L’entrée du groupe LVMH en négociation exclusive pour acheter « Les Echos » au britannique Pearson suscite un grand émoi dans la presse économique.
Pour ma part, je ne signe jamais de pétition, considérant que le mandat reçu par un représentant du Peuple n’est pas de signer des manifestes ou autres (qui ressemblent plutôt à des aveux d’impuissance), mais de légiférer, « la main tremblante », seulement quand c’est nécessaire et exclusivement pour autoriser, interdire ou ordonner. S’agissant de l’indépendance des rédactions, je ne suis pas sûr qu’elle soit mieux garantie par des signatures de parlementaires que par des actionnaires soumis à des règles éthiques et déontologiques clairement et préalablement fixées. En fait, je suis très perplexe face à cette demande exprimée auprès des politiques. Et j’aimerais recueillir l’avis de tous mes fidèles visiteurs sur le sujet.
Pour plus d’informations, consultez l’actualité du dossier en ligne sur le site Les Echos.fr, en cliquant ici !
Un cas d’école…
De tout temps les journaux ont compté parmi les plus capitalistes des entreprises, prospérant toujours sur nun terreau libéral, et pour cause!. C’est un fait acquis. Et voilà que l’on se réclame d’une exception parce qu’on a la trouille. Mais il fallait alors réagir quand les Beytout ont vendu et que Nicolas s’est "vendu" au Figaro. Allons allons allons!
Je n’ai pas d’affection pour Arnault dont on sait comment il a réussi dans les affaires françaises après avoir échoué dans les américaines . Mais qui se rappelle l’affaire Boussac puis Agache Willot etc…qui? moi en tout cas j’ai une mémoire comme une morgue, en espérant bien ne pas y atérrir)…
Bon tout se vend tout s’achète même l’information même les échos.
Et alors les grands mots tout de suite …
mamma mia! ma que! une histoire ordinaire , d’un ridicule achevé, comme le Monde ou Libération etc etc etc! Rivarol au secours!
Quelque part, je ne peux m’empêcher de ricaner en voyant un journal qui vante à longueur de colonne à ses lecteurs tous les mérites du libéralisme et de la mondialisation, ainsi que tout le côté à la fois inéluctable et souhaitable de ces évolutions venir chouiner quand la vague de "réforme" et de "progrès" s’approche de ces chers journalistes, profession qui reste en France parmi les dernières à bénéficier d’un joli privilège fiscal en ce qui concerne l’impôt sur le revenu.
Plus sérieusement : regardons un peu l’état de la presse économique : les titres qui y réussissent y réussisent toujours en parfaite indépendance, en étant totalement détenus par des capitaux privés et intéressés. L’intérêt de contrôler une revue économique est bien plus de disposer en interne d’un outil d’analyse que de s’imaginer "influencer" quoi que ce soit en jetant de la prose sur du papier.
"Parler ne fait pas cuire le riz" disent d’ailleurs les chinois.
Si nos amis des échos souhaitent cette forme d’indépendance qu’est celle de l’adolescent dépendant de l’argent de poche de ses parents pour mener sa vie hédoniste, qu’ils passent donc les concours de la fonction publique.
La vente et l’achat d’entreprises privées par des actionnaires privés est tout à fait normale même pour les journaux. Comme pour tous changements l’arrivé d’un nouvel actionnaire déclenche des craintes pas forcement fondées, l’indépendance des rédactions envers leur actionnaire n’est pas gage de neutralité de son contenu.
En tant que lecteur je préfère cette notion d’impartialité des articles journalistiques à la notion d’indépendance des rédactions, c’est elle qui me permet d’avoir une information fiable et complète et qui conditionne l’achat du journal, le reste est plus de la gestion interne.
Ceci n’est pas du ressort des élus ni du gouvernement.
Je ne sais pas si c’est inné ou acquis, mais en cas de désaccords il est demandé l’intervention de l’état et de ses représentants dans la gestion de ces entreprises privées comme si l’état en était l’actionnaire suprême.
Sauf erreur, les sociétés coopératives existent. "Le Courrier Picard" , par exemple, est sous forme coopérative. N’est-ce pas le meilleur moyen d’être indépendant ?
Par ailleurs, je trouve que nous manquons d’informations concernant les imprimeurs de la Presse. Je n’ai toujours pas admis leur comportement à l’égard des "gratuits" et des petits jeunes qui en assurait la distribution.
Je trouve les journalistes bien soumis aux imprimeurs.
La Presse Quotidienne a grand besoin de se remettre en cause : journalistes, imprimeurs et logistique.
Comme d’habitude les Francais voient le probleme par le petit bout de la lorgnette et se retournent vers l’Etat quand quelque chose va mal. En l’occurrence, ici, la concentration de la presse.
Qu’y peuvent les politiques? A la fois rien et un peu… Rien car ils n’ont pas a priori a intervenir sur une operation economique, a moins qu’elle n’aboutisse a un monopole de fait. A ce propos l’AMF a t elle ete consultee sur ce point (le fait de posseder les deux principaux journaux de presse economique constitue-t-il un monopole?)
Et un peu, parce que le modele economique francais favorise la proximite entre monde politique et monde economique (enarques qui pantouflent dans le privé, puis reviennent dans le giron du public et favorisent leur ex-entreprise, favorisation dans les aides publiques des grandes entrprises francaises mondialisées au detriment des PME…) et qu’a ce titre, plus qu’ailleurs il n’est pas anodin que la presse (et pas seulement economique) soit detenue par quelques grands patrons francais.
Et quand je dis que les Francais voient le probleme par le petit bout de la lorgnette, c’est parce que le terme qui les chiffonnent c’est "grand patron" alors que ce qui me chiffonne c’est "francais"!. En effet, qui peut croire que dans un secteur important en terme de communication mais en declin economique, il soit possible de ne pas adosser un groupe de presse a un secteur economique plus rentable (en l’occurrence en France, le BTP, l’armement et le luxe). Le seul cas, et je crois qu’il est exceptionnel au moins a l’echelle europeenne, de presse rentable a tirage important, c’est le Canard Enchaine, qui s’autofinance largement… mais qui reste un hebdomadaire et non un quotidien.
Conclusion: pour garantir la liberte de la presse, ce qui serait necessaire, c’est que l’entreprise sur laquelle s’adosse la presse soit detenue par des capitaux a peu pres independants du monde politique francais. C’est ce qui se passait avec les Echos, detenu par le groupe britannique LVMH, c’etait ce qui faisait sa force et sa legitimite, et c’est ce qui est en cours d’etre perdu.
Et la, les pouvoirs publics ont peut etre un role a jouer, en favorisant l’arrivee de capitaux etrangers dans les groupes de presse francais soit par des restrictions sur l’entreprise sur laquelle s’adosse la presse (cf les propositions de F. Bayrou: interdire a un groupe dont les commandes d’Etat representent une forte part du CA de controler un groupe de presse), soit par des mesures fiscales ou des reformes structurelles mais je ne connais pas suffisamment la question pour etre plus precis (y a t il des lois protectionnistes empechant ou genant l’afflux de capitaux etrangers dans les medias francais? y a t il une connvience de fait entre syndicats de journalistes ou du Livre et patrons francais pour l’eviter? …)
Voila les questions qui a mon avis – puisque vous le demandez aux lecteurs de votre blog- devraient etre posees par le rachat des Echos.
ERRATUM:
"detenu par le groupe britannique Pearson" (evidemment…)
Incroyable que ce débat surgisse à nouveau. Global a presque tout dit : on peut ajouter que si les journalistes des Echos voulaient pousser leur logique jusqu’au bout, aucun journal ne devrait être propriété d’aucun groupe faisant "commerce" puisque toujours suceptible d’attenter à la liberté de la rédaction. Ceci nous conduirait directement à l’information d’Etat ! et l’Etat n’est pas plus impartial que n’importe quelle autre organisation. Pour que la liberté soit assurée, vive la liberté et la concurrence. Si réellement, la rédaction des Echos est trop mise à mal par un actionnaire pesant, les lecteurs bouderont le journal, sûrs d’y trouver des informations "biaisées". Ce qui ouvrira la voie à un autre quotidien. C’est la multiplication des journaux et des points de vue exprimés qui sont les mieux à mêmes d’assurer la bonne information. Et il est ridicule d’en appeler à N.Sarkozy et donc à l’Etat encore une fois. Qu’est-ce que l’Etat a à faire la-dedans ? On ne va quand même pas ranimer l’Etat tentacule qui fait tout dans le pays ? et qui devrait gendarmer et garantir l’indépendance de la rédaction ?
En cas de pression constatée sur la rédaction, on fait quoi ? Amende, prison, travaux d’intérêt général ?
Aucun des commentaires précédents ne tient compte du fait qu’Arnault est déjà propriétaire de l’autre quotidien éco-fi : La Tribune. A mon sens, c’est là que se situe le problème, au nom même du libéralisme.
Il suffit de connaître le lectorat respectif des Echos et de La Tribune pour constater qu’un même propriétaire pour ces 2 canards se trouverait de facto en situation quasi-monopolistique sur l’info auprès de la communauté financière.
Je ne vois aucun obstacle à ce que Arnault achète Les Echos… à condition qu’il vende La Tribune. Apparemment c’est ce qui est prévu. Il faudrait juste s’assurer que la vente soit faite dans de bonnes conditions et que le titre puisse survivre dans la foulée…
La concurrence et les contre-pouvoirs sont des principes clés du libéralisme, non ?
Marc: Créer un journal à partir de rien est facile : c’est pour cette raison qu’on ne saurait parler de monopole dans la presse (même en se limitant à la presse francophone, ce qui est déjà absurbe en soi)
Qui lit "Les Echos" ? … Pour d’autres titres l’affaire est deja reglée
Restent
Charlie Hebdo
Le Monde Diplomatique
Voila deux titres VRAIMENT independants