Le Monde de ce soir nous apporte cette bonne nouvelle. Il est souhaitable, pour la santé de notre démocratie, que les grands choix politiques s’effectuent dans la transparence, sur la base de débats honnêtes et clairs afin que le vote des Français, sur un domaine aussi complexe que l’économie, ne soit pas obtenu au moyen d’affirmations fallacieuses ou mensongères. Puis, l’honneur de la politique est aussi d’assumer ses choix. D’éviter que l’art de la sémantique ou de la communication puisse dissimuler le contenu d’un programme. C’est la plus sûre manière d’entreprendre ensuite des réformes admises par tous parce que clairement énoncées avant le scrutin.
Pour suivre depuis longtemps les travaux du Cercle, composé faut-il le rappeler d’économistes de tous horizons politiques, je me réjouis de cette initiative. Je crois depuis longtemps que le retard pris dans les réformes en France tient au fait que les élections se déroulent comme un concours d’éloquence, un défilé de mode, ou une criée de promesses toutes plus mirobolantes les unes que les autres. C’est pour cela que la politique déçoit. Le temps de l’authenticité à sonné. Le vrai, le fidèle, le sûr, le responsable, le sincère sont les valeurs décisives. Je le sens, j’en suis sûr. Elles seront au coeur du choix de 2007.
Merci au Cercle, par ses questions pertinentes, d’aider à clarifier le débat pour la France du sursaut et de la responsabilité.
Imaginons, par exemple, qu’un candidat de droite, admettant à la fois son refus de ce dogmatisme si cher à la gauche et son ignorance tout à fait concevable de l’économie dans ses détails daigne s’engager à faire de son possible pour suivre telle ou telle stratégie économique, par exemple (mais non nécessairement) suggérée par tels et tels universitaires et critiqué par tels et tels autres et à en s’engager à en répondre régulièrement, par exemple, le 14 juillet de chaque année devant les français, ce qui nous changerait un peu des très grandes considérations auxquelles excelle pourtant notre président.
Est-ce si inimaginable ? Je ne le crois pas. Ainsi formulée, cette idée simple prend à sa manière force de contrainte : refuser de s’engager formellement avant l’élection devient un choix explicite : certes défendable, mais devant lequel il devient difficile de se défiler.
Voilà qui nous changera de la succession d"’idées économiques du jour de l’acteul gouvernement" : à méditer devant le prévisible grand guignol que nous promet le débat à venir sur GDF.
plaise au Ciel …que la France enfin se réveille …enfin un pays démocratique (qui ne serait pas frappé par le comportement actuel et exemplaire du peuple israelien aprés avaoir accompli son devoir, bouche cousue!)
Merci Monsieur le Ministre pour ce blog que je parcours régulièrement.
Personnellement il me semble que c’est une bonne idée que les économistes s’invitent dans le débat pour la présidentielle.
Par contre je me suis souvent demandé pourquoi il n’est jamais dit aux Français combien coûte un sans papier ou régularisables(és) à la collectivité française ? Frais de scolarisation des enfants, CMU, hébergement, allocations, etc ?
Ces chiffres seraient pourtant intéressants à connaître tant pour ceux qui veulent des régularisations pour tous que pour ceux qui n’en veulent pas et permettrait de prendre position et juger honnêtement.
Est-ce que cela serait politiquement incorrect ? Je dirais bravo à ceux qui oserait le faire.
Savez-vous si le Cercle des économistes a pris position sur le creusement des inégalités dans les nations riches, sur le fait qu’aux Etats-Unis, pays le plus riche du monde, des gens qui travaillent (les working poor) n’ont pas même de quoi se loger (ils dorment dans leur voiture, transformée en bivouac, été comme hiver). C’est aussi là-bas que 45 millions d’individus n’ont pas de couverture sociale. Et puis que dire du traitement carcéral des dérèglements sociaux dans une société très violente qui emprisonne 2 millions de ces citoyens (taux d’incarcération dix fois plus élevé qu’en France) ?
Si vous préférez, on peut prendre le cas de la Grande-Bretagne où le PIB par habitant est supérieur à celui de la France [1], où le taux de chômage (en progression) y est inférieur (avec une population handicapée très élevée, record d’Europe, exclue de la population active), mais où le nombre de personnes vivant en-deça du niveau de pauvreté y est néanmoins supérieur de 10 points au nôtre. Comme quoi pour un peuple, la croissance de son PIB n’est pas nécessairement un objectif en soi. Il semblerait que les uns travaillent (beaucoup) pour enrichir les autres (les plus performants).
Et vous que dites-vous de ces caractéristiques observables dans ces états au modèle économique très différent du nôtre, qui ont la cote chez nous dans les cercles libéraux ?
1] http://www.timesonline.co.uk/pri...
A Richesse
Quelques rectifications : le niveau de personnes "handicapée" est en GB à peine supérieur au niveau français, ce qu’a montr" François Fillon sur son blog, il y a quelques mois.
La mesure de la pauvreté en France répond à une définition plus restrictive que celle couramment utilisées pour les mesures mondiales. Ainsi la France annonce 6% de pauvres, en réalité avec la même définition que les autres pays elle est à 12 ou 13 %. De plus, la pauvreté se mesure par rapport à la moyenne des revenus. ainsi, des pauvres aux etats unis ne le seraient plus en France. mais aussi, qu’un pays fasse une politique paupérisant l’ensemble de la population, cela ferait apparaitre moins de pauvres.
Il y a aussi un modele largement imprégné de libéralisme, que vous avez oublié, c’est le modele suedois …
à Djiheldé,
Je fais autant confiance aux chiffres de la Banque mondiale et de l’OCDE cités par le Times de M. Murdoch qu’à ceux communiqués par M. Fillon.
Par ailleurs, entre 1996 et 2005, "la population active croît plus vite en France qu’en Grande-Bretagne. Le nombre de candidats à l’emploi a progressé de 6 % en Grande-Bretagne contre 12 % en France. Il faut donc deux fois plus de créations d’emplois en France qu’en Grande-Bretagne pour faire baisser le chômage." [1]
En ce qui concerne les créations d’emploi en GB elles sont en partie le fait d’un recrutement massif du secteur public (+ 146 000 en 2004 et +583.000 depuis 1998[2])
Et que dire de cette tendance des jeunes britanique à l’exile. "ALORS que le taux de chômage a atteint un sommet à 5,5 % depuis près de six ans, de plus en plus de Britanniques veulent tenter leur chance à l’étranger. Selon un récent sondage de la BBC, 13 % d’entre eux entendent s’expatrier à court terme et, plus inquiétant, la proportion atteint un quart parmi les jeunes de 18-25 ans." [3]
Pourquoi cette hémoragie ? "Les futurs émigrants invoquent le souhait de bénéficier d’une meilleure qualité de vie. Ils citent pêle-mêle la cherté de la vie, la difficulté d’ acquérir un logement, la hausse de la fiscalité et l’indigence des services publics, en particulier les transports et le système de soins" [4]
"Depuis quelques années, les retraités à la recherche d’une meilleure qualité de vie s’expatrient eux aussi." [3] Raison évoquée : "la crise des fonds de pension. Propriétaires d’une maison qu’ils espèrent vendre 600 000 euros, ils n’ont pratiquement aucune épargne et une retraite minimale en tant qu’anciens enseignants."
Et non, ils n’ont aucune épargne car l’économie britanique carbure au crédit tous azimuts (160 % du Revenu Disponible Brut en mars 2006 contre 60 % pour la France [5]
Quant au modèle suédois en particulier, et scandinave en général, le libéralisme observable sur le marché du travail y est compensé par des dépenses de protection sociale et des taux d’imposition élevés qui valent à ces pays de figurer en tête du classement PNUD en matière de niveau de vie.
1] blog.emceebeulogue.fr/pos…
2] blog.emceebeulogue.fr/pos…
3] http://www.lefigaro.fr/eco/20060...
4] http://www.lemonde.fr/web/imprim...
5] http://www.ixis-cib.com/read_doc...
"composé faut-il le rappeler d’économistes de tous horizons politiques" :
–> par souci de rigueur et à seule fin de pouvoir se forger une idée un peu plus précise sur cette représentativité alléguée, on aimerait connaître ce qui vous permet d’écrire que les économistes du cercle viennent de tous horizons politiques.
Pour éclairer M.Lambda, le Cercle des Economistes compte des personnalités aussi diverses que Jacques Mistral, Jean Pisani Ferry, Elie Cohen, Pierre Cahuc, Jean Michel Charpin … tous connus pour la qualité de leurs travaux.
à AB Galiani,
Merci pour ces renseignements.
Je ne met pas en cause la qualité des travaux de ces économistes.
Cependant, ma culture éco-politique ne me permet pas de les situer précisément sur l’échiquier des "horizons politiques".
Quels sont donc les critères ou les références qui permettent d’établir qu’ils représentent tous les horizons politiques ?
Cercle des économistes :
"Présenter le "Cercle des économistes" (une trentaine d’universitaires, plutôt libéraux et médiatiques pour certains comme Patrick Artus, Jean-Paul Betbèze, Pierre Cahuc, Elie Cohen, Olivier Pastré ou Jean Pisani-Ferry) comme un porte-parole de l’ensemble des économistes est inexact."
extraits de :
http://www.acrimed.org/article24...
A Lambda
… Il me semble que la qualité de leurs travaux à elle seule pourrait suffire. Mais puisqu’il en faut plus … Jean Michel Charpin a été en son temps chargé d’une mission sur les retraites par Lionel Jospin … Jacques Mistral a été membre d’un cabinet du Gouvernement Jospin. Jean Pisani Ferry est un "animateur" de l’association "En Temps Reel", qui est proche du PS .
à AB Galiani,
Merci pour ces précisions… qui permettent de mieux cerner ce qu’Alain Lambert entend quand il emploie l’expression : "composé faut-il le rappeler d’économistes de tous horizons politiques".
Je doute que Jacques Généreux, économiste, membre du PS, prof à Sciences Po, pour ne citer que lui, se reconnaisse dans le Cercle des économistes.
Autrement dit, la représentativité desdits économistes s’arrête probablement aux frontières socio-libérales du PS du côté gauche de l’horizon politique.
Ce qui n’enlève rien à la qualité de leurs travaux (que je ne puis apprécier par moi-même) mais situe les limites de la représentativité du Cercle des économistes.
A Lambda …
On peut toujours ensuite coller des étiquettes pour contester ce qu’on veut contester