Quel curieux titre me direz vous ! Comme vous aurez raison. Mon problème est que je cherche précisément un titre pour offrir un nom à une démarche attendue de tous les Français et que nous ne savons pas formuler. C’est pourquoi je fais appel à vous !

Il s’agit, vous l’avez compris, de mettre toute la sphère publique au service des Français, de la rendre plus efficace au meilleur rapport coût efficacité.

Les noms les plus communément choisis sont : réforme ou modernisation de l’Etat. C’était d’ailleurs l’objet de la conférence de presse de ce jour du Premier Ministre.

La difficulté tient à l’usure des mots. « réforme » apparaît aux Français comme une punition. Modernisation comme un habillage ou une habileté de langage. Le mot « Etat » est lui-même trop réducteur puisqu’il recouvre une faible partie de l’action publique maintenant dominée par les organismes de sécurité sociale, les collectivités locales, et les organismes d’administrations centrales. L’Etat devient le lilliputien de la planète publique. Et ce n’est qu’un début ! La décentralisation vise à transférer des compétences aujourd’hui étatiques aux collectivités locales. Et le vieillissement de notre population engendrera des besoins exponentiels en santé et en pensions. Autant dire qu’en terme d’activité et de flux financiers l’Etat a vocation à s’amaigrir.

Pour ma part, je ne m’en inquiète pas, et je m’en réjouis plutôt, car je crois à un Etat stratège qui pilote le pays et qui fait faire au lieu de faire lui même. Il retrouvera, grâce à cette orientation, une autorité et une efficacité qui lui font défaut aujourd’hui.

Il demeure qu’il ne suffit pas de le rendre, lui seul, plus efficace, car la performance de la France progressera trop peu. C’est donc l’ensemble des administrations publiques qu’il faut mettre en mouvement. Alors comment les appeler ? « APU » comme on dit en langage budgétaire ? c’est franchement moche. Il faut donc trouver un mot qui rassemble ces entités qui mettent en oeuvre l’action publique : Etat, Sécurité Sociale et Collectivités Locales.

Comme il s’agit de les rendre plus efficaces, faut-il les réformer ? les moderniser ? les transformer ? derrière cette question se cache également toute la querelle sémantique sur la rupture ou pas la rupture.

Faut-il parler de gestion publique ? mais le mot « gestion » est réducteur car il n’illustre pas toute la dynamique qu’il faut insuffler dans le système pour en faire l’un des meilleurs du monde.

Mon intuition est qu’il faut s’éviter un schisme pour une querelle de mots. En revanche, armons-nous d’une ambition absolue. Fixons-nous de changer nos modes de fonctionnement de manière aussi radicale que cela fut fait la dernière fois en 1958.

Cela suppose de reconstituer l’unité de l’action publique dont l’Etat sera le seul garant à l’endroit des français qu’il s’agisse d’action locale ou de santé.

Cette unité reconstituée justifie que les trois fonctions publiques (de l’Etat, des Collectivités locales et des hôpitaux) soient réunies, sinon fusionnées. Elles sont le capital humain de la France. C’est à dire le plus fécond. Une grande perméabilité entre elles doit être instituée. Et enfin le postulat doit être clairement posé qu’elles sont au service du citoyen et non l’inverse. De même les comptes aujourd’hui éclatés de ces entités doivent être consolidés pour que Français aient une vue complète de leur ampleur en recettes comme en dépenses.

Tout cela pour dire que l’enjeu n’est pas seulement l’Etat, pas seulement la réforme, la modernisation, la transformation, la gestion, mais d’inventer LA NOUVELLE FRANCE !

Qu’en pensez-vous ?