Le Podcast de la semaine : Ségolène met les profs à 35 heures. Vraiment les blogs nous réservent des surprises pour la campagne présidentielle qui s’annonce. Jetez un coup d’oeil sur la suggestion de Ségolène d’imposer aux profs de rester 35 heures par semaine dans les collèges. Je ne doute pas qu’ils apprécieront ! N’est-ce-pas ?
Intéressante, cette proposition de travailler 35 heures au collège et une fois rentrée chez moi, repos! Je suis enseignante, et brusquement j’entrevois une toute autre manière de travailler : non plus fonctionner au "désir de faire réussir" les élèves (ce qu’on appelle la vocation) mais au "nombre d’heures travaillées sur mon lieu de travail" (ce qu’on appelle le travail salarié). Pourquoi pas? Mais alors le travail du prof se résumera à distribuer des fiches à remplir, comme au primaire bien souvent. Moins de temps pour préparer et renouveler ses cours, moins de temps pour corriger les "copies" et davantage de temps avec les élèves. J’y trouverais sans doute mon compte.
Mais ce serait alors une mutation profonde du rôle de l’enseignant qui serait alors interchangeable… Un ordinateur ferait tout aussi bien l’affaire et cela coûterait moins cher (un élève par ordinateur, qui suit les cours et les corrections et qui est évalué en temps réel : le rêve!).
Reste un problème : on n’apprend pas sans désir d’apprendre. On n’enseigne pas non plus sans désir d’enseigner. Mais si notre rôle est de distribuer des fiches au lieu de faire des cours, je laisse ma place aux ordinateurs et à leurs programmes : pourquoi pas? Le professeur n’existe plus, place à l’animateur informatique…
Quant aux personnes qui montrent du doigt les professeurs qui "ont du mal avec leus classes", elles ne tiendraient pas une seule journée devant 30 gaillards de 15 ans. Ces jugements à l’emporte-pièce montrent bien qu’elles ne savent rien des réalités du métier, parfois formidables, parfois difficiles, jamais caricaturales.
Si le métier de "prof" était si protégé et privilégié, les personnes qui critiquent le plus les enseignants auraient depuis longtemps passé leur CAPES ou leur agrégation et cessé de travailler dans un domaine qui ne les épanouit visiblement pas. Les concours de recrutement sont ouverts à tous, je le rappelle.
Mais le professorat, comme n’importe quel autre métier, mérite mieux que des positions tranchées et maladroites. Je remercie ici mes anciens professeurs qui m’ont donné l’envie d’apprendre à d’autres que le monde n’est pas simple, que le passé a des leçons à nous donner, et que rien ne remplace la relation humaine quand on doit transmettre des valeurs et des savoirs.
Laura -prof réelle, pas encore virtuelle