La Tribune publie aujourd’hui une « tribune » que nous avons cosignée avec Didier Migaud, mon « jumeau » dans la paternité de la LOLF, et deux économistes prestigieux Christian de Boissieu, Président du Conseil d’Analyse Economique et Jean-Hervé Lorenzi Président du Cercle des Economistes. Ensemble, avec nos sensibilités et nos expériences différentes nous avons voulu montrer que la politique était une oeuvre noble, qu’elle n’était pas une guerre civile, mais au contraire, un lieu, des moments de rencontres et d’échanges pour ouvrir ensemble de voies de progrès pour le pays, en les offrant au débat public. Parce que nous avons nos propres convictions politiques, que chacun les connaît, que nous y sommes fidèles, nous n’en sommes que plus à l’aise pour présenter ensemble les solutions qui doivent nous rassembler tous : la croissance et la modernisation de la gestion publique. Je pense que les campagnes électorales gagneraient à offrir davantage de points de vues convergents sur des sujets vitaux portés par des personnes d’expérience issues de sensibilités différentes. C’est en tout cas le sens de notre démarche que nous souhaitons poursuivre pour participer à l’épanouissement d’un « mieux démocratique ». Merci de nous donner votre sentiment.
Voic le chapô du texte :
« Alors que la polémique bat son plein sur le chiffrage des programmes des candidats à la présidentielle, les deux pères de la LOLF (loi organique relative aux lois de finances), Didier Migaud, ancien rapporteur général (PS) du Budget et conseiller budgétaire de Ségolène Royal depuis jeudi, Alain Lambert, ancien ministre du Budget dans le gouvernement Raffarin, aujourd’hui sénateur UMP et proche de Nicolas Sarkozy signent, avec Christian de Boissieu, président du Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre et Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des Economistes, le texte suivant. »
LE MIEUX DEMOCRATIQUE ?
Le voici
Le monde
"Aux Pays-Bas, toute campagne électorale – et ce fut le cas pour le scrutin législatif de novembre 2006 – est précédée d’une évaluation chiffrée et précise par le Bureau central du Plan. Une tradition lancée en 1986. L’an dernier, huit partis en lice ont ainsi demandé à cet organisme indépendant d’établir le coût des mesures qu’ils proposaient. Un document de 210 pages sobrement intitulé "Les choix en jeu, 2008-2011" et accessible à tous en a résulté. "C’est un moyen, non partisan, de comparer les propositions, de rendre compréhensibles les mesures avancées et d’offrir un service tant aux électeurs qu’aux partis", explique un porte-parole. L’analyse des programmes électoraux facilite également, par la suite, la négociation entre différentes formations si certaines veulent créer une coalition et établir son programme "
http://www.lemonde.fr/web/articl...
LE MIEUX DEMOCRATIQUE C’EST DE METTRE SUR LA PLACE PUBLIQUE LES MODALITES SUR UN CHIFFRAGE DONNE COMME GAGE DE SERIEUX .
LE TEMPS DES CARTES BLANCHES EST DEPASSE
C’est en effet la Solution à la modernisation de l’Etat à condition que les Directeurs des grandes administrations et les Ministres compétents aient cet objectif n°1 et soient sanctionnés en cas de refus de mettre en oeuvre cet outil.
Malheureusement je suis dubitatif car cette culture n’existe pas.
Pour évaluer ses subordonnés, il faut aussi accepter de l’être aussi. Les grands corps de l’Etat, l’acceptent t-ils ?
Pour mettre en place de nouvelles solutions, il faut être créatif et bousculer ses habitudes : est-ce possible quand toute la hiérarchie attend la note de service du supérieur ?
Transformer un pétrolier en catamaran demande une révolution dans les esprits et les comportements. Quand on entend le discours habituel de la gauche, les riches paieront, les réformes auront du mal à se faire.
Tant que les hauts fonctionnaires pourront aller la ou ils veulent, politique, privé, et revenir dans leurs administrations d’origine, les fonctionnaires exécutants ne seront pas motivés.
Tant que les Assemblées ne seront composées éssentiellement que de fonctionnaires, la France ne bougera pas.
Tant que les dépenses seront reconduites d’une année sur l’autre, l’Etat continuera à chercher de nouvelles recettes ou utilisera des ruses comptables.
Les Canadiens ont réussi car des communes au Gouvernement, tout le monde s’est remis en cause.
Les administrations sont évaluées régulièrement.
Je veux bien croire à cette réforme majeure, mais le prochain Président et sont Premier Ministre iront t-ils dans cette direction et s’engageront-ils ?
A ce jour, seule la croissance retrouvée permettrait de financer les promesses.
Mais Bruxelles vient d’alerter la France sur les prévisions 2007 qui ne sont guère optimistes.
Bravo ! Pourquoi pas chercher à fédérer bien au-delà ? Plus ces priorités sont partagées par un grand nombre, plus leur mise en oeuvre pourra être assurée au-delà des contingences politiques.
Décidemment, vous avez le sens de l’intérêt général.
Respectueusement.
A JPM
Je suis moins pessimiste que vous. En effet, je participe en ce moment à la mise en place d’un contrôle de gestion dans une administration (au sens "comptabilité nationale"). Je constate que les personnes en charge de cette tache discutent beaucoup du "comment", mais le "pourquoi", lui, semble trés largement partagé. Et je pense que c’est là un facteur clé de succés de la LOLF : induire un nouvel état d’esprit, favorable au "résultat".
Attention : la tribune qui était en ligne jusqu’à ce jour à 13h était en fait une tribune de Sylvie Trosa publiée à la même page du journal la Tribune du 19 février.
C’était une erreur de notre part que nous venons de corriger.
Nous vous prions de bien vouloir nous en excuser.
La fraude aux prélèvements obligatoires équivaut au déficit budgétaire
"La fraude aux prélèvements obligatoires atteint en France 29,1 à 40,2 milliards d’euros par an, soit l’équivalent du déficit budgétaire en 2006, selon un rapport officiel dont Les Echos publient des extraits, mardi 20 février"
Je ne sais comment est organisé Bercy mais ne faudrait t-il pas mettre sur pied des super-inspecteurs pour récupérer ces sommes qui s’évaporent.
Nos fonctionnaires passent le maximum de temps à gérer les déclarations des simples contribuables.
Affecter une force de frappe qui consacrerait toute son énergie et serait récompensée pour traquer les fraudeurs devrait être un objectif fort de Bercy !
Je ne peux imaginer une entreprise gérée ainsi.
De votre demarche, on a l’impression que nous sommes a un point d’inflection: l’oeuvre legislative est accomplie mais la revolution culturelle copernicienne qui doit l’accompagner tarde.
Quiconque a ete confronte a une demarche de changement de culture (dans un service, dans une entreprise …) sait combien cela est difficile et frustrant a operer: les forces qui freinent le changement sont plus feroces que celles qui le poussent.
Il faut donc chercher tous les appuis possibles.
J’ai le sentiment que pour l’instant la comprehension des merites de la LOLF est limitee a un cercle restreint (lecteurs de blogs ou de la presse economique).
La dette fait peur. Mais trop peu sont ceux qui peuvent la surmonter positivement en se motivant avec la LOLF.
Le proselytisme doit maintenant adresser le plus grand nombre. Pour ce faire il faut communiquer, c’est a dire simplifier, repeter, proceder par analogie.
Cette recommandation vient de quelqu’un qui ne connait pas grand chose de vos efforts, mise a part la partie apparente de l’iceberg. Mais dans cet univers du visible, il me semble qu’un document "ultra vulgarisateur" n’existe pas, d’ou mon audace a suggerer un effort dans ce sens.
Concretement il faudrait viser l’objectif de voir integrer dans les discussions politiques familiales la LOLF:
– Que le fonctionnaire soit interpelle par son beau-frere, cousin … pour savoir ce qu’il en pense.
– Qu’au moins un des 100 francais choisis pour interroger un candidat pose une question sur le sujet.
– Que l’administration est l’impression que maintenant la nation s’interroge.
– Que les journalistes qui vous recoivent expliquent la LOLF, qu’ils demandent aux citoyens ce qu’ils en pensent.
– Que la LOLF ne soit pas qu’un monument bipartisan, mais un projet qui reclame l’interet de tous car il n’est pas mineral, mais organique (!), donc mortel.
Objectif ambitieux certes, mais sans doute incontournable si vous voulez reussir … pardon, si nous voulons reussir.
Nous ne souhaitons pas polémiquer sur le chiffrage, mais nous voulons signifier qu’il est temps de s’attaquer aux véritables problèmes, explique M. Lorenzi, par ailleurs président du Cercle des économistes. Pour montrer que cette réalité transcende les clivages, notre appel devrait être signé par l’ancien ministre du budget, Alain Lambert (UMP), et Didier Migaud (PS), conseiller budgétaire de Ségolène Royal."
Votre courage et votre ténacité vous honorent, ainsi que, bien entendu, Mr Migaud et tous ceux qui, par dela les clivages si artificiels, poursuivent cette aventure en marge du barnum électoral.
Vous concevrez cependant, du moins l’espère, que la promotion de thèses autrement plus radicales, comme par exemple celles pronant que moins d’état, c’est mieux d’état, sont complémentaires du travail que vous fournissez. Dans l’intérêt de la France, que chaque thèse progresse aussi vite qu’elle pourra et nous verrons bien où et quand la jonction se fera.
Bien évidemment, Monsieur Lambert, vous voyez clairement.
Plancher sur des sujets fondamentaux, qui doivent être transpartisants, pour des énergies qui savent que la France doit être forte et inattaquable, est essentiel. Et le travail « en équipe »dont vous parlez et qui se fait en amont, hors idéologie est vraiment intelligent (si je peux me permettre).
En revanche, tenter une coalition organisée avec des talents venus de divers horizons politiques au sein d’un gouvernement serait à coup sûr périlleux. A plus ou moins long terme, les effets des réactions humaines (les ego, les frustrations, les pressions des partis, etc…) pourriraient la bonne marche. C’est pourquoi, je ne pense pas juste la vision de François Bayrou dans son intention de former un gouvernement « hors clivage ».
Bien cordialement – Catherine
NDLR : Vous avez cent fois raison, il est hors de question d’envisager des coalitions hétéroclites, mais d’avoir la maturité, et l’assumer, pour séparer les sujets qui peuvent faire consensus et sur lesquels on peut avancer et ceux qui demeureront des sujets de désaccords et sur lesquels il faut s’en remettre au choix des électeurs. Avec Didier Migaud nous avons construit des outils qui permettent une politique de gauche ou une politique de droite. Notre souci est qu’ils soient bien utilisés pour produire le meilleur effet pour les Français. Mais nous n’avons jamais rêvé d’une coalition entre nos deux formations. AL.
AB Galiani "Je suis moins pessimiste que vous. En effet, je participe en ce moment à la mise en place d’un contrôle de gestion dans une administration (au sens "comptabilité nationale"). Je constate que les personnes en charge de cette tache discutent beaucoup du "comment", mais le "pourquoi", lui, semble trés largement partagé. Et je pense que c’est là un facteur clé de succés de la LOLF : induire un nouvel état d’esprit, favorable au "résultat"."
Ayant l’expérience d’une multinationale américaine et des collectivités territoriales en tant qu’élu et consultant, j’ai constaté que les éxécutants sont toujours remplis de bonnes intentions et sont prêts à jouer le jeu, MAIS….
Dans une entreprise privée, il s’agit d’une question de développement ou de survie dans certains cas.
Dans le Public, les priorités données à une gestion efficiente et à un management moderne sont fluctuantes et dépendent des Directeurs et des Elus.
Cette démarche doit être continue pour réussir et l’évaluation doit être régulière.
Bien gérer, ce n’est pas seulement être conforme à la Comptabilité Nationale, mais régler toutes les causes de disfonctionnement.
Quand on voit ou on vit des textes qui pleuvent sans arrêt, des dispositifs qui s’empilent et qui impliquent différentes administrations et collectivités, la bonne gestion de l’argent public devra attendre longtemps.
A JPM
Dont acte concernant vos remarques …
Donc notre hote a raison : au delà des clivages, sachons nous entendre sur des points essentiels … dont celui que vous évoquez.
Fraudes fiscales
pourquoi ne pas établir un prélévement à la source lorsqu’il est possible de le faire. ce serait plus simple, cela permettrait pour certains une meilleure gestion de leurs revenus.
IL FAUT ALLEGER CETTE LOURDEUR ADMINISTRATIVEE, SUPPRIMER LE MAXIMUM DE FORMALITES ET RENDRE ,de ce fait, L’IMPOSITION PLUS JUSTE( croiser les différents dossiers d’aides diverses, établir une autre façon de calculer l’I.S.F. avec prélévement direct sur plus-values …. au mieu de laisser à chacun sa propre appréciation. etc…)
hors sujet :
Quand Nicolas SARKOSY va t’il partir en campagne ….. IL RISQUE DE PERDRE du terrain face à S.R. . IL A CERTAINEMENT ses raisons mais cela devient inquiétant. (les sondages, même si ils ne sont pas toujours le reflet de la vérité, sont là malgré tout )
F. BAYROU et S.ROYALE avancent …..
AB Galiani: vous savez, on se pose des questions sur la "comment" de la LOLF depuis 2003, 2004 pour les expérimentateurs, 1er janvier 2005 un peu partout.
En quatre ans, le "pourquoi", c’est bon, tout le monde a compris : mais le but du jeu, c’est surtout de bien se reposer chaque année les mêmes questions en ce qui concerne le comment et surtout ne tirer aucune leçon des années passées.
Si vous saviez combien de fois nous avons recalculé une pyramide des âges. C’est bizarre, tous les ans, il semble se trouver quelque nouveau candide pour vouloir nous expliquer l’importance de la pyramide des âges pour prévoir les masses salariales. Et nous de faire tous en coeur un grand "Hooooo… là, là, ha bien oui tiens, on y aurait pas pensé…"
Du rapport NORA en 1957 à votre constat en 2007 cela fait donc 50 ans que l’on parle de bonne gestion au sens donné par JPM….Comme soeur Anne…..
on parle de fraude fiscale, bien sûr et c’est évident.
mais on pourrait peut-être améliorer le recouvrement en faisant le maximum de prélévements à la source.
il serait peut-être utile, aussi, d’aider les contribuables avant de les pénaliser car il y a trop de cas particuliers et d’exceptions, tous les citoyens ne connaissent pas parfaitement le "code des impôts" c’est devenu une spécialité.
Il y a aussi parfois des déductions ou avantages auxquels vous avez droit, et là par contre on ne vous le signale pas…
UNE MISE A JOUR SIMPLIFIEE SERAIT LA BIENVENUE.
Au-delà des propositions intéressantes, certains commentaires, font ici état de fraude aux prélèvements.
Tout dépend de ce que l’on entend, quand on parle de fraude, et de qui l’on parle.
Au risque de déplaire, je peux apporter un autre éclairage sur le sujet.
La nébuleuse fiscale et sociale faite d’exceptions aux exceptions et des contournements multiples à tiroirs imbriqués, permettant à quelques finauds de s’y engouffrer et de tirer avantage de quelques niches douteuses, n’a produit qu’un seul résultat in finé : Le niveau global des prélèvements est inacceptable.
Du fait de cette nébuleuse et de ses conséquences, l’esquive est donc devenue un sport national.
Si l’on veut bien se rendre à l’évidence, que ce sont les entreprises qui créent de la richesse, et qu’il n’y a d’entreprises, que parce qu’il y a des entrepreneurs pour les créer. Et que par ailleurs, rien n’oblige ceux qui le font, à le faire, en prenant les risques que ça implique.
On peut imaginer sans peine que dans ce fatras, certains soient tentés de passer la ligne jaune.
Comme ce n’est pas sur Besancenot, Laguiller, Buffet et quelques autres socialistes, qu’il faut compter pour créer des entreprises, ce n’est pas eux à l’évidence, qui seront répréhensibles sur ce sujet.
Dans ce cas précis, il y a une autre façon de voir le problème de la fraude, qui peut être perçu comme un acte de résistance, face à un état ou plus largement une sphère publique, dont la légitimité à percevoir des prélèvements peut être discutable, dans la mesure ou elle ne fait pas ce qu’il faut pour les rendre acceptables.
Certains ont trouvé une solution, ils s’en vont.
Cela fait vingt cinq ans ou d’avantage que le niveau des prélèvements est devenu inacceptable. Tout le monde en a fait le constat.
Les maux sont connus, les solutions identifiées : il faut réduire les dépenses, et pas à dose homéopathique, comme il est proposé de le faire.
Que l’état, comme les organismes collecteurs, commencent par balayer devant leurs portes, en remettant tout à plat, et en répondant à des questions simples : à quoi ou à qui servent-ils ?
Des réponses portant sur leur utilité réelle seront peut être édifiantes.
Voilà un sujet transpartisan, vital pour la France, qui gagnerait à offrir davantage de points de vues convergents.
Merci à l’Agent de vos remarques … En fait, je dresse aujourd’hui le même constat que vous : les méthodes ne sont pas rodéees … A cet égard, il est vrai que les notions de mesures et de contrôle de gestion sont fort récentes dans le public en regard de ce qui se fait dans le privé. Pour anecdote, passant du privé au public, il y a déjà de cela qq années, il m’a fallu apprendre la compta à partie simple dont je ne pensais pas possible qu’elle existât encore. Je pense qu’aujourd’hui on est dans une phase de rodage mais il m’apparaît trés positif que les objectifs soient largement partagés.
une petite précision sans grande importance pour vos débats mais j’ai la mémoire qui flanche et je me suis trompé d’une décennie en ce qui concerne le rapport de Simon NORA relatif à la gestion des entreprises publiques : il a été produit en avril 1967 et non 1957 comme je l’ai écrit sans vérifier….. ça change tout n’est ce pas ? Cordialement à tous !
REFORMER LA FISCALITE EN LA RENDANT plus ACCESSIBLE, plus JUSTE, plus MODERNE,