Pour la 1ère fois dans l’histoire de la France, les prélèvements sociaux atteignent plus de la moitié de l’ensemble des prélèvements obligatoires acquittés par les entreprises et les ménages français. A eux seuls, les prélèvements à destination des administrations de sécurité sociale représenteront 22,2 % du PIB, soit un tiers de plus que ceux perçus par l’Etat dont la part se réduit cette année de 15% contre 16,2 % en 2005. Cette année, sur 784 milliards de recettes fiscales attendues, 395 sont destinées aux caisses de sécurité sociales, contre 267,5 à l’Etat. C’est le signe du poids croissant des dépenses sociales dans le budget des ménages et des sociétés. Mais c’est aussi le résultat d’un transfert de plus en plus important des recettes fiscales de l’Etat vers la Sécu. En 2006, par exemple, 19,4 milliards (soit 1 point de PIB) de recettes fiscales ont été transférés par l’Etat en compensation notamment des exonérations de cotisations de sécurité sociale.

Cette évolution me préoccupe depuis de nombreuses années, et je prêche dans le désert pour fusionner bien vite la Loi de Finances (de l’Etat) et la Loi de Financement de la Sécurité Sociale, même si je n’ignore pas qu’il faut une réforme constitutionnelle, pour y parvenir. Ne pas le faire revient à ignorer les articles 14 et 15 de la Déclaration des droits de l’Homme et citoyen du 26 août 1789 déjà citée. Depuis la LOLF, en Loi de Finances (de l’Etat) les crédits sont « autorisés » par la représentation nationale et le Parlement est chargé de contrôler les plafonds de dépenses et veiller à leur stricte respect par rapport aux montants autorisés. Il doit au surplus vérifier la performance des politiques publiques menées, au moyen d’indicateurs. Les crédits estimatifs ont été supprimés et remplacés par des crédits limitatifs de sorte que tout dépassement doit faire l’objet d’un nouvel examen du Parlement. En matière de finances sociales, les crédits ne sont pas autorisés. Ce sont de vagues objectifs de dépenses d’assurance maladie qui sont arrêtés. Aucune loi de financement rectificative ne vient sanctionner des dépassements systématiques. Aucun contrôle parlementaire sérieux n’est effectué sur la dépense. Oui les articles 14 et 15 de la DDHC sont ignorés. Oui quand la sécu étouffe l’Etat, c’est la démocratie qui recule. A quand la fusion obligatoire et constitutionnelle de tous les comptes publics consolidés, dont je rappelle que c’est sur ces seuls comptes là (consolidés) que nous sommes engagés et jugés par nos partenaires européens.

Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen – 26 août 1789 –

Article 14 – Les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.

Article 15 – La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.