Comme c’est d’actualité et que le monde semble découvrir la nécessité de la régulation, un petit clin d’oeil à ceux qui y travaillent depuis longtemps et qui mettent en garde, dans l’indifférence générale ! Ce n’est pas aujourd’hui que nous découvrons cette nécessité, comme en témoigne cet ouvrage issu du colloque « Libéralisme et régulation » qui s’est tenu au Conseil Supérieur du Notariat et dont j’avais recommandé le sujet dans le cadre des « Entretiens de la Tour Maubourg », inventés par Bernard Reynis. Autour de 3 tables rondes « Les secteurs régulés », « les autorités de régulation » et « La régulation et l’Europe », je vous invite à lire les interventions de Madame Anne-Marie Frison-Roche ainsi que celles de Messieurs Claude Lucas de Leyssac, Philippe Marini, Jean-Jacques Guilhem, Jean-Jacques Israel, Yves Gaudemet, Jean-François Guillemin Pierre Leclerq, Pierre Herbel, Jean-Pierre Ferret, devenu notre nouveau Président du Conseil Supérieur du Notariat.
Le débat sur la régulation est intéressant.
Mais pour une fois, si vous aimez les histoires drôles, je vous propose celle-là. C’est un homme politique en vue qui possède une bergerie et qui s’apprête à recevoir un ami, homme politique aussi mais allemand. Pour l’épater, il demande à un artisan local de lui réaliser d’urgence un très bel aménagement intérieur sur mesure. L’artisan propose un devis en conséquence ( et conséquent…), et recule les autres chantiers en cours pour satisfaire aux exigences de son illustre client.
A la livraison, il demande son dû en présentant une facture en bonne et due forme. L’illustre client se fâche tout rouge et lui jette à la figure : " Foutez-moi la paix avec votre TVA ! " . Il s’absente deux minutes et revient avec trois liasses de billets tout neufs pour le montant hors taxes. Il les tend à l’artisan et lui dit : " Le compte y est. Et vous pouvez garder la facture".
Moralité : tant qu’il y aura des gogos, la démagogie aura de beaux jours devant elle!
Sérieusement, il y a de quoi rire….
Texte intéressant qui explique bien le concept de régulation. Mais je n’ai pas vu vraiment de mises en garde prémonitoires laissant penser que les intervenants avaient senti venir le manque de régulation actuel. D’ailleurs, au niveau franco-français, il n’y a pas de problème de régulation, c’est au niveau mondial qu’il se fait sentir douloureusement.
Un point m’a amusé, c’est l’exemple de l’électricité. Les libéraux sont toujours gênés quand on leur montre chiffres à l’appui que l’ancien monopole (EDF) offrait et offre encore aux consommateurs les prix les plus bas du marché.
Comment un monopole peut-il être plus efficace qu’un marché ouvert !
La seule explication qu’ils apportent, c’est que l’opérateur historique bénéficiait de subventions croisées invisibles. Et tout le monde béatement d’accréditer cette idée sans chercher les preuves qu’ils auraient du mal à trouver.
Il y a pourtant deux explications économiques très simples : les économies d’échelle et la chance. Quand l’on construit et exploite 50 méga-installations d’une même technologie là ou les concurrents n’en n’ont que 2 ou 3, cela procure de très larges avantages. Cela permet d’amortir très significativement les coûts de développement et de baisser aussi les coûts de maintenance. Et puis quand on a parié sur une énergie qui se révèle par chance la moins chère 20 ans après, la aussi on est gagnant.
Cela compense largement les surcoûts liés à la lourdeur du monopole.
Bonsoir M. Lambert!
Je viens de parcourir les 123 pages des minutes du colloque.
Trois points m’ont intéressé:
1. " La régulation n’est pas une autre forme d’économie administrée. " "L’économie administrée, c’est l’ENA qui fait mieux que le marché. Or, on sait maintenant que non! l’ENA ne fait pas mieux que le marché"
2. " La régulation met en équilibre l’initiative et la prise de risque",
3. " La régulation assure l’efficacité du marché",
Une phrase ne me paraît pas claire: " Créer ou simuler le marché, pas de se substituer…"
Mais, en ce jour qui marque le 35ème anniversaire du décès de M. Pompidou, je voudrai vous livrer l’une de ses citations (approximative): " Le rôle de l’État est de créer les conditions pour que s’exprime le génie de son peuple".
A méditer…Est-ce que nos gouvernants,nos élus et nos hauts fonctionnaires partagent cette volonté?
A Hervé : Pas sur du tout que EDF soit moins cher … Dit comme cela , ça va faire réagir. Mais avec quoi comparer EDF ? Il est le seul aujourd’hui à vendre en France de l’électricité nucléaire … En fait, EDF sait que l’ouverture du marché va remettre en cause sa situation. Et tôt ou tard des opérateurs vendant de l’énergie nucléaire vont arriver à moins cher. Il a donc pris des dispositions pour réduire son personnel excédentaire. Et surtout, il aurait du passer une provision pour ses retraites généreuses. Laquelle indiquait clairement que les prix d’EDF allaient exploser dans les années à venir. Aussi, a-t-on transferer cette charge au régime général dans des conditions scandaleuses !
Cer AB,
Une simple raison explique que l’ouverture du marché de l’électricité n’ait pas fait baisser les prix (contrairement aux prédictions des libéraux) :
Quand vous ouvrez à la concurrence le marché des fraises, en supposant qu’avant il y avait un monopole, cela ne coûte rien à l’ensemble des acteurs. Si les producteurs récoltent trop de fraises, les prix baissent et les surplus deviennent de la confiture. Au contraire, s’il n’y a pas assez de fraises, les prix montent et «au pire» la plupart des consommateurs achètent des framboises.
Quand vous ouvrez le marché de l’électricité, c’est très différent. Si les producteurs concurrents produisent trop d’électricité, personne n’est capable de stocker le surplus (la confiture n’existe pas). Au contraire, si les producteurs ne produisent pas assez d’électricité sachant que la demande varie heure par heure, tout le système électrique s’effondre comme un château de cartes. C’est déjà arrivé en Allemagne. Donc il a fallu construire tout un dispositif complexe, indépendant des producteurs, coûteux en informatique afin d’assurer l’équilibre électrique et la sûreté du système dans le cadre d’un marché transparent. Dispositif qui n’était pas nécessaire dans le cadre d’un monopole et qui est forcément payé aujourd’hui par le consommateur final. (Le problème de l’équilibre existait en monopole, mais il était beaucoup moins coûteux à gérer).
A Hervé : je ne partage pas, cette fois, votre analyse. Je ne suis d’ailleurs fendu d’un billet sur ce sujet (5 juin 2007). En fait, EDF a fait le choix du nucléaire massif, alors que ses concurrents étaient sur l’électricité pétrolier. la multiplication par 14 en 9 ans du prix du pétrole a nui à ces derniers.
Votre analyse concernant l’interconnection a du vrai ; je pense néanmoins que l’amortissement doit être faible.
En fait, EDF a su refiler 80 milliards de charges à d’autres, ce qui est quand même un bon moyen de tenir ses coûts.
A ABG,
Sur le premier point, je suis d’accord avec vous, EDF dans les années 80 a fait un bon choix, ce qui lui permet aujourd’hui d’avoir des prix de revient les plus bas du marché. Marché qui s’est ouvert à son bénéfice car avant l’Etat contrôlait complètement ses tarifs de vente.
Sur les 80 milliards, je n’ai pas d’information, je pense vraiment qu’il s’agit d’une légende.
Quand le régime de retraite d’EDF a été réformé, la partie correspondant à la retraite de base sécurité sociale a été adossée au régime général. Pour cela EDF a versé une soulte et depuis cotise comme toute entreprise aux taux légaux.
La retraite complémentaire des électriciens est financée par un dispositif spécifique financé par ses clients. Il n’y a là rien de choquant car quand vous achetez des pneus Michelin par exemple, vous financez avec votre achat les cotisations que Michelin verse à une caisse de retraite complémentaire. Les entreprises ont le droit d’utiliser leurs recettes pour augmenter les salaires ou offrir des retraites complémentaires à leurs salariés ne trouvez-vous pas ?
@ AB Galiani et @ Hervé,
Cela fait des dizaines d’année que les pouvoirs publics français (censés et réalistes), qu’ils soient de droite ou de gauche, favorisent l’industrie nucléaire civile.
Quand des états moins prévoyants ont fait l’impasse sur le nucléaire civil pour favoriser d’autres moyens de production électrique (pour des raisons écologiques, sécuritaires ou sous la pression de l’opinion), l’Etat français a eu la sagesse de favoriser cette technologie industrielle pour d’une part favoriser son indépendance énergétique et d’autre part, devenir un champion mondial en terme de technologie du nucléaire civil (quand la France l’était déjà en matière de nucléaire de défense).
Quand des industries monopolistiques s’ouvrent à la concurrence sous la pression des gouvernements ou des entités supranationales pour favoriser une libre concurrence « pure et parfaite », permettant souvent au passage une diminution concurrentielle des prix, l’union Européenne, qui met une très forte pression sur les Etats nationaux pour un désengagement des gouvernements nationaux dans ces industries, ne font qu’appliquer une notion économique fondamentale qui est de laisser le marché trouver un juste équilibre naturel ou économique (comme vous voudrez) entre coûts et prix.
Aujourd’hui en France, franchement, des études sérieuses ont montrés que les prix de l’électricité sont 1/3 en-dessous de la réalité du marché tout simplement parce que l’électricité comme le gaz bénéficient de tarifs réglementés par les pouvoirs publics.
Et les pouvoirs publics se gardent bien de chambouler cet état de fait car autant les réformes dans les transports publics posent problèmes pour les citoyens qui souhaitent se rendre au boulot, autant les gouvernants ne se risqueraient pas à chambouler l’ordre des choses dans les secteurs énergétiques parce que l’électricité (comme le gaz et l’eau) sont des biens et services primaires de subsistance qui mettraient définitivement à mal l’espérance électorale du gouvernement qui tenterait le diable de la réforme énergétique. Imaginez une grève de l’électricité ou du gaz.
Ensuite, inutile de le nier, le nucléaire est une technologie stratégique alors que le gaz, finalement, on l’achète à l’étranger (Russie ou Algérie) et que la France ne fait que négocier des prix avec les fournisseurs étrangers pour ensuite le distribuer aux consommateurs citoyens (d’où d’ailleurs mon soutien de la fusion Suez-GDF quoi qu’on en dise).
Enfin et inutile de s’en cacher, l’industrie énergétique du nucléaire qui forme un monopole en France abrite des charges salariales, de retraites, des charges qui dépassent même mon entendement et que s’il s’avérait que l’on puisse le mesurer sincèrement, ferait indubitablement baisser le cours de bourse de l’action EDF, action dont l’Etat détient plus de 80% pour rappel (et qui ne se porte pas très fort aujourd’hui, la crise des marchés boursiers ayant un impact important sur le cours EDF par ailleurs).
Mais attention, je ne critique nullement la stratégie d’EDF, je critique encore moins les monopoles énergétiques et encore moins les Etats qui ont fait le choix du nucléaire car comme beaucoup s’en rendent comptent aujourd’hui, le nucléaire est l’avenir de notre modèle économique, à partir du moment que les Etats comme la France, ont suffisamment d’ingénierie en la matière pour éviter des catastrophes.
Je ne crois pas suffisamment au solaire et je ne crois pas assez en l’éolien.
L’ère des énergies fossiles sera bientôt révolue. Il est temps de préparer l’avenir énergétique de nos enfants même s’il s’avère bourré de danger.
Enfin et à titre personnel, nos parlementaires et le gouvernement viennent pas plus tard que jeudi soir 2 avril 2009 de favoriser la destruction française du Net, il m’apparaît par conséquent primordial de laisser au moins à nos enfants un avenir énergétique. Avenir énergétique qui avait préalablement été pensé par des décideurs historiques de grande envergure contrairement aux abrutis qui nous gouvernent actuellement. S’agissant de notre stratégie énergétique, le gouvernement actuel n’a plus qu’à poursuivre le chemin déjà tracé par nos anciens sages. Ce n’est pas plus difficile que ça.
Enfin et pardonnez-moi ce hors-sujet, avec cette nouvelle loi Hadopi (Loi de destruction de l’Internet) qui sera définitivement adoptée par une CMP le 9 avril, ce gouvernement et son mentor viennent de signer leur arrêt de mort électoral. Impossible pour l’UMP de passer la 2012 et je m’en réjouis d’avance.
Oups ! Je tiens enfin à préciser qu’UMP ne signifie pas à mes yeux Alain Lambert. Lui ferait plutôt parti d’une Union d’un Mouvement Progressiste…
A bon entendeur.
machu pichu
Je suis très inquiète sur notre réintégration dans l’OTAN et sur les demandes insistantes de Barrack Obama à l’Europe. On a vu ce qu’a donné la lutte contre Alcaïda en Irak. J’ai peur que ce soit la même chose en Afganistan.
Je crois qu’on lutte plus contre la guerre par le dialogue, l’aide à l’éducation, la lutte contre la pauvreté que par la guerre.
Quand on traite les autres de barbares, on renforce leurs peurs et leurs défenses. Il y a un langage à ne pas utiliser en politique au risque de renforcer l’esprit de guerre. On a vu ce qu’a donné « je vais vous débarrasser de cette racaille »
Pendant le G20, on ‘a pas beaucoup entendu parler de l’aide aux pays émergeants. On ne s’est pas beaucoup préoccupé de l’Afrique.
Si nous voulons une paix mondiale, nous devons avoir une vision mondiale, en n’excluant personne. La paix ne viendra que quand l’humanité aura une conscience globale d’elle-même.
Une industrie a encore de beaux jours devant elle, c’est celle des armes. Je crains que la mafia des armes ait encore beaucoup de pouvoir sur nos gouvernants. Je ne suis pas sûre que nos gouvernants aient la volonté ou le pouvoir de cesser la guerre. Qui gouverne le monde au-delà des apparences ? En tous cas ce ne sont pas les enfants des puissants qui iront se faire tuer ni leur famille qui subira la destruction. Etre un héro pour les riches, c’est avoir le pouvoir , l’argent, la gloire. Etre un héro pour les pauvres, c’est sacrifier sa vie pour défendre les intérêts des riches.
A Machu Pichu et Hervé : je laisse le mot de la fin à Machu Pichu qui nous offre une excellente synthèse de la question !
@Monique61
Pour ma part, je trouve normal que dans le contexte politique international d’aujourd’hui, la France ait réintégré l’OTAN, son camp naturel. Depuis plusieurs années, elle était ni dedans ni dehors, et ça posait de sérieux problèmes à la chaîne de commandement. Imaginez: à chaque fois qu’il y avait un mouvement, l’ambassadeur de France à Bruxelles devait se rendre au rendez-vous du commandement militaire de l’OTAN, noter sur un petit carnet les objectifs assignés aux troupes françaises, revenir à son ambassade pour envoyer un télex à l’Élysée qui renvoyait à son tour un télex au commandement des troupes françaises…. Au moins désormais les choses sont claires.
Quant au sens de la guerre, à l’opportunité de traiter les intégristes de barbares, c’est vous qui voyez. Il ne me semble pas que les droits de l’homme soient une régression. Par contre, accepter à nouveau par pur opportunisme la charria comme la torture, oui!
A Dominique
Je suis complètement d’accord avec vous sur le fait qu’il est très douloureux que les droits de l’homme soient bafoués.
Qu’on fasse partie de l’OTAN ne serait pas un problème si ça ne nous entrainait pas dans une spirale guerrière qu’il est plus facile de mettre en place que d’arrêter.
Si on fait la guerre à tous les pays qui ne respectent pas les droits de l’homme et qui maltraitent les femmes, on va faire la guerre à la terre entière. Nous n’en avons pas les moyens, et le remède serait pire que le mal.
Je crois que les droits de l’homme se développeront plus par la prise de conscience et l’éducation que par la guerre.
Dans la guerre, nous devenons barbares nous aussi…
Je pense que Chirac était sage lorsqu’il disait que la guerre n’avait jamais rien résolu, qu’on terminait toujours une guerre par une négociation, et qu’en fait, il fallait passer directement à cette étape. Bien sûr, c’est moins satisfaisant pour l’égo. Il faut faire le deuil d’être le plus fort. Ca demande un peu de modestie, d’écoute des autres, un peu d’effort pour comprendre pourquoi, ils agissent comme cela, accepter de na pas avoir raison sur tout.
La guerre appauvrit les peuples. Toute l’énergie dépensée en destruction, on pourrait l’utiliser en création d’un monde meilleur.
En fait, cela pose la question de quel monde nous voulons : un monde selon le mode Bush, violent, guerrier, arrogant, inhumain, ou un monde un peu plus doux, où on peut vivre en paix, sans peur de se faire agresser, sans honte de croiser le regard des autres parce que nous n’aurons pas cherché à nous approprier les richesses pour nous tout seuls et nous aurons participé à la création d’un monde plus humain ?
De toutes façons, la roue tourne et les plus forts d’un jour sont souvent les plus faibles plus tard. Si nous ne voulons pas un retour de bâton trop violent pour nous, nous avons peut-être intérêt à créer des règles modératrices.
@ MP et ABG,
Je partage globalement les propos de Machu Pichu mais ne peux m’empêcher d’y voir une légère contradiction :
« Aujourd’hui en France, franchement, des études sérieuses ont montrés que les prix de l’électricité sont 1/3 en-dessous de la réalité du marché tout simplement parce que l’électricité comme le gaz bénéficient de tarifs réglementés par les pouvoirs publics. »
Et « l’industrie énergétique du nucléaire qui forme un monopole en France abrite des charges salariales, de retraites, des charges qui dépassent même mon entendement »
Cela mérite vraiment une étude approfondie, car comment une entreprise qui sortirait des lourdeurs d’une gestion administrée que l’Etat obligerait à vendre son produit 1/ 3 en dessous des prix du marché et qui supporterait des charges salariales et de retraite exorbitantes arriverait à dégager des bénéfices confortables ? Il faut absolument si les trois propositions sont exactes qu’elle fasse connaître son secret !
@Monique,
L’OTAN était autrefois le bouclier qui nous protégeait du totalitarisme soviétique. Je la vois maintenant comme une association de démocraties, loin d’être parfaites évidemment, mais qui mettent en commun des moyens de réflexion et de lutte contre tous les terrorismes.
Monique, si l’OTAN avait existé en 1939 aurions nous eu la guerre ?
A Hervé : en qualité d’officier de réserve, cette fois, je partage tout à fait votre point de vue. Je me demande même si la FRance intégrée à l’OTAN n’aurait pas eu plus de poids en 2003 face aux USA qui lorgnaient l’Irak.