Le dispositif de retraite français souffre de 2 maux. D’une part, le vieillissement de la population va le rendre de plus en plus coûteux et d’autre part ce phénomène va être aggravé par l’inégalité entre systèmes (ceux qui paient n’étant pas forcément ceux qui perçoivent ; cf. mon billet du 14 juin 2006). Ainsi, selon une étude de l’INSEE publiée en 2006, les régimes spéciaux, qui bénéficient à moins de 25 % des Français, généreront à l’horizon de quelques décennies plus de la moitié des déficits. Ces arguments n’ont pas laissé le très poujadiste syndicat SUD insensible, qui propose une solution de choc : « yaka faire payer les patrons et les actionnaires ! ». La démonstration est éclatante. Mais elle repose sur un postulat fort contestable : celui que l’accroissement des prélèvements n’a aucun effet sur l’activité économique. Analysons le cheminement.
Que dit SUD ? « Le Produit Intérieur Brut » (le PIB), c’est-à-dire la richesse que nous produisons collectivement dans le pays, continuera d’augmenter ; il y a 40 ans, les retraites coûtaient 6% du PIB, 12 % aujourd’hui et 18 % dans 40 ans ». Jusque là rien à redire. Poursuivons la démonstration : « le coût des retraites représentera 540 milliards d’euros dans 40 ans sur un PIB de 3000 milliards, c’est plus qu’aujourd’hui mais laisse 2500 milliards à d’autres dépenses ». La solution est donc simple : « ramener les profits que patrons et actionnaires se font sur le dos des salariés à ce qu’ils étaient il y a 20 ans (et c’est déjà beaucoup trop) dégagerait chaque année une somme 40 fois supérieure à ce qui est présenté comme nécessaire pour sauver les retraites ».
Les années 70 – 80 auraient elles donc constitué l’âge d’or du salariat ? Les données chiffrées semblent donner raison a priori à cette thèse. Au début des années 80, les salaires, (c’est à dire ce qui est versé aux salariés et l’ensemble des charges sociales payées), représentent presque les 2/3 du PIB, contre un peu plus de la moitié en 2006. Selon Thomas Piketti, la valeur ajoutée brute se répartit à hauteur de 75 % – 25 % entre travail et capital au début des années 80 contre une répartition 65 % – 35 % à ce jour.
Il serait pourtant très rapide d’affirmer que les salariés ont été gagnants. Jusqu’au milieu des années 85, la politique française est largement d’inspiration keynésienne – que ce soit avec Valérie Giscard d’Estaing ou François Mitterrand – : il faut soutenir la demande, ce qui veut dire « soutenir les salaires » et « faire payer les patrons ». Avec 2 conséquences : les salaires réellement payés (c’est-à-dire incluant les charges dites patronales, qui ne sont que du salaire prélevé) tendent à dépasser la productivité du travail, ce qui signifie que certains salariés vont coûter plus chers qu’ils ne produisent et que les marges bénéficiaires des entreprises s’érodent. Laissons Patrick Arthus (économiste appartenant au Conseil d’Analyse Economique et au Cercle des Economistes) commenter la situation cette époque : « Le résultat ne se fait pas attendre : chute de la profitabilité des entreprises, arrêt de l’investissement productif (croissance zéro en 1983), envolée de l’inflation, hausse des taux d’intérêt … A la fin de 1981, le chômage, la mévente des produits français, l’arrêt des investissements … condamnent l’expérience ». De plus, le coût élevé du travail a incité les entreprises à privilégier les technologies les moins créatrices d’emploi. Les entreprises travaillent pour dégager un bénéfice. Que celui soit absent, et les entreprises réduisent leurs investissements. Au détriment de l’emploi et du niveau de vie de la collectivité. Ce n’est pas plus difficile que cela !
L’analyse de SUD comporte un second point faible. Ce qui n’est pas versé aux salariés irait selon l’analyse de ce syndicat dans la poche des « patrons et des actionnaires ». Posons que seules les entreprises du secteur marchand ont « des patrons et des actionnaires ». Quelle est la part réelle du PIB que ces derniers « s’approprient »? 7 % avant impôt !!! C’est que la notion de valeur ajoutée brute affectée au capital est un fourre tout. Elle rassemble par exemple le loyer perçu par un particulier propriétaire d’un bien immobilier ou les intérêts des livrets d’épargne détenus par les ménages. Il en va de même pour ceux propriétaires de leur résidence principale : ils reçoivent un loyer fictif représentant le loyer qu’il devrait se payer (cela, pour éviter que les chiffres soient perturbés par le statut juridique du logement). Il en est de même pour les administrations qui perçoivent des revenus du capital (loyers, interets, dividendes …) dont une éventuelle diminution devrait être compensée par des impôts supplémentaires.
La valeur ajoutée brute, de plus, n’est pas la mesure de la richesse conservée. Pour les entreprises, elle va servir à payer les intérêts des emprunts. Il faut également déduire les amortissements, qui représentent l’usure des biens de production (matériels, bâtiments, incorporel …), qui sont des charges importantes. Bref, la confiscation intégrale des « profits » ne permettrait pas de financer la hausse attendue du poids des retraites !
Il y a surtout un élément effrayant. C’est la facilité avec laquelle SUD envisage de prélever des richesses produite par d’autres pour financer une « non création de richesse » au profit de quelques uns. Comme sous l’ancien régime, le citoyen redevient « taillable et corvéable à merci ». Au détriment de l’emploi et du pouvoir d’achat.
L’inconvénient majeur du régime par répartition est son aisance à dériver vers quelque chose de peu démocratique. En effet, ce sont les générations actuelles qui décident de leurs conditions de retraites, malheureusement trop souvent jusqu’à présent dans leur seul intérêt. Elles engagent donc les générations à venir, qui par définition, ne peuvent s’exprimer. Aujourd’hui, les lenteurs à réformer les dispositifs de retraite réduisent la qualité du système de santé et l’efficacité de la lutte contre la pauvreté. Qu’il s’agisse de rejets de carbone, de dette publique ou de retraite, les générations du baby boom ont largement vécu à crédit. Ce qu’elles risquent désormais, c’est de voir s’opposer une fin de non recevoir par ceux qui refuseront de payer la facture.
(PS : le 18 octobre est une journée d’action à la SNCF. Je vous invite à relire mon billet du 5 août dernier qui commente parfaitement cette situation)
Tout doit être mis en oeuvre pour garantir la sauvegarde de nos retraites en cours et à venir ; il est donc raisonnable d’exiger avec plus de rigueur le " retour à l’emploi " afin de faire prendre conscience à tous que tout se mérite, y compris la retraite acquise par le TRAVAIL .
Cela serait bénéfique ,non seulement , pour récupérer des cotisants, mais aussi pour éviter que certains s’engoufrent , malgré eux, dans un système qu’ils auront beaucoup de mal à quitter.
Est-ce normal d’avoir la possibilité de refuser plusieurs propositions de travail ? et cela tout simplement parce que la situation d’allocataire est , pour certains bien plus confortable ! et qu’en paralléle on soit obligé d’aller chercher de la main-d’oeuvre hos de France.
Il est normal d’avoir une certaine liberté dans le choix d’un travail, mais lorsque cela devient des refus systématiques nous sommes quand même en droit de nous poser quelques questions, ce n’est bien sûr pas la majorité et heureusement.
"Les régimes spéciaux ne sont pas des régimes par répartition, puisque l’essentiel des ressources est fourni par des tiers qui n’auront jamais droit à ces retraites"
Il serait réducteur de passer sous silence le fait tel sera également le cas des régimes généraux. Notamment pour les cotisants ayant aujourd’hui 40 ans, quelle que soit leur caisse de retraite à ce jour.
@AB galiani…je ne comprends pas l’analogie avec le médecin: il est payé pour faire un diagnostic , il le fait….
pour JM, je trouve sa position assez hypocrite, et je fais simplement observer que seul l’état permet cette position confortable: je prends la paye et je dis tout le mal que je pense de celui qui me la donne, je "crache à sa face", …
On oublie aussi souvent de dire que certains retraités actuels ont parfois travaillé, dans le passé , jusqu’à 60h/semaine et parfois plus, qu’ils ont cotisés sur l’intégralité de leur salaire , que les congés payés étaient de 4 semaines, qu’ils n’avaient pas de RTT., pas de congés parental, et surtout beaucoup moins de confort (machines à laver le linge, la vaisselle) etc… mais c’était le quasi plein emploi. Tout a changé et c’est bien difficile de pouvoir comparer, maintenant il y a beaucoup plus de confort , plus de temps libre, beaucoup moins de travail et parfois plus de stress. Chaque période a ses avantages et ses inconvénients. A chacun son analyse.
A Francis,
JM, comme vous dites, pose aussi un diagnostic … Qui est le plus nuisible pour l’Etat ? JM ou ceux qui l’utilisent dans leur interet ? Je crois avoir écrit quelque part que l’antilibéralisme hystérique de la gauche la plus conservatrice faisait le jeu d’une critique radicale de l’Etat par ceux qui doutent de le voir un jour se reformer et se mettre au service de l’interet général;
@ ab galiani
j’ai toujours du mal comprendre cette histoire de systéme qui ne redistribue pas vers ceux qui en ont besoin…
notre systéme distributif va d’abord vers les retraités, nous l’avons évoqué ici, avec de mauvaises et de bonnes raisons,
va aussi vers les personnes très malades et/ou âgées,
pour le reste…des études ont montré que, sur une longue période 10/15 ans, avec une alternance droite/gauche, les revenus qui progressent le plus sont ceux des deux premiers déciles (les moins élevés), par solidarité et les deux derniers (les plus élevés), par effet de la concurrence sociale et fiscale…
nous sommes tous deux sans doute dans les six déciles du milieu, ce qui explique l’opinio largement répandue que nous subissons un apppauvrissement relatif…
A Francis,
Voilà une bonne observation …. Dressons tout d’abord le constat. J’en reviens à la Commission « famille, solidarité … » présidée en 2005 par Martin Hirsch. Elle constate que dans tous les pays qui ont d’importantes dépenses sociales, la pauvreté est faible. Sauf en France ! Pourquoi ? Parce que les dépenses sociales sont d’abord constituées de retraite !
Alors les retraités ont-ils besoin de leur retraite ? Posée ainsi, la question semble absurde, tellement la réponse semble évidente. Revenons seulement à l’origine du système de retraite : la volonté était de permettre aux travailleurs âgés de terminer leur vie décemment.
Qu’observons nous : la France est un pays où on part jeune en retraite (age moyen de départ inférieur à 60 ans, dans un contexte d’allongement de la durée de vie fort). On est passé d’une logique de retraite « protection contre le risque » à une logique de retraite « congé payé » et parfois pour les entreprises, à une logique de retraite « régulation de leur excèdent de main d’œuvre » ; la Collectivité doit financer une frange non négligeable d’inactifs qui sont parfaitement aptes à travailler ; d’autre part, ceux qui bénéficient des systèmes les plus généreux (les régimes spéciaux – entre un cinquième et un quart des actifs – caractérisés par de faibles cotisations « salariés », parfois de moindres durées de cotisation et toujours un système de calcul des pensions toujours très avantageux) font payer le contribuable et le salarié du privé. Pour ces régimes spéciaux, la Collectivité doit payer des gens toujours aptes à travailler au prix fort …
Il existe également une redistribution invisible : le secteur public accumule les structures qui ont eu leur utilité mais dont aujourd’hui on saurait se passer. L’exemple type est fourni par le département, défini au début du XIXe par la référence à la « journée de cheval » … Et l’ouvrage de Roger Fauroux publié en 2000, « Notre Etat », fourmille d’exemples de ce genre. Quand EDF partiellement privatisée réduit ses effectifs, elle se défait d’effectifs surnuméraires. Quant à moi, ayant fait un séjour dans la fonction public, il y a quelques années, j’avais identifié de multiples pistes d’amélioration de la productivité. Mais voilà, il faut être mobile, géographiquement ou fonctionnellement, ce que règlements et syndicats n’acceptent guère. Cette redistribution invisible a un coût et une conséquence : une efficacité diminué de la dépense publique !
Ce que propose SUD, c’est non seulement de ne toucher à rien mais d’alourdir les prélèvements sur ceux qui créent les richesses. J’ai montré à plusieurs reprises qu’alourdir les prélévements sur les entreprises ou accroître la pression fiscale sur les plus riches n’apporteraient que peu (voire serait contreproductif en cassant l’investissement). 6 à 10 points de prélèvements supplémentaires pour les seules retraites (et la proposition de SUD pourrait même nous rapprocher de 15 points), dans un pays où les dépenses publiques aujourd’hui sont de plus de la moitié du PIB, plus de 60 % du Produit Interieur Net (= PIB-amortissements), revient à quasiment confisquer les revenus primaires (c’est-à-dire ceux issus du travail et du capital), ce qui laisse supposer que les Français ne vivront plus que de la redistribution. Dans ce cas, améliorer ses revenus passera par « l’action dans la rue » puisque plus personne n’aura interet à investir ou à travailler mais à s’approprier une subvention de la Puissance Publique.
Pardonnez moi, je sombre maintenant dans l’analyse « Jacques Marseillaise » et je sais que ça vous irrite puisque vous considérez, à l’instar de JP Chevenement qu’un « universitaire généreusement payé par l’Etat » doit fermer sa g… (ou démissionner ?).
@AB galiani: vous faites une fixation sur les régimes spéciaux, je sais que c’est d’actualité mais, franchement moins de 5mds d’euros, dans la redistribution, ce n’est pas significatif…
pour le reste, je comprends que nous sommes d’accord pour considérer que la redistribution la plus importante en france est celle des "jeunes-actifs" vers les "vieux-retraités" , ce qui peut poser problème mais doit aussi être expliqué.
remarquons au passage que nicolas sarkozy a été élu majoritairement chez par les retraités, qu’il a été minoritaire chez les actifs, que, en quelque sorte , il a eu comme mission des retraités actuels, ses électeurs, de faire bosser, pour ne pas toucher à leurs acquis, plus longtemps les électeurs de SR…
mobilité géographique et fonctionnelle dans la fonction publique: bingo!
le statut de fonctionnaire est different de celui du privé, il n’y nicontrat, ni claude de modification substantielle: un fonctionnaire est mutable, moyennant les procédures adéquates, sur tout le territoire…c’est la contrepartie logique de la garantie de l’emploi…
et cela a déjà été fait;;en particulier paris vers province
concernant JM…il ne démissionne pas, c’est son choix, ses prises de position s’en trouvent, me semble t il, affaiblies…d’ici que quelqu’un découvre qu’il bénéficie des privilèges qu’il dénonce….
un peu comme un député qui voudrait réformer les régimes spéciaux des autres sans toucher au sien….
NDLR : Ou êtes vous allé chercher que les régimes spéciaux, c’est moins de 5 milliards de subventions ? Les régimes spéciaux concernent le secteur public (moins d’un quart des actifs) et à l’horizon d’une génération, ils sont la cause de plus de la moitié des déficits des systèmes de retraite. Le seul régime des fonctionnaires d’Etat, c’est un surcoûts d’une 20e de milliards d’euros par an !
Selon le COR, il suffirait d’augmenter les cotisations de 15 % en 40 ans (0,375% par an) pour maintenir le financement du système de répartition actuel en 2040.
Cette augmentation serait-elle insupportable pour l’économie ?
A Toto,
Presentées comme vous le dites, les choses semblent simples. Au demeurant, les "15%" d’augmentation concernent l’objectif 2020. Pour 2040-2050, on est plutot à un objectif 50%. A cette date, les prelevements pour les seules retraites devraient atteindre 18 à 20 % du PIB. Ce n’est pas tout : il faut compter les coûts de santé accrus d’une population vieillissante (une petite fille sur deux qui naissent aujourd’hui sera centenaire ! la durée moyenne de la période de retraite s’accroît de 2 mois tous les ans). En outre, la vision purement comptable élude l’aspect inégalitaire des retraites actuelles entre le privé et le public (le régime des fonctionnaires d’Etat c’est la moitié du déficit de l’etat). Et n’oubliez pas que les prélèvements pour les retraites ne contribuant à aucune création de richesse 1) réduisent le pouvoir d’achat des actifs 2) pourraient dans un ensemble de prélevements devenus trop élevés pénaliser l’investissement. Ce sont donc bien les générations à venir qui paieront les conséquences des retraites de baby-boomers pourtant parfaitement aptes à travailler.
@ toto
Ne trouvez-vous pas que les prélèvements sont déjà au maximum ; il serait préférable de chercher d’autres moyens pour parvenir à rééquilibrer les régimes de retraites, par ex. encourager véritablement les investissements générateurs d’emplois , les cotisations n’arrivent pas du ciel ! le seul remède est donc le TRAVAIL, donc tout faire pour remettre cette valeur en application.
Augmenter sans cesse les cotisations tant côté employeur que salarié aboutissent tout simplement au découragement et à la délocalisation.
La génération dite "baby boom" a beaucoup travaillé, a beaucoup cotisé et de plus elle aide ses enfants et petits-enfants quand elle le peut ; que se passera t’il ensuite …. même si elle n’est pas effectivement génératrice de richesse au sens propre, elle est tout de même consommatrice.
Dans ce cas encourager encore davantage la transmission des patrimoines vers les plus jeunes qui eux pourront éventuellement entreprendre ou dépenser autrement…. devoir attendre par ex. 15 ans pour pouvoir transmettre ,sans plus-value, un bien immobilier (non résidence principale) est une aberration , alors que l’on parle de crise du logement etc …
Le Gouvernement actuel semble avoir pris conscience de certaines entraves à la relance, nous ne pouvons que l’encourager à continuer.
Cher A.B. Galiani
Au vu du nombre de commentaires vos sujets font « mouche » à chaque fois.
Juste une remarque sur le qualificatif amusant de poujadistes que vous attribuez à SUD.
C’est leur faire beaucoup d’honneur, qu’ils ne méritent pas, que de les traiter de poujadistes, ou c’est dégradant pour ces derniers de les comparer à SUD.
Si mes souvenirs sont exacts, les poujadistes étaient des commerçants et indépendants qui protestaient contre l’état, constitué des coquins et des vilains de l’époque que fut la IV ème, qui étaient plus préoccupés par leur confort que par celui du pays (mais les choses ont-elles vraiment changées jusqu’à ces derniers temps ?).
La grande différence entre SUD et les poujadistes, est que ces derniers ne vivaient pas sur l’argent des contribuables, contrairement aux autres, mais étaient des contribuables.
Le déficit chronique (institutionnalisé) de la SNCF depuis des lustres, fait que les salariés de cette entreprise, et particulièrement ceux de SUD, ont toujours vécu sur l’argent des contribuables, intégrant cet état de fait au rang des avantages acquis.
Avantages acquis, bien évidemment au détriment « des autres », c’est à dire ceux qui ne les ont pas ces avantages, et qui peuvent leur payer ces avantages par le seul fait qu’ils n’en bénéficient pas pour eux même.
Habitués qu’ils sont, à vivre sur l’agent des contribuables tout au long de leur carrière, pourquoi imagineraient-ils que ça puisse changer pour la retraite ? C’est humain.
Pour sortir de situation de cette nature, il faut envisager des solutions à la hauteur du problème.
Le problème venant de leur situation de monopole
Une solution efficace pour traiter ce problème, serait de découper la SNCF en plusieurs sociétés privées et de les mettre en concurrence.
Cher Gerfo,
Merci de vos remarques et de votre précision.
Vous avez tout à fait raison sur l’origine du mouvement poujadiste. Il a été créé par Pierre Poujade (à ne pas confondre avec son homonyme, Robert, qui fut maire de Dijon), qui s’est opposé non pas aux « coquins et aux vilains » de la IVeme République, mais à la modernisation de la société française. Je dis parfois que c’est en 1940 que la France est entré dans le XXe siècle, Pierre Poujade incarne ceux qui refuse cette entrée. C’est donc un mouvement très conservateur qui traduit un « mal aise » social. Ses héritiers sont Gérard Nicoud (qui mènera des actions violents contre les grandes surfaces dans les années 70 et aujourd’hui, José Bové. L’idée est toujours la même : le changement est mauvais, qu’il soit économique, technique ou social, la fin justifie donc les moyens. Le terme « poujadiste » définit aujourd’hui une pensée, une action, à contre temps et à très court terme.
@ HENRI : Tout à fait d’accord avec la première partie de votre propos : les grands parents n’attendent pas leur décès pour aider leurs enfants et petits enfants , du moins ceux qui le peuvent.Quant aux résidences secondaires je suis dubitatif : à part les périodes de vacances ( et encore ! ) ce sont exceptionnellement des solutions pour le logement durable…
@ GERFO : je ne pense pas que votre proposition soit une bonne solution. Comparons avec EDF , monopole jusqu’à présent pour le plus grand nombre de consommateurs : il n’y a pas de nuisances notables de la part de ses agents cependant assez fortement syndicalisés….
@ à yffic
tout à fait d’accord avec vous pour votre remarque sur la transmission des biens , ce que j’ai simplement voulu dire c’est qu’une partie des biens est figée à cause d’une fiscalité paralysante quant à certains délais de conservation , alors que ces biens pourraient être remis en circulation sur le marché, soit pour une résidence principale ou tout simplement pour être revendus ….car je reste persuadé que les plus jeunes en ont davantage besoin et qu’ils savent peut-être "plus" dépenser que les plus "anciens", donc bon pour notre économie ….
C’est vrai que la fiscalité peut etre un frein à la fluiditité des transactions . Il y a effectivement la une piste pour la Commission ATTALI : calculer le bien fondé de la suppression des plus values immos au profit d’une consommation anticipée sur laquelle pourrait se rattraper l’Etat par des recettes de TVA par exemple…..Cordialement
Une fiscalité moins contraignante permettant de fluidifier les transactions immobilières figées aurait pour avantage de relancer considérablement la consommation , un bien vendu ou transmis peut tout d’abord servir à se "loger" auquel viennent s’ajouter bien souvent quelques travaux, donc une valeur ajoutée pour les P.M.E qui pourraient aussi embaucher et ainsi de suite … aucune piste ne devrait être négligée, nous avons besoin de logement, de travail, de cotisations, de recettes , etc …
Comme le mentionne YFFIC c’est peut-être une piste pour la commission J. Attali.
A J paulus, Yffic, Henri,
trés interessant, votre débat. Toutefois, la question est elle celle de la consommation qui serait à relancer ?
Nos difficultés (fort niveau de chomge et pauvreté) ne pourraient elles pas venir d’un coût du travail élevé dans un contexte malthusien (n’oublions pas qu’un salarié ne touche que la moitié de son salaire) ; qu’une part importante des dépenses publiques n’est pas tournée vers l’interet général (c’est à dire investissements, lutte contre la pauvreté) mais finance la sous productivité et des retraites versées à de jeunes seniors (effet de paupérisation) ?
Je pensais que plus il y aurait de cotisants, moins il y aurait de problème de financement des retraites . il faut quand même reconnaitre que si le chômage était plus faible il y aurait plus de recettes.
Il pourrait aussi être envisagé une productivité normale , peut-être en diminuant la fiscalité (sans forcément avoir recours à un financement public)
Les jeunes séniors retraités sont souvent mis en cause, mais ce n’est la seule raison du problème du financement des retraites ? en parallèle il faut aussi reconnaitre qu’il y a aussi beaucoup de jeunes, ou de moins jeunes, à la recherche d’un emploi qui ne cotisent pas et qui peuvent aussi s’interroger sur leur future retraite .
Tout semble très complexe, mais malgré tout je reste persuadé que sans un retour normal à l’EMPLOI un pays devient effectivement pauvre humainement et intellectuellement .
A J-paulus,
Le chomage n’influe que de façon marginale. Le fond du problème, c’est l’allongement de la durée de vie. Je vous invite à lire mon billet du 14 juin 2006 dans lequel je présente les élèments intervenant. L’esperance de vie à la naissance s’allonge de 3 mois tous les ans, il y a de plus en plus de personnes qui atteignent l’age de la retraite et la durée moyenne de la retraite s’allonge de 2 mois tous les ans … En plus, la France est un pays où l’on part jeune en retraite. Bref, ce dernier élement concourt tout également au "déséquilibre" des générations. Et il y a un risque que plus on ait de retraités, plus on ait de chomage : en effet, les cotisations alourdiront le coût du travail et/ou pénaliseront le rendement attendu des investissements.
ce qui est intéressant c’est que nicolas sarkozy a été élu par une majorité de retraités
et une minorité d’actifs…
peutil alors prendre d’autre décisions pour les retraites que faire travailler plus longtemps les actifs pour ne pas toucher aux intèrêts de ses électeurs?
M. Lambert,
On aimeait vous lire ou vous entendre, avec la même acuité d’analyse, sur les régimes spéciaux des sénateurs, et plus encore sur ceux du personnel du Sénat (administrateurs, etc.) qui sont calqués sur celui du Sénat…
Passe encore que pour un député, le régime spécial corresponde à une prime de risque de non-réélection (de type le risque du sportif après 30 ans)…encore que le risque du cadre en enteprise de se faire virer est comparable…
Mais qu’on n’aille pas nous dire que ce risque existe pour les Sénateurs élus pour 9 ans au suffrage indirect, bien souvent réélus… et qu’un risque quelconque existe pour les administrateurs du Sénat !
A Francis,
N’oubliez pas que à peu prés tous les pays occidentaux ont pris le même type de mesures (rééquilibrage cotisants / retraités) et que NS n’a été élu qu’en France et il y a seulement 6 mois.
tout a fait d’accord avec Poliblog….
mais il faut bien reconnaitre que
la tres grande majoriite des francais
aspire a des "avantages speciaux"…
si ce n’est pour eux meme mais pour leurs enfants..
ce que redoute all (billet du 14 octobre):
la greve des cotisations par la jeunes generation
est un risque proche et eleve
@AB galiani,
je voudaris simplement que l’on étudie, la posssibilité de faire participer les retraités , par exemple, de "geler" une partie des rétraites actuellement versées, par exemple celles au delà des 85% du SMIC garanties en principe par la réforme fillon de 2003, voir quelle influence cela aurait sur les cotisations, l’âge des départs, etc…
@m.a
‘la greve des cotisations par la jeunes generation
est un risque proche et eleve’
Cela a déjà commencé. Cela s’appelle quitter la france et refuser le systèmeé Cela fait dix ans que je suis parti à cause de ce système de retraite par répartitions et du manque de possibilités en france.
Il va de soit que je ne reviendrais pas pour côtiser pour les retraites.
@ AB GALIANI : Vous avez certainement raison de souligner ou sont les difficultés dans notre pays mais n’est ce pas J.ATTALI qui a mis l’accent sur la concurrence insufisante des réseaux de distribution et donc de la consommation ?
Je souhaite tout d’abord dire que je suis encore très loin de l’âge de la retraite ; mais je souhaite, par respect et affection, soutenir mes parents, grands-parents qui ont énormément travaillé et cotisé et qui méritent leurs retraites.
Certaines réflexions sont limites et navrantes …. , même si, reconnaissons le , l’avenir des retaites peu poser quelque soucis, cherchons ensemble des solutions plutôt que d’incriminer cette partie de la population non responsable des politiques qui ont été menées jusqu’alors.
Les retraités actuels ont eux-mêmes cotisés pour les retraités qui les ont précédés , donc pourquoi cet acharnement.
Lorsqu ‘il y a des difficultés dans d’autres domaines une certaine solidarité existe. Cela voudrait-il tout simplement dire que les retraités sont des parasites inutiles , tout juste bons pour l’anti-chambre du repos éternel.
NDLR : Chère Cloé , ne vous méprenez pas sur le sens des propos qui sont tenus ici. Ce n’est pas le principe des retraites qui est discuté, mais certains élèments qui apparaissent comme excessifs. La question de fond est « quel est le niveau de prélèvements acceptables qui ne remet en cause ni le niveau de vie des générations à venir, ni le principe de protection sociale ».
Cher Yffic,
Ce que vous dites est trés juste, et pour ma part, je n’ai jamais cessé de dénoncer les monopoles. Puisque nous en sommes au "Grenelle" de l’environnement, si l’on veut développer le train, il faut réduire les coûts et donc mettre le réseau ferré en concurrence. Si le sprix peuvent être diminués partout des surcoûts qui les haussent, tant mieux. C’est excellent pour le pouvoir d’achat et le niveau de vie.
Maintenant, n’oublions pas que le déficit public permanent contribue à soutenir la demande, sans que les résultats soient extraordinaires. Effet ricardien, me direz vous, et vous aurez raison.
Mais surtout, les coûts de production : le coût du travail en France est trés élevé, dans un contexte malthusien où l’on traque ceux qui travaillent.
L’INSEE d’abord, l’OCDE ensuite ont constaté l’effet trés favorable des baisses de charges sur l’emploi. Et relisez ce que j’écrivais à ce sujet dans ce billet et dans celui du 14 avril. Les politiques de soutien actif aux revenus des ménages se sont traduits par une hausse du chomage, car on a sacrifié l’investissement.