qu’un système de protection sociale fort exigeait une productivité forte … Or qu’a-t-on fait en France ? 35 heures et système de retraite toujours confortable. C’est un leurre de croire que le non travail est conciliable avec une protection sociale efficace et importante. Comparons le taux d’activité des 55-65 ans : 38 % sont au travail en France, 70 % en Suède … Du simple au double ! Normal, car la Suède applique le principe « à cotisation égale, pension égale » … Aussi, celui qui part plus tard reçoit une pension plus élevée (la valeur actualisée des pensions restant la même).
Presque la moitié des dépenses sociales en France, ce sont les retraites ! 3 cotisants pour un retraité du régime général en 1975 ; 1,45 aujourd’hui … Un fonctionnaire qui part en retraite à 55 ans va toucher une retraite pendant parfois plus longtemps que sa période de travail. La France a fait un choix : moins de travail donc plus de pauvreté …
Rapide calcul :
Faisons une modélisation :
Considérons une économie avec 10 personnes : 7,5 travaillent et 2,5 sont en retraite (1 retraité pour 3 actifs). la productivité des travailleurs est de 100 ; leur salaire brut est donc de 100 ; la retraite est fixée à 50.
Pour payer ces retraites, les prélèvements sont de 17 par travailleur. Le salaire net s’établit à 83.
Imaginons maintenant que le gouvernement décide de faciliter les départs à la retraite : le nombre de retraités passe à 4 et il reste donc 6 salariés (1 retraité pour 1,5 cotisant). Le montant de retraite étant inchangé, les prélèvements passent à 34 %. Le salaire net s’établit alors à 66.
La tentation alors c’est d’augmenter autoritairement le salaire (brut ou super-brut), au risque que le coût du travail dépasse la productivité et donc conduisent au chômage … C’est ce qui explique pourquoi la plus forte hausse du chômage ces 30 dernières années, ça a été de 1981 à 1984.
Accessoirement, il va y avoir de très importants départs en retraites (territoriale et hospitalière) dans les années à venir qui vont immanquablement plomber les finances locales et les comptes de la Sécu donc augmenter les prélèvements et donc accroître la pauvreté !
A Hervé,
Je réponds maintenant à votre « post » de ce dimanche … Oui, vous avez raison … Mais, posons nous clairement la question : quelles sont les causes de pauvreté ? Certes, on peut mettre en cause les plus riches. pas sur que ce soit là la cause ! L’OCDE en 2005 avait écrit que les 35 heures avait frappé les plus modestes ! Ne perdons pas de vue que la cause première de la pauvreté dans un pays comme la France, c’est une insuffisance de productivité. Les solutions que cette remarque appelle vont à l’encontre du malthusianisme et du corporatisme ambiants !
Insuffisance de productivité, comme vous avez raison AB Galiani
http://www.libres.org/francais/conj…
Mettre en cause « les riches » est un outil politique, comme le racisme, les quotas, la discrimination punitive………
Il suffit de regarder le Venezuela, l’Argentine…. où les riches investisseurs filent sous de meilleurs cieux, que reste-t-il : les pauvres.
Le pb de la France, c’est qu’elle est gouvernée par des gestionnaires qui n’ont pas de perspectives industrielles, et ne savent qu’endetter et taxer. La gestion toute simple du bon père de famile en serait presque un exemple, mais que voulez-vous, il y en a qui préfère gérer des colonnies de vacances remplies de fonctionnaires.
Quand il n’y aura plus que des fonctionnaires sans revenu, avec des hordes de chômeurs, que se passera-t-il dans notre cher pays ?????
Personnellement, je ne mets pas en cause les riches. Ce que je réprouve c’est le nouveau système de valeurs qui a envahi petit à petit nos esprits.
Autrefois, la valeur d’une personne ne se mesurait pas uniquement au travers de son niveau de revenu ou par l’étendue de son patrimoine. Sa culture, son éducation et sa valeur morale était considérés.
J’ai l’impression qu’aujourd’hui quand on évoque l’idée de plafonner les revenu où les patrimoines certains se rebiffent comme si toute leur personne en était atteinte et encadrée.
Cher Hervé,
J’ai dans l’esprit qu’à toutes les époques, il s’est trouvé des gens pour juger sur l’avoir et non sur l’être …
Il reste que l’idée de plafonner les revenus ne m’est guère sympathique. Au profit de qui ? … Certainement pas des plus pauvres ! Comparons la France et la Suède : le budget social est le même (30 % du PIB) et pourtant il y a 2 fois plus de pauvreté en France qu’en Suède. Normal : la France ne s’attaque pas à ses causes, l’efficacité du système éducatif par exemple ou la volonté de concilier à la fois le non travail et un service public dense, poussif et mal organisé …La redistribution ne profité pas aux plus pauvres ! Il me semblerait plus pertinent d’accroître la productivité des plus pauvres pour agir sur leur revenu … Evidemment, c’est moins facile, moins romanesque et ca risque de remettre en cause des situations assises..
Juste une remarque sur les rémunérations de quelques grands patrons : à la différence des régimes spéciaux de retraite qui coûtent à la collectivités, ces grands patrons ne coûtent qu’à leurs actionnaires. Ce sont à ces derniers de s’interroger sur un possible abus de bien social et d’agir en conséquence !
« Il me semblerait plus pertinent d’accroître la productivité des plus pauvres pour agir sur leur revenu … »
Je partage cette idée, il me semble néfaste de donner des aides sans contreparties minimum.
Concernant la lutte contre la pauvreté, un livre d’Esther DUFLO vient de sortir. Elle a étudié au MIT ce sujet de manière scientifique (et inaugure une chaire au Collège de France dans ce domaine). Cela me semble la bonne approche devant un phénomène très complexe. Les grandes tirades politiques de droite ou de gauche affirment des explications, avancent des solutions qui relèvent de l’idéologie mais qui ne sont pas vérifiées objectivement.
Sur la rémunération des grands patrons, j’aimerais bien que chaque actionnaires puisse donner son avis par un vote et qu’il ne délègue cette responsabilité à une nomenklatura.
100 personnes en France parait-il tiennent les CA des entreprises du CAC 40 et se partagent ainsi les meilleurs morceaux.
Hervé,
Tout à fait d’accord avec vous. Merci pour la référence que j’ai notée
Merci de bien vouloir transmettre cette demande à l’Elysée, sachant que vous y serez sans doute conviez vous-même
Monsieur le Président de la République,
Vous avez annoncé qu’une « Conférence sur les déficits » se tiendrait au palais de l’Élysée le 28 janvier. Cette conférence doit réunir l’État, les collectivités territoriales et les organismes sociaux pour définir une méthode destinée à « sortir de la spirale des déficits et de l’endettement ». « On se réunira pour se mettre d’accord sur la méthode, qui nous permettra de fonder un diagnostic partagé, puis nous déciderons avant le printemps des conséquences et des conclusions », avez-vous indiqué.
Vous avez d’autre part déclaré que vous n’avez pas « été élu pour augmenter les impôts ».
Contribuables Associés se bat depuis 20 ans pour diminuer les déficits sans augmenter les impôts, c’est-à-dire pour diminuer les dépenses publiques en réduisant les gaspillages. Seules les administrations dépensières, responsables des déficits, sont pour le moment convoquées à votre Conférence.
Nous vous demandons d’y convoquer aussi des responsables de la Société Civile qui ont étudié les causes de ces déficits et en connaissent les remèdes, et en particulier notre association.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.
@ABG,
Espérons que nos concitoyens et nos gouvernants sauront entendre et regarder ce qui se passe en Grèce et en Espagne avant qu’il ne soit trop tard.
Hier Breton (ex Ministre) expliquait qu’une étude avait montré que tant que la dette ne dépasse pas 80% du PIB, il est encore temps de se récupérer sur la durée mais qu’au delà cela tient de la mission impossible…
A Hervé,
Oui … Et à coté de la dette explicite, celle qui fait plonger la Grèce, l’Espagne (l’Europe aussi ???), il y a la dette implicite, celle constituée par les retraites, dont on peut craindre qu’elle soit insupportable financièrement et intolérable moralement. Par exemple, dans 20 ans, enl’absence de toute réforme, le bénéficiaire d’un régime spécial gagnera plus d’argent au cours de sa retraite qu’au cours de sa vie active … pendant que les cotisants se serreront la ceinture !
vous dites « dans 20 ans, enl’absence de toute réforme, le bénéficiaire d’un régime spécial gagnera plus d’argent au cours de sa retraite qu’au cours de sa vie active ». de quel régime spécial s’agit il? d’où vient ce calcul?
à part les parlementaires et les militaires, je ne vois pas.
on pourrait croire à une grande victoire alors qu’il n’en est rien. La Grèce va emprunter autour entre 7 et 10 milliards (25 miards c’est la demande mais elle ne sera pas servit à 100%)avec un spread de 375. Cela veut dire que les grecs vont payer un taux d’intérêts de presque 6% quand les Allemands ne paient que 2,3 soit 2,6 fois plus!
Imaginez un peu que vous empruntiez, pour acheter une maison, à 10% quand votre voisin ne paie même pas 4%…vous ne seriez pas vert?
A Francis,
Pardonnez moi de ne vous répondre que maintenant … Le calcul est simple. Le bénéficiaire d’un régime spécial part avec une proportion élévée de son dernier salaire, plus importante que son salaire moyen sur sa carrière. Dans 20 ans, avec l’allongement de la durée de vie, la période de retraite tendant à rattraper la durée d’activité, d’autant qu’il existe toujours de nombreux cas de départ bien avant 60 ans, le total de pensions perçues rattrapera le montant de salaire perçu. Et c’est sans difficulté qu’on peut affirmer que c’est une certitude pour un fonctionnaire qui commence sa carrière aujourd’hui.