La relance et les politiques d’inspiration keynésienne retrouvent un regain de vigueur ces derniers temps. Une politique est dite « keynésienne » lorsqu’elle met en avant le rôle de la demande. Elles passent traditionnellement par l’augmentation des déficits et des salaires. Accessoirement – et contrairement à une légende tenace – elles ne sont pas incompatibles avec d’autres politiques qualifiées de libérales. Il existe une différence essentielle néanmoins : le keynésianisme vise le court terme (« à long terme, nous sommes tous morts » disait Keynes) ; le libéralisme vise davantage l’adaptation structurelle de long terme. En clair, un keynésien dira que pour aller plus vite, il faut appuyer sur l’accélérateur ; un libéral dira qu’il vaut mieux disposer d’autoroutes que de chemins de terre … 2 visions complémentaires, sûrement. Il y a simplement que la France pourrait regretter d’avoir préféré rouler sur des chemins de terre plutôt que de construire des autoroutes.
Pour qu’une politique de relance fonctionne, la première condition, c’est de disposer de capacités de production inutilisées. C’est aujourd’hui le cas : la hausse des matières premières, un baril de pétrole dépassant au cours de l’été les 140 $ ont cassé la demande intérieure. La ponction accrue représentée par ces importations a diminué d’autant la demande intérieure sans que pour autant il y ait compensation par une demande extérieure augmentée d’autant.
Chacun y va de sa recette, qui au bout du compte, tourne autour de l’idée : « yaka dépenser plus ». Démontons l’idée de base. Imaginons que pour une raison X, il y ait un supplément de dépenses de 100 €. Ce supplément fait tourner les entreprises un peu plus, ce qui entraine la distribution de 100 € de salaire en plus. Imaginons que les ménages en épargnent 20 %. Ils vont dépenser plus, puisqu’il leur reste 80 € supplémentaires. Il va donc y avoir une deuxième « vague » de consommation supplémentaire de 80, donc 80 de salaires supplémentaires, dont 80 % va alimenter une demande supplémentaire. Et ainsi de suite, par vague successive, la demande se trouve accrue de 500 € ! N’est- ce point là chose merveilleuse, qu’avec une impulsion initiale de 100, on se retrouve avec une demande supplémentaire de 500 ! Donc, avec peu, on stimule fortement l’économie !
Il y a cependant un « mais » …
Tout d’abord, la demande supplémentaire va s’adresser aussi à des entreprises étrangères : il faut plus de pétrole, de matières premières, bref plus « d’intrans » importés. Et les biens et services achetés peuvent être fabriqués aussi à l’étranger ! Admettons que cela puisse en grande partie se corriger par une relance européenne. Dans ce cas, les autres pays contribueront à leur tour à faire tourner la machine économique française.
Mais surtout, il y a que la France est un pays qui a à peine réformé ses régimes de retraite, conservant toujours des régimes spéciaux particulièrement onéreux (au demeurant en négation du principe de répartition) ; elle a conservé des services publics pléthoriques en raison de l’accumulation de structures archaïques et de monopoles publics, restant toujours trop largement sur une logique de moyens et non de résultats, conservant le principe absurde du « faire soi-même » plutôt que « faire faire » … Bref ! Pour financer ce mode de fonctionnement la France cumule emprunts et pression fiscale parmi la plus élevée du monde.
L’augmentation continue de la dette publique depuis 35 ans conduit à la manifestation d’un effet « ricardien », à savoir que les ménages craignant une hausse à venir des impôts se mettent à épargner plus. Dans ce cas, les vagues de demande évoquées supra en sont atténuées.
Mais il ya surtout que « trop d’Etat tue la relance » ! En effet, à chaque fois que 2 euros sont produits en France, il y en a 1 qui se retrouve dans la poche de la sphère publique. Regardons les prélèvements opérés sur les ménages : d’une façon générale, les charges sociales (qu’il est un non-sens de catégoriser en « salarié » et « employeur ») représentent autant que le salaire net, et parfois plus) ; il faut ensuite payer différents impôts : IRPP, TVA, impôts locaux, taxe sur les produits pétroliers … Quand une entreprise paie 100 de salaire, il reste en moyenne 40 au salarié ! Certes, il en aura un retour, par la voie des transferts ; mais ceux ci restent indifférents à une demande supplémentaire et donc à l’action de relance. Reprenons alors notre exemple ci-dessus, en insérant 60 % de prélèvement à chaque vague … Une demande initiale supplémentaire de 100 € conduit à une demande totale supplémentaire de 125 … Autrement dit, presque rien ! C’est d’ailleurs le principe du « stabilisateur automatique » : l’importance des dépenses publiques empêche une dépression profonde de l’économie mais freine toute vélléité de redémarrage. Et c’est bien là que le bât blesse : faute d’avoir entamé des réformes fortes notamment concernant le fonctionnement du secteur public, la France, aujourd’hui, n’a que peu de marges de manoeuvre. Ayant conservé ses chemins de terre, elle ne peut prétendre en tirer les avantages d’un réseau autoroutier.
Munis de ces explications, nous pouvons donc apprécier l’efficacité des mesures préconisées.
Ainsi, Philippe Aghion invite à « soutenir l’emploi public ». Plus d’emplois publics, c’est plus de salaires distribués, ce qui donne l’impulsion souhaitée. Cette mesure a cependant 2 points faibles majeurs : d’une part, elle ne corrige pas l’effet dépressif de la fiscalité ; d’autre part, dans un pays où la sphère publique est pléthorique et mal organisée, davantage d’emplois publics va se traduire tôt ou tard par plus de prélèvements y compris pour les retraites (les régimes spéciaux sont financés pour l’essentiel par le contribuable) sans création de richesses supplémentaires. Une telle mesure est donc une promesse de paupérisation. Keynes disait qu’il valait mieux payer des gens à déplacer des tas de cailloux. C’est préférable à de l’emploi public en France, car une subvention peut ne plus être versée alors qu’un fonctionnaire en trop reste à la charge de la collectivité jusqu’à la fin de sa vie.
Jacques Attali (et quelques autres) invite à l’augmentation des salaires. A-t-il oublié l’échec du plan de relance de 1981 ? A-t-il oublié qu’au cours des années 81 à 84, le chômage a quasiment autant augmenté qu’au cours des 7 années du mandat de Valérie Giscard d’Estaing ? En effet, l’augmentation du salaire (c’est à dire salaire net augmenté de la totalité des charges) se heurte à la contrainte de productivité. La France reste un pays où le travail coûte cher et si le pouvoir d’achat a crû faiblement ces dernières années, la faute en incombe aux restrictions de temps de travail pénalisant la productivité des salariés, à l’insuffisance d’investissement et aux prélèvements pour financer notamment le système généreux de retraite et les dysfonctionnements du secteur public …
Enfin, Jean Pisani-Ferry, de l’Institut Bruegel, préconise une baisse sensible de la TVA. Cette solution offre l’avantage de rendre du pouvoir d’achat en réduisant l’effet destructeur de la fiscalité. C’est sûrement une des solutions les mieux adaptées.
Il reste que le choix du gouvernement vise le soutien à l’outil de production : mesures de soutien à la trésorerie des entreprises et relance de l’investissement public. Il est vrai qu’on a trop souvent oublié que pour disposer de richesses – les biens et services – il faut les produire. La cupidité des syndicats – notamment ceux du secteur public – a trop souvent abouti à la dégradation de cet outil. Il faut également persévérer dans la réforme de l’Etat. L’activité publique doit tout particulièrement être régulée, c’est à dire qu’il faut des mécanismes de correction des dysfonctionnements. Peut-être que la reprise passe aussi par un changement d’état d’esprit … C’est d’autant plus nécessaire que l’endettement public pourrait, un jour, nous promettre une nouvelle crise des subprimes !
A.B. Galiani.
le plus curieux de cette relance c’est qu’elle est faite avant que l’immobilier ne se plante, or dans les relances le plus important est de casser la dynamique baissière, de faire douter ceux qui anticipent davantage de baisse
je trouve cette relance hative
par exemple le prêt à taux zéro doublé.
On aurait pu dire triplé ou quadruplé, on aurait pu dire l’Etat prête tout le prix de la maison à taux zéro, ça ne fera acheter personne si tout le monde pense que la maison vaudra moins cher demain.
De plus tout le monde sait que le cout du taux zéro n’apparait pas dans les comptes publics puisqu’il est déduit de l’impôt du par les banques
je trouve cette politique précipitée
la bonne mesure aurait été de mettre en place tout ce qu’il faut pour limiter les conséquences sociales de l’effondrement des pris de l’immobilier
ensuite quand les prix de l’immobilier ont bien baissé alors on casse la dynamique
le marché actions a très mal réagit au plan de relance.
La seconde caractéristique est d’endetter tout ce qui peut l’être, les entreprises à participation d’Etat, les HLM etc.
Cela montre à tout le monde que l’Etat ne peut plus faire grand chose.
ce qui veut dire que les plans de relance 2 et 3 seront encore moins crédibles
Cher A.B. GALIANI : enfin ! comme vous j’écoute ou lis vos confrères et je remarque plutot de la modestie dans l’énoncé de leurs certitudes passées y compris chez J.ATTALI. Le Président du Conseil d’Analyse Economique admet meme qu’il n’a pratiquement rien vu venir…AU P.S. la voix de J.GENEREUX est rituellement partisane mais n’a en fait rien à proposer d’original. Concernant la Réforme des mentalités dans la Fonction Publique vous semblez faire peu de cas des travaux de notre hote alors que la mise en oeuvre de la LOLF est sensée apporter des solutions….J’ai meme lu qu’un Député tempetait contre les lenteurs de l’Administration du Quai d’Orsay….Donc ça bouge ( ? )
Par ailleurs je vous trouve bien sévère avec les Syndicats car ce ne sont pas eux qui décident. A mon avis vous en faites des boucs émissaires un peu trop commodes. Rendons à César….
Bien entendu nous sommes toujours très friands de vos analyses , cher A.B.
Je commence à me poser beaucoup de questions sur l’efficacité de tous ces plans dont l’objectif principal est d’injecter de l’argent frais dans l’économie. Je m’inquiète car, à aucun moment, les politiques s’interrogent sur les causes de cette crise économique. Or, proposer des remèdes sans au préalable identifier l’origine du mal, me paraît bien hasardeux. Ce plan de relance va certainement donner un peu d’oxygène mais ne va pas régler la crise.
J’ai envie de vous poser la question suivante : la récession est -elle un phénomène conjoncturel lié à la crise financière ou est-elle une crise systémique d’épuisement du modèle ?
A Yffic : Vous avez raison de souligner que la LOLF a été un sacré changement … Néanmoins, ce qui nous ruine demeure encore ! Les régimes spéciaux sont toujours, les structures archaiques aussi et pour les financer on est en train de paralyser le fonctionnement du service public. Le Premier Ministre du gouvernement qui fit voter la LOLF défilait avec les postiers il y a quelques jours pour que rien ne change. Comme quoi, le discours à un moment n’engage pas les actes ensuite. Si je dénonce la « cupidité des syndicats », c’est parce que leur refus du dialogue détruit tout doucement le tissus social. Concernant les analystes que je cite, je ne cacherai pas l’estime que j’ai pour chacun d’eux, sans que je partage forcément leur approche. Dans le cas de jacques Attali, je m’interroge s’il ne connaît pas l’erreur courante chez nombre d’économistes de ramener le salaire au seul salaire net, oubliant que les entreprises paient beaucoup plus.
A Mamertin : Question des plus pertinentes ! Mais à quel modèle pensez vous ? Pierre Cahuc, professeur à Polytechnique écrivait il y a quelques mois que le modèle français s’autodétruisait … D’un autre coté, un modèle est toujours en « crise », puisqu’une « crise » est une adaptation à une donne nouvelle. La donne nouvelle, c’est aussi la sortie de la pauvreté de populations considérables.
Je ne pensais pas à un modèle en particulier. J’essaie tout simplement d’analyser la situation actuelle en sortant de toute idéologie. Je fais partie de ceux qui souhaitent une réforme profonde du système.
J’ai de plus en plus la conviction que cette crise mondiale n’est ni un phénomène conjoncturel, ni une conséquence de la crise financière. Je pense que c’est une crise d’épuisement d’un modèle fondé sur le primat de la finance sur l’industrie. Je ne suis pas certain que l’endettement public et privé soit une réponse à la sortie de la pauvreté de populations considérables.
Je préfèrerais une réindustrialisation des pays européens, un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée entre travail et capital et une remontée des salaires en les indexant sur des gains de productivité.
A Mamertin : Le PIB, en longue durée, se répartit en France entre 2/3 pour le travail et 1/3 pour le capital. Cette vision est cependant faussée, car le PIB n’est pas corrigé des amortissements (l’usure du capital) qui est aussi une charge ; il y a donc 15 à 20 % du PIB qui sont à déduire de la partie « capital ». Les salaires par ailleurs croissent très vite … mais ça ne se traduit pas forcément en salaire net : ainsi le passage de la semaine de 39 h à 35 h correspond à une hausse de 10 % … Et surtout, ce sont les charges qui augmentent. Il ne faut pas croire qu’une proportion croissante d’inactifs peut laisser intact le niveau de vie de la population. Pour le reste, vos interrogations me semblent fondées.>
@Marmetin
Avec l’accélération du temps de nos sociétés, lié à l’adoption massive des technologies de l’information, nous sommes sorti des "clous" d’un monde linéaire.
La linéarité est la proportionnalité entre cause et effet.
Le problème est que tout notre culture, notre enseignement a été développé autour de cette notion de proportionalité. Aussi avons nous la vision d’un monde où tout est planifiable, modélisable, prévisible.
Mais cette vision ne représente en fait qu’une faible portion de la réalité, certes la plus confortable pour l’esprit.
Mais ce monde a l’inconvénient de la lenteur.
Et de toute façon il vient de voler en éclat.
Il va donc falloir adapter nos systèmes de pensée à la non linéarité, à la non proportionnalité.
Dans un sens, quand beaucoup de moyen sont mise en œuvre pour peu de résultat, on parle de la montagne qui accouche d’une souris. C’est ce qu’on fait nos gouvernement depuis 30 ans et probablement sera l’effet de la relance actuelle.
Dans l’autre sens, un petit effet génère de grand changement. C’est l’effet papillon. On peut dire que la crise financière est de cet ordre. Un simple défaut de contrôle sur la qualité de certain fond d’investissement à généré une crise financière mondiale.
Dans cet environnement, il faut être extrêmement réactif et en permanence à l’écoute des événements pour réagir le plus tôt possible.
Pour cela, la seule stratégie possible est de se réformer de l’intérieur pour être le plus réactif face aux événements imprédictibles.
Et en France, il y a un sacré boulot !
excusez moi je ne comprends pas de quoi vous parlez :
que voulez vous reformer ?
L’effondrement de l’économie a des causes mondiales :
La France commence à connaitre avec le délai habituel (+ 2 ans et avec un délai de 1 ans sur UK ) le même effondrement du marché immobilier que les USA
La France connait le choc énergétique mondial
Ce sont bien des crises déflationnistes mondiale dont l’originalité est d’être cumulatives, ce qui n’avait jamais été le cas.
La France se trouve dans une situation qui n’a rien non plus de spécifique : l’Etat est sur endetté, la population vieillissante.
Sur le modèle commun européen elle se désolidarise de l’Europe
La France n’est pas maitre de ses taux ni de son change.
Le plan de relance en question n’aborde pas le seul grand problème lui aussi mondial de demain : cesser de démolir la planète, réduire dramatiquement les émissions de CO2 et arrêter l’agriculture chimique
Pour résumer, il n’y a rien de vraiment propre à la France la dedans.
Les plans nuls, il y en a partout en ce moment non ?
Cher AB Galini,
Votre analyse est argumentée … mais moins votre conclusion.
A la fin de votre papier, vous préconisez une baisse de la TVA, c’est à dire :
– une augmentation de la dette publique, la TVA étant la principale recette fiscale
– une augmentation des importations (impact maximal sur les biens de consommation)
Au contraire, le plan de relance privilégie l’investissement public, c’est à dire des investissements de long terme dont vous faites l’éloge en première partie et dont l’avantage est d’être produits nationalement. C’est à dire des dépenses dont l’effet « multiplicateur » cher à Keynes est le plus important.
Tout le monde s’accorde à dire que le problème de la France est sa dette publique. Je m’étonne donc de l’absence d’articles dans la presse sur les mécanismes élémentaires de la création monétaire et de la dette publique. Comme beaucoup de citoyens actuellement, je me pose beaucoupe de questions.
Il y a une quarantaine d’années, l’État français n’était pas endetté, à l’instar de la plupart des autres nations, d’ailleurs. En moins de quarante ans, nous avons accumulé une dette abyssale qui avoisine les 1200 milliards d’euros ! Pourquoi ? S’est-il produit quelque chose qui a fait que l’on ait soudain besoin de recourir à l’emprunt, alors qu’auparavant on se suffisait à nous-mêmes ?
Pouvez-vous nous éclairer sur toutes ces questions ?
A Hervé : Très bien vu, votre remarque. Il est vrai que si on donne 100 de salaire net en plus, il y en a 40 qui vont partir à l’étranger. Ceci dit, est ce que cela va être très différent de la construction d’une école, d’un barrage ou d’une route ? Il y a de nombreux « intrans » importés, donc l’investissement, vu sous le seul aspect « alimentation de la demande globale » connaît des fuites aussi à l’étranger. Ma 2 eme partie reprennait des idées pour relancer la consommation : ce qui conduit à diminuer les prélèvements redonne du souffle à la relance. Comme je l’écrivais, « trop d’Etat tue la relance ». Réduire la fiscalité, c’est redonner de la vigueur à l’accélération …
A Mamertin : j’ai écrit une série de 4 billets en avril et mai 2006 sur ces sujets ; les avez vous vus ? En fin de chaque année, je refais également un zoom sur ces sujets. Bonne lecture
Bien que d’accord, Cher A.B. Galiani.
Juste une petite remarque, le tableau est plus noir encore, que vous ne l’avez peint.
Prenons un cadre moyen, cas relativement fréquent, qui gagne pas trop mal sa vie.
Pour 100€ bruts de salaire, avec les charges employeur cela coûte environ 150€.
Sans parler des taxes, que le fruit du travail du salarié en question participe à payer par son travail et qu’il faudrait ajouter, comme la taxe professionnelle entre autres, qui alourdit un peu plus le calcul.
Partons donc simplement de 150€, comme point de départ(qui donc pourrait être supérieur).
Il en reste environ 78 après les charges salariales.
Si le salaire est bon, il y a des chances que l’IR dépasse les 15%, si ce n’est bien au delà.
Il en reste 66 max. après L’IR.
Auquel il faut ajouter taxes foncières et taxes d’habitation pour 12% au minimum.
Il reste 58€ max. après ces taxes.
Sur ce qui reste, il faut payer de la TVA (même s’il y en a une partie qui va à l’épargne, elle passera par la TVA le jour de son utilisation), et on peut tabler sur un taux moyen de 12%.
Il reste 51€ max. après TVA.
S’il prend sa voiture pour aller travailler, cas relativement fréquent, il sera soumis à la TIPP, pour un montant d’environ la moitié de ce qu’il consomme, soit 6€ par tranche de 100€.
Il reste 45€ max. après la TIPP.
Déjà à ce stade, il ne reste plus que 45€/150€, soit 30% du montant de départ, en ne prenant pas en compte tous les éléments qui pourraient rentrer dans le calcul (d’autres taxes, comme par exemple celles provenant du racket des automobilistes pourraient venir alourdir le résultat).
Pour 100€, comme vous dites, il n’en reste en fait que moins de 30€, peut être même bien moins.
Ce qui permet de dire que ce salarié, qui travaille du 1 janvier au 15 septembre pour faire vivre la France, au mieux (la réalité est encore pire), travaille pour lui du 15 septembre jusqu’à la fin de l’année.
@ Le mamertin et @ A.B. Galiani
-"Le mamertin" vous dites "je m’étonne donc de l’absence d’articles dans la presse sur les mécanismes élémentaires de la création monétaire et de la dette publique. Comme beaucoup de citoyens actuellement, je me pose beaucoup de questions."
-"Le mamertin" vous avez raison et c’est pour cela que nous avons proposé un blog spécialisé sur le problème de la dérive explosive de la dette et de la "bombe a retardement" qui menace l’édifice de notre système de retraite… nous sommes en train de mettre sur pied ce futur blog "DETTE et RETRAITES" et nous serions heureux que vous puissiez y contribuer
A Gerfo
Je vous suis tout à fait dans ce raisonnement. Vous ajoutez à cela que la fiscalité locale est en plein boom ainsi que les charges sociales (= hausse de salaire aussitôt prélevée).
Ou va l’argent ??? retraites précoces, régimes spéciaux, structures archaiques du secteur public. mais pas touche !!! Aussi, si Yffic lit ce post, je maintiens le qualificatif de "cupide" que j’ai attribué aux syndicats
mais oui , cher A.B. , je lis tout ce qui m’instruit et donc tous vos billets. Vous avez sans doute de bons exemples pour étayer votre jugement à propos des syndicats. Les miens sont déjà très vieux j’en conviens mais connaissant la très longue évolution des mentalités je pense avoir encore une bonne perception de ce que sont devenues nos relations sociales dans notre beau pays ou se plaisent tant nos amies les cigales.Quant à la cupidité je ne résiste pas à citer ce début d’article paru dans un grand hebdo paraissant le mercredi : " Chers pédégés : Alors qu’aux Etats-Unis la colère enfle contre les banquiers " égoistes " et " cupides " et que la promesse d’Obama de ponctionner les plus hauts revenus pour aider les plus faibles a " été au coeur de la présidentielle " ‘ Le Monde 6/11) chez nous les pédégés continuent de se goinfrer….." Je reste convaincu que la cupidité n’est pas du coté que vous dénoncez mais bien entendu , comme partout , il doit bien il y avoir des exceptions…..Pour ma part , au soir de ma vie , je suis très fier de n’avoir jamais cédé devant les tentations de l’argent malhonnète, dans mes fonctions d’élu notamment ( deux propositions en matière d’urbanisme….)
@ A.B. Galiani : mais oui je lis tout ce qui peut m’instruire et donc vos posts ! J’ai répondu assez longuement à votre allusion ci-dessus mais selon le Webmaster il y aurait des pb dans l’éther….
Cher Yffic : non, non … Il n’y a pas de problèmes dans l’éther. mais ayant été absent 2 jours, je n’ai pris connaissance de vos courrier que ce 13 au soir. Je vois chaque jour les syndicats refuser tout changement : pas touche aux régimes spéciaux, pas touche aux structure, toujours plus mais pas question de parler de productivité, c’est très laid … Comment appeler cela ? Certes, ils n’ont pas le monopole de la cupidité. Mais le « recevoir toujours plus sans donner de contrepartie » dans un pays où les impôts sont parmi les plus élevés du monde a des limites. Peut être d’ailleurs les conséquences de la mauvaise orientations des dépenses publiques .. au détriment des plus pauvres ! C’est d’ailleurs pour cette raison que je considère que la fonction de production doit être considérée selon le principe de séparation des pouvoirs : un Etat producteur est un Etat qui devient juge et partie ; incapable de résister aux groupes de pression en son sein, il détruit plus de richesses qu’il n’en crée ; appartenir à la sphère publique st une forme de mutualisation permanente des pertes. En revanche, un Etat indépendant qui reste sur une fonction régulatrice est un Etat efficace ; à cet egard, le secteur bancaire qui fonctionne ainsi depuis un quart de siècle résiste plutôt bien à la crise. A ma connaissance, la SFEF n’a pas une activité débordante.
@ A.B. Galiani : la SFEF ? je ne veux pas etre méchant à l’égard de
Michel CAMDESSUS……
Bonjour à AB GALIANI
Voilà quelque temps ,nonobstant mon intérêt pour vos interventions documentées et un large partage de vos positions, je vous égratigniez gentiment pour votre anti keynésianisme "primaire".
Ne jettons pas JM KEYNES aux orties, il a fait plus que quiconque pour
expliquer de manière systémique notre monde.
Comme tout modèle, il résiste mal au temps .Mais certaines vulgates libérales ont elles fait mieux ?
Non je crois que ce sont plus nos gouvernants qui utilisent mal et un peu légèrement des théories qui ne sont que des modèles.
Pour le modèle keynésien c’est l’économie ouverte qui a vu sonner le glas de cette pensée.
Bien d’accord qu’il faut privilégier l’OFFRE(que la droite a négligé depuis 40 ans). mais l’offre ne porte ses effets qu’à MLT.
aujourd’hui relancer par la demande, vu la propension à importer de notre pays c’est criminel!!!!
a binetôt
@ Angry : avec quelques exceptions spectaculaires dues notamment à la droite gaullienne : développement du secteur aéro-spatial , nucléaire , ferroviaire , etc.
A Angry Squirrel : Merci de votre intervention qui me permet de préciser un point. Je ne suis absolument pas un « anti keynesien » ; j’ai écrit au cours de périodes passées que les conditions de réussite de politique keynésienne n’étaient absolument pas remplies ; sinon, avec 35 ans de déficit publique, nous devrions être parmi les pays les plus riches d’Europe ; or nous constatons l’inverse. Dans ce billet, je regrette surtout que l’Etat n’ait pas profité des époques de croissance pour se dégager des marges de manoeuvre et notamment réduire sa pression fiscale qui est aujourd’hui un obstacle à la relance, puisque l’essentiel de chaque € de dépense supplémentaire retourne à l’Etat (au sens large) … Pour qu’une politique keynésienne marche, il faut 1) pas trop d’ouverture sur l’exterieur ou tout le monde faisant la même politique au même moment 2) pas trop d’impôt (!!!!!!!!!) 3) des capacités de production disponibles. Aujourd’hui, seule le 3) est rempli, conséquence de la hausse des matières premières (dont la crise « financière » n’est finalement qu’une conséquence). Je reste pour ma part très largement d’accord avec ce que vous écrivez !
A Yffic31 : J pense que sur ce sujet, nous serons souvent en désaccord … Le « colbertisme » a effectivement permis d’afficher des résultats … Mais à quel prix ? EDF a pratiqué durant des décennies une surfacturation qui l’a conduit, lors de l’ouverture du marché, à refiler dans des conditions scandaleuses son régime de retraite à la charge du régime général. Et EADS ??? Modele ? Après tout, ce sont les Soviètiques qui ont envoyé le premier homme dans l’Espace. Mais qui reste aujourd’hui. Sur ce, cher Yffic, je vous présente tous mes voeux pour 2009 et à bientôt, pour de nouveaux échanges animés et sympatiques sur ce blog.
C’est étonnant de constater le besoin de classer les gens et les actions de manières idéologique, mal bien français.
Alors qu’en gros il faut laisser faire au maximum possible les acteurs économiques tout en surveillant et régulant étroitement afin d’éliminer les tricheurs et les dérives du jeu économique en période normale et intervenir y compris massivement, en situation de crise si la situation l’éxige.
Etre socialiste, keynésien, libéral n’a finalement pas de sens. Il faut juste adapter l’action à la situation.
Il n’y a pas de doctrine économique fixe valable pour toutes les situations. Cette croyance est encore une des ânneries aménée par l’idéologie marxiste.
@BS
Vous dites:
"Il n’y a pas de doctrine économique fixe valable pour toutes les situations. Cette croyance est encore une des ânneries aménée par l’idéologie marxiste".
Je crois que ces "ânneries" sont amenées par toutes les idéologies, quelqu’elles soient. Je partage votre point de vue : quelque soit la doctrine , s’il n’y a pas une ntelligence et un coeur humain pour faire face aux situations, on dérive très vite.
Les idéologies ont très souvent permis de faire sauter les barrières morales de l’homme.
Sous le prétexte de l’objectif d’un monde meilleur, les instincts les plus sauvages et violents ont pu s’exprimer, l’idéologie aveuglant les scrupules.
Cela explique bien des drames.
@BS et Monique,
La science économique n’est pas une science exacte, aucune théorie ne peut objectivement être vérifiée. Historiquement sont apparues plusieurs théories qui ne sont que des moyens conceptuels pour comprendre les phénomènes et proposer aux « politiques » des moyens d’intervention.
Les libéraux pensent que le marché, sous réserve qu’il fonctionne sans entrave, apporte « naturellement » un équilibre de plein emploi. En vertu de quoi l’Etat ne doit pas intervenir dans l’économie mais simplement faire respecter le bon fonctionnement des différents marchés.
A l’opposé, les keynésiens pensent qu’un équilibre de sous emploi peut parfaitement perdurer en vertu de quoi l’Etat doit, par des politiques de relance, intervenir pour aider l’économie à sortir d’une récession.
Aujourd’hui, à ma connaissance personne ne défend les thèses purement libérales et les néolibéraux sont assez proches des keynésiens.
Un des problèmes actuels, à mon avis, c’est que l’effet de relance des déficits budgétaires se vérifie seulement si les gouvernants utilisent ponctuellement cette thérapie. Sinon, il en va comme des antibiotiques, le corps social s’habitue et l’effet curatif s’estompe.
A Hervé : non, non et renon, cher Hervé ! Vous confondez l’ultra libéralisme et le liberalisme, qui sont 2 analyses bien distinctes. Voir mon billet d’avril 2006. Le liberalisme admet parfaitement l’intervention publique sous certaines conditions. Il existe une école de pensée dite du « déséquilibre » qui affirme que la thérapie est à adapter selon le cas … Et je partage complètement votre dernier paragraphe.
Cher AB,
J’ai lu avec attention votre papier de 2006. Je partage votre description du libéralisme mais ne vois pas vraiment de contradiction avec ce que j’écris plus haut.
Pour les libéraux, l’Etat intervient fortement mais uniquement sur le champ des fonctions régaliennes. Champ qui comprend la régulation des marchés.
La régulation des marchés pouvant être comprise comme un rôle d’arbitre, c’est-à-dire une autorité indépendante qui connait la règle, la fait respecter mais n’entre pas dans la partie.
Par contre, pour un Etat « libéral », le fait de présenter un budget en déficit « ex ante » n’est pas admis le budget devant toujours être présenté à l’équilibre ou en excédent et ce n’est que depuis Keynes que la pratique des déficits volontaires est entrée dans les mœurs.
(Ceci dit, mes études d’économie datent des années 75-80)
A Hervé : Dont acte … Pour ma part, un budget en déséquilibre ne me tracasse pas ; c’est peut être une question de génération … j’ose croire que vous ne m’en voudrez pas si je vous dis que je suis -mais légèrement seulement – plus jeune que vous ; et que peut être ceci peut expliquer cela. Ce qui m’ennuie, ce sont 35 déficits ex ante successifs ; c’est aussi manifestement que le goût de l’addiction se répand et que non seulement la pérénnité du déficit est admise mais en plus elle est justifiée – je prépare 2 billets qui évoqueront ce sujet. Il y a aussi qu’il n’existe pas une école libérale mais des écoles libérales (au sein desquelles je range la sociale démocratie dont je me sens plus proche que le modèle anglo saxon). J’en profite, cher Hervé, pour vous présenter mes meilleurs voeux pour 2009, entre autre de poursuite de nos échanges constructifs sur ce blog. ABG
A Angry Squirrel : je trouve ce soir un billet de Jacques Marseille, dont voilà l’adresse : http://www.jacquesmarseille.fr/Actualites/Article_Investir_New_Deal.asp Keynes lui même affirmait que c’était les entreprises qui créaient les emplois …
Cher AB,
L’histoire montre que l’activité économique n’est pas linéaire mais qu’elle est cyclique. Naturellement, à certaines périodes, pour diverses raisons, bonnes récoltes, invention, démographie, la production entre dans une période de croissance suivie ensuite par une période de contraction.
Contraction qui peut être une stagnation ou une réelle récession et ayant aussi pour cause des raisons diverses selon les époques – guerre, crise financière, épidémie … Voir à ce sujet Kondratieff le premier à avoir théorisé à ce sujet.
Devant ce constat, les gouvernements peuvent laisser aller (les libéraux orthodoxes) ou au contraire essayer de lisser la courbe. D’où l’idée d’actions de relance ponctuelle (déficits) en période de décroissance auxquelles comme toi je suis favorable.
Bien sûr, ces politiques n’ont de sens que si dans la période de croissance du cycle, les gouvernements ont la sagesse d’accumuler des excédents budgétaires pour équilibrer les budgets sur la période complète du cycle.
(Merci pour tes vœux, je t’envoie les miens ainsi qu’à tous les blogueurs et animateurs de ce site, avec une attention particulière pour le « patron »)
Merci Hervé
@ A.B. GALIANI : j’ai attendu ce début 2009 pour vous remercier de vos voeux et vous souhaiter également une fructueuse annéee 2009,positive dans tous les domaines,beaucoup de satisfactions personnelles et professionnelles.
Par ailleurs c’est vrai qu’après le désastre de 1940 j’ai approuvé " l’ardente obligation du Plan " pour redresser notre pays.J’ai vécu de l’intérieur ce qu’est la " gestion " des organismes publics mais j’ai vécu aussi comment les industriels français se sont faits aider par l’Etat. Il faut rappeler aussi comment était la France à la Libération : des fiefs communistes se sont instaurés à la SNCF , à EDF-GDF , etc et ceux ci se sont confortés d’autant mieux que le pouvoir politique était faible. Je suis bien entendu pour l’économie de marché mais suis de ceux qui estiment nécéssaires des règles pour , notamment , protéger les plus faibles.Et puis , vous le savez bien , il n’y a pas de concurrence parfaite…. Bien cordialement.
Mon cher Yffic31, merci de vos voeux. Je partage largement votre analyse. Simplement, je pense que vous avez compris qu’il me semble essentiel que l’arbitre ne joue pas avec une équipe. Il me semble donc essentiel que l’Etat soit indépendant, notamment des groupes de pression … y compris ceux agissant en son sein.