Voici le premier billet d’une série consacrée aux responsables de programmes, acteurs au centre de la nouvelle logique de performance mise en place par la LOLF. Puisqu’un billet d’Alain Lambert traitait, hier, de la modernisation de la fonction publique, j’aimerais aborder, dans un premier temps, la question du recrutement des RPROG.

Actuellement, les responsables de programmes sont essentiellement des directeurs d’administration centrale (directeur, directeur général ou délégué). On trouve également quelques secrétaires généraux (mais il s’agit presque d’une « anomalie ») ou encore des cas particuliers entièrement justifiés, notamment pour les juridictions. Or, ces directeurs d’administration centrale sont tout simplement nommés discrétionnairement par les ministres. Or, si on conçoit bien la nécessité d’avoir une certaine proximité entre le ministre et le RPROG, ce mode de désignation n’apparaît pas des plus transparents, ni des plus performants…

Il serait ainsi opportun soit de prévoir une procédure de recrutement des RPROG adaptée à la logique de performance soit de conserver le principe de nomination des RPROG au sein des directeurs d’administration mais alors en modernisant le mode de recrutement de ces derniers… En particulier, ne serait-il pas opportun d’introduire plus de transparence, de modernité et de « concurrence » concernant ce poste clef de « managers publics » ?

On notera que de nombreux pays, tels la Suède ou encore la Nouvelle-Zélande, se sont dotés d’un tel système de recrutement dont la France pourrait s’inspirer… On peut citer quelques principes intéressants notamment :

  • la publication d’un avis de vacance pour ces postes avec éventuellement une ouverture des candidatures, si ce n’est à des pays étrangers (comme c’est le cas en NZ), au secteur privé…
  • une procédure de recrutement mise en oeuvre par un organe indépendant selon des critères précisément définis (et publiés) notamment en termes de compétences requises… une évaluation des candidats faisant au besoin appel à des professionnels du recrutement…
  • une démarche contractuelle avec notamment une durée déterminée, une négociation de la rémunération et éventuellement la fixation d’objectifs personnels à atteindre (lettre de mission). Il va de soi qu’il est nécessaire d’introduire en effet un système de rémunération en fonction des résultats, comme le propose d’ailleurs, concernant les directeurs d’administration centrale, le rapport Silicani.
  • une transparence des rémunérations et des résultats des « nouveaux managers » sur le modèle néo-zélandais…

En toute hypothèse, ne peut-on pas regretter que la fonction de responsable de programme, alors qu’elle est au coeur même de la mise en oeuvre de la LOLF, ne soit définie par aucun texte et finalement n’ait aucune existence juridique ? Ne serait-il donc pas opportun d’élaborer un texte encadrant cette fonction essentielle concernant les missions, le mode de recrutement, les pouvoirs (notamment par rapport aux directeurs d’administration non-responsables de programme du même ministère) et la responsabilité de ces nouveaux « managers publics » ? On notera que certains pays ont opté pour cette voie qui garantit à tout le moins la transparence du système…

Catteau Damien, Université de Lille 2, Laboratoire du GERAP-GREEF.