Ce proverbe bien connu nous enseigne que lorsqu’une affaire est engagée, il faut en accepter les suites, toutes les suites, même les plus délicates. C’est à cette situation qu’est désormais confronté le Gouvernement suite à la publication du Rapport Pébereau sur la dette après qu’il en ait passé commande lui même. Un constat alarmant et des préconisations très précises lui sont faites à l’unanimité par une Commission supra partisane. Ne pas en tenir compte ou surseoir serait s’affaiblir, le mettre en oeuvre immédiatement, intégralement et irrévocablement relève de la haute voltige politique, à 15 mois de la Présidentielle.

La presse m’a attribué le souhait d’une loi de programmation du retour à l’équilibre de nos comptes publics. J’indique tout de suite que cette loi n’aurait de sens que si elle était adoptée pas seulement par la majorité mais aussi par l’opposition. Chacun sait qu’une telle démarche législative peut n’être jamais suivie d’effet. Ce ne serait pas la première fois, puisque la dernière loi de ce type, en 1993, n’a pas été respectée.
Je lis que le Gouvernement réfléchit à une loi « organique » pour donner plus de solennité, de force, et de pérennité à cet engagement. C’est vite dit. Encore faudrait-il que l’on sache si, par le caractère organique de la loi, il souhaite se prémunir d’un risque ultérieur d’abrogation, en cas d’alternance ? Dans cette hypothèse, il faudrait que ladite loi organique soit « relative au Sénat », ce qui oblige, en effet, pour la modifier, à ce que le texte soit adopté dans les mêmes termes par les deux assemblées. Mais rien n’est moins sûr constitutionnellement qu’une telle voie. Puis ne serait-ce pas vouloir faire jouer au Sénat un rôle de « blocage » ? Qui ne pourrait que l’affaiblir ultérieurement dans sa mission si utile d’un bon usage des pouvoirs.
Ceci me conduit à réaffirmer à nouveau et avec force et conviction combien je crois que l’unanimité supra partisane d’adoption du rapport Pébereau appelle le Gouvernement à rechercher, d’abord et en premier lieu, un même consensus pour sa mise en oeuvre. Si l’opposition s’y refuse, il sera toujours temps d’aviser. Elle aurait d’ailleurs tort de refuser, par principe, à un engagement national de redressement des finances du Pays car ce redressement est la seule chance de trouver les marges de manoeuvre nécessaires pour mener une nouvelle politique.

Oui, quand le vin est tiré, il faut le boire. Et le temps est aussi venu pour chacun de prendre ses responsabilités. C’était le message que nous avions réussi à faire entendre en 2001 avec Didier Migaud pour l’adoption de la LOLF. Gageons que la sagesse qui a prévalu à cette époque s’exprime à nouveau aujourd’hui. Nous étions alors encore plus prêt d’une présidentielle. Comme quoi rien n’est jamais impossible dans la politique, pour peu que l’intérêt général domine l’esprit partisan.