69 % de Français, selon un sondage TNS Sofres, pour Le Figaro, seraient favorables à l’intervention de l’Etat pour empêcher des OPA étrangères sur des entreprises françaises, dans l’espoir (je pense personnellement dans l’illusion) de protéger l’emploi. Les fusions internationales sont associées à l’idée de mondialisation et aux délocalisations présumées l’accompagner. Les Français se prononceraient majoritairement en faveur du rôle protectionniste de l’Etat.

J’imagine déjà les fins conseillers en politique politicienne ricaner sur le thème « vous voyez, on vous l’avait bien dit ! … les français sont contre l’économie de marché, ils préfèrent l’économie administrée. Si vous voulez être élus, vous feriez bien de les écouter, les suivre et ne surtout pas les contrarier ! ».

Suivre ! Le mot est lâché ! La course aux électeurs, pardon la politique, au sens un minimum marketing du terme, consisterait donc à caresser lesdits électeurs dans le sens du poil, en les instruisant non pas de ce que l’on croit bon pour eux, pour leurs enfants et pour la France. Non ! En leur disant tout simplement ce qui leur fait plaisir d’entendre. Ce qui apaise leurs craintes, esquivant habilement ce qui peut les susciter.

S’il est évident qu’il ne sert à rien de braver l’impopularité, je ne cesserai cependant jamais de réaffirmer que la politique a besoin de sincérité, de franchise, de pédagogie, de vérité tout simplement. Or, dès lors que l’économie est ouverte, nous avons le devoir d’alerter nos compatriotes sur le fait que le nationalisme affaiblira les chances de conquête de nos champions à l’extérieur, sans empêcher la concurrence chez nous.

Je suis donc désolé de confirmer aux 69% qui ne le croient pas qu’ils devraient réfléchir à 2 fois, avant d’en rester sur leurs positions actuelles. Qu’ils observent ce que pensent leurs voisins européens : majoritairement le contraire. Qu’ils dialoguent sans à priori sur cet important sujet car à rester figés sur une telle position, ils fragilisent nos emplois plus qu’ils ne le protègent.

Et comme j’ai plus confiance dans leur capacité à changer d’avis que dans celle des démagogues à changer de méthode, je ne cesserai jamais de défendre ces idées.

L’honneur de la politique, ce n’est pas de suivre, mais de guider.

Lire ce papier fort intéressant : l’analyse d’Yves de Kerdrel dans le Figaro intitulée « Quand le capitalisme français renoue avec ses vieux démons »