A l’occasion d’une rencontre avec un journaliste sur ce thème, je constate que le doute continue d’habiter certaines pensées. Certains voient dans les Blogs une troublante ingérence dans un ordre médiatique parfait, et académiquement organisé.
1ère question posée : la communication entre les élus et les citoyens ne doit-elle pas, par prudence, être régulée par un intermédiaire compétent (le journaliste) pour hiérarchiser et ordonner l’information ? Personnellement, je ne le crois pas. Les Blogs offrent une information complémentaire, directe, émise par des auteurs qui doivent pouvoir être identifiés et assumer la pleine et entière responsabilité de ce qui est publié sur leur site. D’où la nécessité de veiller au contenu de tous les commentaires de réaction aux billets. Selon moi, le titulaire du Blog est pleinement responsable du contenu. De ses propres écrits comme de ceux qu’il met en ligne. Il n’en partage pas à l’évidence tous les avis mais il lui appartient de vérifier qu’ils n’enfreignent pas le droit.
2ème question : Les politiques bloggeurs ne sont-ils pas des frustrés en mal de présence médiatique ? C’est possible. Mais j’en connais beaucoup qui sont plus sollicités qu’ils ne le voudraient mais exclusivement dans les matières dont ils sont réputés spécialistes. Ce qui contribue à les enfermer dans un rôle et une image qui sont à l’inverse de l’universalité que couvre la politique. Le seul moyen pour eux de sortir de ce ghetto est précisément d’utiliser le Blog pour exprimer leurs convictions sur tous les sujets essentiels et d’actualités, en particulier sur ceux pour lesquels on ne leur demandera jamais leur avis, au motif qu’ils n’auraient pas de légitimité propre sur ces thèmes.
Bref, on voit bien que tout nouveau support de communication charrie ses peurs, ses rêves, ses excès, ses bienfaits aussi. Gageons qu’après des débuts parfois débridés, le meilleur l’emportera et que les Blogs apporteront une contribution utile au débat démocratique et au rapprochement des gouvernés et des gouvernants, des élus et des électeurs, des administrations et des administrés. Il y a encore du travail !
Plus lectrice qu’interventionniste de blog, j’apprécie quotidiennement la lecture de plusieurs, j’y retrouve beaucoup de sincérité et d’information. Les médias relatent partiellement l’actualité, surtout à grande écoute, et la Télévision en particulier. J’aime faire mon opinion en écoutant certaines radios, la presse et les blogs. La diversité est une grande richesse. Chacun sélectionne ses blogs, comme il le ferait avec son journal.
Le blog est un champ de communication directe qui permet une expression spontanée de sa percetion et de son état d’esprit, au delà des barrières classiques ( distance, temps, culture, etc) . Aussi bien pour celui qui reçoit que pour celui qui émet. Comme toute nouveauté, elle apporte sa correction aux inconvénients des solutions présentres et comporte le risque de l’expérimentation.
Le déclin des médias classiques fait la place à ce type d’innovation. Il suffit de se rapporter au tirage de la presse, au taux d’audience des radios et des chaînes par type d’émission.
Les journalistes qui se limitent à commenter des dépêches d’agence ne sont plus des journalistes. Où est l’investigation sur des faits collectés sur le terrain, l’analyse et le commentaire expert ? Je suis surpris, à la lecture des conclusions du rapport des RG sur les violences récentes dans les banlieues que peu de journalistes aient fait ce type de travail sans parti pris ou approche idéologique.Sinon, ils auraient conclu aux mêmes causes.Mais c’est plus simple de reservir ses a proiri et de hurler avec les loups ( ex : Outreau ). Ceci dit, laisse-t-on au journaliste le temps et les moyens de faire son métier ? Les médias ne sont-ils pas d’abord des entreprises à but lucratif ou à but de lobbying ?
On est aujourd’hui plus que sceptique sur ces interviews préparés minutieusement avec les journalistes, sur la prépondérance qu’ils donnent à leur rôle de faire-valoir. Peu ont la hargne de pousser l’interviewé dans ses retranchements pour l’obliger à être vrai. Que dire des questions qui ne sont pas posées pour ne pas gêner, donc déplaire. Ou des questions interronégatives ( " Ne pensez_vous pas que…) qui sont un piège mental tendu à celui qui répond. Et les séquences vidéo tournées par des acteurs, les recueils de témoignage ou les prises de position tronqués au point que le sens en est changé ( ex : Nicolas Sarkozy et l’épisode du mot racaille) ? A plusieurs reprises, j’en ai fait la détestable expèrience moi-même.
Et je vous crois quand vous dites que c’est dur de sortir du registre dans lequel on vous a catalogué.alors que le politique a vocation à s’interesser à l’ensemble des questions qui concernent le citoyen. Vous vivez le même problème que l’acteur typé par ses rôles antérieurs.
Longue vie à votre blog!
Au moins, les questions posées ne changent pas trop… La seconde rappelle étrangement celle de Levaï sur Europe 1. Avez-vous tenté de répondre à ce journaliste que, s’il avait consulté votre blog, il aurait évité de poser une question dont vous avez déjà donné la réponse, et qu’il aurait ainsi pu se consacrer à des questions plus approfondies ?
Il est évident que beaucoup de journalistes ne peuvent qu’être réticents devant les blogs, puisqu’ils supposent une adaptation de leur métier et que, de surcroît, certains se permettent de se passer de leur intermédiation, intermédiation qui fait leur pouvoir et leur fournit leur casse-croute…
Quant à la compétence de l’intermédiaire, il me semble difficile de statuer par principe sur la compétence et l’incompétence des uns et des autres, assez également réparties parmi les journalistes et les blogueurs.
Je lisais ce matin "la société parano" et je m’étonnais des références multiples au Net (y compris parmi les sources de l’auteur). Sur certains plans, on peut en effet s’inquiéter de l’absence d’intermédiation. Exemple : l’encyclopédie en ligne wikipédia, qui est vénérée par certains, et utilisée par l’auteur du livre, mais qui fournit parfois des articles tendancieux écrits par des anonymes… Il est vrai aussi qu’Internet permet de faire circuler d’autant plus vite ce type de théories du complot. Pour autant, les journalistes seraient plus crédibles s’ils n’avaient pas eux-mêmes, mais à moindre échelle, été parmi les premiers vecteurs de ce conspirationnisme.
Alors, l’intermédiaire compétent…
"1ère question posée : la communication entre les élus et les citoyens ne doit-elle pas, par prudence, être régulée par un intermédiaire compétent (le journaliste) pour hiérarchiser et ordonner l’information ?" Incroyable! J’admire votre patience. Cet "intermédiaire compétent" vous estime trop bête pour "hiérarchiser et ordonner" vos propos… et vous répondez calmement! Bravo pour le self contrôle.
Et surtout, continuez votre blog!
Il ne faut, à mon sens, pas s’émouvoir des critiques qui peuvent être faites sur les politiciens blogueurs (en tout cas, ceux qui savent ouvrir le débat (comme vous) et qui ne tiennent pas de discours-propagande). N’y-a-t-il pas là une once de jalousie ?
A votre 1ère question "la communication entre les élus et les citoyens ne doit-elle pas, par prudence, être régulée par un intermédiaire compétent (le journaliste)?"; une chose me fait sourire : Associer Intermédiaire compétent à Journaliste ! L’analogie n’est pas évidente….
Et qui dit intermédiaire, dit risque de dénaturation. Alors rien ne vaut l’expression directe, rien ne vaut vos commentaires éclairés, vos analyses quotidiennes de l’actualité. Alors continuez et espérons pour décembre les 30 000 visiteurs !
Tout a fait d’accord.
C’en est un peu fini du pouvoir de la presse surtout celle de mauvaise qualité, car on voit maintenant sur certaines chaînes passent des extraits de blogs en info sur du prime time !
Grâce au blog, n’importe qui ( avec Internet ) peux écrire ou publier une photo et se faire lire a l’autre bout de la planète sans aucun filtre journalistique …!
Gutenberg n’aurait pas ose imaginer une chose pareille …
C’est vraiment une évolution majeure et on peut la qualifier de révolution numérique dont on ne mesure pas encore trop bien les conséquences, On en voit une en Irak avec les blocs de soldats US qui ont fournit leurs lots de révélations….
une autre avec l’affaire du blog de miss france 2006 …pancakes.skyblog.com/
Je pense vraiment que les choses ne seront plus comme avant les blogs.
Et que ceux qui ne prennent pas ce train en marche vont rester sur le quai.
Je partage totalement l’analyse de Stéphanie. Les journalistes voient le blog d’un mauvais oeil car ils perdent le monopole de l’analyse et ne peuvent plus contrôler ce qui est dit et ne peuveent pas le présenter comme eux le veulent et comme eux pensent et décident.
Comme depuis 15 ans ils estiment avoir seuls la capacité de raisonner et de savoir, ça les frustre !
pauvres petits bichons !!!!
Personnellement, je ne me contente pas d’une seule source pour me faire une idée. Je considère donc le blog comme une piste parmi d’autres pour forger mon opinion.
Je m’amuse parfois à regarder le même soir les journaux télévisés de plusieurs chaînes c’est vraiment révélateur des différences d’interprétation et même quelques fois d’impasses qui sont faites. C’est très instructif et cela aide à prendre du recul vis à vis de ce qui nous est dit et montré.
Au sujet de votre blog, je crois au contraire que les journalistes pourraient s’enrichir dans la mesure où incontestablement, tout en ayant des explications claires sur vos idées, on fait davantage connaissance avec vous ce qui aurait été impossible avec les journalistes trop rivés sur eux-mêmes et sur leur stratégie du scoop. Ils ont la fâcheuse tendance à tout déformer pour parvenir à leur idée et même à susciter des mouvements. Après le récent échec des négociations avec la fonction publique et l’annonce de suppressions d’emplois à EDF, deux journalistes (un à la télévision, l’autre à une radio) n’ont rien trouvé de mieux que de dire à leur "interviewé" "alors vous allez engager des mouvements de grève?". Ne voulant pas être de reste puisqu’on leur tendait la perche, ils ont répondu "oui bien sûr".
Je trouve que lorsqu’on pose ce genre de question, on manque totalement de psychologie.
Donc, vraiment, il ne faut pas se contenter de l’information donnée par les journalistes et pour être juste, de celle des blogs aussi!
Pour des nouvelles en musique autres que politiques, je vous conseille "A portée de notes" tous les jours sur France-Musique de 12 heures à 13 heures. Un régal et une autre façon complémentaire de s’informer.
Je partage les avis de ce billet de Mr Lambert et des nombreux commentaires.
Aujourd’hui, notre crise de société n’est pas seulement une crise entre politiques et citoyens mais à une crise plus globale politique/citoyens/médias : et il faut que dans ce "concert", dans cette cacophonie, que chacun soit à sa place et retrouve sa place : les blogs ne sont pas tant une mode, mais répond à un besoin sociétal, et aussi à un besoin "politique" (et j’espère au sens noble du mot) et je pense que cela peut être salvateur…
Je trouve dommage que certains journalistes prennent de haut les communications directes entre politiques et citoyens s’intéressant à la politique, car ils doivent aussi faire leur auto-critiques, les blogs existent et ils doivent l’accepter : mais j’ai été choqué de certains commentaires de journalistes à propos des blogs et de leurs questions insidieuses, et très agacé, j’avais même émis dans mon entourage, à des amis blogeurs et sur le net l’idée de création d’un "syndicat blogeur".
J’ose espérer qu’un certain corporatisme auto-proclamé pour délivrer "la bonne parole" médiatique va se calmer!
Si je ne suis pas toujours d’accord avec les messages de ce blog, je remercie l’auteur pour sa prise de position :
Pour moi, Blog = Liberté + Responsabilité de l’Auteur + Une certaine "Authenticité" (c’est ce que je défend).
Yuca de Taillefer.
Les blogues sont un outil intéressant à la portée limitée du point de vue de l’usage individuel qui peut en être fait part chaque auteur/lecteur. En revanche, collectivement, nul doute qu’il contribuera à nourrir en profondeur l’évolution de nos sociétés.
Je ne pense pas que le blogue représente une menace pour les journalistes car aucun blogue n’aura jamais l’audience et la caisse de raisonnance que peu avoir un média classique pour la raison que les blogues sont légion alors que les médias classiques sont peu nombreux et donc mieux exposés.
Par ailleurs, le rapport liberté-audience est inversement proportionnel selon que l’on s’exprime à travers un blogue ou dans les média traditionnels. Les journalistes ont le pouvoir de faire l’actualité dans une plus large mesure que les blogueurs qui s’expriment sur des sujets d’actualité. Autrement dit, ce sont encore les journalistes qui façonnent le débat d’idées et détiennent le pouvoir de booster telle ou telle opinion…
Je pense que les blogs de personnalités (politiques entre autres) risquent de se tarir à mesure que se résorbera le phénomène médiatique favorisé par l’effet conjugué du marketing et de la nouveauté. Actuellement, il y a une prime aux premiers entrants en terme d’image . La participation des personnalités dans la sphère du bloguing consolide le côté branché de ce nouveau moyen d’expression. En échange, elles profitent des retombées positives attachées à cette étiquette de modernité entretenue par l’activité marketing déployée par les principaux intervenants et promotteurs de cette jeune communauté.
Toutefois, la qualité du blogue d’Alaim Lambert lui a valu à juste titre nombre d’appréciations élogieuses et plusieurs mentions dans les médias. Mais son audience, pour conséquente qu’elle soit, n’en demeure pas moins (très) modeste pour une personnalité politique nationale. Qui plus est, bon nombre de ses lecteurs proviennent de sa famille politique, a fortiori pour les lecteurs réguliers.
Ce qui relativise encore l’intérêt de tenir un blogue pour quelqu’un dont l’emploi du temps est censé être bien rempli : les journées d’un élu ne sont pas extensibles et les blogues sont dévoreurs de temps, tant en écriture qu’en lecture.Si le rédacteur s’investit pleinement dans la tenue de son site (y compris et surtout dans l’échange amorcé par ses billets), c’est nécessairement au détriment d’utres activité qui ne ressortent pas exclusivement du domaine du loisir, domaine dont on peut admettre qu’il constitue une réserve de temps où le blogueur peut piocher. Nos parlementaires disposeraient-ils donc de temps libre en quantité telle que la publication quotidienne (le rythme de M. Lambert) ne nuise pas à l’accomplissement de leur mandat ? Le tout répétons-le pour une efficacité limitée à l’aune des responsabilités confiées aux élus, quand bien même exercent-ils leur charge sous la coupole du Sénat !
Merci IDO pour la mention du créneau info sur France Musique ("A portée de notes"): voici une invitation qui me donne bigrement envie de découvrir cette tranche d’information dans un genre différent. Demain sans faute !
Ce n’est pas là l’un des moindre mérites des blogues que de permettre d’échanger des infos pratiques. Vites lues, elles ont parfois un impact important dans notre quotidien.
A vrai dire c’est "A porter de mots" mais c’est la musique choisie par les invités qui m’a fait faire une erreur de titres. Toutes mes excuses et pour les infos données cela dépend de l’invité, je préfère le dire à ceux qui penseraient trouver de l’info comme on l’entend traditionnellement.
Que la communication politique doive être régulée par un intermédiaire compétent (le journaliste) pour hiérarchiser et ordonner l’information, est à exploser de rire.
Il est évident, qu’ils préféreraient être intermédiaires dans la chaîne de transmission de l’information, pour en avoir la maîtrise et au passage la teinter de leur propre couleur politique.
Mais ne faut-il pas y voir la réaction épidermique d’une caste, qui voit qu’une partie de son casse-croûte est en train de lui échapper, parce qu’ils n’ont pas de contrôle dessus.
Une émission à regarder
Blog et politique : C’est le thème d’une émission sur F5 aujourd’hui.
Bonsoir !
Pour completer ma reacion voici un tres bon site qui analyse la mutation que nous vivons
Internet n’est pas un support de plus ; c’est la fin du journalisme tel qu’il a vécu jusqu’ici
pisani.blog.lemonde.fr/
Tout chaud sorti des presses, Une presse sans Gutenberg
decitre.com/livres/fiche….
raconte comment « Internet n’est pas un support de plus ; c’est la fin du journalisme tel qu’il a été vécu jusqu’ici ».
Internet a dépouillé le journalisme de ses privilèges. Diffuser l’information, donner des rendez-vous à une audience, décider ce qui fait l’actualité sont des tâches désormais accessibles à tous. L’influence qu’une profession exerçait sans partage a vécu. Cela explique, pour une large part, les crises récurrentes, éthiques et économiques, de la presse classique. Internet n’est pas un support de plus ; c’est la fin du journalisme tel qu’il a vécu jusqu’ici
Bien a vous !
Ce qui légitime aussi les blogs est probablement aussi le sentiment de la faible représentativité des grands médias. Les journeaux télévisés ne couvrent pas tout. Cf. la prolifération des sites d’informations.