Avertissement à tous les accrocs aux déficits publics et à la dette : La Kleptocratie argentine cherche à s’emparer des actifs des fonds de retraite privés.
Voilà des années que je peste contre l’avachissement de la France devant ses obligations à l’endroit des générations de nos enfants et petits enfants. Quelles que soient les mises en garde incessantes faites aux dirigeants successifs qui, depuis 30 ans, sans remords, exécutent des budgets en déficit, rien n’y fait. Cela continue inexorablement, comme si les sanctions ne tomberont jamais. Pour les irresponsables qui croient cela, je les invite à lire le papier du Monde sur « La Kleptocratie qui ruine l’Argentine » laquelle est, de nouveau, arrivée au bout du chemin qui nous attend !

Face à la ruine des finances publiques, la Présidente, Christina Kirchner propose, sans vergogne, que l’Etat procède à la saisie des actifs détenus par les fonds de retraite privés. Certes, le Congrès pourra tenter de s’y opposer. S’il n’y parvient pas, il en résultera que les Etats ruinés peuvent à tout instant confisquer les biens privés pour payer les impayés de la puissance publique.
Certes la France n’est pas l’Argentine. Mais ce beau pays a été, il y a quelques dizaines d’années, la 6ème puissance mondiale. Cela donne à réfléchir, non ? N’attendons pas la catastrophe pour la combattre.

Voici l’article :

Le Monde Economie, samedi, 25 octobre 2008

Economie & Finances

La kleptocratie ruine l’Argentine

Mark Hutchinson

LA PRÉSIDENTE argentine, Cristina Kirchner, propose que l’Etat procède à la saisie des actifs détenus par les fonds de retraite privés : elle n’y parviendra pas si le Congrès désapprouve la motion. Néanmoins, son projet entretient la conviction que les biens privés peuvent à tout instant se trouver confisqués par la puissance publique. Toute réforme économique est alors impossible.

Le système de retraite privée a été mis en place en 1994, à une époque où l’Argentine était un modèle de la politique de réforme du « Consensus de Washington », qui prônait privatisation de l’économie et mode de financement des retraites adapté. Ce système a survécu à la crise de 2001-2002. Son portefeuille d’actifs avait fini par atteindre 40 milliards de dollars (31 milliards d’euros), et ses gérants avaient veillé à se ménager les bonnes grâces du gouvernement en plaçant plus de la moitié des capitaux en obligations d’Etat. Aujourd’hui, les 30 milliards de dollars qu’il lui reste, ainsi que les 5 milliards de dollars d’excédent annuel qu’il dégage, éveillent la convoitise d’un gouvernement de gauche à court d’argent. Le prix des matières premières chute brutalement, il y a une crise de liquidités sur le marché financier international, et l’Argentine dispose toujours d’une capacité d’emprunt très limitée depuis sa cessation de paiement en 2003. Résultat : il manque 10 milliards de dollars pour faire face aux échéances de la dette d’ici à décembre 2009. L’Etat argentin a ponctionné l’épargne de ses classes moyennes à plusieurs reprises. La dernière fois que c’est arrivé, en 2002, le gouvernement avait décrété la conversion générale en pesos des dépôts bancaires libellés en dollars, selon un taux de change arbitrairement fixé. Il n’est donc pas surprenant que ces classes moyennes aient depuis placé une grande partie de leur épargne à l’étranger. Par définition, ces fonds ne peuvent pas contribuer au développement de l’économie domestique : le potentiel de croissance à long terme du pays s’en trouve diminué. A l’opposé, le système de retraite collecte une épargne obligatoire, destinée à rester dans le pays. C’était une bonne source de financement pour l’économie, mais maintenant il est question de la réquisitionner. La propriété privée n’est pas garantie en Argentine. Il est absurde de vouloir influer sur le comportement des acteurs du marché quand ils savent que les règles peuvent changer à tout moment.