Mais que se passe-t-il chez les banquiers américains ? Dans un précédent billet, je mettais en place les mécanismes du jeu de domino. Crise de confiance et méfiance généralisée… Poursuivons cette analyse, en analysant quelques unes des victimes notables.
La britannique Northern Rocks a été victime d’une panique bancaire. Bien que pas engagée sur le marché « subprime », ses déposants ont pris peur et ont retiré leurs avoirs. La banque a alors manqué de liquidité, qu’elle n’a pu retrouver ailleurs !
Fannie Mae et Freddie Mac sont des organismes de refinancement interbancaire. Créés à l’initiative de l’Etat US (respectivement en 1938 et en 1970), ils ont (avaient ?) une quasi-mission de service public. En achetant les crédits immobiliers des banques, ils leur permettent d’accorder de nouveaux crédits. Au total, leurs encours ont dépassé les 5000 milliards d’euros. Eux-mêmes se refinancent par une « ligne » de trésorerie à taux réduit garantie par l’Etat, et aussi par titrisation … dont l’absence de liquidité, jointe aux pertes, les a conduits à l’asphyxie.
Même topo pour la Lehman Brothers … Le refinancement de cette banque d’investissement passait par la titrisation et par emprunts interbancaires, qui se sont asséchés … Même topo encore pour l’assureur AIG. Disposant d’importantes masses de liquidité générées par son activité, il les a replacées en titres adossés sur des financements immobiliers, ce qui lui a coûté 13 milliards de pertes … Et la liste n’est pas finie. Aussi, pour enrayer la casse, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn a proposé une solution qui, si elle était appliquée, redonnerait des liquidités aux banques tout en leur laissant à terme prendre en charge le coût du risque.
Restent 3 questions
1) A qui la faute ? A l’unanimité, les banques ont été désignées, bien sûr. C’est vrai … La mythologie populaire veut que le banquier soit celui qui à la fois surendette les pauvres gens tout en ne prêtant qu’aux riches … Il est vrai que, distribuant du crédit sans se soucier de leur niveau de fonds propres – c’est-à-dire de leur capacité à assumer les pertes -, les banques d’investissement US se sont montrées particulièrement irresponsables. Mais cette irresponsabilité incombe tout autant à l’Etat. D’une part, la réglementation bancaire ne concerne qu’une partie des banques américaines, faute d’avoir tiré (suffisamment en tout cas) les conclusions des accidents rencontrés dans un passé récent. D’autre part, l’Etat a poussé à l’endettement immobilier : Fannie Mae et Freddie Mac bénéficiaient de crédits bonifiées pour permettre aux banques de prêter toujours plus. Le montant d’encours de ces organismes représente le tiers du PIB américain, 3 fois celui de la France ! Enfin, il ne faut pas non plus absoudre trop vite les emprunteurs qui n’ignoraient pas qu’ils jouaient … Au final, nous touchons du doigt les limites du soutien à l’économie avec de bas taux d’intérêt.
2) Le système bancaire européen – et français – est il à l’abri ? La réglementation bancaire en Europe est dense. Le niveau des fonds propres est très surveillé par les autorités de tutelle. Il existe une obligation de mesurer, voire de diviser, les risques « par activité économique, par zone géographique … ». Cependant, les cas des britanniques Northern Rocks, déjà évoqué, et de Bradford & Bingley, de Fortis ou de Hypo Real States démontrent que l’Europe n’est pas à l’abri. Ces banques connaissent des pertes qui conduisent à la méfiance des préteurs et parfois a des « paniques bancaires », les déposants retirant leurs fonds (4 milliards d’euros de dépôt en moins en quelques mois pour Fortis). Les banques françaises enregistrent des pertes importantes sur leurs engagements US, directs ou dans des titres détenus. Cependant, les banques qui souffrent le plus (en tout cas aujourd’hui) sont celles qui sont spécialisées et qui se prennent la défaillance sectorielle de plein fouet. Ou simplement la méfiance : Dexia, banque franco-belge spécialisé dans le crédit aux collectivités locales, a longtemps bénéficié d’un avantage concurrentiel constitué par l’absence de réseau commercial (qui coûte cher). Cet avantage s’est retourné et l’handicape gravement aujourd’hui, car elle dépend des ressources empruntées sur le marché financier, qui se montre très circonspect
Il se trouve que les banques françaises sont plutôt des banques universelles, c’est à dire présentes sur de nombreux créneaux. Et la casse qu’elles ont enregistrée a été épongée par les résultats des autres activités. Elles reposent en outre sur des activités de dépôt, dans un pays qui n’a pas de véritable tradition de « panique bancaire » (I). Les banques d’investissement ou les banques spécialisées sont adossées à ces banques de détail. On se souvient du Crédit Foncier (à l’époque banque publique) qui avait mal vécu la crise immobilière des années 90, ce qui l’a conduit à entrer dans le giron de l’Ecureuil. Certes, les pertes viennent affecter leurs fonds propres. Et qui dit « moins de fonds propres » dit « moins de crédits ».
Ce peut même être la réglementation qui encourage à exclure certains agents de l’accès au crédit. Ainsi, les règles appelées « Bâle II », du nom du groupe de réflexion se réunissant dans cette ville, exigent d’affecter un montant de fonds propres, fonction de la probabilité de défaillance de chaque client. Plus la probabilité de défaillance d’un client est grande, plus la banque doit aligner de fonds propres en face. Aussi, quand ces derniers se font plus rares, on devine comment les économiser. Certains analystes avancent même que la réglementation est devenue pro-cyclique, c’est à dire qu’elle facilite le crédit quand l’économie chauffe et qu’elle le restreint quand l’économie ralentit. Par ailleurs, les excès du consumérisme se retournent aussi contre les clients. Et les banques vont rechigner à prendre des risques puisque toujours considérées comme responsables.
3) Est-ce que la vision comptable des pertes est fiable ? Les règles comptables « IFRS » veulent que les actifs destinés à être vendus soient comptabilisés à leur valeur de marché. C’est un principe de transparence, qui admet cependant une limite. La valeur intrinsèque d’un actif peut se déconnecter de son prix de marché durant des phases de pessimisme marqué, notamment lorsqu’il est illiquide. Dès lors, il est comptabilisé pour une valeur très faible, générant des pertes, valeur qui n’est pas représentative de ce qu’il vaut vraiment. C’est à dire qu’un actif jugé « pourri » n’est peut être pas aussi « pourri » que cela. Cette méthode aggrave la vision de la crise …
Il reste enfin que les taux du marché monétaire, là où les banques vont chercher chaque jour de quoi équilibrer leur trésorerie, sont élevés, insuffisance de liquidité oblige : plus de 5 % pour le taux à 3 mois. Et quand la matière première est chère, les résultats souffrent.
Faut il réglementer encore ? Le cas américain n’est cependant pas le cas européen, d’autant que la règlementation ne peut tout prévoir. Alors, que faire de plus ? On peut certes accroître les exigences de fonds propres et de division du risque. Mais plus de fonds propres signifie aussi une exigence accrue de profit qui est la première source de fonds propres ! On ne peut rejeter en bloc la titrisation. En revanche, il est nécessaire que celui qui a engagé un crédit en conserve une responsabilité financière. Et il reste enfin que les Etats qui encouragent à l’endettement mesurent également les limites d’une telle politique.
Egalement, méfions nous de la dérive traditionnelle française. Nous sommes dans la situation que rencontrerait un automobiliste. Les USA correspondrait à une absence de code de la route. La France, elle, définirait non seulement le code de la route, mais son habitude interventionniste vous imposerait en même temps le véhicule et 2 chauffeurs, à vos frais jusqu’à la fin de leur vie, qui décideraient du chemin à prendre pour vos déplacements sur des critè
res leur convenant, et sans que, par ailleurs ils soient meilleurs conducteurs que vous-même. N’oublions pas que les dernières grandes faillites bancaires en France ont été celles d’établissements publics. Quand l’Etat est juge et partie, il sert aussi d’autres intérêts que l’intérêt général.
(I) A cet égard, on peut s’interroger sur l’intention de certains d’organiser une panique bancaire. Ainsi, un journal à sensation affirmait il y a quelques jours de façon très orientée et contestable – sinon franchement inexacte – que l’Ecureuil manquait de fonds propres à cause de la perte de valeur de sa filiale Natixis, filiale à 34 %, oubliant d’ailleurs de citer l’autre principal actionnaire, les Banques Populaires. Dans le même temps, l’Autorité des Marchés Financiers révèle une suspicion de manoeuvres illicites de concurrents pour faire chuter le prix de cette même filiale. Le tout à quelques semaines de la banalisation du Livret A … Cherchez le « truc » !
Votre point 3 soulève une question de fond :
Affirmer que le cours de bourse issu du croisement entre l’offre et la demande ne reflète pas la valeur réelle d’une action c’est :
– Soit remettre en cause un des fondements du libéralisme
– Soit signifier que des mécanismes spéculatifs ou parasites distordent les prix de marché.
Dans cette deuxième hypothèse, ce sont ces mécanismes pervers qu’il faudrait analyser et combattre.
Cher A.B. Galiani,
L’affaire Kerviel en était les prémices.
Les banquiers du monde, se sont fait prendre avec les doigts dans le pot de confiture.
Par la titrisation, ils se sont fait piéger comme des gogos, à acheter des produits vérolés, pour les refourguer avec commission au passage.
Chez un boucher véreux, on appelle ça de la « ré-embal ». Vous prenez une viande avariée. Vous pelez la surface. Vous la replacez dans un emballage neuf et vous refourguez ça aux clients pas très regardants, en espérant qu’ils n’y voient que du feu..
Il en est de même avec la titrisation.
Par ce subterfuge, les banquiers savaient parfaitement ce qu’ils faisaient en inondant le marché de produits vérolés, re-emballés pour leur donner une apparence acceptable.
Ensuite, le jeu consiste à se refiler la patate chaude, jusqu’à ce que le dernier s’assoie dessus.
A ce titre, les banquiers sont responsables d’avoir fourgué à leurs clients des produits avaries en pleine connaissance de cause. Et ce serait encore plus grave pour eux de prétendre qu’ils n’en avaient pas connaissance.
Je disais, il n’y pas si longtemps que les banquiers, comme les assureurs, en tant que spéculateurs institutionnels sont des fléaux de l’économie, avec les administrations.
Et que de plus, quand la création de valeur, l’emporte sur la création de richesse, le système s’effondre : Nous y sommes.
On lit que JP Morgan aurait volontairement planté Lehman qui a initié l’effet domino que l’on sait … Vous connaissez l’adage en cours à Wall Street: "Ce sont les fous qui gèrent l’asile"
Cher Hervé, pas forcément … Pour qu’à tout instant, un prix de marché reflète la valeur intrinsèque ( = la somme des revenus actualisés espérés), il faudrait qu’à tout instant l’ensemble des acteurs ait une connaissance parfaite des élèments, dont le risque et qu’ils aient tous les mêmes anticipations, voire les mêmes attentes. Ce n’est jamais le cas, c’est ce qui explique qu’un prix oscille et qu’il existe des contrepartistes qui unifient les cours en jouant sur des écarts. C’est d’ailleurs cette absence de connaissance parfaite du risque qui explique la situation aujourd’hui. Chacun se méfie de tout et on refuse d’acheter des titres car ils pourraient dissimuler des pertes. Les échanges sont faibles, avec des primes de risque colossales. Bref : imaginons que dans un titre, j’ai 100 de crédit, dont 10 de défectueux ; dois le compter pour 0 parce que personne ne veut l’acheter, alors qu’il vaut 90 ? Oui si je dois le vendre demain, non si je dois le vendre plus tard, car le prix est une fonction de l’offre, de la demande et du temps.
Mon cher Gerfo … La dentelle … Mais oubliez vous le rôle de l’Etat ? Dans un billet du 2 mai 2006, j’évoquais les politiques fondés sur l’endettement et écrivais qu’elles étaient « court-termistes ». L’Etat américain a poussé à l’endettement pour soutenir l’activité économique. Et le système financier US différant du notre, de très nombreux prêts ont été consentis par des officines qui ne sont pas des banques, qui d’ailleurs en France n’auraient même pas le droit d’exister.
Non, non cher A.B., je n’ai pas oublié, puisque dans la liste des fléaux, j’ai inclus les administrations.
Il est vrai qu’il est facile de dire : " nous n’avons pas ? ils n’ont pas …." mais tout le monde s’y attendait et ce depuis déjà longtemps, cela ne pouvait pas continuer .
La seule question que l’on peut quand même se poser pourquoi les Responsables politiques , les Directions des Banques et des Aassurances du Monde n’ont pas été réactifs plus tôt et ont continué comme si tout allait bien ; il est à craindre aussi qu’à force de jouer à l’autruche et à vouloir nous faire croire que tout va bien quand cela va mal etc … on ne prenne pas les bonnes décisions aux bons moments . La vérité et la transparence restent le socle de la confiance , espérons que cette situation fera réfléchir toutes ces personnalités et que nous repartions sur des bases plus saines.
Il me semble qu’une autre raison à la crise demande réflexion. En effet plus un crédit est à risque plus le taux d’intérêt est élevé (augmentation de la prime de risque).
En période "normale" cette rémunération complémentaire doit servir à couvrir les défaillances constatées dans l’année comptable et fiscale.
Mais cette prime de risque est en général globalement fixe alors que le risque peut tout à fait varier dans le temps. Pour les crédits "subprimes" le risque augmentait très fortement la 3ème année !
En toute logique (et prudence) la rémunération complémentaire à laquelle on déduirait les risques réalisés sur l’année devrait être placée en réserve.
Mais ni les établissements financiers, ni les salariés (système de bonus) ne sont encouragés ni même autorisés à avoir cette gestion de bon père de famille qui nous manque temps aujourd’hui.
Il y aurait là un véritable intérêt de réglementation, même si les recettes fiscales en pâtissent !
A Savoie : remarque interessante. Le dispositif Bâle II en Europe veut effectivement adapter la tarification au risque de défaillance du client (c’est une des raisons de la crainte de l’effet pro-cyclique de la règlementation). On peut avancer que le risque est sous estimé lorsqu’on mise aussi sur une plus value pour s’en sortir, laquelle n’existe que tant que le marché ne se retourne pas … Autre exemple : l’Etat français est considéré aujourd’hui comme un emprunteur sans risque. Les titres qu’il émet sur 5, 10 voire 50 ans ne comprtent donc pas de prime de risque. Peut on s’imaginer que l’Etat va pourtant pouvoir continuer à s’endetter sans alterer sa solvabilité ? Pourtant chacun fait comme si …
Il y a je crois une cause profonde à la situation que nous vivons aujourd’hui qu’explique très bien par Michel Aglieta (économiste). Je l’ai entendu ce soir sur LCP.
Nous vivons une crise qui éclate violemment car elle s’est développée lentement sur un corps malade. La maladie c’est la dérégulation, la confiance aveugle dans les effets bénéfiques de la « main invisible ».
En effet, l’examen des statistiques montre que bizarrement depuis 30 ans le salaire médian n’a pas augmenté aux USA alors que la croissance était bien réelle. Autrement dit plus simplement les inégalités de salaires se sont considérablement accrues car les salaires bas étaient maintenus très bas pour permettre aux salaires hauts et aux dividendes d’être anormalement élevés.
La conséquence à ce phénomène c’est que la majorité des américains a dû s’endetter tous les ans de plus en plus pour accroitre son niveau de vie (encouragés en cela par les établissements de crédit). Jusqu’à aujourd’hui où ce système, soit disant autorégulé, s’écroule car comme chacun sait, les arbres ne montent pas jusqu’au ciel.
A ce titre, les parachutes dorés sont très symptomatiques et constituent la face cachée de cette fracture sociale autant condamnable d’un point de vue économique que d’un point de vue strictement éthique.
Si Aglieta a raison, Il faudra à l’avenir réglementer l’échelle des salaires et le niveau des dividendes versés par les entreprises.
@ AB
le niveau des fonds propres des banques européenne ne peut pas résister longtemps à la baisse des prix de l’immobilier qui commence.
Il se passera en France exactement ce qui s’est produit en Grande Bretagne ou la baisse le l’immobilier est déjà bien entamée.
Si les prix baissent de 20% en France c’est entre 40 et 50 milliards de moins dans les bilans de banques directement et indirectement, c’est la résurgence du risque de promotion (on a quand même un stock invendu au plus haut historique, plus de deux ans de commercialisations au rythme actuel)
ça veut dire un Crédit Agricole en moins (fonds propres de l’Agricole 45 milliards)
et bonjour la contagion,
déjà avec 10% de baisse il y aura au moins deux grosses qui seront hors ratio.
Le système bancaire ne peut pas davantage absorber un tel choc ici qu’ailleurs, il va nécessairement y avoir encore beaucoup de casse
les banques font leur calculs.
il faut cesser de délirer comme Largarde
pourquoi pensez vous qu’elles ne veulent plus se prêter les une les autres ?
c’est pas pour jouer.
faites le calcul, comme elles.
C’est par ce que la casse est inévitable
Personne ne parle des risques de délits d’initiés pendant ces jours fous où la bourse monte ou descend de 8 % dans une même journée. Il suffit pourtant qu’un courtisan du roi sache avant tout le monde quelle décision va être prise par l’executif pour tel ou tel sauvetage, pour orienter à temps son propre portefeuille. La tentation doit être grande pour les nombreux amis et "frères" de Nicolas. Quand de telles sommes faciles sont en jeu, comment être sûr de l’honnêteté de tous.
Certains risquent de se goinfrer encore plus… aux frais du contribuable qui va payer la facture.
A Hervé : encore une fois, celui qui a poussé à l’endettement c’est l’Etat, relayé par des officines qui n’étaient pas des banques … Chacun y va de son couplet : « je l’avais bien dit » … Quand à la « dérégulation », ce terme demeure flou. Les règles régissant le secteur bancaires, au moins en Europe, sont demeurées épaisses ce qui n’a pas empéché une régulation concurrentielle. J’observe surtout pour ma part que l’action de l’Etat n’a pas empeché les faillites bancaires d’établissement public (Crédit Lyonnais ou Crédit Foncier). Le premier risque pour une banque, c’est la panique bancaire : elle peut être parfaitement viable, et par un mouvement de panique, perdre des dépôts qui vont la faire plonger.
On assiste depuis quelques temps à un déchaînement d’analyse de type marxiste sur la crise, y voyant enfin l’effondrement du capitalisme.
Il est totalement sidérant qu’un certain nombre d’élites microcéphales en soient encore à ce stade.
Il n’y a pas de système capitalisme ou socialiste, il y a un système économique mondial naturel, basé sur l’économie de marché, fondé sur les bases mêmes de la psychologie humaine.
A ce type, comme tout système naturel, il est soumis à des crises de manière périodique.
Ainsi, par analogie, le système naturel du climat génère des ouragans dévastateurs qui libèrent brutalement une énergie trop longtemps accumulée. De même des tremblements de terre qui libèrent en un instant les contraintes accumulés sur une faille.
Cette crise économique "naturelle", libère brutalement, par décompensation, des tensions trop longtemps accumulées dont la principale origine est le formidable surrendettement du monde développé qui vit au dessus de ses moyens, qu’ils soient d’ordre financier ou de ressource naturelle, les deux étant lié finalement.
On cherche des boucs émissaires. Mais nous sommes finalement tous collectivement responsables de cette crise en refusant de voir la réalité et en continuant nos mauvaises habitudes (sur-consommation chez les américains, société des loisirs chez les européens, pour schématiser fortement).
Cette crise est une crise de civilisation, marquant le passage vers une société plus complexe qui devra intégrer les nouveaux défis de l’homme.
De formidables quantités de fonds se sont évaporés car investi sur du vent dans une course sans fin ni but, dans une logique interne du toujours plus, déconnecté des réalités.
Les excédents de richesses doivent maintenant être investis dans le développement des pays en voie de développement et émergents ainsi que dans le développement durable.
C’est la grande vertu des lois naturelles de la complexité. A un moment, quand nous faisons fausse route, le mur devient infranchissable.
Les crises ne sont pas le signe de faiblesse de nos sociétés humaines globalisées. Elle en sont la force ! Elles forcent le changement.
Par contre, il y aura des moments difficiles à passer.
Et pour que cette crise ne se termine pas comme celle de 29, il va falloir éviter de se replier sur soi et soutenir les plus faibles, personnes ou pays.
Mon cher Hervé, prenons un peu de recul si vous le voulez bien. Vous me parlez de la situation US vue par Aglietta. Je vais vous répondre par la situation française. Revenons à la fin des années 70. La réponse française à la crise de cette période a été le « davantage d’Etat », avec un point d’orgue, l’élection de François Mitterand en 81. On a poussé à la hausse des salaires. Au bout de 10 ans, de cette politique, le chômage en France s’avère l’un des plus élevés d’Europe , avec des entreprises délabrées, faute d’avoir pu investir. Le chômage a presque autant augmenté entre 81 et 84 qu’entre 74 et 81. Il existe à coté de cela un fort secteur public (les « grandes entreprises nationalisées »), qui ne vit qu’à coup de subventions. Si EDF fait figure d’exception, c’est en raison de la surfacturation qu’elle pratique, faute de concurrents. Le secteur bancaire – largement public – est au bord de l’asphyxie, incapable de maitriser ses coûts qui se traduisent par un crédit toujours renchéri et manque de fonds propres … Un retour à l’Ancien Régime semble pourtant difficilement possible aujourd’hui, simplement parce que la situation financière de l’Etat étant tellement dégradée qu’on ne le voit pas entretenir un large secteur nationalisé inefficace comme il y a 25 ans. Dites vous bien que le coût du travail continue à croître et que si le pouvoir d’achat augmente à peine, c’est qu’il y a des ponctions colossales pour les retraites, pour les régimes spéciaux, pour l’entretien de structures publiques obsolètes … Bref, les 50 % du PIB prélevés aux Français servent en trop grande partie à financer de la destruction de richesses. En clair, l’Etat efficace est celui qui n’est pas à la fois « juge et partie ». Il y a un secteur où c’est le cas : c’est le secteur bancaire. Même si les dernières grandes faillites bancaires en France ont été des banques publiques … La régulation décentralisée posée par la loi de 1984 (qui met fin à un fonctionnement bancaires reposant sur le privilège) s’est accompagnée d’un dispositif de surveillance règlementaire. Se désengeant (parfois à son corps défendant) de l’activité, l’Etat a cessé d’être juge et partie pour se replier sur une fonction d’accompagnement. J’observe qu’à ce jour, le système bancaire français résiste plutôt mieux qu’ailleurs. Cela signifie – mais c’est un message que j’ai toujours peiné à faire passer – que l’Etat peut être présent sans être producteur (ce qu’il ne sait pas faire). Soyons franc, beaucoup de ceux qui affirment aujourd’hui la nécessité d’un retour à l’Etat rêvent d’une restauration : l’Etat distributeur de rentes et de privilèges. Cet Etat là est aussi à bout de souffle, onéreux et inefficace (à qui profitent les fonds de la redistribution ?) et promet également une crise financière, s’il ne parvient pas à se réformer.
A BS : effectivement, les crises sont motrices. Une organisation sans crise (ce qui, si mes souvenirs de grec sont encore exacts, signifie « décision ») s’étiole et s’éteint … D’ailleurs, BS, je subodore une inspiration prise chez Asimov (« fondation »).
à AB Galiani
On voit bien, comme vous le soulignez, l’efficacité d’un état régulateur (et uniquement régulateur) qui laisse faire quand les choses vont bien, tout en étant vigilant et qui intervient, même fortement, quand le temps se gâte.
Un état producteur se couperait de ses moyens d’intervention.
Il ne faudra pas oublier, une fois la crise passé, à revenir à un état regulateur et vigilant.
à AB Galiani
Au delà du roman d’Asimov (fort intéressant au demeurant, et qui va bientôt être adapté au cinéma), ce sont surtout mes études poussées en biologie qui m’ont ouvert aux logiques des systèmes complexes.
A BS : voilà ce que j’écrivais dans un billet d’avril 2006 : « Une Collectivité ne peut exister sans règles et qui dit « règles » dit « contrôles ». » … « L’Etat peut intervenir ou fixer des règles, à la condition de respecter des principes d’égalité et d’efficacité, ce qui exige toujours un contrôle a posteriori de l’action publique. La régulation, c’est, comme déjà dit la séparation des pouvoirs, incluant la séparation des fonctions de réglementation – contrôle des fonctions de production »… Y-a-t-il quelque chose à changer ?
@AB Galiani
Formulé sous un autre angle (vous devinez lequel !), on peut dire qu’un système ne peut se complexifier que si il possède des règles de bases simples.
Aussi chaque fonction de base doit être simple et unique.
Nos société sont fondées depuis Montesquieu sur la séparation des pouvoirs, où chaque sous-sytème n’exerce qu’une fonction, l’éxécutif, le parlementaire et le judiciaire avec des rôles bien séparés et qui se recoupent a minima.
L’Etat, pour être efficace ne doit assurer que la fonction de régulation sur l’économie.
Et la pression de sélection exerce une telle force que seul les plus efficaces survivent !
@ AB
il vaut mieux des régulateurs supra nationaux
les Etats sont aussi banquiers et emprunteurs ils y a conflit d’intérêt
en ce moment les Etats en devant banquiers ruinent leurs solvabilité
on part tout droit vers une fuite généralisée devant la monnaie
les seuls régulateurs indépendants qui existent encore sont les banques centrales
il faut accroitre leurs pouvoirs
A ABG et BS,
Je reviens sur le sujet de ce post qui est quelle est l’origine de la crise actuelle. A ma connaissance, cette crise vient des USA et elle s’est propagée ensuite ailleurs.
Ce qu’explique Aglietta c’est qu’une des conséquences de la dérégulation a été qu’aux USA l’échelle des revenus des salariés (salaires + stocks option + …) est passée en gros de 1 à 15 à 1 à 500. Ceci par effet d’un marché travail dérégulé, sensé établir selon la théorie un prix optimum du point de vue économique.
En conséquence, la masse globale des valeurs ajoutées n’étant pas extensible, la moitié des salariés a vu ses salaires stagner pour permettre à l’autre moitié de les voir croître fortement. Cette première moitié s’est endettée de manière inconsidérée, d’où la suite …
La leçon que l’on peut en tirer, c’est que le marché dérégulé n’a pas fixé un prix du travail optimum à long terme et que donc, dans ce domaine, l’état doit jouer son rôle de régulateur.
A Hervé : j’avoue honetement que l’explication d’Aglietta me semble relever d’une vision religieuse. Il y a surtout qu’elle dédouanne l’Etat (US) de la responsabilité de taux bas et des subventions au crédit (une des actions centrales des politiques dirigistes) … Si la part d’un gateau s’accroit alors c’est au détriment de la part du voisin, ne vaut que si il n’y a pas croissance, ce qui n’a pas été le cas. Là encore, cette explication conduit à justifier les prélèvements en France, dans un pays où la dépense publique (plus de la moitié du PIB !) est loin d’être orientée au mieux de l’interet général (retraites généreuses, administrations superfétatoires, manque de performance …) .
Sur les salaires, je vous propose de lire mon billet du 20 juin 2006.
Ah, au fait … Dérégulé, ca veut dire quoi ?
A ABG et BS,
La pensée d’Aglietta est certainement plus complexe que ce que j’ai pu en «capter» et exprimer sur ce blog. Il a écrit un livre précurseur en 2007 … que je n’ai pas lu. Par ailleurs, les causes de la crise sont certainement multiples, je crois aussi en celles que vous avancez.
J’ose une théorie personnelle que sans doute vous ne partagerez pas :
Le système d’économie de marché peu régulé a très bien fonctionné dans les pays anglo-saxons emprunts d’une forte culture protestante. Tous les historiens s’accordent sur ce point.
Et puis depuis quelque temps on constate qu’il s’emballe et se fissure. Pourquoi ?
C’est parce qu système dérégulé fonctionne efficacement quand ses acteurs sont eux-même auto-régulés. Ce qui était le cas grâce à cette culture protestante qui imprégnait largement les esprits.
Depuis 30 ans, ces valeurs s’évaporent doucement.
Conclusion, le système devient incontrôlé. D’où la nécessité de renforcer la régulation centrale à défaut de pouvoir rétablir les autos-contrôles individuels.
Si vous êtes sceptique, voyez ce qui se passe en Russie quand des affairistes «sans foi ni loi» sont lâchés dans la bergerie d’un marché complètement dérégulé.
à jp
Tout à fait d’accord mais dépasser les égoïsme nationaux est très difficile. Espérons que la violence de la crise actuel fera réfléchir les américains, les irlandais et tous les autres de la nécéssité de force supranationale pour réguler un monde globalisé.
Le modèle européen est le seul disponible qui a fait ses preuves et vous avez raison de souligner le rôle de la BCE, qui par sa constance et son invariance va probablement constituer un point fixe dans cet océan de chaos et qui va je l’espère défibiliser le système (au passage, ce sont les mêmes mécanismes !).
à Hervé.
En prenant l’analogie du tremblement de terre, il est intéressant dans le détail de comprendre que est le mécanisme qui a déclenché la rupture. Néanmoins, les tensions accumulées sont bien plus vastes et sont due au mode de vie en général du monde développé.
Cela aurait pu craquer ailleurs
A Hervé : la régulation, c’est la capacité d’un système à se corriger. Votre analyse me semble interessante. Dans les pays anglo-saxon, les corrections sont souvent violentes et les reprises fortes. Dans les pays à forte tradition étatique, comme la France, les crises peuvent demeurées larvées durant des lustres. Ainsi, en France, le chomage est resté durablement plus fort qu’ailleurs et que la pauvreté y croit doucement mais régulièrement, malgré l’importance des prélèvements fiscaux, des dépenses publiques et sociales. La raison tient dans le fait que l’Etat « ménage » les interets des groupes de pression – à commencer par les syndicats de la fonction publique -, il est le grand distributeur d’avantages et de rentes de toute nature, il se pose en garant d’interets particuliers. C’est pour cela que j’insiste depuis longtemps sur la nécessité d’un Etat impartial, c’est à dire d’abord respectueux de la séparation des pouvoirs.
Très intéressants vos échanges et je suis d’accord avec A.B. Galiani au sujet de la responsabilité politique du Gouvernement des EUA concernant les taux bas accordés à des emprunteurs fragiles en vue d’alimenter le marché immobilier. Je pense par contre que ce sont les banques qui ont transformé ces créances en titres "vérolés" par la procédure de titrisation et cela avec la labellisation des agences de notation. Si je n’abuse pas du temps d’A.B. je serais curieux de savoir comment cela s’est pratiqué….Merci.
@BS,
Echanger des biens sur un marché, c’est une démarche naturelle. Je suis d’accord.
En déduire que le système d’économie de marché est naturel, c’est une illusion. Car un système d’économie de marché, ce n’est pas uniquement un principe général, ça fonctionne avec des règles, des outils financiers et selon les pays, les lois, l’histoire, l’organisation locale, les pratiques et les réglementations sont différentes.
Si le système était vraiment naturel, il serait universel et la réglementation serait permanente et la même partout.
@ Hervé
Parce que vous pensez que l’homme ne fait pas partie de la nature ?
Nos sociétés humaines et plus particulièrement notre système économique sont le fruit d’une longue évolution naturelle et non une création ex-nihilo conçue préalablement.
A Yffic : Ce sont effectivement les banques qui ont transformé les crédits en titres. Dire qu’ils étaient vérolés à l’origine serait inexact. Il n’ y avait pas de problème tant que les taux étaient bas ; c’est la remontée des taux qui a provoqué l’insolvabilité. Accessoirement, je m’interroge sur les effets à terme en France de l’augmentation de la fiscalité. Nous pourrions connaître des situations d’insolvabilité, notamment lorsque la pression fiscale locale va grimper en raison de l’arrivée à l’âge de la retraite de nombreux fonctionnaires des collectivités locales. Transformer en crédit est simple. Je n’entre par dans les arcanes du droit, qu’au demeurant je serais bien en mal d’expliquer. Restons en aux principes. Monsieur Y béneficie d’un pret immobilier auprès d’un établissement Z. Cet établissement, situé aux USA, n’a pas le statut de banque et donc n’a pas de contrainte de fonds propres. Il lui faut se refinancer. Pour cela, il suffit de créer une structure, un fonds, qu’on appellera par exemple « Yffic Dynamic ». Le crédit de Monsieur Y est cédé à ce fond, la société à l’origine lui ayant transmis moyennant une commission. Ou est le risque ? Monsieur Y a toujours réglé ses échéances et il y a de plus une garantie hypothécaire … Les parts du fonds Yffic Dynamic sont ainsi diffusées auprès d’investisseurs. A grande echelle, ce sont les établissements Freddy Mac et Fannie Mae qui ont fait cela, encouragés par l’Etat par des crédits bonifiés. Le probleme est venu quand des emprunteurs ont commencé à avoir des difficultés. La méfiance s’est instaurée et les investisseurs ont refusé d’acheter ces titres, qui alors selon les règles IFRS devait être comptabilisées pour 0 – ce qui était sans doute exagéré -. D’ou pertes financières et refus de préter en raison d’une méfiance exacerbée : c’est la crise de liquidité.
A Hervé : je ne partage pas totalement votre point de vue mais votre approche est interessante. On pourrait déjà se demander ce qu’est une « loi naturelle ». Les outils d’analyse économiques sont ils adaptés pour toutes les types de société. Veblen, un économiste, du début du XXeme siècle avait posé la question (que je cite de mémoire) : une tribu chantant des incantations religieuses pour qie la peche soit bonne accomplit elle un acte économique décomposable en salaire, profit et rente ? Pour ma part, j’approche l’économie comme étant la résultante de décisions d’agents qui analysent et filtrent en fonction de leurs expériences. En clair, le marché existe de façon permanente. Son rôle est de véhiculer des informations décodées ensuite par les agents économiques qui les interprètent (ce qui réduit à sa plus simple expression explique l’offre et la demande) . Prenons un exemple. L’Etat décide de réduire le temps de travail de 39 à 35 heures hebdomadaires. Comme il n’est pas question de toucher au pouvoir d’achat, le salaire reste inchangée. Pour le responsable politique, il faut plus de monde pour maintenir la production. Pour l’entreprise, le raisonnement est différent : cela correspond à une augmentation du coût du travail. Comment financer ? il faut faire des gains de productivité. Conclusion : impact sur l’emploi – néant. L’Etat apporte donc des informations par ses décisions qui sont interprétées de façons diverses : ainsi subventionner pour réduire le chomage des jeunes revient à accropitre celui des plus agés ; taxer l’essence favorise l’emploi du diesel … Faites l’exercice : interprétez une information en vous positionnant selon des points de vue différents. Par exemple une augmentation massive des charges « employeurs » pour financer le régime des retraites …
@BS,
J’avoue ne pas comprendre votre remarque. L’homme Américain n’est pas différent du Français. En effet, si vous prenez un individu de chacune de ces nationalités, il est impossible d’après leurs caractéristiques physiologiques de les différencier.
Par contre si vous comparez la réglementation financière en vigueur dans ces deux pays, il est très facile de dire laquelle est l’américaine et laquelle est la française, ce qui prouve bien que ces règlementations ne sont pas du tout « naturelles » ( sinon elles seraient identiques).
Mais peut-être n’ai-je pas bien saisi le sens de votre propos ?
@ A.B. Galiani
… "une tribu chantant des incantations religieuses pour qie la peche soit bonne accomplit elle un acte économique décomposable en salaire, profit et rente ?"
Vous avez peut être des infos un peu concrètes à nous donner sur l’évolution de la crise ?
@Hervé
Le système est naturel dans ce sens qu’il a émergé naturellement et progressivement.
Pour le système financier, on est ainsi passé du troc pur et simple, à la notion de monnaie, matérialisé par des coquillages (symbole du Yuan chinois !) ou des haches de bronze, puis en monnaie métal émis par des villes-état, puis des nations, la création des banques, des bourses, du papier monnaie etc … jusqu’à la titrisation et la monnaie électronique.
A chaque étape, l’homme a expérimenté et a aussi fait face a des difficultés et a inventé des paliatifs pour y remédier.
Nous progressons ainsi depuis les débuts de l’humanité vers une complexification de notre sociétés et de son système économique et financier par conséquent.
En essayant de "plaquer" un système différent, artificiel, qui était supposé résoudre tous les problèmes, le marxisme à lourdement échoué, tout simplement parce qu’une construction intellectuelle a priori est incapable d’appréhender le niveau de complexité de nos sociétés humaines, en perpétuelle évolution.
Votre concept imaginant qu’un système naturel doit être forcément uniforme est un peu étonnant. Observez la nature: la diversité est reine !
A la fin d’un cycle, le meilleur système survivra.
A Aec : Qu’allez vous imaginer … Je citais juste un auteur du début du XXe qui s’interrogeait sur des questions de méthodologie (lol)
@ A.B. Galiani
Excusez moi d’être un peu terre à terre, mais vous pourriez peut être vous focaliser sur des méthodologies qui soient plus en ligne directe avec la crise actuelle ?
Quelques nouvelles du front :
– Islande : l’Etat Islandais parle de faire faillite (il est en faillite). Il a encouragé ses banques à aller financer de l’immobilier un peu partout avec le levier du crédit. Il vientn devant la faillite des banquesn de nationaliser 61 milliards de dettes (les islandais sont 300000 cela fait 200000 euros de dette par habitant c’est donc non remboursable).
Que va t il se passer quand le marché va réaliser qu’un Etat peut faire faillite et prêter aux Etats selon leur solvabilité ?
Pour l’Islande, la solution serait l’abandon de la souveraineté et la fusion avec la Grande Bretagne, mais naturellement l’unité des insulaires n’est pas imaginable, ce sont des iles. Faut-il couler l’Islande ?
– La ville de Saint Maure vend son office d’HLM qui est passé en perte ce sont d’autres HLM qui vont acheter les immeubles (à crédit) les filiales de la CDC sont intéressées,
La CDC financeur des HLM veut adosser ses activités immobilières, les promoteurs disent qu’ils voudraient vendre un maximum aux HLM car avec la TVA à 5.5 au lieu de 19.5, le prix baisse de 14%, ce qui n’est pas négligeable. Nexity (Caisses d’Epargne) vend déjà 20% de sa production à des organismes d’HLM (dont ceux de la Caisse d’Epargne)
La CDC et les HLM doivent leur acheter 30000 logements sur ordre de l’Elysée (pourquoi pas 130000 pour respecter l’objectif du président de 500000 logements en 2008 ? il n’y a pas de limite quand l’Etat paie la différence)
Que valent les immeubles HLM ? Qui est garant de l’énorme dette HLM ? Un établissement public qui fait illégalement une activité d’assurance (la CGLLS). Les HLM c’est 150 milliards de dette. ça va couter combien à chaque français ?
– heureusement Paulson (quel abnégation que cet homme, qui a été si brillant la tête de Goldman, qui donne sa vie à son pays) sera au G7. Il dit qu’il ne faut pas de principes de sauvetage à l’aveugle par les Etats: il ne faut sauver que ce qui est viable. Réponse de Merkel : sauvons les Landesbanken avec l’argent du contribuable.
Les Landesbanken sont les CDC des Länder
– Pour l’instant aucune reprise du marché interbancaire au dela du 1 mois. les banques en prêtent pas au banques – ni à personne d’ailleurs – et on les comprend
A Aec : Je pense qu’il faut savoir prendre de la hauteur et de la distance… A tous : je m’absente 48 heures, loin de mon PC. Donc je serai silencieux.
Oui, A.B. Galiani, prenez de la hauteur et de la distance. C’est un bon échappatoire.
@BS,
Je partage votre avis sur le marxisme et sur les 35H obligatoires, deux constructions humaines complètement inappropriées (pour être gentil).
Je reviens à notre sujet : « le libre-échange, tel que nous le connaissons aujourd’hui est il naturel ? »
Prenons un détour : L’homme est inventif, il a l’instinct grégaire, il s’est multiplié sur terre et il a besoin de se loger. Partant de constat sur la nature profonde de l’homme et si je suis votre raisonnement, il est parfaitement naturel de construire des gratte-ciel à New-York. Et pourquoi pas après tout ?
Le problème, c’est qu’à Paris, il n’y a pas de gratte-ciel et pourtant, le Parisien a les mêmes besoins, il est capable de faire de grandes tours et la France est plus dense que les USA. Comment ce fait-il que ce qui est naturel à New-York ne l’est pas à Paris ?
Le libre échange, c’est pareil que la construction des tours, il fonctionne avec des règles choisies par une communauté (donc non naturelles) et le problème, c’est que la communauté la plus puissante économiquement les a imposées à toute la planète.
@Hervé.
Le tout est dans le processus de choix.
Dans votre exemple des grattes ciels, personne n’a choisi ni décidé de couvrir d’un coup New York de ces type de bâtiments.
Le premier de ce type est le fameux "Fer à repasser" de Time Square. Un promoteur avait un tout petit terrain à cet endroit et a décider naturellement de faire un bâtiment en hauteur pour valoriser cet espace.
La technologie le permettait avec le développement des ascenseur aussi.
Puis, ce type de bâtiment à séduit et d’autres ce sont construit, de plus en plus haut. C’est ce processus que j’appelle un processus naturel. C’est une incidence qui a émergé progressivement, de proche en proche à partir d’un fait isolé le plus souvent.
A Paris, le processus n’a pas pris. La Tour Montparnasse n’a pas séduit. On en est resté là.
Ainsi, une communauté humaine est un système naturel, un écosystème. L’homme n’est pas hors de la nature et est soumis aux mêmes lois.
A contrario, un Airbus A380 n’est pas uns système naturel dans le sens qu’il a entièrement été pensé et conçu au préalable, et qu’il évoluera peu ensuite.
@ BS,
Pourquoi la Tour Montparnasse n’a eu de suite ? Pourquoi dans un autre domaine, aux USA il était possible pour acheter une maison avec très peu de revenu d’emprunter 100% du prix et quelque mois après d’emprunter encore parce que la maison avait virtuellement pris de la valeur ? Pourquoi ce mécanisme est-il interdit en France ?
A Paris, des groupes d’intérêt collectifs (respect d’un POS) se sont opposés à l’intérêt des promoteurs qui auraient certainement, s’ils en avaient eu le droit construit d’autres tours. En France, la règlementation bancaire impose des règles pour protéger les banques (et les emprunteurs) du non remboursement de leurs créances.
Ainsi on peut observer que les communautés humaines selon leur histoire, leur culture, construisent des règlementations différentes.
En ce qui concerne le libre-échange, en particulier dans le domaine de la finance, le problème est qu’il est devenu mondialisé, il ne peut donc pas fonctionner avec des règles différentes d’un état à l’autre.
Et je ne pense pas malheureusement qu’une règlementation naturelle, universelle et mondiale tombera naturellement du ciel pour s’imposer à tous !
@Hervé
C’est pourtant comme ça que cela fonctionne.
De nouvelles règles et propriétés émergent naturellement et spontanément quand un système se trouve en limite de stabilité en passant à un niveau de complexité supérieur.
C’est le fondement des théories de la compléxité.
C’est peut être étrange et contre intuitif mais pas plus que la physique quantique ou la relativité générale.
Et c’est précisément l’état dans lequel se trouve le système financier, et même plus particulièrement dans un épisode chaotique.
Et il y a tout à parier que de nouvelles règles vont émerger au niveau mondial.
Tous simplement parce qu’il n’ y a plus d’autre choix pour arrêter le chaos et la désintégration du système.
@ Hervé
il y a quand même une transmission de l’expérience
L’idée de N. Sarkosy de rendre tout le monde propriétaire vient de l’observation que notre pratique de logement social locatif (qui résulte de ses modalités de financement) s’oppose à l’intégration, les américains avec leur "rêve américain" (chacun sa maison) ont réussit une incroyable entreprise d’intégration, c’est toujours le pays où on fier d’être et qui reste un espoir pour une énorme partie de la population mondiale. Cela mérite d’être copié – la seule nuance que n’a pas vu le président est qu’il ne faut pas encourager la propriété immobilière quand les prix de l’immobilier sont débiles.
En revanche, les différences que vous dites culturelles sont la plupart du temps des inerties subies ou des lobbys entretenus.
Il y a un aspect maffieux dans le système des Landesbanks, dans le statut néolithique des circuits hypothécaires… etc etc
Dans ce sens l’alibi culturel cache un simple manque de courage
C’est quand même inquiétant qu’il ait fallu attendre cette débacle financière pour que tout le monde réagisse. Cette crise était prévisible, même situés au bas de l’échelle nous pouvions le préssentir, cela ne pouvait pas continuer ….
Pourquoi ceux qui ont (ou ont eu ) le pouvoir , et ce dans différents domaines, n’ont pas essayer d’anticiper , c’était pourtant évident , pourquoi avoir joué à l’autruche .
Maintenant la crise est là et apparemment bien installée entrainant dans son ouragan la planète entière ; pourquoi ce manque de courage et de responsabilité de part et d’autre ; la confiance sera difficile à récupérer.
@BS,
Que suite à une crise émerge un nouvel équilibre, tout le monde sera d’accord sur ce point.
Mais quand il s’agit de crises « humaines », ce qui est le cas de la crise financière, selon les hommes au pouvoir en place pour les affronter, le nouvel équilibre trouvé est différent.
Par exemple, si la crise actuelle s’était produite 6 mois plus tôt, l’Europe étant présidée par la Slovénie, elle aurait réagi autrement (sans doute plus timidement) et les choses se seraient certainement résolues différemment.
@JP,
D’accord avec vous, les lois d’un pays, sont le fruit d’une culture mais résultent aussi du pouvoir d’influence des différents lobbies qui savent faire valoir leur intérêt. C’est en ce sens que je ne les considère pas comme naturelles.
@ Hervé
Le fil des évènements est alléatoire et imprévisible (c’est le propre des évènements chaotiques) mais le résultat à plus ou moins long terme sera le même.
De toute façon il faut que le degré de désordre arrive au niveau d’une menace d’ordre vitale pour que les structures puissent changer en profondeur et quel qu’en soient les acteurs.
L’avantage de l’homme c’est que son intelligence permet de gagner pas mal de temps pour trouver les solutions appropriées plutôt que de s’en remettre au pur hasard.
Cela accélère la densité de temps, le propre des systèmes complexes.
@BS,
Après le désordre viendra un nouvel ordre. Et ce nouvel ordre sera modelé par les hommes en place aujourd’hui, et rien n’est joué d’avance. Sinon à quoi bon la politique ?
Ce que je trouve paradoxal, c’est que souvent les gens partisans d’un libre-échange incontrôlé, croyant que l’ordre s’établi de lui-même naturellement, sont souvent les mêmes qui déplorent les dégâts de Mai 68 à l’école. (Je ne dis pas cela pour vous en particulier).
Mai 68, a supprimé, entre autre, la discipline croyant que l’autodiscipline s’instaurait d’elle-même et on a vu le résultat.
A Aec : Me reprocheriez vous de me défiler ?????? J’observe que BS et Hervé tiennent un débat de bonne tenue. Je n’ai qu’un regret, c’est qu’on en est toujours à « tout Etat » ou « pas d’Etat », qui pour moi a toujours été mal posé (cf mon billet d’avril 2006) …
@ Hervé
Il y a 2 façon de voir les choses, de l’intérieur ou de l’extérieur.
De l’intérieur, on observe au fil de l’eau les événements et l’homme semble faire l’histore.
De l’extérieur on peut voir que de puissants mécanismes naturels sont à l’œuvre qui tendent à augmenter la complexité de la matière depuis l’origine des temps.
En fait, la nature utilise l’homme, son libre arbitre et son intelligence, pour faire l’histoire.
L’intelligence humaine est un formidable accélérateur de la complexité.
Pour reprendre le fil du débat, on assiste à un affrontement entre partisans du tout laissé faire et tenant du tout état.
La réalité est en fait un dosage entre les deux.
Il y a de nombreux exemple de régulation dans la nature.
Cela fonctionne par action et feed-back.
Ainsi l »Etat ou les système étatique type BCE doivent jouer le rôle de régulateur.
En régime de croisière, les systèmes de régulation observe en permanence la situation et procèdent à de léger ajustement si nécessaire. Si les écarts par rapport à une situation normale augmente, les mesures d’ajustement augmentent en proportion jusqu’à intervenir massivement si il le faut jusqu’à ce que la situation redevienne normale.
Les idéologues du "tout état" comme ceux du "zéro état" ont tout faux et n’ont visiblement rien compris du fonctionnement de nos systèmes.
L’important dans un système complexe est qu’il possède des systèmes de régulation adapté et efficace. Il manquait un échelon global à la régulation financière. Il est en train de se mettre en place. Et sur le modèle de la seule expérience de gouvernance démocratique multi-état de la planéte: L’Europe.