Pour les nuls dans mon genre cela veut dire : Droits d’Auteur et Droits Voisins dans la Société de l’Information. C’est un projet de loi en discussion à l’Assemblée Nationale qui vient, suite à des amendements, de mettre le feu aux poudres en engendrant bruit et fureur. Me voilà sommé, sur ce Blog, de donner mon avis. Après tout, c’est mon boulot de politique de prendre position, même si l’honnêteté me commande d’avouer, par priorité, que je ne suis pas spécialiste du sujet. Loin de là. Cependant …
J’ai mesuré, il y a bien longtemps qu’il n’est jamais simple de concilier : progrès technologiques, liberté et protection de droits individuels. Les chanteurs, producteurs, acteurs et autres artistes se mobilisent pour manifester leurs désaccords sur la liberté du téléchargement gratuit de la musique et de films. Ils y voient une atteinte à la propriété de leurs oeuvres.
En écoutant les parties en présence, chacun a sa part de vérité. Le débat me fait penser à celui de la mondialisation. Il y a ceux qui sont contre, non sans arguments et qui parlent fort. Ceux qui sont pour, non sans arguments, et qui parlent moins fort. Et ceux, dans mon genre, qui pensent que c’est un fait et non un choix et qu’il vaut mieux en réguler les effets plutôt que vouloir s’y opposer.
S’agissant de la propriété intellectuelle et artistique, l’avancée technologique nous invente des supports et des véhicules de transmissions chaque jour plus performants. Il ne vient à l’idée de personne de les interdire ni, je l’espère, de les regretter. Dès lors que ces technologies ignorent les frontières, donc les droits nationaux, il est évident que les systèmes de protection limitant leur circulation ont peu de chance de résister.
Mais n’est-ce pas ainsi depuis le début de l’humanité ? Sans remonter jusqu’à Mathusalem, l’imprimerie a révolutionné l’écrit, l’électricité la voix. La radio a diffusé massivement certains artistes et moins d’autres. La télévision a amplifié mille fois le phénomène, en créant des notoriétés aussi éphémères que parfois injustifiées. Quels critères de justice fixer dans ce charivari incessant ?
La diffusion massive des oeuvres n’est-elle pas la meilleure chance de leur promotion ? A défaut de valoriser le support que la technologie poussera toujours inexorablement vers la gratuité, n’est-ce pas la valeur de l’artiste qui se trouvera renforcée ? Si son oeuvre peut se multiplier, lui reste unique, donc rare et précieux.
Naturellement, je ne veux pas me prononcer pour telle ou telle mesure, comme l’idée de « licence légale », car j’ai, en général, peu confiance dans les systèmes de redistribution des taxes collectées par l’Etat. Mais mon intuition, pour traiter globalement du sujet, m’incite à ne pas m’éloigner de l’idée que la liberté car elle s’impose toujours. Raisonnablement, il vaut mieux l’ordonner que l’interdire.
Il existe déjà une taxe (loi Lang 1985) sur les supports numériques vierges, redistribuée aux auteurs, qui ne s’en plaignent pas. L’esprit de la licence légale est le même que cette loi. les internautes ne revendiquent pas la "gratuité" mais la liberté.
C’est effectivement un problème d’équilibre. Le projet de loi actuel donne la part belle au distributeur de disque. Or la culture, ce n’est pas un bout de plastique. Demain, le support n’existera plus. Ces distributeurs de plastique se mettent en avant comme grand défenseur des droits d’auteur, en fait ils défendent surtout leur business !
La répartition des droits serait beaucoup plus juste sur Internet. Il serait très facile de mettre en place un système de mesure des téléchargements sur Internet, pas forcément exhaustif, mais avec bien plus de valeur qu’un sondage ! Je suis donc pour la licence légale optionnelle.
Concernant les mesures techniques de contrôle des droits d’auteur (les fameuses DRM) : c’est un considérable retour en arrière. Comme je l’ai déjà écrit, dans un avenir proche la culture sera 100% numérique. Ces DRM verrouilleront totalement l’accès à la culture, le contrôle étant effectué par des sociétés privées. Et comment ça se passe à l’expiration du droit d’auteur ? Comment les œuvres feront telle pour retomber dans le domaine public ?
Autre problème pour ces DRM : l’interopérabilité. Totalement lié a des technologies non compatibles en elles : par exemple une musiqué téléchargé légalement à la FNAC ne peux pas être lu sur un iPod d’Apple. Pour le faire aujourd’hui, il faut contourner la protection. Demain, une fois la loi adoptée, ce contournement sera passible de 3 ans de prison !
Les vendeurs de plastique ont lutté contre les nouvelles technologies, ne se sont pas adaptés et luttent encore et toujours. C’est l’industrie de la bougie contre l’électricité ! Est-ce que l’on a fait une loi pour protéger les fabricants de bougies ?
Aujourd’hui 5 millions de français utilisent les logiciels d’échange point à point (P2P Peer to Peer), c’est trop tard pour interdire l’utilisation de ces logiciels. Cette loi est totalement utopique, les solutions proposées sont inadaptées… elle sera donc totalement sans effets.
Monsieur le Ministre,
Si le "sommateur" avait su que vous étiez Sénateur et non pas Député, il n’aurait pas commis l’erreur de vous questionner aussi rapidement sur ce sujet. Moi, je ne vous interpellerai pas (de toute façon, je ne suis pas de la police, je ne peux donc pas "interpeller") …
Par contre, je vais, dès ce soir, placer sur mon blog, ma vision des choses : elle ira dans le sens du respect de la propriété du créateur que je différencie de celle du diffuseur. Pareillement, les produits informatiques étant d’une durée plus courte que les produits industriels, la protection "industrielle" des droits doit être plus courte.
Il faut que je mette ça en forme.
Un bon libéral ne doit pas défendre des velléités législatives qui vont vers la fermeture et de la réglementation, surtout dans un domaine qui évolue à grande vitesse. Le parlementaire sera toujours en retard d’un train sur les avancées technologiques (hors vous même cher AL, mais l’exception confirme la règle !).
Cette réforme au nom improbable (il faut quand même oser : "Droits d’Auteur et Droits Voisins dans la Société de l’Information", énarchie quand tu nous tient), fort mal amenée et donc retirée, touche de plus à un sujet que peu de monde – et moi le premier – ne maîtrise. On peut craindre le pire de ce qui va sortir de ces débats tronqués.
Ne pas tenter d’interdire mais aménager les effets les plus dangereux de cette inexorable révolution semble une bonne approche. La loi est-elle un moyen adapté pour y parvenir ?
Quand la musique sonne sonne sonne
Au-delà du débat actuel concernant la musique et le téléchargement via le P2P, il est intéressant de se pencher sur l’évolution de la musique. En effet, en un peu plus de cent ans le concept même de musique a totalement changé du fait majeur de la
Quand la musique sonne sonne sonne
Revenons donc à une époque où les radios n’étaient qu’émergentes, les artistes exerçaient alors leurs talents uniquement en concert, music hall ou bal dansant. La musique était destinée à un public localisé. Le statut du musicien est de ce…
Bonjour
Je vous adresse ce mail compte tenu de l’urgence à communiquer sur le projet de loi DADVSI qui comme vous le savez doit repasser bientôt au vote après la tentative de ‘catimini’ de fin décembre 2005
Je me permet de vous conseiller cette lecture pour éclairer les nombreux poncifes lus partout sur P2P et piraterie, ‘exception française’, Le Chapelier, propriété intellectuelle, amalgame vol d’un CD et téléchargement, conflit d’influence, etc ..
Remarquablement bien écrit et documenté.
Gratuit en .pdf, mais rien ne vaut un bon livre en papier entre les mains.
Prenez la peine de le lire.
"Du bon usage de la piraterie" – Par Florent Latrive.
Le site de Florent Latrive.
http://www.freescape.eu.org/pira...
On peut télécharger son livre en Licence Creative Commons, directement en .pdf en cliquant ci dessous.
http://www.freescape.eu.org/pira...
Il s’agit, on a pu le voir avec les votes à contre du précédent vote de fin décembre 2005, d’un débat qui transcende les notions de gauche ou de droite.
C’est un vrai choix éthique et qui engage pour longtemps, pour nous, nos enfants.
On ne peut pas traiter ce sujet à la légère tant il dépasse le simple fait de la musique.
L’acquiesement aux DRM livre, pieds et poings liés, l’avenir de l’internet aux USA et à Microsoft en particulier.
Cette compagnie attend sagement son heure pour s’emparer du monopole du contrôle des DRM en s’appuyant sur la base installée de son OS et sur l’ignorance de la plupart des utilisateurs.
En trustant le monde de cette façon, cette compagnie imposerait une dictature de fait .. au nom de la libre entreprise. Quelle ironie.
Liste des DRM
formats-ouverts.org/blog/…
Billet : DADVSI & Liberté.
A cette heure ci la loi DADVSI cafouille à l’assemblée nationale et plus personne n’y comprend rien. Le ministre de la culture s’entête et reste sourd à la communauté internet. En plus il parait qu’il y a urgence !
Un site "les téléchargement.com" avait été mis en place par le ministère de la culture afin qu’artistes et internautes puissent trouver des solutions, c’était une bonne idée, cela aurait pu fonctionner avec un peu de temps , finalement c’est une lamentable mascarade .
Cette affaire est très mal engagée et des élections pourrait se perdre là bien plus surement qu’avec le CPE.
Ce n’est pas seulement le téléchargement de quelques morceaux de musiques qui se joue là mais l’esprit même d’internet. Et s’attaquer a l’esprit d’internet c’est s’attaquer à ce qui unit les internautes au dela des clivages, c’est s’attaquer au fondements même d’internet (lieu de liberté et d’échanges) .
Alors, bien sur, les artistes doivent être payés.
Mais quel est le problème actuellement?
Le problème ce sont les DRM des morceaux légaux!
SI LE MORCEAU DE MUSIQUE ACHETE SUR PLATEFORME LEGALE ETAIT UN LIVRE:
– il manquerait des pages à ce livre (car la musique légale est fréquement mal numérisée et comporte quelquefois des erreurs)
– ce livre ne pourrait être sorti que 5 fois de sa bibliothèque après quoi il resterait bloqué (impossible d’effacer et de retransférer la musique plus de 5 fois sur son lecteur MP3)
– en achetant une nouvelle bibliothèque, tous les livres sont perdus. (on ne peut sauvegarder un morceau que sur 1 ordinateur, s’il tombe en panne la musique est perdue)
– Et bien sur vous ne pourriez lire ce livre qu’assis sur votre fautueil rouge de marque X et tel autre livre que sur un fauteil de marque Y.
Comment s’étonner aprés cela que les livres ne se vendent pas et que les gens préférent emprunter gratuitement leur livres à la bibliothèque municipale.
Mais notre ministre de la culture a trouvé la solution: il n’y a qu’a fermer les bibliothéques municipales!
Ce qui tue la musique bien plus surement que le P2P ce sont les abus des DRM qui rendent la musique achetée légalement rapidement inutilisable.
Ce qui tue la musique ce sont les maisons de disques et les ditributeurs qui non seulement sont incapables de s’adapter mais on réussit ce tour de force incroyable de faire de l’ensemble de leurs clients des adversaires.
Billet : DADVSI & Liberté.
Je suis totalement d’accord avec HL sur le point suivant: Les élections de 2007 se perdront bien plus sûrement avec le DADVSI qu’avec le CPE!
Je prépare un message, un peu provocateur-mais ne faut-il pas parfois provoquer pour réveiller,- que j’envisage d’adresser à tous les parlementaires UMP sous le titre: "Et si De Charette avait raison? faisons la part du feu!" où je développerai l’idée qu’il faut lacher du lest, non pas sur le CPE, mais sur le DADVSI, encore à l’état de projet, en adoptant la licence globale, pour mieux tenir au contraire sur le CPE, déjà entériné par la Représentation Nationale et autrement plus important pour l’avenir de notre jeunesse.
Je suis totalement d’accord avec HL sur le point suivant: Les élections de 2007 se perdront bien plus sûrement avec le DADVSI qu’avec le CPE!
Je prépare un message, un peu provocateur-mais ne faut-il pas parfois provoquer pour réveiller,- que j’envisage d’adresser à tous les parlementaires UMP sous le titre: "Et si De Charette avait raison? faisons la part du feu!" où je développerai l’idée qu’il faut lacher du lest, non pas sur le CPE, mais sur le DADVSI, encore à l’état de projet, en adoptant la licence globale, pour mieux tenir au contraire sur le CPE, déjà entériné par la Représentation Nationale et autrement plus important pour l’avenir de notre jeunesse.
canquilune.blogmilitant.com
Droit d’auteur : les monopoles en informatique, hors sujet, vraiment ?
Les vrais enjeux de la loi DADVSI ne se situeraient-ils pas au niveau des DRM (verrous numériques) plutôt qu’au niveau de la protection des artistes? C’est ce que montre l’analyse des réactions de la presse internationale…