Certains amis m’ont alerté sur le fait que je ne disais pas assez de bien du gouvernement. Comme j’écoute généralement ce que l’on me dit, j’ai observé les billets que je poste et mes commentaires à la presse. A dire vrai, c’est souvent parce que je suis interrogé sur les questions de finances publiques qu’il m’est difficile d’applaudir béatement. S’agissant du plan de relance, je dis sans avoir à me forcer qu’il m’a agréablement surpris. Je redoutais le catalogue classique de dépenses budgétaires et fiscales qui sont supposées soutenir l’économie et la croissance, en France, alors qu’elles aboutissent souvent à alimenter celles de la Chine, la Corée ou l’Inde. Puis, le procès qu’instruit tout pouvoir, de gauche comme de droite, contre la terre entière pour éviter d’être recherché dans sa propre responsabilité. Sans parler de la légende visant à faire croire aux Français que leur Gouvernement a le pouvoir, à lui seul, de changer l’économie mondiale, en fouettant un coup les banques, le lendemain les entreprises, le surlendemain la BCE, le prix du pétrole, etc. Bref, tous responsables, sauf nous ! La France, ce pays dont la gouvernance fait l’admiration, pardon, l’envie du monde entier. Or, pour la 1ère fois, en tous cas, à cette dimension, des dispositions politiques sont prises pour rendre le Gouvernement et les administrations directement responsables du taux de réussite du plan annoncé. C’est suffisamment rare pour s’en réjouir !

D’abord un Ministre ad’ hoc, Patrick Devedjian, est clairement identifié comme responsable, devant sa hiérarchie et les Français, des résultats obtenus. Une série de mesures oblige les administrations à se sentir, elles-aussi, directement actrices et responsables de ces résultats. Deux exemples : 1) Nous nous sommes dotés d’un Code National des Marchés Publics qui conduit à retarder tous nos investissements de 6 mois à 2 ans, à renchérir nos coûts de 25 %. Un coup de balai immédiat et drastique est demandé par le Président : nous observerons la rapidité avec laquelle, il sera obéi ! 2) Le droit de l’Urbanisme sera assoupli ! Enfin. Voilà des années que les Maires, notamment, le demandent. Là encore, on verra dans quel délai le Président sera suivi ! Je n’hésite pas à dire que ces deux engagements valent, selon moi, infiniment plus que 2 milliards d’euros d’annonces abstraites de crédits budgétaires. Et ces engagements ne coutent rien aux Français, au contraire, ils obligent nos administrations, et le droit stupide que nous produisons avec elles, à changer de paradigme : nous placer au service des Français et non l’inverse ! Pour aider le Ministre Patrick Devedjian dans sa tâche, il faudrait le doter d’un « médiateur » aux tracas administratifs, comme René Ricol, a été nommé médiateur au crédit. N’oublions pas que les investissements dans les grandes infrastructures peuvent demander des années au seul motif du droit kafkaïen qui régit leur construction. Lancer, dès demain, l’ordre de service de leur construction ne sera pas si simple. Certes, ce plan de relance ne nous a pas épargné les vielles recettes bien connues pour aider la filière automobile qui ne font que reporter le problème à plus tard, et les exonérations pour les embauches en 2009 qui vont immédiatement faire tarir celles prévues au cours du présent mois de décembre. Mais là, il s’agit du simple bon sens dont le Président nous annoncera sans doute, lors de ses voeux, qu’il entend le rétablir en France, et ce sera le plus beau cadeau qu’il ne m’aura jamais fait !