Il est toujours tentant pour un responsable politique d’accélérer le cours des évènements. A cet égard, la doctrine keynésienne enseigne qu’il suffit d’appuyer à fond sur l’accélérateur de la consommation pour que la machine économique reparte. Qu’à cela ne tienne ! Que l’on distribue du pouvoir d’achat et l’emploi nous sera donné en plus. Les propos récents de nombreux responsables politiques témoignent de l’attraction qu’exerce encore cette tentation du court terme. Malheureusement, le moteur « relance » s’étouffe à chaque tentative d’accélération : l’endettement de l’Etat et l’inefficacité des dépenses publiques ne permettent pas de réduire sensiblement le chômage et obèrent lourdement l’avenir. Le redémarrage de notre économie passe donc d’abord par des réformes de long terme car, pour reprendre la formule des sociaux démocrates suédois des années 90 : « qui est endetté n’est pas libre ». Et pour retrouver une liberté d’action, desserrons d’abord le garrot de la dette.
Depuis le milieu des années 70, la France pratique de façon ininterrompue une très keynésienne politique de soutien de la demande par le déficit budgétaire, malheureusement sans beaucoup d’efficacité. Peut être faut il y voir la limite traditionnelle de cette politique dans notre ouverture vers l’extérieur où se disperse l’impact initial de la dépense publique. Mais plus surement, deux raisons se conjuguent pour en déterminer l’inanité.
La première est à rechercher dans le poids de notre fiscalité. Pour un salaire quelque peu au dessus du SMIC, le travailleur ne reçoit à peu prés que la moitié de ce que paie l’entreprise. Il lui faut ensuite régler la TVA, l’impôt sur le revenu, la fiscalité locale … Au final, il lui reste entre 30 et 40 % du coût du travail pour faire tourner la machine économique. En termes de politique conjoncturelle, toute « impulsion » donnée à la consommation sous forme de déficit public ou, d’une façon générale, sous forme de distribution de pouvoir d’achat comme le versement anticipé de la participation, se disperse très vite sans jouer de rôle de courroie d’entraînement. Pour cette raison, il peut y avoir simultanéité d’un coût du travail élevé et d’une consommation affaiblie.
La deuxième vient de la perte de myopie des agents économiques. Face à la permanence des déficits, à l’augmentation de la dette publique, aux coûts à venir des retraites, notamment en l’absence de réformes de fond de l’ensemble des régimes spéciaux, et à l’augmentation attendue des dépenses de santé en raison du vieillissement de la population, les ménages anticipent les hausses fiscales à venir. Ils accroissent leur épargne, au détriment donc de leur consommation. C’est l’effet ricardien, du nom d’un économiste du XIXeme siècle, David Ricardo. Pour exemple, la Direction de la Prévision du Ministère des Finances en 2004 constate une forte similitude entre l’évolution du taux d’épargne et celle du déficit structurel. Avec pondération, les auteurs expliquent que cet effet ricardien peut être la conséquence « de finances publiques sur une trajectoire clairement insoutenable » ou de dispositions « laissant attendre une correction rapide du déficit ». Tenter une relance, désormais, revient à essayer de faire boire un âne qui n’a pas soif, au risque de le noyer.
Surtout, lorsque cette relance s’appuie sur des mécanismes de nature à amplifier le déficit ! Ainsi, en est il lorsqu’il est évoqué « l’exonération de toutes charges salariales et de tout impôt » concernant les heures supplémentaires ou la mutualisation des risques bancaires par un cautionnement public ou l’amélioration des retraites des femmes ayant cessé leur activité professionnelle pour éduquer leurs enfants ou celle des conditions de garde des enfants ou… Loin de moi de remettre en cause la générosité et le bon sens des propositions de tel ou tel candidat. Mais voilà : celui qui est endetté à l’excès, celui qui continue à s’endetter à l’excès n’est pas libre ! De telles mesures, loin de résoudre nos difficultés, pourraient bien au contraire par un curieux effet boomerang et en vertu de l’effet ricardien, contribuer à pénaliser la demande par asphyxie des finances publiques.
Alors, il reste à inviter nos candidats à la fonction suprême à donner une plus grande importance à la réforme structurelle de l’Etat que l’un d’entr’eux dessine lui-même, en commençant par supprimer « tous les organismes , toutes les commissions … qui ne servent à rien », en engageant la réforme des régimes spéciaux de retraite (y compris des fonctionnaires d’Etat et territoriaux), en misant sur l’amélioration de la productivité des services publics … La maîtrise des déficits, endettement et dépenses publiques qui en résultera permettra ainsi la restauration d’un contexte amélioré. Ainsi, notre pays retrouvera un nouveau souffle propice à la définition d’une nouvelle politique sociale. Cette fois sincèrement et durablement généreuse.
Je ne suis pas certain qu’il soit judicieux de chercher à restaurer la capacité d’action de l’état tant que notre classe politique ne se sera pas renouvelée tant par les idées que par les hommes. En effet, chacun se souvient que la crédibilité financière restante (et en partie restaurée par la première réforme des retraites sous Balladur) fût employée par les ministres de Jospin pour financer dispendieusement les 35h et les emplois-jeunes, deux mécanismes notoirement désincitatifs (au sens de l’effet ricardien), ou, du moins, non-créateurs de richesses.
C’est pour ces raisons que je pense que si effectivement le premier enjeu est bien de réduire la dépense publique dans son ensemble (et non pas, comme cela fut fait sous Raffarin et Villepin, reporter sur les collectivités territoriales la charge de l’exécution des missions de l’état sans même se débarasser des administrations d’état devenues surnuméraires), les économies réalisées ne doivent pas être employées pour restaurer la marge de manoeuvre de l’état, laquelle sera invariablement gâchée à l’occasion de l’alternance suivante. En termes plus clairs, que la réduction des prélèvements obligatoires restituera aux citoyens la capacité d’action créatrice de richesse que l’état ne saura employer que pour enfler et enfler encore.
Cher AB Galiani,
J’ai lu avec intérêt votre billet, j’en partage d’ailleurs plusieurs vues, mais, au-delà de la ligne générale, j’aimerais savoir ce que concrètement vous proposeriez de faire comme économies.
Je ne vous demande pas tout un programme de gouvernement, mais…pas loin, finalement 🙂
Les gens sensés sont, je le crois, d’accord sur la nécessité d’une politque résorbant notre monstrueuse dette publique.
Donc, la distinction, parmi les gens sensés va se faire sur leur manière de la réduire.
Quels budgets allégeriez-vous et en taillant dans quoi exactement ?
Car actuellement, si tout le monde en parle, personne ne propose de choses concrètes à quelques exceptions près. Je sais toutefois que François Bayrou et Christian Blanc parient beaucoup sur l’e-adminsitration pour réduire les effectifs des administrations centrales.
Pour ma part, j’aime bien discuter sur du concret, et je pense que cette question centrale devrait être traitée de manière trans-partisane.
Quels sont pour vous les organismes et les commissions qui ne servent à rien ?
Pour la politique keynésienne, j’ajouterai àc e que vous dites, qu’une telle politique est envisageable, mais seulement dans des circonstances exceptionnelles (crise par exemple) et pour une durée limitée. De plus l’appareil productif de la zone géo-économique menacée par la crise doit être en mesure de répondre à une éventuelle relance par la demande.
En ce qui concerne votre remarque sur les retraites des femmes qui ont éduqué plusieurs enfants et ont du s’arrêter, j’ai là aussi une remarque à faire :
Nous sommes pris, je le crois, en tenailles entre deux barils de poudre : la dette, effectivement, et vous le soulignez plus que clairement, mais aussi la démographie, à mon avis tout aussi inquiétante, et encore, la France n’est pas la plus mal lotie.
Augmenter les retraites des femmes qui s’arrêtent n’est peut-être pas une bonne idée, mais dans ce cas, il faut être prêt à participer au financement de crèches près des lieux de travail.
Une dépense de plus me direz-vous ? Certes, mais celle-là, elle me paraît prioritaire, car ce sera nos enfants qui nous prendront en charge à l’avenir.
Par ailleurs, cette mesure est peut-être moins coûteuse que l’arrêt de travail et l’augmentation de la retraite.
Il faut absolument engager des réformes profondes mais depuyis combien de temps entendons-nous le même refrain?
Je pense que pour redonner du pouvoir d’achat il faut supprimer les 35 heures et alléger les charges patronales.
Ainsi, le coût du travail sera dimionuer pour les entreprises leur permettant ainsi d’investir.
Pour les salariés, libres a eux de travailler plus pour gagner plus et plus on gagne plus on dépenses.
Je précise que je suis salarié.
Il ne faut surtout pas faire comme le veut Laurent Fabius, augmenter les salaires de 8% car ce sont encore les entreprises qui vont payer et avec quel argent?
Il faut choyer nos entrepreneurs car ce sont eux qui font vivre le pays!!
Faire du défict permanent, ce n’est pas faire une politique keynesienne!
Faire de la relance par les dépenses de l’Etat suppose qu’on accroisse fortement celle ci. On voit bien que ce n’est possible que si on fait de l’excédent pendant les périodes de croissance. La comparaison entre le Royaume Uni et la France est à cet égard éclairante. Parti en 1996 du mêm niveau élevé de déficit que la France, le Royaume Uni a profité de la croissance de la fin des années 90 pour dégager un excédent, celui ci lui permettant de faire une relance keynésienne quand la conjoncture s’est dégradée. C’est comme dans les montagnes russes: plus on monte , plus on a la possibilité d’acquérir de la vitesse dans la descente. La France n’étant pas remontée bien haut, n’avait plus de marges de manoeuvre pour se relancer. Mais expliquer que les USA et le Royaume Uni font du keynésianisme et pas nous va à l’encontre des dogmes politiquement coorects. Ceci dit, le rapport Pébereau explique très bien l’épisode de la cagnotte. Et iul explique aussi très bien comment on peut rendre les même services en dépensant moins:
en transformant les gains de productivité potentiels de l’informatique par des gaisn d’effectifs par la mobilité interne
en simplifiant radicalement les structures administratives (suppressin du département et des doublons)
C’est le programme de Christian Blanc effectivement
Pour revenir sur le keynésianisme, il n’est pas surprennant qu’après 60 ans de politique de soutien de la demande il y ait besoin de soutenir l’offre!
Vous dites :
"Au final, il lui reste entre 30 et 40 % du coût du travail pour faire tourner la machine économique"
C’est ce qu’il faudrait justement détailler et expliciter. Peu de personnes réalisent le montant final qui leur reste aprés paiement des charges sociales et de toutes les taxes. C’est aussi ce montant qu’il faudrait comparer par rapport à nos voisins.
Si la latitude de l’individu devient trop faible il peut difficilement entreprendre et créer de nouvelles impulsions significatives vers de nouvelles activités, car elles sont gourmandes en ressources et n’ont pas de profitabilité immédiate.
Le manque de moyens ne permet également pas l’investissement dans des nouveautés technologiques et donc l’entrainement d’une société innovante.
Exemple demain je veux équiper mon habitation de nouvelles technologies concernant l’économie d’énergie, l’utilisation de nouveaux matériaux, la création d’un habitat différend, etc… je ne pourrais le faire si je ne dispose de moyens supplémentaires. Ainsi en ne donnant pas la possibilité à l’individu de faire des choix personnels on l’oblige à consommer uniquement ce qui est disponible (maison individuelle type) sans aucune possibilité économique de faire des choix particuliers (maison d’architecte avec utilisation de nouvelles technologies).
De ce fait le nombre de client potentiel pour des produits innovants est trés bas et par contre coup ne permet à de jeune société innovante de se faire une place dans l’économie nationale. Hors sans marché national il est trés difficile de se développer.
C’est pourquoi je crois trés faiblement au politique de l’innovation lancée à grand refort de publicité médiatique. Si au final le l’individu client de ses futures technologies n’a pas de pouvoir d’achat pour se les payer quid de ses innovations ?
Si c’est pour les mettre au point avec du financement venant du contribuable mais qu’il sera dans l’incapacité de les consommer quand elles seront mises sur le marché, cela signifie que les bénéficaires seront ceux qui auront les moyens de les racheter à des couts dérisoires pour ensuite faire du profit dessus.
Faire en sorte que le pouvoir d’achat de l’individu soit fort c’est s’assurer la capacité de choisir.
Effectivement depuis le milieu des années 1970 la France est en déficit. Pour être précis et je cite le Figaro du 16/04/2004, c’est depuis 1975, année où l relance d’un certain Jacques Chirac, premier ministre, a plongé la france dans le rouge. Certes depuis les socialo-communistes ont fait beaucoup mieux mais il est temps de dire stop à cette politique.
C’est du simple bon sens de penser qu’on ne peut pas continuer à dépenser plus que nous ne gagnons. Au niveau individuel, la conséquence se résume d’abord à des agios dus à la banque puis lorsqu’elle n’a plus confiance en un arrêt de la fourniture de liqidités et en une saisie des biens pour retrouver sa mise. Au niveau de la nation c’est la même chose, nous payons beaucoup d’agios mais les bailleurs de fond de la France ne sont pas encore passés à la phase suivante.
Profitons en rapidement …
Un dernier point Attention à l’empilage des structures administratives. OK avec la suppression des départements évoqués plus haut mais attention aux intercommunalités qui risquent d’être des machines à développer les dépenses.
Cher Anaxagore,
Comme toujours vos observations sont marquées du coin du bon sens.
Juste une précision : je suis d’abord un observateur, je n’ai nulle prétention à un mandat ou un poste (je pourrais me référer à Socrate, je pense que vous saisirez l’allusion) … Ceci dit, vous pourriez me reprocher de me défiler … Je ne vous cache avoir beaucoup d’estime pour ce qu’a fait la Suède : ouverture des services publics à la concurrence (et à cet égard, je pense que le choix entre public et privé doit se faire sur des questions d’efficacité). Les objectifs : d’abord,des gains de productivité, au besoin en réorganisant (à quoi servent les départements, par exemple ?) ! Enfin, mais vous l’aurez compris depuis longtemps, je souhaite un alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime général.
Pour les mesures que vous évoquez, comme la retraite des femmes qui ont cessé de travailler pour élever leurs enfants, ma critique n’est pas sur le fond mais bien sur les moyens. Il ne peut être aujourd’hui question d’engager de nouvelles charges tant qu’on n’aura pas remis à plat nos dépenses publiques.
Sur les politiques keynésienne, je suis ok avec vous.
A Verel
Le déficit permanent est il keynésien ? Je pense qu’en effet Keynes (auteur de la célèbre formule "à long terme nous sommes tous morts") n’aurait pas poussé à cette assimilation. Le déficit français est d’ailleurs en déficit subi. Ceci dit, le déficit public reste une politique de stimulation de la demande, et ça, c’est trés keynésien.
Ca ne me choque pas que l’on fasse des politiques d’inspiration keynésienne, dans les conditions qu’évoque Anaxagore comme vous même d’ailleurs. Simplement aujourd’hui, les conditions de réussite de telles politiques ne sont plus réunies.
Pour le reste, tout à fait OK avec vous
A Global et Olivia
A Global : trés juste observation; Un Etat qui se défausse de ses charges sur d’autres collectivités publiques ne réduit pas véritablement les dépenses publiques …
A Olivia : trés bonne remarque … Les autres pays europeens sont assez proches en terme de prélèvements. La démonstration n’est ici que pour démontrer pourquoi les politiques keynésiennes marchent beaucoup moins bien depuis qq décennies. Ce qui est interessant, c’est de savoir ce qu’on finance par impôt : des retraites précoces et de la sous productivité ou de la création de richesse ?
j’admire Monsieur Galiani votre constance pour continuer d’enfoncer des portes ouvertes. Mais justement là réside le problème français, pas le vôtre bien sur!
Et à mon sens il est insoluble.
Nous sommes marqués – et je l’ai constaté tout au long de ma carrière de français atypique – génétiquement marqués par 1500 ans de catholicisme. Jamais je n’ai vu dénoncer ce mal comme s’il s’agissait d’un tabou. Or c’est notre Minotaure!
Alain Peyrefitte a été le seul je crois à oser le faire…sur le tard, à 70 ans passés ! Et le doctorat dont il a été gratifié cum maxima laude a donné le livre La Société de confiance. Qui le connait?
En 2000 un américain, professeur à Harvard je crois, a écrit Richesse et pauvreté des Nations. Le même thème sous un autre angle avec les mêmes évidentes conclusions.
Alors tous ces mots pour des évidences de comptes de ménagère . On peut encore en aligner car, en France , pour les mots, on est fort puisque nous sommes la Fille Aînée de l’Eglise.
Je sais bien que, écrivant ceci, je cours le risque, j’en ai l’habiitude, d’être dénoncé comme… (et là je peux presque l’écrire moi-même).
Si ce courage là, affronter notre Minotaure, ne se matérialise pas en un homme (puisqu’il nous faut des sauveurs ce qui marque bien notre immaturité verbeuse)…
On voit bien où nous en sommes arrivés déjà. Mais la pente n’a pas fini d’être dévalée avec le risque que, violences aidant, on ne puisse plus la remonter!
pour AB GALIANI
méfions nous des théories économiques mais ne tuons pas JM KEYNES une seconde fois.
JM KEYNES a révolutionné en son temps la science économique, il a été rééllement novateur. Le mettre au pilori est injuste.
Le problème avec chaque théorie , libérale ou pas(ou pourrait alors railler A SMITH et son modèle de concurrence pure et parfaite)e la fin XVIIIème),est qu’elle n’est pas efficace dans le temps.Nos sociétés sont toutes mutagènes.
Dans les années 30, les échanges internationaux étaient limités.
Donc quand une unité de dette était créée ex nihilo , sur cette même unité de dette ,la propension à importer était faible sinon ridicule.
Dans les années 1960, des néo kéneysiens ont essayé d’intégrer la dimension internationale, sans grans succès.
donc c’est plus les (mauvais)utilisateurs qu’il faut blâmer, pas l’auteur.
i
en 1981, on a vu ce que cela a donné et en 1976 avec J CHIRAC
, il a fallu que BARRE calme le jeu des "copier/coller" inappropriés.
Pour le reste, la France a besoin de réduire sa dette publique(sens élargi) à niveau raisonnable des richesses créées comme tout ménage économique.
Un peu de dette peut faire du leverage, trop en fait un effet de massue.
Quand aux aides à la création d’entreprise ou au ZRU,je suis partagé.Cela créée de la distorsion de conccurrence et n’est pas sain pour le Budget
Par contre les PPP je pense qu’il y a à faire "faciliter mais ne pas assister ou diriger".
qu’en pensez vous ?
A Cl Picaut,
Je vous rassure, je ne souhaite pas "tuer" JM Keynes, ce qui serait fort présomptueux de ma part. Je me borne à constater qu’aujourd’hui les conditions ne sont pas réunies pour une politique conjoncturelle d’inspiration keynesienne. Mais, comme je le disais à un bloggeur précédent, dans d’autres circonstances, pourquoi pas ?
Quant au modèle de concurrence pure et parfaite, ce n’est pas Adam Smith, qui est plus un "descriptif" de l’économie. Ce modèlen c’est Léon Walras, un bon siècle plus tard. En outre, à mon sens, il a plus une finalité pédagogique que de politique économique.
En revanche, pour que je puisse échanger avec vous sur les PPP, pouvez vous me préciser ce que c’est ? (partenariats public-privé ?) ?
Merci de votre observation, Monsieur Bernique … Je n’ai pas réussi à démeler cependant s’il s’agissait d’un compliment ou d’un skud.
Cher AB Galiani,
La question des retraites est une véritable bombe : hélas, je crains que la France ne puisse éviter ce que vous souhaitez, même si je le déplore. Mon seul espoir, c’est que cette solution ne soit aps définitive si nous réussissons à créer suffisamment de croissance pour combler notre déficit et financer plus tard nos programmes sociaux.
Pour l’ouverture des sercices publics à la concurrence, êtes vous pour l’ouverture de TOUS les services publics ou certains seulement ?
Je suis d’accord avec vous sur la remise à plat, mais justement, c’est là-dessus que j’aimerais savoir quels choix vous feriez. J’aimerais connaître aussi les choix d’Alain Lambert.
En somme, ma question serait la suivante : une seule contrainte, un budget en équilibre. A partir de là, quelle politique menez-vous ?
Et puis tant qu’à faire, comment concrètement parvenez-vous à l’équilibre budgétaire ?
Voilà les questions que j’aimerais pouvoir poser aux principaux hommes politiques et aux candidats aujourd’hui.
Cordialement
Anaxagore
Non pas un skud (celui là est pour vos détracteurs ou constestaires etc.tellement triviaux ) un compliment. Car , (mais il est vrai je dois être un peu plus âgé que vous et j’ai renoncé depuis maintenant quelques années à toute action pédagogique) vous développez avec une grande clarté et une force qui ne se dément pas, une réelle pédagogie et j’adhère bien sur à vos analyses etc.. mais comme vous le savez on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ou il n’y pire sourd que celui qui ne veut pas entendre etc. La tête des français a été si déformée, sous alimentée, empoisonnée… Et si je dis les Français c’est bien parce que l’étant juridiquement j’ai peine à me sentir membre d’une communauté qui a décidé de sa propre perte et l’affaire ne date pas d’hier (j’en connais un rayon là-dessus)!
Je me réjouis de voir que la question de la dette est, enfin, reconnue comme un problème majeur. C’est nouveau, et c’est un progrès considérable.
Maintenant, il faut aller plus loin, et reconnaitre que le niveau de la dette n’a aucune importance ! C’est juste une ressource publique parmi d’autres, qu’il faut comparer aux autres. Par contre, la façon dont elle est gérée et l’usage qu’on en fait sont importants.
Tout dépent de ce qu’on fait des ressources publiques, et là je rejoins global : si la dette paralyse l’action de l’état, alors vu la façon dont les politiques et les administrations utilisent les ressources qu’on leur confie, il faut augmenter encore la dette, ou plus précisément la CHARGE de la dette, jusqu’à ce que l’état arrete ses conneries !
Plus sérieusement, il serait juste d’identifier et de reconnaitre la dette actuellement "hors bilan", que les générations futures sont censés payer sous forme de cotisations sociales et d’impôts, cette partie de la dette qui scandalise à juste titre car elle n’est adossée à aucun actif économique (autre que la population, ainsi réduite en esclavage partiel comme une vulgaire poule aux oeufs d’or !)
Mais alors on va sortir des fameux 60%/3% de PIB ? NON, pas forcément ! les 60/3 ne concernent que le volume du capital, mais ne disent rien du volume des intérêts. Or il suffit d’émettre des emprunts à un taux de rendement élevé pour collecter une masse importante d’argent : un emprunt qui rapporte 10 % vaut, sur le marché, grosso modo le double d’un titre qui rapporte 5%. Ainsi, à chaque fois qu’on remplace un emprunt de nominal 100 à 5% par une autre emprunt de nominal 100 à 10%, on ne change rien à la dette globale (par rapport aux 60/3) mais on récolte 100 !
concretement, nous devons officiellement environ 1000 milliards à environ 5% (pour fixer les idées), plus le hors bilan officiellement estimé à 900 milliards ; arrondissons à 1000 pour la facilité, cela fait 2000 milliards. Cette somme est a peu près la valeur sur le marché d’un emprunt nominal de 1000 milliards à 10 % : on peut donc (dans la limite des capacités financière des marchés)
1) reconnaitre une dette de 1000 milliards (l’actuel hors bilan)
2) mette en place une provision financière du même montant, à l’abri des convoitises du fisc.
3) financer cette provision par la vente de 1000 milliards de titres à 10 %, équilibré par le rachat de notre dette actuelle à 5%, le tout rapportant environ 1000 milliards tout en conservant le niveau de capital du.
Ainsi nous resterions ainsi parfaitement dans les 60/3. Au passage la charge de remboursement doublerait (par l’augmentation du taux ou, ce qui revient au même, par la prise en compte du hors bilan), à environ 80 milliards : le prix de la transparence, ou, comme le fait remarquer Global, le prix de la pression mise sur l’état pour rationnaliser et réduire ses dépenses. 40 milliards de plus en remboursement, c’est la même chose que 40 milliards de dépense en moins, soit ce qu’il faudrait pour revenir à un budget équilibré : rien de mortel, donc.
Faire ça ne pourrait pas être instantané (il vaut mieux rembourser tranquillement la dette existante que la racheter avec des frais en plus, par exemple, et 1000 milliards ça fait beaucoup même à l’échelle de l’Europe) mais en 5 ans c’est raisonnable. On peut également jouer sur la durée de cette nouvelle dette à fort rendement pour mesurer l’intensité de la contrainte collective (s’endetter à 10 % sur 5 ans ou sur 50 ans, c’est très différent….)
Au passage, la mise en surface du "hors bilan" actuel aurait trois bons effets
1) rétablir la neutralité fiscale, donc l’équité, entre les générations, puisque nous commencerions à payer dès maintenant les charges qui sont les notres et que les impôts futurs ne serait plus gagés. Le procès en report sur les générations futurs ne serait plus justifié, elles récupéreraient la pleine maitrise de l’usage des ressources publiques futures.
2) notifier à chaque ayant-droit le montant qu’on lui garanti effectivement, comme font les assureurs-vie. De quoi sécuriser nos concitoyens angoissés, restaurer une large confiance, créer les conditions de la croissance.
3) identifier le ou les organismes publics qui garantissent ce montant et surtout leur confier effectivement un trésor de guerre économique à hauteur des engagements pris à l’égard des ayants-droits, à l’abri des convoitises étatiques : de quoi sécuriser tout le monde sur la solidité du système, mais aussi agir efficacement sur l’économie, comme font les "fond de pensions". La caisse des dépots et consignations a montré son savoir-faire de gestion, je crois qu’on peut lui confier ça sans méfiance, moyennant les contrôles en vigueur ; mais d’autres acteurs peuvent aussi mériter notre confiance, ou être rendu responsables (si la CGT cheminots gérait la caisse de retraite de ces gens, je suis sur qu’on l’entendrait toujours protester contre l’indispensable réforme, mais beaucoup moins s’opposer à sa mise en oeuvre effective… à l’exemple du CREF, repère de gauchistes qui a bien été obligé de tailler dans les complément de retraite pour éviter la faillite !).
pour AB GALIANI
oui aujourd’hui les théories de JM KEYNES ne sont pas transposables
mais je voulais simplement souligner la qualité de cet homme,qui a souvent servi d’épouvantail.
oui pour les partenariat public privé.ils permettent de concilier le retour sur investissement LT de l’intérêt général avec celui du capitalisme d’aujourd’hui à plus court terme.
créer les conditions favorables à l’accueil de zones d’entreprises.
(je pense au port autonome du Havre ou à certaines réalisations en basse normandie)
oui pour révolutionner les esprits en matière de gestion budgétaire publique centrale ou locale.
on parle de potentiel fiscal ou de coeffiicent de mobilisation fiscale
(c’est un raisonnement sur les taux des 4 taxes( (taxe pro, taxe fonciere (PNB et PB )et taxe hab)) qui se réfère aux moyennes
or comme beaucoup de communes matraquent vous voyez la suite.
d’autres communes plus intelligentes font baisser les taux et c’est l’assiette qui augmente
beaucoup de communes sont en autofinancement disponible négatif alors même que la durée de vie de leurs emprunts sont largement supérieurs à la durée de vie des immobilisations.
alors pour équilibrer tout ça c’st l’impôt qui fait les niveaux.
on raisonne souvent à fonds d’emprunt constant sans m^me voir
l’opportunité de diminuer les capitaux restant dûs.
oui l’entropie du système est en marche…..
L’asphyxie par dette réduit drastiquement notre liberté d’action
Réflexion proposée sur le blog d’Alain Lambert. Il est toujours tentant pour un responsable politique d’accélérer le cours des évènements. A cet égard, la doctrine keynésienne enseigne qu’il suffit d’appuyer à fond sur l’accélérateur de la…
A propos de l’effet d’"équivalence néo-ricardienne", Daniel Cohen a (il y a environ 2 ans) mené une étude montrant qu’au-delà de 60% de taux d’endettement (par rapport au PIB) cet équivalence se retrouvait…
A Bernique, Anaxagore, Cl Picaut, Gem
Bernique : merci de vos compliments (et de la précision que vous avez apportée) ;
Anaxaogore :
Je partage votre opinion concernant la question des retraites. Préparant un prochain billet, je retrouvais deux chiffres : en 1975, 3,5 cotisants pour un retraité, en 2004 : 1,58 cotisants pour un retraité … Dans un billet d’aout, j’indiquais la valorisation de la "dette implicite" représentée par les retraites. Ce qui m’effraie, c’est l’aveuglement (ou le mépris ?) de certains responsables.
Concernant l’équilibre budgétaire (cad dépenses publiques = recettes fiscales) , je ne souhaite pas en faire un dogme intangible. Ainsi, il n’est pas absurde d’étaler dans le temps les coûts liés à des investissements, ce qui fait qu’ils sont pris en charge par ceux qui en bénéficie. De même, lorsque les conditions y sont propices (faible endettement public, capacités de production sous utilisées), l’Etat peut concevoir un budget en déficit pour stimuler la demande. Dans ce cas, la dépense supplémentaire doit être ponctuelle et non quasi irréversible (comme par exemple, embaucher des fonctionnaires suppléméentaires si il n’y en a pas un besoin express). Notre déficit aujourd’hui, et là je vous rejoins, ne répond en rien à ces cas.
Pour l’ouverture des services à la concurrence (mais ces propos n’engagent que moi), j’y vois en priorité l’énergie et les transports. Sous certaines conditions, l’éducation, par l’encouragement à des enseignements alternatifs. Je suis trés favorable que des travaux aujourd’hui réalisés par le public soient sous traités au privé (exemple : entretien de voirie, de batiments publics, travaux administratifs …). Je me souviens du propos d’un de mes condisciples de l’Université, par ailleurs directeur financier d’un hopital universitaire, qui me disait "mon personnel d’entretien, fonctionnaire, me fait un travail de trés bonne qualité, mais à des coûts totalement prohibitifs et pourtant, je ne peux pas choisir". En poursuivant, mais je l’ai déjà évoqué, il faut refondre la structure administrative du pays, en l’adaptant au XXIeme siècle … et pour toutes les administrations, définir des critères cibles de productivité, notamment par benchmark. Un des moyens d’atteindre l’équilibre budgétaire est de réaliser des gains de productivité dans la fonction publique. Un autre est de finir la réforme des retraites, concernant les régimes spéciaux (d’après les chiffres en ma possession, appliquer le régime général à la FP d’Etat permettrait de reduire le déficit public de 40 %) et de mettre l’age légal de départ en conformité avec la démographie et l’état sanitaire de la population) … Toute chose appliquée en Suède !
Gem : Sur ce blog au moins, la dette a déjà à maintes reprises été évoquée.
Je ne pense pas que l’on puisse dire que l’emprunt est une ressource comme une autre, puisqu’en principe, il doit être remboursé. Sauf cas particulier, l’emprunt décale dans le temps la levée de l’impôt … pour le reste, j’ai eu en vous lisant le sentiment de retrouver l’idée de Ricardo.
Cl Picaut : Rien à redire …
A Carolus
Merci de cette précision. Je me suis interessé aux travaux de Patrick Artus (de la CDC) qui aboutit aux mêmes conclusions.
Accessoirement les travaux d’Alesina (Havard, je crois) vont dans le même sens en montrant que pour réduire un déficit, il faut mieux réduire les dépenses qu’augmenter les impôts.
C’est ça.
Et après avoir fait n’importe quoi avec nos impots pendant des années, on nous demande d’en remettre un peu plus au pot, car les cordons de la bourse étant un peu liés, l’art de gouverner est beaucoup moins rigolo ?
Cela ne ressemblerait-il pas un chti peu à du foutage de gueule ?
Pour réduire la dette, n’y a t il pas d’autre moyen ? réduire les dépenses de fonctionnement de l’état par exemple ?
A Xolotl
Ben, ce que vous suggérez en termes choisis constitue la trame du billet …
A AB Galiani,
J’ai frémi en lisant ce passage
« Pour l’ouverture des services à la concurrence (mais ces propos n’engagent que moi), j’y vois en priorité l’énergie et les transports. Sous certaines conditions, l’éducation, par l’encouragement à des enseignements alternatifs. Je suis trés favorable que des travaux aujourd’hui réalisés par le public soient sous traités au privé (exemple : entretien de voirie, de batiments publics, travaux administratifs …). »
Pensez-vous réellement que l’on puisse demander à des entreprises d’entrer en concurrence sur le l’électricité d’origine nucléaire.
L’énergie implique des investissements massifs qui ne peuvent dépendre des fluctuations des matières premières uniquement.
Juste après la première guerre du golfe, le baril de pétrole est descendu à 11 dollars, je crois ; à l’époque, les services de Bérégovoy avaient calculé qu’il fallait que le baril descende à 7 dollars pour que le nucléaire ne soit plus rentable (en réalité, il n’avait aps vraiment pris en compte le coût des investissements à venir). Toutefois si l’on avait fonctionné dans un système concurrentiel, à l’époque, qui aurait préconisé de continuer à développer le nucléaire, d’autant que le pétrole est demeuré longtemps bon marché…
A l’heure où les énergies renouvelables offrent des débouchés moins gourmands à nos appétits de croissance et de consommation, pensez-vous qu’il soit raisonnable de mettre le sort de l’énergie entre les mains de la seule concurrence ?
En ce qui concerne les transports, considérez l’Angleterre : il y existe de profondes idsparités de développement économique entre les régions, parce que les transports ne sont plus assurés sur les lignes jugés "non-rentables", et il y en a un grand nombre.
Il faut maîtriser un minimulla politique des trtansports pour envisager un développement harmonieux du territoire.
A la limite, on peut envisager que l’Etat délègue certaines responsabilités par un cahier des charges, mais pas toutes.
Quant à l’Education, n’est-ce pas déjà le cas des Ecoles de commerce ? Les écoles privées existent déjà, que voulez-vous de plus ?
Pour le reste, je demande à voir : est-ce réellement plus rentable ? Qui empêche une gabegie via des marchés truqués, comme c’est très souvent le cas, par des amitiés politico-financières ?…
Cher Anaxagore,
Je devine à la lecture de votre réponse que vous devez vous même être fonctionnaire. Il est vrai que nous sommes tous et depuis la plus tendre enfance nourris du mythe de l’élitisme hégélien. Il nous parait alors hérétique de remettre en cause le bien fondé de l’action publique.
J’ai, dans d’autres billets, déjà évoqué la séparation des pouvoirs. Cela vaut pour le pouvoir économique qui ne peut être laissé entre les mains de l’Etat, qui n’est pas, rappelons le, "spontanément et naturellement" au service de l’interet général.
En ce qui concerne l’énergie, je ne vois aucun problème à confier des centrales nucléaires au privé, qui n’est pas plus irresponsable qu’EDF (au passage, soulignons les superbes rentes qu’assure le monopole à cette entreprise). N’oublions pas que Tchernobyl était une centrale publique. En revanche, l’Etat se doit de mettre en place un dispositif de contrôle fort. Je ne préconise donc en rien le désengagement total de l’Etat à qui il reste également la définition d’une politique de l’énergie.
Concernant les transports, la SNCF est une gigantesque gabegie et sortie de ses lignes TGV, le reste est en voie de ‘grande bretagnisation avant la privatisation". Il faut bien comprendre qu’entre le "tout public" et l’absence total d’intervention, il y a de la marge. Ce qui est important, c’est que l’Etat ne soit pas juge et partie, sinon il ne peut être garant de l’interet général. Dans le cadre d’une politique des transports, il peut confier des lignes non rentables à des entreprises privées, à charge pour lui de les subventionner. En effet, les entreprises assurant un service non rentable peuvent être rémunérées par la Collectivité pour ce service qu’elles lui rendent.
Concernant l’école, elle laisse aujourd’hui trop d’enfants sur le coté et j’y vois une des causes de la pauvreté en France. Je souhaite une pleine reconnaissance d’un enseignement privé alternatif (qui ne peut se limiterà quelques écoles de commerce hors de prix), contribuant au service public, qui en élargissant l’offre d’éducation, intègre davantage. C’est ce qu’a fait la Suède, pour lutter contre l’échec scolaire. Il me semble également nécessaire de supprimer la carte scolaire, certes rassurante pour les enseignants (qui savent, parait il s’en affranchir pour leurs enfants) mais qui confine à la ségrégation sociale en evitant les mélanges et les choix entre quartiers.
Qu’est ce qui empeche des marchés truqués ? Cette argument me rappelle celui d’un bloggeur (trés anti libéral) dont l’idée centrale était "pas de liberté pour les citoyens, ils ne sauraient pas l’utiliser". C’est à l’Etat de veiller à la définition de politiques, à leurs déclinaisons, aux contrôles et à la régularité des marchés qu’il passe.
Maintenant, ne croyez pas qu’EDF et que la SNCF soient des modèles de gestion et d’efficacité : forte sous productivité, régimes spéciaux de retraites, choix d’investissement parfois hasardeux sans aucun contrôle … Tout cela grève les coûts.
Cher AB Galiani,
Vous êtes perspicace. Je ne défens toutefois pas mon bout de gras.
Il y a chez vous une méfiance viscérale envers l’Etat. Je vous accorde tout à fait que de facto, l’Etat du paradis socialiste, pur et parfait n’existe aps, et que souvent, c’est avant tout une monstrueuse machine qui tend à l’entropie.
Notez que je ne suis pas hegelien (et encore moins marxiste, horresco referens !). L’aristotélisme en matière d’action publique se rapproche certainement mieux de ma manière de concevoir la modération dans l’action publique 🙂
Je crois par ailleurs profondément dans l’action de l’individu.
Je crois que ma première intervention ici citait justement le second stasimon (chant choral) de l’Antigone de Sophocle, qui est ni plus ni moins une ode à l’inventivité de l’être humain.
Ma référence écnomique est Schumpeter, y compris ce qu’il conclut à propos de la nécessité d’une intervention de l’état pour corriger la dégénérescence entropique du capitalisme.
Nous sommes donc tout de même entre gens de bonne compagnie (j’espère que d’autres lecteurs ne vont pas se vexer, je plaisante 🙂 )
Revenons à notre électricité : cela a l’air de vous choquer qu’EDF récupère de magnifiques rentes de sa production, mais moi, je trouve cela très bien. Tant mieux. C’est une affaire qui tourne.
Comme les autoroutes que notre actuel gouvernement a eu le tort de privatiser alors qu’elles avaient un bon rendement.
A propos de Tchernobyl, le problème n’est pas que la centrale fût publique, mais plutôt que l’Etat fût déliquescent et irresponsable.. Ne nous trompons pas de cible.
Ne me dites pas que c’est la nature de l’Etat d’être irresponsable alors qu’à propos des marchés que je craignais truqués vous me dites le contraire.
Pour la SNCF : pour ma part, je me suis déplacé pas mal ces derniers temps en province, et je trouve que les TER sont une véritable réussite/ Rapides, à l’heure, modernes, confortables et efficaces. Quand, effectivement, la ligne ferrée n’est vraiment pas rentable, il y a des lignes de bus qui désservent les petites communautés rurales à proximité d’une plus grande communauté.
Confier des lignes non-rentables à des entreprises priv"es, cela coûte cher, non ? A mon avis, aussi cher que d’utiliser une entreprise qui a déjà un savoir-faire reconnu et ancien en la matière.
Objectivement, qui serait capable de rivaliser avec la SNCF à l’heure actuelle ?
L’enseignement privé alternatif existe plus que largement : j’ai cité les écoles de commerce, mais en réalité, vous avez tous les CFA (très reconnus sur le amrché du travail et dans plus d’un établissement public) les établissements scolaires sous contrat (pas une commune où il n’y en ait pas au moins un) et cetera…
Je ne vois aps trop ce que vous voulez faire de plus en la matière.
En revanche, le monolithisme de l’Education Nationale, je vous le concède tout à fait. Mais, sur ce point, il faudrait regarder les choses de près : les reponsables presqu’exclusifs de ce monolithisme sont à trouver dans les administrations centrales : partout elles bloquent à peu près toutes les innovations, et, bien plus encore que les syndicats, promeuvent non les plus méritants, mais les plus courtisans.
Toute la programmation de l’EN actuelle n’est pas le fait des profs, qui, pour une large majorité, et contrairement à une idée fort répandue, d’ailleurs, se contentent d’appliquer ce qu’on leur dit de faire.
En ce qui concerne la Cartes Scolaire, en l’état, il vaut mieux en effet la supprimer : l’hypocrisie de ceux qui la défendent est tout simplement insupportable.
Ne croyez aps que els professeurs en soient tous des ardents défenseurs : là aussi, il y a des idées reçues.
Cela dit, pour ma part, je ne pense pas que la supression de cette carte soit en soi une bonne chose.
Je pense, en revanche, à l’instar de François Bayrou, que tous les établissements scolaires doivent pouvoir offrir un parcours d’excellence.
Cela suppose de revenir sur un dogme, lui, hélas, ancré chez les professeurs, les associations de parents d’élève (PEEP comprise), les professeurs, beaucoup de parents d’élève et plus encore l’administration centrale : le dogme de l’hétérogénéïté.
Pour qu’un établissement offre un parcours d’excellence, il faut admettre qu’il y ait au moins une classe d’élite.
Beaucoup confondent également (souvent volontairement) hétérogénéïté sociale et hétérogénéïté scolaire (des résultats et du niveau scolaire) même s’il faut reconnaître qu’elles tendent à se superposer.
Cette hétérogénéïté sociale, ce n’est pas la peine de confier à l’école la mission de la réaliser.
Ce n’est aps un problème scolaire comme on essaie de le faire croire, mais avant tout d’urbanisme.
Je lisais tout récemment un échange sans fard rapporté par l’hebdomadaire Marianne entre Gaston Deferre et George Marchais.
Aucun des deux n’y allaient aps 4 chemins pour expliquer que les concentrations d’immigrés dans une commune grevaient les budgets sociaux et posaient de graves problèmes pour l’ordre public.
Moyennant quoi, et cela se passe en 1977 ou 1978, je crois cette conversation, ils concluent qu’il faudrait disperser les immigrés sur toutes les communes de France à raison de 10% maximum par commune.
On connaît la suite…le problème est là. Et l’école n’y peut absolument rien.
A cela s’ajoute une démagogie sans précédent depuis trente ans à propos de l’école pour camoufler l’échec des méthodes et la dispersion des moyens sur des ensignements non-disciplinaires (heures de vie de classe, EJCS au lycée, brevet de sécurité routière, info ceci, info cela, pseudo activités "d’éveil" au primaire et cetera…).
Le pompon, c’est ce que l’on demande au baccalauréat et aèu brevet des collèges aujourd’hui.
Mais là encore, ce n’est pas la faute des professeurs : qui conçoit ces épreuves ? inspecteurs, recteurs, formateurs et tutti quanti, assistés de leurs créatures , quelques professeurs contraints ou rénégats, prêts à avaler toutes les couleuvres possibles et imaginables par servilité ou pour un avantage misérable (au moins s’il s’agissait de détourner quelques millions, on pourrait se dire qu’il y a un intérêt pécunier objectif, mais même pas en plus…).
Voilà, vous m’avez lancé sur l’Education Nationale,e t vous voyez le résultat : il ne fallait aps m’en parler 🙂
Revenons à nos moutons.
Tenez, je pense que nous allons certainement trouver un terrain d’entente avec cet article de Samuel Cazenave sur le blog Pensezlibre à propos des Titans impuissants.
Il y a des images qui vont vous plaire, j’en suis sûr.
pensezlibre.hautetfort.co…
Cher Anaxagore,
C’est un bonheur que d’échanger avec vous et je pense que nous ne sommes pas si éloignés. Je ne suis pas un partisan de l’Etat minimal, je crois surtout que les agents de l’Etat, souvent d’une réelle qualité (au hasard, citons l’exemple d’un jeune professeur de lettre enthousiaste et innovant) n’en sont pas moins d’une essence semblable à celle des autres êtres humains. Il est donc indispensable d’en revenir à un bon vieux principe de 1789, la séparation des pouvoirs, pour que l’Etat (re)découvre la notion d’interet général. C’est pour cette raison que je suis défavorable à l’appropriation publique d’entreprises marchandes. L’Etat doit se nourrir de recettes fiscales, non d’activités marchandes qui reposent sur une prise de risque qui n’est pas de son ressort. C’est d’ailleurs ce qu’avait compris Charles VII, au XVeme siècle quand il a séparé le trésor public de ses biens propres.
En outre, l’appropriation publique prend des relents vaguement totalitaires. Outre la mise sous tutelle des citoyens qu’occasionnellement cela comporte, elle est explicitement affirmée dans la "théorie du capitalisme monopolistique d’Etat", credo du marxisme orthodoxe des années 60 et 70, pour qui transferer à l’Etat les activités économiques, simplifierait le passage à la dictature du prolétariat, premier stade du mode de production socialiste. En France, cette doctrine a inspiré le "programme commun de la gauche".
Par ailleurs, je ne perds pas de vue la caractéristique que donnait Max Weber de l’Etat qui exerce le "monopole légal de la violence".
Voilà ce qui explique ma méfiance de l’Etat ou plus exactement d’un Etat hypertrophié et inefficace.
Concernant l’école, le débat est vaste,mais je ne suis surement pas loin de vos vues … Je pense surtout qu’il faut des cours différenciés selon les enfants. L’égalité, ce n’est pas "tous pareils", ce qui est une absurdité, mais "à tous, la possibilité d’un enseignement qui lui conviennent";
Trés cordialement
Pour ma part, ma "religion" est faite depuis longtemps, bien avant que la mode soit au debat a la francaise liberal /anti liberal.
L’Etat ne doit pas avoir de fonction de production, de fonction marchande. Ce n’est pas son role.
Le concept d’interet general pour justifier des monopoles d’Etat est une heresie qui s’est developpee a la fin de la guerre sous la pression tres clericale communiste.
La pollution idologique de nombreux secteurs marchands a ete incontestableent a l’origine de bien des reculs definitifs de la France (je pense a Bull par exemple),
Il en va de meme de l’Education dont on voit la aussi a quoi a abouti cette notion qausi religieuse et cela concerne non seulement des rentes, des sureffectifs etc. mais encore et surtout un incapacite structurelle a l’adaptation. Le proces est deja fait , le verdict aussi mais voila la citadelle reste invincible et continue a mouliiner le declin.
Taylor (ou un de ses fideles americains) disait que la France etait le pays ideal pour l’application de ses theories car notre pays est (moins maintenanf, pour les entreprises privees, grace a la concurrence internationale) est construit dans la plupart des domaines comme une Eglise romaine et d’ailleurs c’est bien ainsi qu’etait concretement construit le systerme communiste dont on sait les tres heureuses consequences.
Le drame de l’apres guerre fut ce repli des francais dans le tout Etat dont on ne sait comment vraiment on pourra sortir ( voir ma reference a un article de J Marseille dans le Point sur la realite des chiffres du chomage).
Il faut etre radical car la definition d’un Etat moderne est archi connue et elle passe par le depouillement de cette Tunique de Nessus de nos dogmes, tabous et autres perversions religieuses dont nombre de francais, encore, n’acceptent pas la visite comme pour les religions une lecture moderne des textes sacres
Chacun réclame plus dans le domaine qu’il affectionne et réclame des économies dans les autres domaines. Cela s’appelle de l’égoisme !
Cher AB Galiani,
Permettez-moi de vous rendre la pareille. Il est toujours instructif et de vous lire, et d’échanger avec vous.
Je vois finalement que nous achoppons sur une position de nature idéologique.
Vous écrivez :
« C’est pour cette raison que je suis défavorable à l’appropriation publique d’entreprises marchandes. L’Etat doit se nourrir de recettes fiscales, non d’activités marchandes qui reposent sur une prise de risque qui n’est pas de son ressort.»
Personnellement, je n’ai pas de position établie sur la question, mais un point de vue très pragmatique.
Concernant le capitalisme monopolistique d’état, il est tout de même intéressant d’en observer les effets dans un pays comme la Chine, dont la croissance frise les 10% chaque année. Evidemment, la Chine n’est pas non plus partie du niveau de la France, mais tout de même.
Plus près de nous, vous citez la gestion socialiste des années 80. or, cette dernière mérite d’être examinée à la loupe.
Si je vous concède sans aucune difficulté que la nationalisation des banques a été un fisco complet du début jusqu’à la fin, en revanche, pour l’industrie, le verdict est plus contrasté.
Si l’on considère l’industrie automobile (mais pas seulement, la sidérurgie, la construction navale, l’aéronautique), sous l’effet des fonds publics injectés, s’est considérabement rénovée.
Les renault 25 et 21 sont je crois symptômatiques de cette modernisation. Il y a quelques années, on pouvait lire dans un magazine automobile l’exemple d’une renault 21 turbo diesel qui avait passé son existence a parcourir l’Europe et la Sibérie de long en large, accomplissant ainsi un périble de 1 200 000 kilomètres, et ce, en changeant deux moteurs seulement.
Intrigué, je m’étais à l’époque renseigné sur ce modèle, et j’avais alors constaté que grand nombre d’entre eux dépassait allègrement les 500 000 kilomètres…
L’Etat français, en nationalisant a aussi modernisé considérablement une bonne partie de l’appareil productif français, celui-là même qui s’est avéré en partie responsable de l’échec patent de la relance par la demande de 81.
Cela dit, je vous rejoins sur l’appropriation publique : cela a un relent de dékoulakisation que je n’aime guère non plus. Mais, à l’heure actuelle, ce serait plutôt les bijoux de famille que les trois derniers gouvernements ont tendu à vendre (les Socialistes ont été d’autant plus silencieux sur nombre de privatisations que ce ce sont eux qui les ont entamé, et notamment celles des autoroutes…).
Notez que je ne suis pas contre les privatisations à condition qu’elles soient censées.
A propos de Weber, pour ce que j’en connais, j’ai surtout retenue, dans le domaine économique qu’il voyait dans le capitalisme la forme la plus aboutie d’une certaine éthique fondée sur une ascèse personnelle, avec le travail (libre, il s’entend) en point de mire sinon comme finalité.
Pour le monopole légal, de la violence, vous oubliez (à dessein ?) le dernier mot de la citation : monopole légal de la violence légitime…
Mais bon revenons à votre Etat non- marchand. C’est curieux, je me serais attendu à ce que vous invoquiez la clause de concurrence libre et non-faussée, pas la nourriture de l’Etat. 🙂
Fondamentalement, quels sont les deux reproches que l’on peut adresser à une entreprise d’état ?
1. De ne pas respecter les règles de concurrence
2. De ne pas être perfomante.
Si l’entreprise d’ét répond à ces deux critères, pourquoi faudrait-il la privatiser ?
En outre, en ce qui concerne la concurrence, le véritable problème pour un pays comme la France, ce sera les réactions de ses partenaires européens.
Pour les cas que nous citons, transports et énergies, c’est surtout de concurrents européens que la France a à craindre l’ire.
Toutefois, dès lors qu’un accord serait trouvé et conclu avec nos partenaires pour que l’Etat français conserve sous la marque déposée et estampillée "état français" certaines entreprises, où serait le mal ?
Au final, cher AB Galiani, dès lors que nos entreprises publiques ne participent pas à notre asphyxie (mais il faut tenir compte de leur valeur ajoutée, pour cela, et pas seulement de leur coût) pourquoi devrions-nous inciter l’état à s’en désengager ?
Le reste est une affaire de gestion.
Tenez, en relisant le lien que vous citez, j’ai trouvé une idée intéressante, déjà un peu appliquée dans certaines communautés rurales : lidée de déléguer certains services au privé.
Voilà ce que je propose :
On assisterait au retour de l’épicerie d’antan, c’est à dire un commerce généraliste, sauf que, cette fois, ce n’est plus seulement des biens de consommation que l’épicerie vend, mais aussi des services que lui délègue l’Etat : poste, caisse de sécurité sociale, impôts…
Voilà un métier nouveau qui pourrait avoir de l’avenir : un épicier-buraliste qui suuvrait une formation sommaire d’agent de l’état multi-fonction.
Nombres de services administratifs ne requièrent pas de formation approfondie.
Ces épiciers pourraient en assurer le fonctionnement moyennant une rétribution de l’état, et ce serait à l’avantage de tous, car cela permettrait de conserver une vie dans les petites communautés et coûterait à l’évidence moins cher à l’Etat, donc au contribuable.
Très cordialement
A Bernique
Vous avez tout de même une relecture tout à fait particulière de l’histoire, et notamment de l’histoire de l’après-guerre.
Je vous fais remarquer que le temple du capitalisme lui-même, l’Amérique, a été amenée à mettre sous contrôle étatique un certain nombre d’entreprises pendant unc ertain temps en raison de la guerre.
Le communisme, le socialisme et le gaullisme se sont retrouvés de concert après la guerre pour juger qu’un certain nombre de secteurs devaient être mis sous tutelle afin d’assurer la reconstruction du pays. Après, cette mise sous tutelle a contribué aux fameuses trente glorieuses et à l’émergence d’une véritable industrie dans notre pays, encore à 75% rural au début des années 60.
Bull est en effet un sacré échec. Un raté monumental.
En ce qui concerne l’intérêt général, on invoque bien l’intérêt supérieure de la nation pour bien d’autres causes. L’hérésie (que jaime ce mot 😀 ) c’est d’invoquer à tort et à travers cet intérêt général.
Il faudrait d’ailleurs savoir si en france nous sommes des hérétiques ou bien des catholiques romains, car si j’en crois votre message, ce n’est pas clair dans votre esprit 🙂
Peurt-être vouliez-vous dire qu’il y a une forte tradition centralisatrice dans notre pays…? La faute aux Capétiens…Considérez dans quel état la féodalité a mis notre pays pendant longtemps…
Cela dit, à vous écouter, j’ai une solution radicale pour vous, mêm si pour ma part, je n’en vois que les travers qu’Aristote dénonce : l’anarchie devrait vous convenir à souhait, ou alors, si vous saupoudrez tout cela d’un zeste de loi, le far west…
Cher Anaxagore,
Je vais essayer de faire court.
Vous me parlez de mon approche idéologique. C’est exact : je crois qu’un Etat qui cumule les pouvoirs est un Etat qui menace la démocratie.
Mais le fond reste une approche pragmatique. Je reviens – certes comme un leit motiv ou une obsession- sur le risque de l’entrepreneur. Ce qui ne peut être du ressort de l’Etat qui n’a pas à risquer la perte de recettes fiscales. On lui demande d’abord de gérer la Collectivité. C’est bien pour cela qu’une entreprise ne doit pas être publique. Mais surtout, quand l’appropriation publique se double d’un monopole, on rentre dans une logique de banalisation des dysfonctionnements et des rentes, au détriment de la Collectivité.
Vous me citez la qualité de la production du public. Je n’ai jamais mis en cause cette qualité qui peut exister, en revanche elle est atteinte à des coûts en règle généraux prohibitifs. Dans « Notre Etat », Roger Fauroux rappelait que de plus, le fort dirigisme français n’a même pas permis de prendre une avance, puisque des pays moins interventionnistes ont connu des résultats tout à fait semblables.
Concernant ce que vous proposez pour les communes rurales, je vous suis pleinement …
cher AB Galiani,
Nous ne réussirons pas à nous convaincre l’un l’autre, je pense. En somme, vous appliquez le principe de précaution à la fiscalité del’état. Pourquoi pas.
Il faudrait, dans ce cas définir ce que vous estimez être un service public. Je crois que vous y avez partiellement répondu, d’ailleurs dans un de vos messages précédents en précisant ce que vous confieriez de manière partielle ou totale au privé.
es monopoles (ou oligopoles !) ne sont pas le seul fait des entreprises publiques.
La Lyonnaise des eaux, et la CGE se sont certainement longtemps accordées secrètement pour fixer sur une base non-concurentielle le prix de l’eau.
Dans les premiers temps du câble, cette même Lyonnaise des eaux sous le doux nom de cybercable, numéricable et deux trois autres opérateurs passant par le câble (leurs noms m’échappent) se sont partagés longtemps le marché.
Pour la téléphonie, j’ai lu, je crois l’an dernier, que l’on soupçonnait un accord secret entre les opérateurs de téléphonie.
En remontant plus loin dans l’histoire, vous devez certainement connaître les Sept compagnies pétrolières qui se partagaient 90% des consessions de la planète dans les années 60-70 (là aussi trou de mémoire, je ne me souviens plus le nom exact des dites compagnies et du nom du groupement).
Pour les coûts de production prohibitifs, aïe, je n’ai pas de chiffres sous la main, mais je serais fort curieux de comparer ceux de Renault et de PSA sur les trente dernières années. Evidemment, pour être juste, il faudrait prendre en compte les subventions mastodontesques que PSA a reçu aussi.
Pour les résultats de la France, elle a tout de même longtemps été classée au quatrième rang mondial pour la puissance économique, et surtout, si vous comparez au Japon ou à l’Allemagne, il faut considérer le coût monstrueux pour son économie de
– sa sanctuarisation nucléaire
– la financement d’une armée pendant longtemps opérationnelle et autonome
– la politique de soutien et de développement dans ses ex-colonies (seuls l’URSS et les USA en ont fait autant pendant les années 60-70-80).
Je suppose (je suis désolé, je n’ai pas lu ce livre de Fauroux) que R.Fauroux a du penser en particulier aux deux pays que j’ai cités. S’ils avaient du payer leur défense nationale au prix fort, ces deux-là, ainsi que leur décolonisation, je ne suis pas certain qu’ils seraient parvenus à un tel niveau de développement si vite…
Au final, je vous concède volontiers qu’un service privé qui serait opérationnel et efficient me conviendrait également, mais, à vrai dire, le départ s’appuyait sur une situation de fait.
Et puis il y a au moins un secteur sur lequel je ne suis définitivement pas d’accord avec vous, c’est l’énergie et le transport.
Sans être favorable à un tout public, je demeure convaincu que les états doivent, s’ils le peuvent, évidemment, conserver un pied dans ces secteurs, soit par la biais d’une entreprise d’état, soit par le biais de l’actionnariat ( c’est à dire en disposant d’une part de capital suffisante pour infléchir la politique de l’entreprise).
Au fait, tant que j’y suis, je subodore très fortement que l’homophonie entre AB Galiani et l’Abbé Galiani, économiste italien fameux du XVIIIème siècle , qui est devenu un classique au point de voir ses thèses reprises par l’école de Chicago (les Monétaristes, Milton Friedman, et cetera…). J’ai cru comprendre qu’il s’inquiétait fort du désordre monétaire des affaires du Royaume de Naples.
Bon, moi, j’ai de la sympathie pour cet homme : c’est lui qui a dirigé les premiers travaux d’excavation d’Herculanum !
Et puis, un excellent ami de Diderot, et un fervent soutien des Encyclopédites. Un humaniste, cet homme-là 🙂
Très cordialement à vous
A Anaxagore,
Vous avez raison, nous ne parviendrons pas à nous entendre sur le sujet des entreprises publiques. Sachez toutefois que je ne fais pas de difference entre un monopole public, un monopole privé, les cartels et les oligopoles !
Concernant l’abbé Galiani, vous avez parfaitement identifié l’origine de mon pseudo. J’ai voulu rendre hommage à un "honnete homme" du Siècle des Lumières, ami des encyclopédistes et esprit fort curieux (même si je ne partage pas toutes ses idées, mais c’est un autre débat). Il fut aussi Ministre des Finances du Royaume de Naples. Je reconnais en vous, avec le rappel d’Herculanum, l’homme de culture et d’esprit dont j’apprécie les remarques.
A bientôt donc pour un prochain débat
Bonsoir,
La dette est probablement, avec l’écologie et la réduction des inégalités, le plus grand défi de notre futur à tous. Au travers de ce sujet, la maitrise des dépenses publiques est donc le seul moyen de réduire ce qui greffe la puissance financière publique.
En effet, il paraît assez incroyable que le déficit file à ce rythme alors que nous savons pertinemment que cette logique ne peut se poursuivre.
Je propose donc que la Cour des Comptes, au delà de toute idée partisane liée à la nomination ou la personnalité du président de la cour, devienne un organisme de surveillance des comptes publiques avec de réels moyens de pression sur nos dirigeants. Par exemple, on peut envisager que le ministre concerné ainsi que les hauts fonctionnaires adossés aux dossiers doivent justifier de chaque poste de dépenses et en soit responsable jusqu’à des sanctions éventuelles. Si chacun doit assumer ses actes alors il faut que des objectifs réalistes, mesurables et quantifiables soient assignés à chacune des personnes responsables des comptes publiques.
Je pense qu’aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous payer le luxe de laisser filer nos impôts vers des dépenses que nous ne maitrisons plus.
J’espère que cette contribution sera écoutée sinon elle sera vaine.
Je vous invite juste à vous pencher sur l’exemple canadien qui pourrait être une source d’inspiration non négligeable.