Admettons l’ordre public rétabli. Quelle idée majeure pourrait remettre les esprits à l’endroit et leur fixer un cap ?

Invité le 17 Octobre dernier, conjointement avec Alain Minc, par le Conseil d’Analyse de la Société, présidé par Luc Ferry, nous fûmes, l’un après l’autre, invité à répondre à 4 questions précises qui nous avaient été posées, 15 jours avant, par écrit.
La 1ère question était la suivante (nous n’avions le droit qu’à une seule réponse) : Quelle idée maîtresse vous semblerait de nature à pouvoir porter un projet politique d’envergure ?
Voici la réponse que j’ai faite : Remettre en service l’ascenseur social !
Cette idée m’est apparue, en effet, au coeur de toutes les problématiques que rencontre actuellement notre société dont les rouages sont tous aujourd’hui grippés.
L’Etat-Providence, sauf à fausser le pacte démocratique, ne peut plus rien promettre. Son existence est une imposture dans la mesure où il ne distribue que ce qu’il emprunte ! Je veux dire qu’il ne sait même plus encourager une création suffisante de richesse pour redistribuer le solde net entre ses prélèvements et ses coûts. Il consomme plus que ce qu’il prélève.
Dès lors que l’organe qui incarne la communauté nationale ne peut plus rien pour elle, la seule manière de faire progresser la société est de libérer les plus créatifs, les plus inventifs, les plus audacieux, les plus entreprenants de nos compatriotes.
Le seul fait de délivrer le message que chaque personne qui occupe un emploi dans le public comme dans le privé, a vocation à accéder aux plus hautes fonctions, dans son activité ou dans toute autre, selon son mérite, constituerait un appel à retrouver le sens de l’initiative individuelle et de l’ambition. Toutes les règles ou normes qui contrarient ce principe seraient réputées nulles et désormais caduques.
Enfin cette idée contournerait l’égalitarisme franchouillard ambiant qui inhibe les responsables politiques et anémie les citoyens.
Naturellement les modalités techniques d’une telle idée suppose d’être examinées avec soin, mais les déclinaisons sont faciles dans l’administration, c’est affaire de volonté politique, et pourrait s’envisager par incitation dans le privé auquel il convient naturellement de préserver sa liberté d’entreprendre.
C’était ma conviction le 17 Octobre, elle est encore plus forte aujourd’hui. Nous nous devons de déverrouiller les rouages de notre société minée par tous les corporatismes et les effets ravageurs d’une assistance qui n’a su créer que des droits sans devoirs. Je garde confiance dans l’avenir. Je lutterai de toutes mes forces pour l’égalité des chances tout en rappelant que je ne crois qu’à l’effort pour y parvenir.