C’est le défi que m’avait lancé Xavier à l’ouverture du présent Blog. Je mesurais alors moins qu’aujourd’hui la difficulté de la tâche. Je poste donc ce billet, dans la précipitation, exclusivement pour prier mes fidèles visiteurs de bien vouloir m’excuser d’être resté muet ces derniers jours. Ne craignez pas que je fuie ou que j’abandonne mais un surcroît de travail m’empêche actuellement d’y consacrer le temps habituel. Il demeure que vous êtes naturellement invité à poursuivre le débat sur les nombreux sujets qui fâchent et qui attendent sans désamparer vos nombreux arguments. Je profite aussi de ce billet pour remercier mes deux fidèles chroniqueurs Damien Catteau et AB. Galiani qui, chacun dans leur domaine, vous livrent de vraies questions à débattre. Merci de votre fidélité.
Euh, ce ne serait pas plutôt Damien Catteau ?…
Merci aussi à lui pour la pédagogie dont il fait preuve quand il répond aux objections ou aux questions.
Cordialement
Anaxagore
Monsieur LAMBERT
Merci pour la qualité et la variété de vos posts que je consulte tous les jours (déjà dit !)
J’aimerais pouvoir aborder avec vous et vos forumeurs une question à mon avis cruciale pour les 20 ans à venir,à savoir le délicat problème de "la décroissance raisonnée dans nos pays riches",compte-tenu de la raréfaction de certaines énergies fossiles non renouvelables.
J’aimerais savoir pourquoi le mot "décroissance" est considéré comme "offensant" par tous les économistes libéraux.
J’aimerais aborder ce thème sur votre blog,car vous êtes économiste de formation,vous avez été au pouvoir et donc dans l’action concrète,et vous êtes,si j’en juge de part vos réactions,une personnalité de droite ouverte et non sectaire (comme c’est souvent le cas à droite d’ailleurs !)
Merci pour votre réponse.
Cordialement
@hifi
Je pense que c’est tout simplement parce que le mot "décroissance" est inapproprié. Vous nous parlez (à juste titre) d’une réduction drastique et inévitable de la consommation matérielle, alors que la "croissance" concerne une chose complétement abstraite, et même éminement spirituelle : la "valeur". Les éléments de base (pétrole, minéraux, fosses d’aisance pour jeter nos déchets, etc.) se raréfient : leur valeur ne diminue pas, au contraire, elle croit fortement. Ca nous oblige à déployer plus d’inventivité et d’ingéniosité, réduit notre incitation à consommer des gadgets au profit de choses plus essentiels, et tout ça contribue à la croissance.
Si vous arrivez à faire plus avec 3 kg de matière (un ordinateur portable d’aujourd’hui) qu’avec 30 tonnes (poids de l’ENIAC), vous vous rapprochez de votre objectif alors que vous avez manifestement contribuer à la croissance. Et plus encore si vous arrivez à dématérialiser presque totalement la chose, pour le même service (il suffit de comparer l’infrastructure et la matière nécessaires à la téléphonie par fil et celle sans fil).
De même, la croissance c’est essentiellement l’intégration dans la sphère marchande d’une part croissante du monde (ce qui choque) : il est clair que la raréfaction des ressources ne vas par faire reculer la "marchandisation", au contraire elle va l’accroitre, et la "croissance" avec.
Je suis content que quelqu’un aborde cette question de la décroissance. J’attendais moi-même un article qui s’approche de ce sujet pour en toucher deux mots. En deux mots : la croissance infinie dans un monde fini est strictement impossible. Les français "consomment" déjà 3 planètes à eux seuls (je vous invite tous à calculer votre empreinte écologique sur le site de la WWF : http://www.wwf.fr/empreinte_ecol... les américains sont pour leur part à 5 planètes…
Jusqu’à maintenant, on considérait avec un peu de fatalisme que c’était les pays sous-développés qui souffraient de ce déséquilibre des richesses, maintenant, on sait clairement que ce sont nos propres enfants qui vont subir notre folie des grandeurs.
La croissance et le réchauffement de la planète sont intimement liés (et ce qui permet à la France de respecter plus ou moins les accords de Kyoto, c’est précisément la croissance molle que nous connaissons), les autres problèmes écologiques (notamment toutes les ressources épuisables, eau, forêts, pétrole) sont eux aussi très liés à la croissance de l’économie. Pourtant, à droite comme à gauche, voire même chez les Verts, on n’entend qu’un seul mot d’ordre : favoriser la croissance pour créer l’emploi.
Ca n’a clairement aucun sens, j’espère que tout le monde s’en rend bien compte.
Aujourd’hui, amener ses enfants à pied à l’école, plutôt que de les amener en voiture, c’est :
– faire des économies de carburant
– faire des économies d’entretien de voiture
– être en meilleur santé à cause de l’exercice
– réduire les émissions polluantes, donc assurer une meilleure santé pour tous, à terme
Pourtant, ce geste est anti-croissance par excellence : la consommation de carburant crée de la richesse (pour le groupe pétrolier et pour l’Etat), acheter et faire réparer sa voiture crée de la richesse, être en mauvaise santé assure l’avenir des groupes pharmaceutiques…
Bref : la santé de l’économie va à l’inverse de notre santé à nous et aujourd’hui, on place les valeurs dans le mauvais sens.
Je note que la semaine dernière, les parlementaires ont fait un rapport qui préconise une taxe sur la valeur écologique. C’est un premier pas essentiel, mais un projet de loi verra-t-il le jour ? Ces efforts ne seront-ils pas anéantis par les pressions d’un lobby quelconque ?
Monsieur Lambert, je serais heureux de connaître vos sentiments à ce propos…
Eh bien je vous dit bravo Mr Lambert,
Bravo pour votre travail et celui de ceux qui vous accompagnent dans cette aventure.
Je tiens à vous féliciter car trop souvent on oublie les efforts que requiert l’édition d’un tel Blog. Beaucoup de gens se plaignent mais peu réalisent. Vous faites partie de ceux qui réalisent et c’est le meilleur des camps.
Alors je ne peux que vous souhaiter une longue route sur le chemin du Net.
Défendre la décroissance n’est pas acceptable.
Car cela signifie tout simplement la défense de l’appauvrissement de la population.
Moins d’activités marchandes, c’est moins d’emplois salariés. Moins de consommation, c’est moins d’emplois salariés aussi.
Si la décroissance devient un objectif socio-économique souhaitable, cela veut dire que les personnes devront s’organiser elles-mêmes, localement, pour assurer les conditions de leur survie matérielle sur le long terme. Et cela, en s’autonomisant des grandes entreprises, des industries, des administrations, puisque ces activités de survie n’occasionneront aucun flux d’argent.
C’est très dangereux.
Les personnes cesseront de s’approvisionner dans les grandes surfaces, d’acheter des téléphones portables, de payer les traites de leur voiture. Elles refuseront aussi de payer leur loyer, leur taxe d’habitation, leur électricité. Des millions d’emplois seraient détruits dans les secteurs privé et public.
Tous ces services de hautes technologies seraient produits par des technologies archaïques, c’est-à-dire celles qui seraient à la portée d’un petit nombre de personnes… pourvu qu’elles soient organisées et éduquées à un sens des limites. Fort heureusement, ce sens des limites fait défaut aujourd’hui au sein l’imaginaire économique et entrepreneurial, ainsi que parmi les élites politiques qui défendent l’ajustement raisonnable de la main-d’œuvre aux nécessités économiques.
Les routes qui ne seraient plus entretenues feraient place à des cultures maraîchères, comme cela était notamment le cas dans la banlieue parisienne au début du siècle (on retourne en arrière, donc).
Dans les immeubles et près des maisons seraient aménagées des espaces de vies collectives, où certains équipements (frigos, fours, ordinateurs, machines-outils etc.) seraient mis en commun par souci d’économie et de partage des savoirs-faire. Ces équipements seraient alimentées par des sources d’énergies renouvelables, comme par exemple des éoliennes auto-construites et auto-entretenues (pas de flux d’argent là encore, ce qui est une grave impossibilité de faire des profits).
Pensons alors aux anciens supermarchés et galeries marchandes, devenus inutiles. Tous ces emplois supprimés : caissières, chefs de rayon, manutentionnaires, chauffeurs-livreurs, etc. Le taux de chômage exploserait à coup sûr, ce qui serait catastrophique.
Quant aux bâtiments de bureaux et les grandes tours de la Défense, ils seraient aussi vidés de leur occupants, les fameux col blancs et ingénieurs que le monde entier nous envie. En effet, la relocalisation de l’économie rendrait bien futiles les complications dues à l’échelle planétaire, celle qui est aujourd’hui privilégiée par les entreprises pour la gestion de leur production et de leurs marchés de consommateurs. Ces grandes tours ne pourraient plus servir qu’à être rempliées d’immenses châteaux d’eau, qu’on ouvrirait pour entraîner des turbines qui produiraient de l’électricité d’appoint.
Comme le nécessaire serait produit et consommé localement (habitat, transport, alimentation, etc.) seules quelques entreprises équitables subsisteraient pour organiser le commerce mondial des produits de luxe (café, thé, épices, etc… on reviendrait clairement, pour le coup, à la préhistoire de l’économie marchande).
Du fait de la déspécialisation, les entreprises et les administrations ne pourrait plus compter sur la division du travail, afin d’accroître le flux de marchandises et de services à consommer. Les diplômes ne pourraient plus soutenir l’unification des marchés de main-d’œuvre à l’échelle planétaire. L’éducation serait à base coopérative (pas d’évaluation individuelle, pas de mesure de performance, ce qui ruinerait à coup sûr la saine émulation actuelle à l’école et au travail). Elle viserait aussi l’acquisition de savoirs pratiques et manuels (médecine, jardinage, etc.). Ce qui empêcherait le développement de professions à haute valeur ajoutée.
Etc, etc.
C’est le printemps aussi .. Passer sa vie devant un ecran n’est pas une fin en soi .. surtout que dehors , les forcicias , camelias et autres tulipes , jonquilles .. sont ecloses
De toute maniere l’actualité demeure la meme .. un gouvernement qui ne decide pas .. ou pire fait des lois qu’il demande de na pas appliquer .. ( Mais pourquoi , elles sont mauvaises ou perimées) Mais ou va t’on ? Je serais la , a diriger une equipe et soit lui dire d’attandre face a un probleme .. soit de preparer de nouvelles consignes en aillant le culot de dire de ne pas les appliquer .. aussi sec je me ferais rappaler a l’ordre par mon chef .. Et le chef de ce gouvernement si nul , si lache .. c’est NOUS .. Alors , que l’on se s’etonne pas s’il est jeté au prochaines elections .. Mon probleme en tant que patron de la France ; c’est d’en trouver un valable ..On pourrais pas embaucher un chef d’etat etranger . il y en a des bons aussi ..
Bonne journee a tous
Jorge : tu n’as rien compris au concept de la décroissance, et surtout, tu occultes le fait que c’est en entretenant la croissance qu’on va dans le mur écologique. La décroissance demande une réorganisation profonde de la société, en attendant, la "simplicité volontaire" donne déjà des résultats plus qu’intéressants au niveau individuel.
Il ne faut pas envisager la décroissance avec le prisme de l’économie actuel, c’est aussi bête que voter FN en espérant avoir une politique de gauche.
Je ne vois pas en quoi la relocalisation va entrainer un appauvrissement, ce n’est pas les salariés de Peugeot Ryton qui vont dire le contraire. Je ne vois pas en quoi la prise en compte du coût écologique dans le prix des marchandises devrait poser un problème. Aujourd’hui, tous ces problèmes sont occultés. Fruits du libéralisme, on nous explique que c’est avec plus de libéralisme qu’on les réglera !
Merome, je crois que le message de Jorge était quelque peu ironique 🙂
Je crois que le mot decroissance est tres mal adapté .. il s’oppose au mot croissance dont on nous vante tant les merites .. Je crois qu’on devrais plutot parler de croissance raisonnée .. Car si la mauvaise santé des gens favorise la croissance des groupes pharmaceutiques .. ce n’est pas uen raison pour tomber tous malade … Cette part de l’economie est indispensable , mais a un impact negatif sur l’environnement .. selection de nouvelles souches de microbes toujours plus resistants , et dispertion de produits chimiques non naturel , donc aux effets inconnus ..
Par contre la croissance obtenue par une plus grande efficacité dans l’usage des matieres premieres , dans leur transformation est positive .. impact plus llimité sur la nature , economie d’energie …
Cette croissance raisonnée est deja a l’oeuvre , par le jeu de la concurence entre entreprise .. et l’etat joue son role en ordonnant des normes toujours plus faibles … le liberalisme economique permet cela . a condition que l’etat soit fort , et renforce ses moyens de controles , favorise les technologies nouvelles ..
Mais evidement il faut aussi des technologies nouvelles , maitrisées !! Les OGM sont in exemple du peu d’interet politiques pour les sciences car je ne sais pas si c’ets dangereux ou pas .. personne n’a tranché .. l’etat s’est contenté ed demandé aux fabriquant de le prouver … Les micro ondes des portables sont aussi peu connue …
Et la c’est au politques de prendre des decisions … Promotion de la recherche independante , .. pour arbitrer avec equitée et impartialité ..
Jorge : tu peux me confirmer que tu étais ironique ? J’en suis pas sûr moi. Si c’est le cas, pardon.
Le terme décroissance a en effet un petit côté provocateur qui ne me déplait pas. Il est évident qu’une société décroissante connaîtrait des secteurs en pleine croissance (tout ce qui touche aux énergies renouvelable, par exemple).
Cela dit, globalement, il FAUT décroitre, pour réduire notre empreinte écologique qui est trop élevée. Ne pas décroitre, c’est mourir, tout simplement, à terme. De chaud, de soif, personne ne sait vraiment, mais assurément plus vite que prévu. Je ne souhaite pas ça pour mes enfants.
merci et continuez…
en plus de sujet économiques
pourriez vous traiter quelques sujets "ecologiques"
trop sérieux pour les abandonner aux écologistes "verts"
les deux qui me tiennent à coeur:
-la diminution de la population des abellles, "Quand les abeilles meurent,
"les jours de l’homme sont comptés" A.EINSTEIN
-la liberté du commerce des semences,
avec mes remerciements
Je trouve que peu de politiques ont votre sincérité. Oui, c’est difficile de tenir la distance pour un bloggeur ! Seuls, ceux qui le font en savent la difficulté. Ce ne sont pas les vedettes DSK, Lang ou autres qui n’écrivent pas une ligne qui souffrent. D’autres travaillent pour eux et cela se voit. Alors que vous, vous êtes transparent. Y compris dans la fatigue. Courage. Tenez.