Le Gouvernement a proposé une augmentation générale de 0,5 % des salaires en 2006 pour 5,2 millions d’agents des trois fonctions publiques. Le syndicats réclament 1,8 % et menacent, en cas de désaccord, de faire grève le 2 février prochain. Cette très importante question, au moment même où l’on s’inquiète enfin des déficits et de l’endettement excessifs de nos comptes publics, ne se résume pas aux relations entre le Gouvernement et les salariés de la fonction publique, mais elle concerne, au premier chef, les Français, car ce sont eux qui paient ! Céder reviendrait à commettre une double injustice.

D’abord une injustice à l’endroit en effet des Français, car on leur enverra la facture soit immédiatement par leurs impôts, soit de manière différée par l’emprunt. Ceux d’entr’eux qui travaillent dans le privé, et dont les rémunérations ont été moins dynamiques que dans le public, devraient-ils par exemple, en plus de la précarité de leur emploi, se serrer la ceinture pour accroître davantage encore l’écart de rémunération qui les sépare des salaires des fonctionnaires pour des activités comparables ?

Puis une injustice entre les fonctionnaires eux-mêmes, car la proposition du Ministre Christian Jacob vise à sortir de l’égalitarisme incarné par le sacro-saint point d’indice en proposant des mesures sociales (aides à la garde d’enfants, à la mobilité, etc.) et statutaires (reconnaissance de l’expérience professionnelle , promotion de catégorie C à la catégorie B etc.). Ces mesures concernant un fonctionnaire sur cinq, chaque année. Si j’ajoute que de 1982 à 2003 les effectifs de l’Etat, par exemple, ont augmenté de 310.000 agents soit 14%, alors que pendant cette période plusieurs vagues de décentralisation ont transféré des fonctions aux collectivités locales, on peut en conclure que la recherche de productivité n’a pas constitué un priorité.

L’avenir de la gestion des ressources humaines de l’Etat, ce n’est pas l’évolution du point d’indice, mais un double objectif :
– mieux prendre en compte les conditions de travail et la performance des agents publics ;
– favoriser une plus grande mobilité fonctionnelle des agents pour ouvrir davantage leurs perspectives de carrière et mieux répondre à l’évolution des besoins du service aux Français.