J’expliquais, dans le billet précédent, à propos des messages opportuns et féconds délivrés dans la presse par Philippe Marini ma préférence, finalement, pour le concept de « refondation » du Sénat plutôt que celui de « réforme ». Il est vrai que des réformes en France, nous en parlons toujours et nous n’avançons guère. En revanche, une « Refondation » consiste, non pas à détruire ce qui existe, bien au contraire, mais « reprendre » de fond en comble tout ce qui existe pour le mettre dans et au service du temps qu’il traverse. Mon idée est que la réforme constitutionnelle sera une nouvelle modification pour rien si nous ne partons du principe que notre environnement institutionnel est totalement modifié. Que la présidentialisation du régime est actée et que l’équilibre des pouvoirs commande de renforcer le Parlement. Comme je ne crois guère à la transformation substantielle de l’Assemblée Nationale, dans une première période, attendu la forte prégnance du « fait majoritaire ». Il appartient au Sénat d’affirmer son autorité et son indépendance par rapport à l’Exécutif. De le faire, sans ostentation ou arrogance. Mais calmement, simplement, sans excès mais sans faiblesse.

Ainsi le Sénat apparaitra, aux yeux des Français, comme après une cure de jouvence. Une Chambre Haute, consciente de ses devoirs, pour accomplir une tâche législative digne d’un grand pays, pour ériger le contrôle au standard le plus élevé des pays avancés, pour se porter garante de la soutenabilité des nos finances publiques à moyen et long terme, pour interdire que les générations présentes ruinent les générations suivantes, pour réussir la transformation du paysage territorial.
Pour réussir une telle révolution copernicienne, la ou le Président du Sénat refondé devra avoir (elle ou) lui même une autorité, une indépendance, une expérience des grandes réformes, une pratique du consensus supra partisan.
Voilà le défi de l’élection du futur Président du Sénat. Voilà pourquoi il concerne tous les Français, en plus de tous les Sénateurs.

Qu’en pensez-vous ?