Lisant une ITW de Julien Dray dans le Figaro de ce WE, je suis déçu de voir l’intéressé, pour lequel j’ai cependant une réelle estime, se livrer à un exercice de démagogie qui n’est pas digne de lui. Il oppose la réduction de la dette (qu’il qualifie de sourire des grands banquiers) avec le pouvoir d’achat de nos concitoyens. Comme si les deux sujets étaient de même nature. S’agissant d’abord de la dette, faut-il rappeler que les banquiers, petits ou grands, ne prêtent jamais que l’épargne de leurs clients. La dette française est issue de l’épargne des Français à hauteur d’environ 60 %. Il ne s’agit donc pas d’un sourire mais des revenus des épargnants parfois modestes. Envisage-t-il de ne pas les rembourser ? A moins de renvoyer la facture à nos enfants, par lâcheté. Par charité, je n’évoque même pas l’hypothèse d’un relèvement des taux qui se transformerait immédiatement en drame pour le budget de la France. Leur montant est déjà le 2ème poste budgétaire, jusqu’où irait-on avec un raisonnement comme le sien ?

S’agissant du pouvoir d’achat des Français, je suis glacé d’effroi à l’idée que l’on puisse enseigner à nos compatriotes que l’évolution de leur niveau de vie résulte de la décision du gouvernement. C’est tellement faux. C’est une telle insulte à la vérité que je m’en indigne. C’est tromper la bonne foi des ménages peu familiers des questions économiques. Leur niveau de vie ne pourra s’améliorer que par deux voies : l’accroissement de la richesse nationale qui permettra d’en distribuer davantage. Et la baisse des coûts de l’action publique qui consomment plus de la moitié de la richesse produite par les Français. Ceux qui se réjouissent de l’augmentation des dépenses publiques doivent avoir l’honnêteté intellectuelle de dire, en même temps, aux Français qu’ils sont pour la réduction de leur pouvoir d’achat. Je m’inquiète de voir la politique, garante de notre démocratie, fonctionner sur un logiciel de mensonge. Je ne parle même pas du mensonge politique commis par naïveté mais du mensonge technique. Un politique qui promet du pouvoir d’achat supplémentaire, sans dire où il le trouve, ment par omission. En outre, financer les transferts par l’emprunt devrait être interdit par la constitution.