Madame Royal nous promet la politique par la preuve. Le CNRS la double en nous illustrant le gaspillage de l’argent public (fruit du travail des Français) par la preuve. Un projet de 34 millions d’euros (223 millions de francs) pour la mise en ligne des revues de sciences humaines n’a rien produit et a été arrêté au bout de deux ans. Comme trop souvent, dans ce type d’organismes, ce sont des luttes de chapelles qui ont conduit à ce naufrage. En mai 2006, un audit externe a été demandé. Le Figaro explique parfaitement les motifs de ce ruineux échec. Il s’est procuré ce document, dans sa version datée du 21 juillet 2006. La politique de recherche du CNRS y est sévèrement pointée du doigt.

Je le cite : « L’ensemble de la mise en place du projet se caractérise par l’absence de débat large dans la communauté concernée, d’évaluation par des experts extérieurs au projet (en particulier internationaux), notent les rapporteurs. On peut s’interroger : comment, en deux ans, le portail américain Oaister (de l’Université du Michigan) a-t-il pu donner accès à plus de 8 700 000 références (textes, images, sons, films) de 667 institutions alors que pendant la même période les Français n’ont réussi qu’à produire du papier ou presque ? » A tous les chantres de la « sanctuarisation » des crédits de recherches je rappelle que cette sanctuarisation serait un péril pour la recherche elle-même qui a tant besoin d’évaluation ! Que ce très coûteux bug serve au moins à quelque chose et nous rassemble tous pour appeler à une réforme en profondeur de la recherche française, en la sortant enfin de son ghetto et de ses rivalités internes pour la tourner tout entier vers les résultats et la performance. Et alors, elle aura tout le monde à ses côtés, sans exception.

L’article du Figaro