De Prague, où je suis parti jeudi après midi, j’ai suivi avec étonnement la soudaine irruption médiatique qui s’est produite, au sein de la campagne présidentielle, suite à la manchette du Monde suspectant une tentative de remise en cause du financement du programme de Nicolas Sarkozy. Vu de l’extérieur, sous le regard d’amis étrangers, cette agitation nous semblait surréaliste. Voilà plusieurs jours que je sentais cette frénésie du chiffrage monter et s’emparer du débat public, au risque de distraire l’attention des Français des vrais sujets qui sont ceux de leur avenir et de celui de la France.
Qu’attend-on d’un Président de République ? Non pas qu’il nous égrène, comme un caissier-comptable, ou un apothicaire une liste de mesures avec des indications précises sur le poids et la liste des ingrédients qui les constituent. Nous attendons qu’il nous dessine un vrai projet de société pour la France, pour nos enfants et pour nous même.
J’ai retenu, pour ce qui me concerne, 3 messages forts de Nicolas Sarkozy :
1) Le retour au plein emploi dans les 5 ans ;
2) L’amélioration du pouvoir d’achat des Français ;
3) La sécurisation de la solvabilité de la France pour garantir la protection sociale (famille, retraites, santé, vieillissement).
Pour réaliser ces objectifs d’intérêt général, il explique sa méthode :
– S’agissant du plein emploi, il érige le travail en priorité nationale en permettant, par exemple, à tous ceux qui le souhaitent de travailler plus pour gagner plus, notamment grâce aux heures supplémentaires exonérées.
– S’agissant du pouvoir d’achat, il propose de réduire toutes les charges et impôts qui grèvent le budget des ménages.
– S’agissant de garantir la solvabilité de la France, il prend des engagements précis sur une trajectoire d’assainissement de nos comptes publics avec des objectifs explicites d’amélioration du stock de dette, du déficit, de norme des dépenses, de prélèvement obligatoires, et l’introduction de la « règle d’or » interdisant désormais d’emprunter pour financer des dépenses de fonctionnement.
Cette garantie de la solvabilité de la France est pour moi essentielle, et je suis en mesure d’expliquer, à tous ceux qui le souhaitent, l’évolution de nos comptes publics sur les 5 ans qui viennent, selon les hypothèses de croissance, tels qu’ils résultent des engagements du candidat et dans le cadre desquels (comptes) les mesures proposées devront s’inscrire.
Cette démarche s’appelle un cadrage ! Je m’épuise à rappeler sur ce blog qu’un cadrage solide, sérieux, contradictoire, explicité, documenté, vaut mille fois mieux que tous les chiffrages de bouts de table qui fleurissent ici ou là.
J’essaierai cependant par d’autres billets, pour ne pas tout mélanger, d’expliquer les limites de tous ces chiffrages. Cela étant dit, pour figurer parmi les acteurs principaux des finances publiques depuis 15 ans, et m’étant souvent soustrait aux contingences partisanes, sans m’être jamais fait d’ennemis, quels que soient les partis, j’aspire à ce que le débat public sur nos comptes publics reprenne un cours sérieux, professionnel, calme, et responsable. Et j’expliquerai clairement pourquoi je crois à la cohérence d’ensemble des propositions de Nicolas Sarkozy
Bonjour Monsieur Lambert,
Pouvez vous m’expliquer votre aparté " … selon les hypothèses de croissance …. " ?
En effet, chaque candidat nous promet une croissance "royale" (sans jeu de mots) mais l’expérience nous a montré dans le passé que celle-ci n’était pas au rendez vous (depuis une bonne vingtaine d’années, en tout cas).
Le débat ne serait-il pas plus sérieux si vous vous absteniez justement de prendre en compte un chiffre plus haut (~2,25%) que par le passé mais de retenir la moyenne de croissance des 5 dernières années par exemple ?
Remarque : Je suis loin d’être un expert des comptes comme vous l’êtes, aussi j’attends vos explications pour éclairer ma lanterne à ce sujet.
Cordialement,
"j’aspire à ce que le débat public sur nos comptes publics reprenne un cours sérieux"…
ça commençait bien et patatra… ça se termine en queue de poisson:
"Et j’expliquerai clairement pourquoi je crois à la cohérence d’ensemble des propositions de Nicolas Sarkozy"
Quel bel exercice d’objectivité et d’impartialité… 😉
Il faudra rediscuter avec Charles de Courson du volet économique de Bayrou qui me semble être pour le moment le moins "farfelu"
C’est toujours la même chose, la polémique, le duel, le bla bla bal; une caractéristiqure de notre génome national.
Quand on songe aux interminables réunions, discours etc. de la période révolutionnaire qui s’est achevée… dans la Terreur et une dictature!
Il est absolument évident de revenir aux fondamentaux financiers de toute entreprise humaine. Car tout commence et finit par la finance, ses règles.
La question de la pédagogie est donc encore et encore posée.
Je me souviens d’avoir écrit un jour à Dubrule, le brillant fondateur, avec Pélisson, de Accor, devenu sénateur et Président de Entreprise et Progrès , à la suite d’un article qu’il avait rédigé dans La Figaro, que je regrettais que je patronat français n’ait pas pris la responsabilité d’une campagne de communication sur l’entreprise, fût-elle coûteuse, pour contrer la désinformation quasi génétique maintenant de notre peuple.
Penser en effet que nous avons eu 30% de communistes et qu’il y a encore un % important de gens qui sont des militants de cette idéologie mortifère (auxquels il faut ajouter nombre de socialistes utopiques) sans compter les innombrables fonctionnaires syndiqués. On est là exactement au coeur de notre problème qui est comme une gueuse qui nous coule par le fond!
Ce que AL tente, et il a raison, mais "vox clamat in deserto" si la com n’est pas nationale, c’est bien en d’autres termes dire l’Etat comme une vaste entreprise.
Or tous les plus grands groupes internationaux raisonnent de cette manière-là. Certes la projection est soumise à des aléas mais elle fait l’objet d’une constante réévaluation et contrôle etc.
Alors faut-il 100 fois sur le métier remettre cet ouvrage? Ou essayer une fois pour toute d’offrir au citoyen lambda des moyens simples de compréhension (ce qu’il comprend quand il s’agit de ses propres finances, enfin j’entends de ceux qui ont assez de bon sens pour échapper aux sirènes de la facilité consommatrice qui doit exiger une grande rigueur des banques – donc la finance – que la loi doit leur imposer puisqu’elles y manquent trop souvent!).
HALLUCINANT
"Voilà plusieurs jours que je sentais cette frénésie du chiffrage monter et s’emparer du débat public, au risque de distraire l’attention des Français des vrais sujets qui sont ceux de leur avenir et de celui de la France."
COMMENT APPELLE T ON DES PROJETS NON FINANCES : des chateaux en Espagne.
AGITATION SURREALISTE ? NON !!
OBSTINATION A NE PAS SE JUSTIFIER REVOLTANTE !!!!
"J’essaierai cependant par d’autres billets, pour ne pas tout mélanger, d’expliquer les limites de tous ces chiffrages"
NON faites plutot ce que vous trouviez ADMIRABLE de la par de l’institut de l’entreprise : LES DONNEES DE VOS CHIFFFRAGES
A CE JOUR et comme vous ne repondez toujours pas , le programme de l’UMP a chiffrer l’exoneration de charges et impot des heures supplementaires a 4,6 milliards sur les 5 années quand l’institut donne 4.6 milliards PAR AN avec les seules heures deja realisées ACTUELLEMENT .
Eric, je comprends votre exaspération devant le silence constant affiché par m. Lambert lorsque des visiteurs lui demandent des explications.
M. Lambert n’est pas là pour échanger ; il est ici pour faire sa com… Et regardez comme il est magnanime : il va même passer ce commentaire qui lui permettra une fois de plus de passer pour un personnage tolérant. Personne n’ira lui reprocher de se soustraire continuellement aux questions qui peuvent lui être adressées !
Je vous propose la lecture de ce papier du Monde qui se réume assez bien ma pensée ! Je reviendrai sur les mérites du cadrage, en revanche. http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-868824@51-813555,0.html Bien cordialement, AL.