En octobre dernier, un programme d’ « audits de modernisation » a été mis en place par le Premier ministre. Sans nier l’intérêt incontestable de ces audits en termes de modernisation de l’administration, il s’agit ici de revenir sur le lien entre ces audits et les procédures de « révision des programmes » telles qu’elles existent dans les pays étrangers. J.-F. Copé a pu insister sur l’inspiration issue des exemples canadiens et anglo-saxons et, lors d’une récente conférence universitaire, sur la comparaison possible entre ces deux instruments. Or, si les deux procédures ont des inspirations communes, elles doivent toutefois être différenciées quant à leurs objets, leurs modalités et leurs finalités et il nous faudra insister sur la nécessité de combiner les deux approches.
Les audits de modernisation consistent pour chaque ministère à identifier tous les deux mois « au moins un service, une procédure ou une fonction significative, pour procéder à son audit en vue d’améliorer la qualité et l’efficacité du point de vue des usagers, des fonctionnaires ou des contribuables » et ainsi à « identifier les dysfonctionnements et proposent des solutions opérationnelles, un plan d’actions concret et un calendrier de mise en oeuvre ».
Ces audits qui portent sur des procédures, des fonctions ou des services de l’État sont réalisés par les corps d’inspection de l’État (il est néanmoins envisagé de recourir à des consultants du secteur privé dès cette année). Ils donnent lieu à des rapports d’audits concis, publiés et mis en ligne sur Internet, qui proposent un plan d’actions concret réalisable dans un calendrier précis.
Les audits peuvent avoir des conséquences très diverses comme permettre de réduire les effectifs pour une activité donnée, de dégager des gains de productivité, d’éviter certaines dépenses ou ralentir la progression des dépenses ou plus simplement de moderniser certains services. Enfin notons que les ministres décident eux-mêmes des suites à donner aux audits. Il s’agit donc exclusivement d’une procédure interne à l’administration.
La première vague d’audits (17 audits) lancée en octobre 2005 vient de s’achever avec la publication des 14 premiers rapports d’audits (les 3 derniers devant être publiés sous peu) et J.-F.Copé vient de lancer une deuxième vague de 20 audits qui concerneront cette fois tous les ministères et porteront sur des volumes financiers et/ou un nombre d’emplois beaucoup plus important.
Sur les audits de modernisation, voir le Forum de la Performance
Les procédures de révision des programmes dont on peut trouver des exemples :
– au Royaume-Uni (Spending Reviews)
– au Canada (Examen des dépenses) lien caduque
– ou en Australie (Performance Management Cycle) lien caduque
visent, quant à elles, à s’interroger sur la pertinence des activités gouvernementales et de la nomenclature budgétaire qui en constitue le support. Leur objet est donc bien distinct puisque dépassant le simple examen des procédures, fonctions ou services de l’État.
Catteau Damien, Université de Lille 2, Laboratoire du GERAP-GREEF.
La LOLF !
c’est vrai, c’est bien la LOLF, le REPROG le…
la France va battre le pays record pour les sigles, le Brésil…bon mais y’a pas que ça en France, non? ou alors la LOLF est le sésame ouvre Tout?
La LOLF !
Merci M CATTEAU pour ces explications, mais quelques questions encore par un non spécialiste:
Comment sont déterminés les sujets des audits et par qui? Les usagers ou les fonctionnaires sont-ils consultés sur les perspectives dégagées par ces audits?
Est-il prévu un suivi de la réalisation (ou non) de ces audits et seront-ils aussi mis en ligne?
La LOLF : « Audits de modernisation » et « Révision des programmes »
Les audits sont proposés par les ministres eux-mêmes qui font des propositions hierarchisées en fonction de leur importance et un arbitrage est opéré pour ne retenir qu’un ou deux audits par ministère (et par vague). J’imagine que cet arbitrage est réalisé par la DGME qui pilote la réalisation des audits mais je n’ai aucune certitude. En toute hypothèse, les propositions sont in fine validés par le Premier ministre…
Sur la consultation des usagers et fonctionnaires concernés, j’avoue que je n’ai pas de réponses (finalement cela dépend du travail des inspections) mais, en toute franchise, j’en doute un peu…
Enfin concernant les suites, d’abord certains ministères dont le Minefi ont publié une listes de décisions prises en conséquence directe des audits. Quant à savoir s’il y aura un suivi des réalisation donnant éventuellement lieu à un rapport publié ou mis en ligne, je n’en ai aucune idée. Cela n’est pas envisagé expressément pour le moment par la DGME… Il va de soit qu’un e telle transparence sur le suivi des audits me paraît indispensable (tout comme vous je l’imagine) pour le bon fonctionnement de ces procédures de modernisation…
Cordialement,
D.C.
La LOLF !
merci pour ces éclaircissements M CATTEAU, en effet comme vous j’estime nécessaire que le suivi des recommandations soient mis ligne dans un souci de transparence, l’administration est celle des citoyens et doit rendre compte de son activité au service de la modernisation . Je ne doute pas que M ALAIN LAMBERT agira en ce sens.
Par ailleurs, il existe déjà une Délégation pour la Modernisation de la Gestion Publique et des Structures de l’Etat auprès du ministère de la fonction publique , cette structure ne fait-elle pas double emploi avec la DGME? Ou est-ce la guerre des grands corps ? En l’occurrence les PONTS et l’INSPECTION DES FINANCES?
La LOLF !
La transparence sur le suivi des audits est une nécessité absolue et je ne doute qu’elle sera faite à l’initiative du Gouvernement. S’il ne le faisait pas, d’évidence, le Parlement s’en saisirait et utiliserait les informations qu’ils contiendront pour ses propres travaux.
Je profite de ce billet pour dire bravo à Damien pour le travail qu’il produit sur ce Blog pour expliquer la LOLF et bien au delà. J’atteste aussi de sa parfaite connaissance de la réforme et de son excellente connaissance du fonctionnement de l’Etat.
La LOLF !
En fait, il n’y a pas de "double emploi" puisque suite d’une part au lien opéré entre le ministère du Budget et le ministère de la Réforme de l’Etat en juin dernier et, d’autre part, à la fin programmée des fonctions de la DRB, la création de la DGME, au début de cette année, a été opérée par fusion des quatre directions suivantes : la Délégation aux Usagers et aux Simplifications administratives (DUSA), la Délégation à la Modernisation de la Gestion Publique et des Structures de l’Etat (DMGPSE), l’Agence pour le Développement de l’Administration Electronique (ADAE) et la Direction de la Réforme Budgétaire (DRB)…
On notera que Franck Mordacq, ancien directeur de la DRB, a été nommée à la tête de cette direction et y voir le symbôle fort que la LOLF et plus généralement la réforme budgétaire est bien le principal levier de la réforme de l’Etat…
La LOLF !
Bonsoir,
Au delà des indicateurs de performances et de leurs justesse de calcul la LOLF n’a t’elle pas aussi un impact sur l’organisation interne des entités impactés.
Ainsi, en quoi les relations entre Agent Comptable Principal, Agent Comptable Secondaire, Ordonnateur seront-ils impacté? N’y a t’il pas un transfert de compétence et de nouvelles tâches qui leur seront confiés? Par ailleurs, en quoi l’implémentation d’un SI dans de t’elle organisation impactera-t-elle les rapports entre les différents acteurs?
La LOLF !
A Nicoco,
Vous avez tout à fait raison, la LOLF ne s’arrête pas à la simple introduction d’une budgétisation orientée par la performance ni à la fixation d’objectifs et d’indicateurs… C’est pour cela d’ailleurs, qu’il s’agit véritablement d’une véritable modernisation de l’ensemble des règle de gestion publique…
En effet, les relations entre les ordonnateurs et les comptables vont être profondément modifiées par la LOLF ne serait-ce qu’en raison de la déclinaison opérationnelle des programmes (les fameux BOP) ou de la modernisation de la chaîne des dépenses et de la modernisation comptable…
Par ailleurs, la mise en place du Palier 2006 va en effet elle aussi modifier en profondeur ces relations… mais plus généralement c’est l’ensemble du volet comptable de la LOLF qui va avoir un impact d’une grande ampleur sur celles-ci.
Ceci dit, énumérer l’ensemble des éléments de la réforme ayant un impact sur les ordonnateurs et les comptables serait bien trop long pour un simple commentaire… Je vous renvoie tout d’abord au site de la moderfie et notamment à sa rubrique Comptabilité et, le cas échéant, je me tiens à votre disposition pour revenir sur l’impact de tel ou tel dispositif pris isolément…
le lien :
http://www.minefi.gouv.fr/lolf/3...
Cordialement
D.C.