En écoutant les points de vue d’éminents membres de l’opposition, je suis troublé qu’ils puissent relayer et soutenir l’idée du retrait de la loi. Ils sont totalement dans leur rôle en critiquant le contenu, ses dangers éventuels, et en manifestant leur regret qu’elle ait été adoptée. Mesurent-ils, en revanche, le danger qu’ils font courir à notre démocratie en réclamant bruyamment son retrait ? Aspirent-ils à ce que, dans notre pays, les lois soient désormais adoptées à l’unanimité ? Comme sous certains régimes, encore en vigueur il n’y a pas si longtemps, sur notre propre continent. Comme force politique d’alternance, entendent-ils dégrader la valeur, la force, la légitimité de la loi comme mode de gouvernance de notre société ?

Je m’inquiète de voir les moeurs politiques ainsi se déliter. La critique même forte des idées est consubstantielle à la démocratie, il n’y a pas à le regretter. En revanche, les principaux instruments de gouvernement d’une grande nation doivent être respectés pour leur valeur représentative et symbolique d’une démocratie. A les confondre avec les idées qu’ils portent, c’est l’ensemble de l’édifice institutionnel qui s’en trouve mis en cause au sein même des couches les moins stables et les moins éclairées de la fragilité des institutions de la République.
Comme je l’écrivais dans le billet d’hier soir, le champ de la négociation reste immense sans remettre en cause la loi elle même, dès lors qu’elle a été adoptée. D’abord parce qu’elle peut-être épurée de tout ce qu’elle contient du domaine réglementaire. Puis par les décrets d’application qui, dans ce beau pays d’économie administrée qu’est la France « enrichissent » hardiment, et sans complexe, la volonté du législateur. Nous sommes à un an de la principale échéance électorale. N’y a –t-il pas péril à laisser croire aux citoyens que leurs votes ne confèrent aucune légitimité ? Républicains, réveillez-vous ! Et travaillez sur le fond ! au lieu de bavarder toute la journée dans les média. Ne cassez pas les outils majeurs de la démocratie. Construisez des programmes solides pour 2007, les Français auront alors le choix et, au lendemain du scrutin, le pays pourra se mettre en mouvement comme il ne l’a pas fait depuis 40 ans.