Evidemment il y a une part de provocation dans cette question. Mais est-ce si faux ? Et n’est-ce pas nécessaire de la poser ainsi, afin que ce projet soit analysé sous tous ses aspects ? Gageons qu’il ne manquera pas de l’être abondamment sous l’angle du « patriotisme économique » dernier alibi utilisé pour tenter de faire survivre, quelques mois supplémentaires, le mythe de l’agonisante économie administrée. La semaine qui commence me donne par avance des frissons.

J’imagine que l’Etat va nous expliquer l’art et la manière d’organiser les acteurs économiques pour garantir leur avenir. Après qu’il ait tant de fois fait faillite, dans le secteur concurrentiel, comprenez qu’il y ait pas de quoi être préoccupé.
Je veux bien admettre que la fusion entre Gaz de France et Suez ait du sens, au plan industriel. Mais cette idée est d’une soudaineté déconcertante. Avec le recul on se dit que si Arcelor avait été française on lui aurait sans doute trouvé d’office un conjoint pour éviter l’OPA de Mittal.
S’agit-il de faire absorber Suez par GDF ou l’inverse ? Si ma confiance est totale dans les équipes dirigeantes des deux groupes, elle ne l’est pas du tout à l’endroit de la tutelle qui s’exerce sur les entreprises dans lesquelles l’Etat détient une participation. S’il s’agit d’étendre à la gouvernance de Suez les contraintes qui pèsent sur GDF, ce serait le plus mauvais service que l’on pourrait rendre à l’ensemble.
J’imagine déjà que le débat portera sur le niveau de participation de l’Etat dans le nouveau groupe. Chacun le voudra évidemment le plus élevé possible. Pour ma part ce, ce sera le contraire !