Voilà que le Figaro me soupçonne de semer la zizanie à Bercy. C’est beaucoup trop d’honneur. La maison, comme ses hôtes, sont trop au dessus de ma condition pour cela. Le papier indique que je me serais laissé « aller à quelques commentaires sur les relations entre Thierry Breton et Jean-François Copé ». C’est totalement faux, car je ne connais sincèrement rien de leurs relations, puis je respecte trop les personnes pour les confondre avec les fonctions. L’enregistrement de l’émission en atteste. Il m’arrive rarement également de me laisser aller. Je parle franchement, c’est tout. Sans langue de bois.

Or, il est une évidence pour tous ceux qui connaissent un peu ce ministère (je crois le bien connaître) qu’une fébrilité de l’annonce saisit parfois les ministres ou leur cabinet pour tenter de s’attribuer tous les mérites d’une bonne nouvelle. Il y a généralement moins de précipitation pour les mauvaises. En la circonstance, s’agissant d’annoncer une moindre perception de l’impôt dès le mois de janvier, je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer la course de vitesse qui a dû s’emparer du système pour être le premier à l’annoncer. Je redis, comme je l’ai fait à LCI, que ce genre d’information relève de la mission du ministre du budget et pas du ministre des finances. Pour une raison simple : les conditions techniques pour réussir une telle opération sont complexes et relèvent d’équipes intégralement dans le champ de compétences du 5ème étage de Bercy, c’est à dire du ministre du budget. Il est probable que cette précision ne plaise pas au 6ème étage où se situe le ministre des finances. Mais, pour être franc, je m’en moque un peu. Je ne crois d’ailleurs pas que ce soit dans ce genre de gamineries qu’un ministre ou un ministère peut gagner en épaisseur.

S’agissant de la dette, le sujet est infiniment plus sérieux ! Il ne suffit pas de proclamer que la dette baissera de 2 points de PIB, alors que les déficits continuent de galoper et même si le dénominateur s’accroît. Il faut dire comment on baisse cette dette. Je connais un excellent système, imparable, garanti, sûr : baisser les dépenses ! Je n’ai pas remarqué qu’on en abusait.

S’il s’agit simplement de pratiquer des méthodes très différentes de celles actuelles en matière de gestion de trésorerie, je réaffirme que cela commanderait d’en informer le Parlement, et notamment ses Commissions des Finances, et d’expliquer pourquoi l’Agence France Trésor ne l’a pas fait plus tôt. Enfin, comme assez bon connaisseur de la LOLF, il m’intéresserait de savoir si France-Trésor a reçu des instructions écrites du ministre visant à assumer sa propre responsabilité politique et financière devant un tel choix. Nous sommes là au coeur même de la gestion par la performance, inspirée par la LOLF, et aussi au coeur des responsabilités respectives du responsable de programme et du dirigeant politique. C’est un cas d’école parfait. Croyez-bien qu’il ne va pas manquer de susciter notre curiosité de parlementaire. N’est-ce pas Didier ?