Le système pyramidal qui caractérise notre société démocratique semble s’aplanir au profit d’une structure « polycéphale et réticulaire ». Que devient, dès lors, l’élite traditionnelle qui se situait au sommet de l’ordre hiérarchique ? « Le crépuscule des petits dieux » nous apporte des éléments de réponse « à cette authentique révolution » en analysant plusieurs phénomènes de notre société contemporaine en mutation face à la mondialisation et la décentralisation. La rigidité de l’ordre établit ne permet pas de résister à ces changements dont le contrôle peut parfois échapper à l’ordre national (Union Européenne).

Alain Minc pose un regard très intéressant sur le « populisme » qui s’étend en Europe et en France comme l’ont montré les dernières élections présidentielles de 2002. Il en va de même, selon lui, au sein de notre classe politique qui se laisse prendre au jeu en évoquant « la France d’en bas ». Ceux « d’en haut » ne peuvent donc plus ignorer « le peuple » qui reste pourtant loin de ses dirigeants. Les media amplifient voire imposent cette opinion. Le champ cloisonné des élites est jugé, détesté et déclaré comme incompétent : « c’est le crime des dirigeants impuissants, pusillanimes, égoïstes ». Les réseaux d’influence supplantent les positions de pouvoir. La classe dirigeante se voit mise à mal à différents niveaux.
La loi d’airain de l’oligarchie ( entraînant la coupure entre la société civile et ses dirigeants de Roberto Michels) participe à l’émergence et au succès d’une « élite de notoriété ». Celle-ci semble plus apte à se renouveler que l’élite traditionnelle vouée à disparaître. Cet ouvrage pourrait apparaître comme un récit nostalgique de l’époque dorée de « l’élite républicaine ». Il étonne, au contraire, par sa tonalité optimiste car Alain Minc n’exprime pas d’inquiétude. Avec son sens incomparable de la formule, il conclut ainsi : « cette société sans élite traditionnelle, donc sans nous, ne devrait pas manquer de charme ! ».

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