La panique qui saisit la planète financière ce week-end place nos dirigeants politiques en position schizophréne : d’une part ils ne doivent surtout pas, à la panique des marchés, ajouter celle des épargnants ! D’autre part ils doivent sauver les apparences en laissant croire qu’ils peuvent résoudre la crise !
Le principal défi que nos dirigeants ont à relever consiste à prendre des décisions appropriées et raisonnables. Efficaces avant d’être spectaculaires. Dépourvues d’émotionnel. Que l’obsession de la communication ne vienne pas en rajouter. Que les gouvernements européens évitent surtout, malgré les difficultés pour trouver un accord entr’eux, toute action solitaire. Aucune solution nationale n’est à la hauteur d’une crise d’une telle ampleur. La reconstruction d’un système international de régulation est certes à inscrire d’urgence à l’agenda, mais la priorité est de faire barrage au risque systémique.
Je reste perplexe devant la facilité avec laquelle les gouvernements s’engagent dans la voie d’une garantie de l’Etat pour fluidifier le marché interbancaire. Le choix d’un véhicule législatif (comme un collectif budgétaire) pour l’autoriser ouvre la boite de pandore à des dépenses nouvelles dont la pertinence économique restera à démontrer.
Pour tout dire, je crains que ni le calme, ni l’écoute, ni le dialogue, ni l’expérience ne président à l’élaboration de la décision de l’Exécutif. Dieu merci, le Parlement, aux pouvoirs renforcés récemment à Versailles, aura tout le loisir de veiller à ce que le gouvernement n’oublie jamais qu’il ne paie, prête, garantit qu’avec l’argent des contribuables et qu’il serait bien inspiré de ne pas faire avec l’argent des autres, ce que ceux-ci se garderaient bien de faire avec leur propre argent !
LE MONDE.FR : Dernière minute
dimanche 12 octobre 2008
Accord entre les pays de la zone euro sur un plan pour faire face à la crise
A l’issue d’un sommet extraordinaire de l’Eurogroupe, dimanche 12 octobre, Nicolas Sarkozy a annoncé que les quinze pays de la zone euro se sont mis d’accord sur un plan. Ils s’engagent notamment à empêcher la faillite de leurs banques, notamment en procédant à des opérations de recapitalisation, et à garantir les crédits interbancaires pour une période temporaire.
Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays de la zone euro ont commencé dimanche à 17 heures à Paris un sommet extraordinaire, destiné à prendre des mesures décisives face à la crise financière. Selon un projet de déclaration, les gouvernements devraient notamment se déclarer déterminés à éviter les faillites bancaires, y compris par des recapitalisations, et prêts à garantir les opérations de refinancement des banques, de manière provisoire jusqu’au 31 décembre 2009. Ces mesures s’inspirent du plan de sauvetage annoncé en début de semaine par le gouvernement britannique. C’est donc paradoxalement en Grande-Bretagne, le pays le plus réfractaire à leur monnaie unique, que les dirigeants des pays de la zone euro devaient trouver l’inspiration. Le plan britannique, qui allie nationalisations partielles et garantie des prêts entre banques, paraît à tous le plus abouti. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a été reçu par Nicolas Sarkozy, pendant environ une heure, avant le début du sommet de l’Eurogroupe. Il devait ensuite présenter pendant une demi-heure son plan à ses 15 homologues.
Le plan de Londres prévoit 50 milliards de livres (62,5 milliards d’euros) d’argent public pour entrer dans le capital des banques les plus faibles et 250 milliards de livres (315 milliards d’euros) pour garantir les échanges entre banques. Le blocage de ce marché interbancaire est au coeur du problème. Par peur des faillites, les banques ne se prêtent plus entre elles. Celles qui ne trouvent pas les fonds nécessaires pour équilibrer leurs comptes peuvent très rapidement se retrouver en difficultés comme cela s’est produit pour plusieurs établissements européens. Le Premier ministre britannique Gordon Brown fait confie dimanche soir à Paris qu’il croit en un retour de la confiance dans le système financier "dans les prochains jours", à l’issue de sa rencontre avec ses partenaires de l’Eurogroupe.
"Je peux vous assurer que vous ne serez pas déçus"
Les banques rechignent aussi à faire crédit aux entreprises et aux ménages, menaçant l’ensemble du système économique et financier. Après l’échec la semaine dernière de l’idée d’un fonds européen de sauvetage, les Européens semblaient donc se diriger vers des mesures fortes mais mises en place au niveau national. "J’attends un plan ambitieux, coordonné qui apporte des solutions", a assuré le chef de l’Etat français et président en exercice de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy, peu avant le début de la réunion.
En France, un conseil des ministres extraordinaire est également prévu lundi pour adopter un projet de loi visant à garantir par l’Etat le refinancement des banques françaises, a indiqué le député Gilles Carrez, membre influent de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Par ailleurs, la Norvège, non membre de la zone euro, a de son côté présenté dimanche un ensemble de mesures, dont l’émission d’obligations d’Etat pour jusqu’à 350 milliards de couronnes (41 milliards d’euros).
Cette réunion apparaît cruciale avant la réouverture lundi matin des marchés qui ont vécu la pire chute de leur histoire au cours de la semaine écoulée. Les dirigeants de la zone euro tentent en effet d’apporter des mesures concrètes pour calmer les marchés et enrayer une crise financière historique, après des engagements du G7, du G20 et du FMI. Il y a urgence à calmer les marchés. Vendredi, le CAC 40 a terminé sur une semaine noire, au cours de laquelle il a perdu plus de 20 % de sa valeur. Rien qu’au cours de la dernière séance de la semaine, la chute a dépassé les 7 %. Et si rien de solide n’est annoncé, la chute pourrait se poursuivre.
"Je peux vous assurer que vous ne serez pas déçus", avait promis samedi la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, devant un parterre de banquiers à Washington. Selon la ministre, la réunion de l’Eurogroupe cherchera à "mettre du muscle sur le squelette" que constitue la déclaration de principes adoptée vendredi par les sept grands pays industrialisés (G7), a-t-elle expliqué, justifiant au passage le peu d’annonces concrètes formulées jusqu’à présent.
Pour l’heure, "il n’y a rien pour calmer les marchés"
Le gouvernement allemand prépare un plan d’urgence pour aider le secteur financier qui prévoirait, selon des informations de presse, l’apport aux banques de garanties et la possibilité d’un apport de capital public. Il pourrait être dévoilé dimanche à l’issue d’une réunion de l’Eurogroupe à Paris.
L’ouverture des marchés boursiers lundi matin sera un premier test de l’impact des déclarations du week-end, qui n’avaient pas rassuré les experts avant la réunion de l’Eurogroupe. "Il n’y a rien là pour calmer les marchés, pas de substance pour y parvenir", avait regretté Peter Morici, professeur à l’université du Maryland, parmi d’autres observateurs, après le communiqué final du G7. Il faudra des mesures supplémentaires pour rétablir la situation alors que le système financier international se trouve "au bord de l’implosion", avait d’ailleurs reconnu Dominique Strauss-Kahn. "Il y a une grande part d’irrationnel dans cette crise. Mais il y a aussi le sentiment que l’on ne voit que la partie émergée de l’iceberg, que les acteurs de la finance ne savent pas exactement à quoi s’en tenir, les politiques non plus", avait averti Robert Zarader, économiste et fondateur de la société de conseil Equancy
Ici encore, l’état met à contribution le travailleur pour sauver le capital.
Qu’y peuvent tous les simples travailleurs spoliés ? Rien.
"Les gouvernements de la zone euro octroieront des garanties publiques à des opérations de refinancement bancaires", et ce "jusqu’au 31 décembre 2009", pour faire face à la crise financière, a annoncé dimanche Nicolas Sarkozy au terme d’un sommet des dirigeants de l’Eurogroupe à Paris.
Ce dispositif "sera naturellement payant (…) Il ne s’agit pas de faire un cadeau aux banques mais de leur permettre de fonctionner", a expliqué le président français lors d’une conférence de presse avec les dirigeants des pays de la zone euro. Il s’agit de "redonner aux banques les moyens de prêter".
Les pays qui le souhaitent "pourront renforcer le capital des banques en souscrivant à des actions de préférence", a-t-il ajouté, détaillant le plan décidé par les pays de la zone euro. L’Eurogroupe a également fait part de son "absolue détermination à soutenir les banques dont la faillite mettrait en danger la sécurité du système financier".
Face à la crise, "il faut des mesures concrètes, il faut de l’unité", a souligné le président en exercice de l’UE. Ces mesures auront "vocation à s’appliquer dans chacun de nos Etats-membres", mais "c’est bien une action commune".
L’Eurogroupe au chevet des marchés financiers
Les chefs d’Etat et de gouvernement des 15 pays de l’Eurogroupe tentaient dimanche de tomber d’accord sur un plan destiné à calmer les marchés financiers, en autorisant les recapitalisations de banques en cas de faillite et la garantie par les gouvernements des prêts interbancaires.
Le gouverneur de la Banque centrale européenne Jean Claude Trichet, le président de la commission européenne José Manuel Barroso étaient également présents. Le sommet a commencé en milieu d’après-midi avant 17h30 et une suspension de séance a eu lieu vers 19h40.
Paradoxalement, c’est vers Gordon Brown et la Grande-Bretagne, pays qui a toujours refusé de rentrer dans la zone euro, que se tournaient dimanche les Européens, en pleine tempête financière.
Reçu auparavant par Nicolas Sarkozy, le Premier ministre britannique s’est adressé aux pays de l’Eurogroupe au début de leur réunion avant de quitter l’Elysée.
Londres a rendu public mercredi un plan gouvernemental de 50 milliards de livres (64 milliards d’euros) visant à procéder à la nationalisation partielle de grandes banques, avec également la promesse des autorités de garantir les prêts entre banques à hauteur de 250 milliards de livres (320 milliards d’euros) pour soutenir le secteur.
Car les banques, par manque de confiance, sont actuellement réticentes à se prêter de l’argent entre elles, ce qui bloque le système financier. Une garantie gouvernementale aurait donc l’avantage de le relancer.
Selon un projet de déclaration que s’est procuré l’Associated Press, les 15 pourraient s’inspirer de ce modèle en s’engageant à garantir, "pour une période provisoire", les dettes futures des banques, afin de les encourager à faire à nouveau des prêts. Selon le projet de déclaration, les mécanismes seraient toutefois temporaires, jusqu’au 31 décembre 2009.
"Aujourd’hui nous avons discuté d’un plan, un plan global, qui prévoirait non seulement plus de liquidités pour le marché financier, mais aussi une recapitalisation des banques", a expliqué M. Brown lors d’une conférence de presse. Par ailleurs, "ce qui est crucial selon moi", il s’agit de "reprendre le financement des entreprises et des emprunts immobiliers avec une garantie donnée par les gouvernements", a-t-il ajouté.
"Les yeux du monde sont tournés vers nos gouvernements pour qu’ils rétablissent la confiance sur les marchés financiers. Les décisions que nous prendrons dans les prochains jours nous affecteront pendant plusieurs années", a averti le Premier ministre britannique.
"La crise ne nous laisse pas d’autre alternative que de prendre des mesures fortes", a souligné de son côté le chancelier autrichien Alfred Gusenbauer. "Je trouve que ce que fait la Grande-Bretagne est utile. Nous devons tenir compte de cette expérience", a-t-il ajouté.
A ses yeux, "le plus important, c’est que nous ayons des liquidités plus importantes dans le marché interbancaire, qui est entièrement asséché. Il s’agit aussi que les banques centrales mettent à disposition des liquidités" pour les banques, a-t-il ajouté.
"J’attends un plan ambitieux, coordonné, qui apporte des solutions" et lors du Conseil européen "mercredi nous essaierons d’entraîner toute l’Europe" dans ce plan, a expliqué Nicolas Sarkozy, le président en exercice de l’UE, à l’ouverture du sommet. Il a souhaité que "l’Europe parle d’une seule voix pour le monde parce que la crise est mondiale".
Entre-temps, "lundi, j’aurai l’occasion, pour la France, d’annoncer un certain nombre de mesures", a-t-il ajouté. Le "Parisien Dimanche" avait annoncé dimanche qu’un conseil des ministres extraordinaire consacré à la financière aurait lieu lundi dans la foulée de cette réunion de l’Eurogroupe.
"Les ministres des Finances au niveau du G7 (réunis vendredi à Washington) ont pris des bonnes décisions. Mais je crois que nous devons aller au-delà en nous appuyant sur ces principes, mais en ayant un plan plus détaillé pour la zone euro et pour l’Europe", a déclaré pour sa part José Manuel Barroso. Il a espéré que les décisions prises à Paris "seront une base pour notre décision commune mercredi prochain à 27".
Ce que les Européens vont tenter de définir dimanche, c’est "une démarche concertée des Etats-membres", avait expliqué samedi Angela Merkel. "Nous aurons une boîte à outils commune", mais "chaque pays pourra utiliser ces outils pour répondre aux situations particulières de chaque pays", a-t-elle ajouté. AP
Riposte de l’Eurogroupe à la crise financière: le discours de Nicolas Sarkozy
Voici le texte de l’allocution prononcée dimanche soir par le président français Nicolas Sarkozy au terme du sommet des dirigeants de l’Eurogroupe à Paris:
"Nous avons voulu ainsi affirmer la solidarité qui nous unit dans cette crise et qui résulte d’une monnaie partagée, l’euro. Cette réunion est justifiée par la crise que nous affrontons, entrée ces derniers jours dans une phase qui rend intolérables atermoiements et cavalier seul.
"Il faut des mesures concrètes, il faut de l’unité. C’est ce que nous avons réalisé aujourd’hui.
"Le plan que nous présentons aura vocation à s’appliquer dans chacun de nos Etats membres avec la flexibilité que rend nécessaire la diversité de nos systèmes financiers et de nos règles nationales. Mais c’est bien une action commune que nous entreprenons. Nous préservons ainsi l’unité du marché unique et de la zone euro.
"Ce plan traite toutes les dimensions de la crise financière.
"Que voulons-nous?
"Redonner aux banques les moyens de prêter, pour soutenir l’économie, pour permettre aux ménages d’emprunter pour leur logement ou leur consommation, pour donner aux entreprises les moyens des investissements nécessaires à la croissance.
"Il ne peut y avoir d’économie saine et de croissance durable sans un secteur financier solide. Il faut pour cela redonner aux banques la liquidité dont elles ont besoin, leur permettre de trouver des financements à moyen terme et renforcer leurs fonds propres. C’est l’objet des mesures que nous adoptons aujourd’hui.
"S’agissant de la liquidité, la Banque centrale européenne a pris des mesures vigoureuses. La semaine dernière, la baisse des taux concertée avec les autres banques centrales des pays développés et les modifications des règles d’appel d’offres ont créé un cadre plus favorable. Jean-Claude Trichet nous a redit sa détermination absolue à tout mettre en oeuvre pour permettre le retour à la normale. Nous soutenons unanimement ses efforts.
"Au-delà, il convient d’assurer que les banques saines puissent trouver des conditions de financement qui permettent de soutenir leurs efforts pour prêter aux entreprises et aux ménages. A cette fin, les gouvernements de la zone euro octroieront des garanties publiques à des opérations de refinancement bancaires. Ce dispositif temporaire, jusqu’au 31 décembre 2009, sera naturellement payant, aux conditions de marché. Il ne s’agit pas de faire un cadeau aux banques mais de leur permettre de fonctionner car notre économie en dépend.
"Dans le même esprit, nous leur demanderons dans chacun de nos pays des engagements clairs et concrets pour maintenir ou accroître le volume de crédits, en particulier au profit des ménages et des petites et moyennes entreprises.
"Par ailleurs, les Etats membres qui le souhaiteront pourront renforcer le capital des banques en souscrivant à des actions de préférence ou à des titres similaires. Avec une structure financière des banques plus forte, nous desserrerons les contraintes qui pèsent sur le crédit. Là encore, les Etats feront payer leur intervention à son juste prix.
"Enfin, nous réaffirmons notre absolue détermination à soutenir les banques dont la faillite mettrait en danger la stabilité du système financier. Au cours des semaines passées, dans nombre de nos pays, nous avons ainsi sauvé plusieurs institutions.
"Naturellement, les managements défaillants seront écartés. Quant aux actionnaires imprévoyants, ils ne devront pas tirer profit de cette intervention publique.
"L’ensemble de ces mesures trouvera son plein effet dans un cadre réglementaire assoupli. Les normes comptables européennes créent un handicap pour nos banques, comparées à leurs homologues américaines. Le président de la Commission nous a indiqué que le prochain conseil européen, le 15 et le 16 octobre, pourra constater que les mesures nécessaires seront prises. Je voudrais remercier le président (José Manuel) Barroso qui a joué un rôle essentiel pour l’adoption de ces nouvelles règles comptables, combien importantes pour notre système financier.
"Et nous étudierons à ce même conseil européen une proposition, c’est-à-dire mercredi prochain, pour créer un dispositif de crise articulé autour du président de l’Union européenne, du président de l’Eurogroupe, du président de la Commission et du président de la Banque centrale européenne, de manière à ce qu’il y ait une cellule opérationnelle pour faire face à la crise.
"Aucune de ces mesures, prises isolément, ne serait à la hauteur de l’enjeu. Aucun de nos pays, agissant seul, ne pourrait peser sur le cours des événements. Mais toutes ces mesures, adoptées de manière cohérente par les Etats de la zone euro, pourront nous donner l’avantage face à des marchés totalement déréglés.
"Ces mesures seront mises en oeuvre sans délai.
"En France, dès demain, avec le Premier ministre François Fillon, nous réunirons un conseil des ministres exceptionnel en début d’après-midi. Ce conseil des ministres adoptera les textes nécessaires à leur transposition.
"Et je voudrais vous annoncer qu’à la même heure, l’Allemagne et l’Italie et d’autres présenteront également leur dispositif national.
"Ce soir, c’est le temps de l’Europe et de l’unité. Dès demain, nous déclinerons dans chacun de nos pays les mesures nationales.
"Les opérateurs de marchés doivent mesurer l’importance de l’enjeu. Nous attendons d’eux un sens des responsabilités au moins égal à celui manifesté par les autorités de la zone euro, qui font un effort absolument sans précédent pour juguler la crise.
"Notre unité, notre détermination est totale. Je veux dire à nos concitoyens de tous les pays d’Europe qu’ils peuvent avoir et qu’ils doivent avoir confiance". AP
Après le G4, le G7 Finances, le G20, l’Eugroupe parviendra-t-il à une solution ? A la veille d’un Conseil des ministres extraordinaire sur la crise financière, les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro se sont réunis en urgence ce dimanche, durant près de 3 heures, à l’Elysée, avec Jean-Claude Trichet, Jean-Claude Juncker et Jose Manuel Barroso. Objectif : annoncer un contenu concret et fort à une réponse "coordonnée" face à la crise financière… quelques heures avant la réouverture des marchés, après une semaine noire sur les places boursières. Les Bourses américaine et canadienne seront toutefois fermées lundi, pour cause de jour ferié.
Voici le projet en discussion
Selon un projet de déclaration commune, les dirigeants seraient prêts à apporter leur garantie aux opérations de refinancement des banques, de manière provisoire, à moyen terme. Le plan envisagé sera limité au 31 décembre 2009. Il serait demandé à la Banque centrale européenne (BCE) de fournir des liquidités aux entreprises financière et non financières tant que la crise se poursuit. Et les pays de l’Eurogroupe pourraient mettre des capitaux à disposition de leurs banques.
"Vous ne serez pas déçus", a en tous cas promis la ministre des Finances Christine Lagarde à Washington, en marge des réunions du G7 et du Fonds monétaire international. Le président français souhaite en tous cas "un plan ambitieux, coordonné, qui apporte des solutions". "Ce que j’attends c’est que l’Europe parle d’une seule voix", a-t-il déclaré sur le perron de l’Elysée dimanche après-midi (voir la vidéo). "Mercredi (lors du conseil européen à Bruxelles) nous essaierons d’entraîner toute l’Europe dans la même direction coordonnée et ambitieuse", a-t-il ajouté. A son arrivée à l’Elysée, Angela Merkel a estimé que le sommet enverrait un "signal important" aux marchés.
Brown consulté, pour un solution à l’anglaise ?
Ce devrait être vers la Grande-Bretagne -le pays le plus réfractaire à la monnaie unique-, que les dirigeants des pays de la zone euro vont puiser l’inspiration. Jose Manuel Barroso a affirmé que l’UE "devait aller au-delà des décisions du G7" vendredi à Washington (lire notre article). Le plan britannique, qui allie nationalisations partielles et garantie des prêts entre banques, paraît à tous le plus abouti. Gordon Brown, le chef du gouvernement britannique, a d’ailleurs été reçu juste avant le sommet de l’Eurogroupe par Nicolas Sarkozy. "Je vais à Paris pour persuader les autres pays européens d’adopter l’approche globale que nous avons prise en Grande-Bretagne", avait-il expliqué.
Le plan mis en place par Londres, et qui doit être dévoilé lundi matin, pourrait conduire à une prise de contrôle majoritaire de deux des plus grandes banques du pays, RBS et HBOS. Il prévoit 50 milliards de livres (62,5 milliards d’euros) d’argent public pour entrer dans le capital des banques les plus faibles et 250 milliards de livres (315 milliards d’euros) pour garantir les échanges entre banques. Car le blocage de ce marché interbancaire est au coeur du problème. Par peur des faillites, les banques ne se prêtent plus entre elles. Celles qui ne trouvent pas les fonds nécessaires pour équilibrer leurs comptes peuvent très rapidement se retrouver en difficultés comme cela s’est produit pour plusieurs établissements européens. Les banques rechignent aussi à faire crédit aux entreprises et aux ménages, menaçant l’ensemble du système économique et financier.
Tandis que le gouvernement allemand travaillait dimanche à un plan qui serait adopté dès lundi en Conseil des ministres extraordinaire (300 et 400 milliards d’euros avec des garanties et l’entrée de l’Etat au capital de banques), la France envisage aussi un projet de loi visant à garantir le refinancement des banques françaises par l’Etat. Le texte sera proposé lundi en Conseil des ministres extraordinaire (lire notre article) et Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il annoncerait lundi "un certain nombre de mesures pour la France", lors d’une allocution solennelle.
le principal est sauf, c’est que les Européen arrêtent d’agir chacun pour soi dans un marché financier et bancaire unique, et avec une monnaie commune référence de la zone
c’est l’aspect le plus positif
relancer la machine interbancaire n’était pas dans la compétence de la BCE, ça ne pouvait être que les Etats, ils vont garantir quelques mois, ça va donner du temps aux banques de respirer
étaler les pertes c’est bien aussi, faut freiner c’est très bien, c’est le seul moyen d’éviter les dominos
Quand à ce que les crédit reprenne, c’est étonnant mais Sarkosy fait comme s’il ne savait pas que la cause de la crise bancaire est l’explosion de la bulle immobilière. Il n’y a pas de cause à proprement parler bancaire, ou financière. Je ne vois pas comment on peut prêter à qui que ce soit pour acheter des maisons dont on sait qu’elle vaudront 20% de moins dans un an.
Dans ces conditions, il est en effet impératif que les Etats ne fassent pas comme on fait les banques c’est à dire fermer les yeux sur les risques qu’ils prennent, car ils vont manger du risque mondial. Avec les Etats on est tranquilles, ils n’ont pas de bilans ni sincères, ni véritables, ils ne risquent pas de valoriser au prix de marché.
C’est bien pourquoi vous avez complètement raison Alain Lambert, si les Etats ne veulent pas que le doute s’installe sur tous les risques toxiques qu’ils mettent dans leurs poches, il est impératifs qu’ils accompagnent leur action d’une totale transparence dans les engagements et d’un calendrier précis sur leur sortie de ce piège. C’est un minimum.
Il faudrait pour être crédible que l’Etat mandate la Cour des Comptes pour un audit des garanties qu’il donne afin de tenir un tableau de bord de ses engagements dans lequel le marché et le parlement pourrait avoir confiance.