Selon Thierry Masure de l’AFP, la réunion des militants socialistes ce jeudi soir au Zénith en présence des trois présidentiables PS a tourné à la dispute entre Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal qui sont apparus en net désaccord sur la place à donner au projet socialiste dans la campagne. La tension était de mise entre partisans de Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, qui applaudissaient à tout rompre leur champion respectif et sifflaient ses concurrents. Le climat sentait carrément le soufre à la fin de la réunion, avec des huées à plusieurs reprises pour Mme Royal. La proposition de Ségolène Royal d’instaurer des « jurys populaires » pour contrôler l’action des élus avait alourdi l’atmosphère.

Premier à s’exprimer en vertu du tirage au sort, Laurent Fabius y a fait d’ailleurs allusion. « Chaque jour ou presque, des idées jaillissent autour et même souvent chez nous », les socialistes, a-t-il déclaré à la tribune.
« Je voudrais proposer l’idée la plus nouvelle, celle avec laquelle aucune autre ne pourra rivaliser », a poursuivi l’ancien Premier ministre, intriguant la salle : « Je propose qu’en 2007 le candidat désigné par le Parti socialiste applique le projet socialiste », a lancé M. Fabius, très applaudi à ce moment de son intervention.
Cette phrase était une pierre lancée dans le jardin de Ségolène Royal surtout, à qui M. Fabius a souvent reproché indirectement de s’écarter du projet du PS.
Certes, a dit l’ex-Premier ministre, le projet socialiste n’est « pas un texte sacré », mais « il tire les leçons des modifications du capitalisme mondial, les leçons de notre expérience gouvernementale, il vise à transformer la société, il est seul capable de faire face aux défis qui nous attendent et de rassembler la gauche ». Laurent Fabius a toutefois été hué pour avoir prôné le non au référendum sur la constitution européenne.
Acclamée par une bonne partie de la salle avant même de commencer à parler, Ségolène Royal ne s’est pas dérobée. Parlant juste après le député de Seine-Maritime, qui avait assimilé sa proposition de jurys populaires à un glissement vers le « populisme », elle a jugé « vain et dangereux de fermer les yeux sur la crise démocratique profonde que connaît le pays ».
Certes, a-t-elle assuré, « bien sûr que le projet du candidat sera le projet des socialistes, qui pourrait d’ailleurs prétendre le contraire ? ». « Mais, a-t-elle aussitôt corrigé, nous savons bien que même avec un excellent projet et un excellent bilan, le résultat n’est pas forcément au rendez-vous ». Selon la favorite des sondages, prenant le contrepied de M. Fabius, « les catégories populaires ne vont pas venir vers nous simplement parce qu’on agitera le projet ».
Ségolène Royal a appelé les militants à ne pas avoir « peur du peuple ». Une phrase perçue comme tellement provocatrice par ceux qui distribuent régulièrement des tracts sur les marchés que des huées se sont fait longuement entendre. Comme lorsque, plus tard Mme Royal a repris la parole pour sa conclusion.
« En avant, et courage! », a-t-elle conclu, visiblement sûre de sa victoire lors du vote des adhérents sur le nom du candidat, le 16 novembre. Enfin, M. Strauss-Kahn, applaudi au moment de sa conclusion, a repris lui aussi Ségolène Royal. « Respecter le peuple, c’est lui dire la vérité », s’est-il exclamé. « Dire la vérité sur les retraites, dire la vérité sur la santé ». « J’ai compris que ce soir, il fallait citer (le projet), mais pas trop », a-t-il dit dans une allusion à la présidente de Poitou-Charentes.
Faisant référence aux « jurys citoyens » de Mme Royal, le député du Val d’Oise a appelé à « construire une société de confiance, pas une société de surveillance, une société d’émancipation, pas une société de suspicion ».


C’est sympathique cela fait fête de famille. N’est-ce-pas ?