1968 Moment mythique pour le manifestant idéaliste qui rêve de faire mieux dans l’art de la protestation que la génération de ses parents. Mais lui a-t-on dit qu’en juin, deux mois après, les Français, excédés par tant de désordres, de dégradations, de paralysie du pays envoyèrent à l’Assemblée Nationale une majorité historique de députés partisans du rétablissement de l’ordre, du respect, et de la responsabilité individuelle ? Il serait honnête de le rappeler à ceux qui laissent croire aux jeunes que le pouvoir en France se gagne par la rue.

1968 est un bon exemple, car le Chef de l’Etat d’alors était une figure historique : le Général de Gaulle, celui qui permit à la France d’éviter l’humiliation et qui la hissa au rang des vainqueurs d’une guerre horrible contre la tyrannie. Et pourtant cet homme, qui eut toutes les audaces, fut saisi par le doute au coeur de ce printemps agité de 1968. Au point qu’il disparut quelques heures pour se rendre en Allemagne consulter un militaire de haut rang sur d’éventuelles mesures de sauvegarde à prendre. Il eut le génie d’en appeler finalement au peuple pour lui demander de trancher entre les partisans d’une révolte étudiante qui n’en finissait pas et ceux qui souhaitaient que le pays se remette sérieusement au travail. La réponse fut d’une clarté cruelle pour les apprentis révolutionnaires d’une rue en folie. Les partisans du retour à l’ordre et à la raison furent plébiscités (362 sièges pour la majorité sur 485).
S’il est vrai que l’histoire ne se répète jamais exactement de la même façon, il est tout autant vrai que le désordre renvoie souvent le balancier violemment de l’autre côté.
Il serait raisonnable qu’élèves et étudiants reprennent leurs cours pour passer leurs examens, et que syndicats et gouvernement entrent en dialogue pour trouver les voies et les moyens d’une France plus compétitive, qui crée à nouveau des emplois et davantage de richesses à répartir.
Puis dans un an, tranquillement, sereinement, les électeurs choisiront la politique de leur choix pour la prochaine législature. Cela me semble la sagesse. S’entêter dans un conflit, c’est prendre le risque d’une aventure dont personne ne peut prévoir l’issue.