La chronique de Patrick Jarreau dans le Monde du 18 février intitulée « le temps des engagements flous » m’incite à bien vite appeler à des « engagements vrais, clairs, assumés ! ». La politique, que dis-je, la démocratie souffrent de l’ambiguïté, du manichéisme, de l’indécision qui les rongent. Pas seulement pour cause d’hypocrisie, de malice, ou d’irrésolution. Simplement au nom de l’idée fausse que l’opinion publique française ne serait ni prête à entendre la vérité, ni à en tenir compte.

Comme si la politique consistait à suivre l’opinion. Sa noblesse oblige exactement au contraire, c’est à dire à guider. A éclairer l’opinion, y compris sur les sujets les plus délicats et notamment ceux dont on sait qu’elle tarde à accepter l’inévitable face à face avec la réalité. L’art politique s’apparenterait désormais à l’analyse fine des hésitations, des refus, des contradictions des Français pour éviter soigneusement de les heurter et ainsi garder toutes les chances de leur faveur. Rien n’est plus détestable. Si le simple bon sens commande de ne pas chercher à les provoquer ou les prendre systématiquement à rebrousse poil, le premier devoir du politique demeure de leur indiquer, en conscience, le cap raisonnable, celui qui leur permettra de préserver l’avenir de leurs enfants et, ce faisant, de rejoindre le peloton de tête des nations modernes et prospères. Patrick Jarreau, qui ne défend cependant pas ces idées, demande, pour l’emporter dans 15 mois, s’il faudra « être réformiste ou conservateur, moderniste ou traditionaliste, sécuritaire ou social, assimilateur ou pluraliste ? »
Il faudra être sincère, vrai, direct, honnête, et dire avec l’exigence la plus élevée de vérité ce que l’on croit bon pour le Pays et annoncer les efforts qu’il faudra consentir pour le sursaut de la France. Quoi qu’il en coûte électoralement !
Au point où nous en sommes, celui qui serait élu dans l’ambiguïté ne finirait pas son mandat.